Letour du monde en 80 jours by Jules Verne. Publication date 1959 Usage Public Domain Mark 1.0 Topics French literature Publisher MacMillan & Co. Ltd. Collection opensource Language French . Simple French Readers Abridged and adapted by Emilie Pattay Illustrated by B. Biro. Addeddate 2017-06-18 14:48:33 Identifier LeTourDuMondeEn80Jours Identifier-ark
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Aroundthe World in 80 Days HD est un jeu gratuit pour iPad qui, comme son titre l'indique, vous propose de faire le tour du monde en 80 jours. Le jeu vous permet en effet de retourner dans le passé, au 19ème siècle, et de vous préparer à de grandes aventures sur terre, en mer et dans les airs aux côtés de Phileas Fogg et de son serviteur français Passepartout.
KarineDUDA-JOUAN LE TOUCHER DANS LA RELATION SOIGNANT SOIGNE I.RAPPELS SUR LA STRUCTURE DE LA PEAU : (cf schéma) Elle est formée de 3 couches superposées : - l’épiderme, la plus externe (le mot grec épi signifie dessus) - le derme (derma, mot grec, signifie peau) - l’hypoderme (hypo, en grec, signifie au-dessous) Plus, les annexes de la peau : les glandes, les
Allez en route ! Le Tour du Monde en 80 jours est le dessin animé tiré du célèbre roman de Jules Verne, paru en 1872, et issu de la célèbre saga des Voyages Extraordinaires. Cette saga comporte de grands classiques de la littérature française, tels que 20 000 lieues sous les Mer, Cinq semaines en ballon, De la Terre à la Lune, etc .
Letour du monde en 80 jours. Présentation de l’éditeur. En 1872, un riche gentleman londonien, Phileas Fogg, parie vingt mille livres qu’il fera le tour du monde en quatre-vingts jours. Accompagné de son valet de chambre, le dévoué Passepartout, il quitte Londres pour une formidable course contre la montre. Au prix de mille aventures, notre héros va s’employer à
Vousallez parcourir le monde en compagnie des héros principaux. Chaque lieu (scène) est un nouveau continent, un nouveau pays ou une nouvelle ville où vous vous retrouverez plongé dans l'ambiance de la région grâce aux graphismes pittoresques et colorés et à la musique de fond unique. Le voyage de Fogg et de son serviteur Passepartout commence en Angleterre. Il partira
Tourdu Mond en 80 Jours, Le (1984)(No Man's Land)(fr) Skip to main content Due to a planned power outage on Friday, 1/14, between 8am-1pm PST, some services may be
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Description Londres, 1872. Phileas Fogg, gentleman anglais, prend ce pari insensé faire le tour du monde en quatre-vingts jours. Il s'alloue les services de Jean Passepartout, un serveur français débrouillard. Ensemble, ils embarquent pour un voyage semé d'embûches, suivis de près par une jeune journaliste. Téléchargement Poids Mo Seeders 7 Leechers 1 TELECHARGER CE TORRENT
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Le huitième volume de l’ Archœologia britannica renferme un intéressant mémoire de M. Molseworth sur la découverte faite en 1787 d’une salle sépulcrale dans un tumulus situé sur le sommet d’une colline près Saint- Hillary, dans l’île de Jersey. M. Molseworth et S. H. Seymour Conway, auteur d’un autre mémoire sur le même sujet, regardent ce monument comme un temple que les Druides auraient voulu mettre à l’abri de la profanation sous un monceau de terre. Je ne crois pas qu’on puisse y voir autre chose qu’un tombeau. La salle est circulaire fig. 33, composée de quarante-cinq grosses pierres ayant 2 m , 30 de hauteur. La circonférence est de 22 m. Dans le pourtour sont ménagées cinq espèces de niches ou chapelles; on pénétrait dans le monument par une galerie couverte faisant face à l’E., longue de 5 m. et large de 0 m ,80. Dans le comté de Sommerset, à Wellow Stoney Litleton, est un grand tumulus allongé de 34 longueur, 17 m. de largeur, et 4 m ,30 de hauteur, qui a été exploré en 1816 par S. R. Hoare *. 11 était construit en pierres sèches ; son entrée, tournée vers l’E., présentait une espèce de porte formée de trois grosses pierres, et qui avait l m ,30 de hauteur; une autre pierre en fermait l’entrée fig. 34. Cette porte donnait accès à une galerie droite, longue de 16 m., large de l m ,80à l",30, et divisée en trois parties par trois transepts, formant trois espèces de chapelles de chaque côté de l’allée. Les murailles étaient formées de pierres plates posées les unes sur les autres sans ciment, et de larges pierres brutes posées sur champ ; la voûte était à peu près conique, et formée par la projection de pierres plates qui se recouvraient les unes les autres, système d’encorbellement que l’on a rencontré dans presque tous les tumulus. Un autre tumulus à galerie souterraine existe près de Bath, dans le comté de Sommerset, où il est connu sous le nom d eFairy's toote ; il a 50 m. de l’E. à l’O. et 25 m. du N. au S. Il renferme une galerie découverte en 1789, et qui conduisait à un caveau contenant un squelette. Un autre tumulus, ouvert en 1772 dans l’une des Orcades, présentait à l’intérieur cinq sarcophages sans communication l’un avec l’autre, et irrégulièrement disposés dans le massif du tumulus fig. 37. L’auteur de A tour in Scotland décrit en ces termes un monument singulier qui se trouve dans la province de Sutherland Non loin de Dunrobin, dit-il, est une antiquité très-entière, de celles connues dans l’Ecosse méridionale sous le nom de Pictish-Castles, châteaux des Pietés, et appelées dans l’Écosse septentrionale Cairn-Lean, tours grises. Elle peut avoir 130 yards de circonférence ; elle est ronde et élevée si haut au- dessus delà plaine, qu’elle forme une montagne considérable. Au sommet est un creux large, mais peu profond, où sont trois basses galeries concentriques à peu de distance l’une de l’autre, couvertes en dessus avec _ de larges pierres, et dont les parois sont formées de pierres épaisses de 4 à 5 pieds, grossièrement travaillées. Etait-ce, ajoute l’auteur, une resserre pour les blés, ou un refuge contre l’hiver, ou un monument religieux? » Quant à nous, nous ne croyons pas qu’on puisse y voir autre chose qu’un tumulus. Arrivons à un monument fort important, le grand tumulus de New-Grange, près Drogheda, dans le comté de Meath, en Irlande. Sa hauteur est d’environ 23 m. ; il est entouré à sa base d'un grand nombre de grosses * Archœologia britannica. T. XIX. — TUMULUS. pierres brutes. Ce tumulus, dans son état actuel, n’est plus qu’une ruine, car longtemps il a servi de carrière. L’intérieur fig. 35 présente une longue galerie dont l’entrée était cachée à plus de 13 m. dans l’intérieur de la butte ; cette galerie était formée de pierres brutes de hauteur inégale fig. 36, variant de 0 m ,66 à 2 m ,35 de hauteur. Cette galerie, de 10 m. de long et l m ,60 de large, aboutit à une salle octogone haute de 12m., surmontée d'une espèce de coupole formée par les pierres des parois se rapprochant par encorbellement. Cette disposition rappelle grossièrement la construction de la chambre sépulcrale du tombeau de Cécilia Metella dans la campagne de Rome. Aux côtés de cette salle sont trois cellules irrégulières, dont l’une contenait une espèce de large coupe en pierre. Depuis peu d'années, nous devons àM. de Freminville la connaissance d’un monument unique jusqu’à ce jour. Ce savant antiquaire l’a décrit avec soin *, et récemment j’ai pu moi-même vérifier sur place la fidélité de sa description et de ses dessins. Ce grand galgal est situé dans l’ile de Gavrennez l’île aux Chèvres, dans le golfe du Morbihan, entre Port-Navalo et Locmariaker. L’intérieur présente une seule galerie aboutissant à une chambre un peu plus large fig. 38 et 39. La longueur totale du soutex’rain est de 16 m. ; neuf pierres forment le plafond de la galerie, mais une seule dalle énorme recouvre toute la salle. Ce que ce monument présente d’extrêmement remarquable, c’est que toutes les pierres qui composent les parois sont couvertes d'ornements bizarres qu’il serait fort difficile de décrire; ce sont des lignes concentriques parallèles, elliptiques, en demi-cercle; quelques-unes présentent des coins rangés en ordre, d’autres cette disposition connue des Romains sous le nom d’optts spicatum. La pierre que nous publions fig. 40 en donnera une idée plus juste que tout ce que nous pourrions dire. Une autre pierre fig. 41 présente aussi une particularité singulière; elle est percée à peu près à moitié de sa hauteur de trois trous ronds placés à côté l’un de l’autre. Ces trous ne pénètrent pas la pierre de part en part, mais communiquent latéralement l’un avec l’autre, de sorte que leurs séparations ne font pas cloison , mais forment à peu près l’anse de panier, et qu’on peut passer le bras au travers. Ces ouvertures semblent avoir été destinées à introduire des liens pour garrotter des captifs ou des victimes, peut-être des malheureux condamnés à être enterrés avec leur prince ou leur maître. Peut- être aussi ce tumulus a-t-il simplement servi de prison , ainsi que le savant antiquaire anglais Pennant croit que cela arrivait quelquefois. Quoi qu’il en soit, le tumulus de Gavrennez nous paraît être le seul exemple bien constaté d’un grand travail de sculpture exécuté par les Celtes, et, à ce titre, il méritait de nous arrêter un instant. Les tumulus sont les plus intéressants à fouiller de tous les monuments druidiques ; c’est là, plus que partout ailleurs, qu’on rencontre les objets qui viennent enrichir la science et nos musées. Outre les haches et autres instruments de pierre et les ossements, on y découvre une foule d’objets divers ; c’est ainsi que dans des tumulus ouverts dans l’île Sandwick, l’une des Orcades, on a trouvé des paniers de jonc contenant des ossements et une multitude de scarabées, insecte qui, par un singulier rapprochement, se trouve souvent dans le coffre contenant l’ibis sacré des Egyptiens ; ailleurs ce sont des peignes, des grains de verre, des bracelets, des ustensiles divers, des armes offensives et défensives , des médailles, etc. Avant de terminer ce chapitre, il nous reste à parler de quelques sépultures gauloises qui, élevées à moins de frais, durent recevoir les restes de personnages moins importants. Parmi celles-ci, les plus anciennes de toutes sont des pierres brutes, simplement posées sur le sol, sans aucun ordre, souvent réunies en grand nombre et indiquant chacune un tombeau. Ces espèces de cimetières sont désignés par les antiquaires sous le nom de Carneilloux, du celtique Carn, charnier fig. 42. Ces monuments, si toutefois on peut leur donner ce nom, sont communs dans la Rretagne ; les plus remarquables sont ceux de Perros-Guyrech Côtes-du-Nord, de la Pallue, de Treberon, de Trégunc et de Cléder Finistère. On en a reconnu aussi dans diverses autres parties de la France, telles que les départements d’Eure-et-Loire, de l’Ailier, etc. En Angleterre, dans le comté de Cornouailles, est un carneillou dont les pierres sont appelées par le peuple Wring-Cheese , les fromages pressés. Quelques-unes, disposées plus régulièrement dans la plaine voisine, sont appelées Ilurlers, les lanceurs, parce que, selon la tradition, ce sont des hommes changés en pierre pour avoir violé le repos du dimanche en s’exerçant à lancer le javelot. Quelques cercueils de forme carrée, ronde, ou ovale, et grossièrement composés de pierres plates posées sur champ et ensevelies sous la terre à une profondeur de 0 m , 60 à 1 m , sont regardés comme des tombeaux gaulois, parce qu’on y trouve des ossements humains dans le même état et accompagnés des mêmes objets que * Mémoires de la Société royale des antiquaires de France, tome XIV. 6 — MONUMENTS CELTIQUES. — dans les tumulus. Quelquefois aussi, on découvre des ossements simplement déposés dans la terre, sans aucun ouvrage accessoire, mais accompagnés d’objets qui annoncent l’époque celtique. En 1839, à Hérouval, près Gisors Eure, M. Gau, architecte, auteur du grand ouvrage de Nubie, découvrit un tombeau gaulois composé de six pierres brutes appliquées deux à deux par leur extrémité supérieure, de manière à former au-dessus des six squelettes quelles recouvraient, une espèce de toit à double rampant fig. 43. Dans le dernier siècle, on trouva à Lonzac Charente-Inférieure, en coupant un rocher, des souterrains dans lesquels étaient pratiquées des chambres ou niches sépulcrales, dont plusieurs contenaient des cendres et des ossements, monuments gaulois d’une antiquité reculée, et dont on remarque les analogues chez les Egyptiens et les Étrusques, et même chez les anciens Péruviens et les Chinois. Il y a peu d’années qu’entre Dôme et Sar- lat Dordogne, on a trouvé un monument semblable contenant aussi des ossements d’hommes et d’animaux, et des couteaux en pierre. Des fouilles faites par M. Thibaut en mars 1820, sur le monticule de Mouchette, territoire de Joigny Yonne, ont amené la découverte de cent trente-sept fosses creusées dans le tuf, contenant chacune un cadavre et quelques vases. En un mot, le sol de la France est couvert de ces sépultures-, malheureusement leur découverte est presque toujours due à des laboureurs qui les heurtent du soc de la charrue, et qui les recouvrent, trop heureux encore s’ils ne les brisent avec tout ce qu’ils contiennent, dont leur ignorance ne peut apprécier la valeur. ENCEINTES SACRÉES. — CROMLECHS. On sait que chez les Grecs c’était la coutume de consacrer aux dieux certaines portions de terre, et de les séparer des lieux profanes par quelques clôtures ; de là venait le nom qu’on donnait à ces enceintes, celui de TÉaevvi, témène, nom que quelques antiquaires se sont efforcés d’introduire dans notre langue, et qui dérive du mot Téxvoj, pris dans le sens de séparer. Les poètes parlent souvent de ces enceintes sacrées, et quelquefois ils y placent des autels ; témoin ce passage d’Homère La riante Vénus prend le chemin de Cypre et se rend à Paphos où elle a un témène, et un autel sur lequel les parfums exhalent une fumée odorante Ç. » Les Romains avaieut aussi de ces enceintes sacrées qu’on appelait sacella . Nous lisons dans Festus Sacella dicunlur loca dûs sacrala sine lecto. Nous retrouvons également cet usage chez les Celtes. Chez eux, ces enceintes sacrées étaient en telle vénération, que, suivant Tacite **, personne n’y entrait qu’il ne fût lié, pour rendre hommage, par cette attitude humiliante, à la majesté du dieu qui l’habitait ; si l’on venait à tomber, il n’était pas permis de se relever, même sur les genoux ; il fallait sortir en se roulant. » Il y avait de ces sanctuaires qui jouissaient du droit d’asile. Ces enceintes avaient les formes les plus variées ; nous allons nous occuper d’abord des plus irrégulières, réservant pour la fin de ce chapitre celles que leur forme circulaire a fait nommer cromlechs, pierres courbées, et qui sont au nombre des plus importants parmi les monuments druidiques. Le plus ordinairement, les enceintes carrées, ovales, polygonales ou circulaires, sont formées par des levées de terre, souvent mêlée de cailloux, d’une hauteur et d’une étendue très-variables, et accompagnées de fossés; telles sont, dans le Morbihan, les deux enceintes qui se voient à Neuillac, celles de Sainte-Avée, du Petit-Conlo, et surtout celle de Kermurier, la plus vaste du département. Celle-ci a la forme d’un fer à cheval, dont la base est fermée par une ligne droite ; la plus grande hauteur de son parapet est d’environ 4 ra , et il est ceint d’une douve ou fossé; sa longueur est d’environ deux cent quarante pas, et sa largeur de cent quatre-vingts. Comme toutes les enceintes de ce genre, elle n’avait pas d’entrée ; mais aujourd’hui elle est coupée par des chemins modernes, et la culture a envahi une partie de sa surface et rasé un de ses flancs. On voit une enceinte du même genre aux environs de Bégars, dans le département des Côtes-du-Nord ; elle consiste en une ellipse qui peut avoir 1000 m de longueur du N. au S. A son extrémité nord, est une espèce d’esplanade demi-circulaire plus élevée que le reste de l’aire, et sur laquelle sont rangées en demi-cercle douze gros blocs de pierre simplement posés sur le sol; sept autres blocs semblables sont disposés en ligne droite sur le diamètre de ce demi-cercle. A l’autre extrémité de l’enceinte, s’élève un menhir de 8 m de hauteur. Les mêmes enceintes de terre se retrouvent dans les Iles-Britanniques; on en connaît, entre autres, plusieurs près de Donegall, en Irlande, dans le comté de Tyrconnel elles sont voisines les unes des autres, et désignées {* Odyssée, 1. VIII, v. 362. ** De Moribus Germanorum, 39. — ENCEINTES. — CROMLECHS. — dans le pays sous le nom de Lac-derg. Il faut bien se garder de confondre ces sanctuaires avec quelques enceintes fortifiées, également ouvrage des Gaulois, telles que la cité de Limes, près Dieppe, et peut-être l’enceinte de Gourin, dans le Morbihan. Quelquefois les enceintes sont tracées par des menhirs, ou pierres debout. M. de Fréminville décrit une de celles-ci, qu’il découvrit sur la pointe de Soch, sur les côtes du Finistère ; elle forme un parallélogramme rectangle encore tout entier, dont les grands côtés avaient 81 m ,66 de longueur, et les petits 41 m , enceinte présente une particularité sans exemple, c’est que les pierres qui la composent, au lieu d’être, comme à l’ordinaire, simplement plantées dans le sol, étaient fixées dans une espèce d’empierrement en maçonnerie sèche de 0 m ,66 de largeur. Un sanctuaire du même genre, mais de plus petite dimension, existe dans le même département, sur la rive gauche de la rivière de Laber, près de son embouchure et de l’île de Rozan. On en voit aussi dans le Morbihan, à Mendon, et aux environs de Quiberon. C’est à une destination analogue que M. de Fréminville croit pouvoir rapporter un monument qui existe non loin de Kelivirit Morbihan, près d’une métairie qui porte le nom de Kerhan ; c’est un cercle de 3 m ,33 de diamètre, taillé en saillie sur le rocher, et contenant un second cercle concentrique du même genre, et au milieu une espèce de mamelon en saillie. Les cromlechs, ou cercles druidiques, que quelques écrivains modernes ont décorés des noms fastueux de thèmes célestes ou cercles astronomiques, sans s’appuyer sur aucune preuve, sont formés de pierres droites implantées circulairement. Ces monuments sont bien moins nombreux en France que les dolmens et les menhirs ; nous pouvons cependant citer ceux de Roscoff et de la presque île de Kermorvan Finistère, ceux de Locunolé, du Manéet de Kerven Morbihan. Dans les Iles-Britanniques, au contraire, les cromlechs sont très-communs. C’est dans l’une des Orcades, celle de Stennis, que nous avons trouvé l’exemple que nous donnons ici fig. 44 et 45, d’un cromlech simple, dont le diamètre n’est pas moindre de 100 m , et qui n’est pas moins remarquable par sa conservation presque complète que par sa position pittoresque. Au centre des cromlechs, ainsi qu’on le voit à celui de Stennis, s’élevait souvent un menhir autour duquel les Celtes venaient accomplir les rites de leur religion, et qui portait le nom de la divinité dont elle était le symbole. Les poésies d’Ossian font souvent allusion à cette pierre qui dominait les enceintes sacrées ; c’est ainsi que nous lisons dans le troisième chant de Fingal Snivan chantait près du cercle de Lodin. Au son de sa voix, la pierre sacrée du pouvoir était émue et la fortune des combats était changée. » Quelquefois aussi, les cercles druidiques sont accompagnés de dolmens, placés en dehors de leur enceinte. M. de Fréminville pense, et sans doute avec toute raison, pouvoir en conclure que les druides ne voulaient pas que leurs sanctuaires fussent souillés par le sang des victimes sacrifiées sur ces autels. Je ne ferai qu’indiquer en passant le cromlech de Stanton-Moor, dans le Derbyshire, appelé The nine ladies, les neuf femmes, du nombre de ses pierres ; celui de Biscawen, dans le comté de Cornouailles, composé de dix- neuf pierres; celui qui se voit à peu de distance d’Oxford, près de la Tamise, et qu’on appelle Rolle-rich-stones; celui de Salked dans le Cumberland, près de Carlisle, formé de soixante-dix pierres, et je m’arrêterai un instant à celui de Fiddes-hill, situé sur une des montagnes des Higlilands, et qui a été décrit par M. Anderson *. Ce cromlech, ainsi qu’on peut le voir par le plan fig. 46, n’est pas complètement circulaire ; il présente au fond une très-large pierre, avec laquelle deux rangées, chacune de trois petites pierres, viennent former un angle obtus, et représentent ainsi une espèce de niche découverte; cette disposition est, je crois, sans exemple. On connaît aussi quelques cromlechs en Allemagne ; il en est un, entre autres, extrêmement curieux sur le sommet d’une montagne près de Helmstadt, dans le duché de Brunswick; il présente au milieu une pierre isolée, entre deux trilithes. Ce monument peut nous fournir deux arguments sérieux à l’appui des opinions que nous avons émises dans le cours de cette notice. Nous avons vu que les véritables dolmens n’étaient jamais admis dans l’intérieur des cromlechs, qui ne devaient point être souillés du sang des victimes immolées sur ces autels. Ici, au contraire, nous trouvons deux trilithes dans l’intérieur d’un cromlech ; donc, ainsi que nous l’avons supposé, les trilithes ne sont que des autels d’oblation et n’ont jamais servi à des sacrifices sanglants. En outre, la position de ces deux autels d’oblation aux côtés de la pierre centrale du cromlech, ne doit-elle pas faire penser que cette pierre était réellement considérée comme le symbole de la divinité à laquelle s’adressaient les offrandes ? * Archæologia Britannica, tome V. — MONUMENTS CELTIQUES. — Dans la Suisse, où l’on ne connaît presque pas de monuments druidiques, M. Cambry dit cependant avoir vu un cromlech au milieu de l’un des sites les plus majestueux du Hasli. L’Angleterre renferme deux monuments de premier ordre qui paraissent pouvoir être rangés dans la catégorie des cromlechs, quoiqu’ils soient bien plus compliqués, et l’un d’eux surtout, de bien plus grande dimension ; je veux parler du Stone-Henge et du sanctuaire d’Abury. Le Stone-Henge, que quelques auteurs anciens appellent Chorea Gigantum, et Camden, insana substruclio , et dont le nom moderne signifie pierre suspendue, est situé dans le comté de Wilts, à six milles au nord de Salisbury ; il est composé d’une double enceinte de pierres droites de 9 ra de haut sur environ 2 m ,30 de large, grossièrement façonnées en piliers et portant des pierres de même forme, taillées avec un peu plus de soin, posées en façon d’architraves, et fixées par des tenons réservés dans le sommet du pilier et s’emboîtant dans des mortaises fig. 48 et 49. Le cercle extérieur a environ 60 m de diamètre. Au centre de ces enceintes s’en trouvaient deux autres de forme elliptique, ouvertes d’un côté et renfermant un grand menhir isolé. Il est bien à regretter que ce monument si curieux soit aujourd’hui dans le plus triste état de dégradation. Le Stone-Henge a été le sujet de plusieurs savants mémoires, dus à Inigo Jones, au docteur Stukely, à sir Hyggins, etc. C’est également dans le Wiltshire que se trouvent le grand cromlech d’Abury et ses vastes dépendances. Le centre du monument est dans une plaine ; mais comme les avenues et autres travaux qui s’y rattachent s’étendent à environ un mille de chaque côté, on a quelque peine à en saisir l’ensemble. Le monument, ainsi qu’on peut le voir par le plan général restauré que nous empruntons à sir Hyggins fig. 53, sedivise en quatre parties, le grand cercle d’Abury, les deux avenues de Kennet et de Berkampton l et k, dont l’une se termine par le double cromlech u. Le grand cercle, partie principale et centrale du monument, est formé par un rempart circulaire ayant un fossé à l’intérieur, ce qui est contraire à la disposition de tout ouvrage de défense, et prouve évidemment la destination religieuse de cet immense ensemble. L’aire comprise dans cette circonvallation a près de 500 ra de diamètre, et la circonférence du fossé est, suivant le célèbre antiquaire Boger Gale, de 1200 m . Sur le bord du fossé était une rangée de pierres brutes fig. 52, et dans l’intérieur, se trouvaient deux sanctuaires formés de deux doubles enceintes également circulaires. Le cercle extérieur de chacune de celles-ci consistait en trente pierres, et le cercle intérieur en douze. Les centres des deux sanctuaires étaient éloignés de 173 m . La seule différence que le docteur Stukely, qui visita Abury en 1722, ait pu découvrir entre ces deux parties du monument, est que le sanctuaire du midi avait un obélisque central, tandis que le milieu de celui du nord était occupé par trois menhirs, dont l’un avait déjà été renversé en 1713. On comptait encore au monument soixante-seize pierres debout en 1722; sur un plan dressé par ordre de sir Hyggins, en 1812, on trouve encore dix pierres debout et cinq renversées de la circonvallation extérieure ; du sanctuaire septentrional, il reste deux des pierres centrales, trois debout et une tombée du cercle extérieur, et une seule du cercle intérieur. Du cercle extérieur du sanctuaire méridional, deux pierres sont debout et trois renversées. Tel est le triste état de ce gigantesque monument, qui bientôt disparaîtra entièrement. Nous avons déjà dit, et nous devons rappeler ici, que dans le voisinage du vaste sanctuaire d’Abury, s’élève une foule de tumulus, partagés en trois groupes, F, i et kg, et que l’un de ces tumulus est celui de Silbury, dont nous avons donné le dessin figure 26. ALIGNEMENTS. De tous les monuments druidiques, les plus inexplicables, ceux dont il est le plus difficile, pour ne pas dire impossible, d’expliquer la destination, ce sont ceux qui se rencontrent fréquemment en Bretagne et qu’on désigne sous le nom à.’Alignements. Nous aurons occasion de revenir, en parlant du plus important de ces monuments, celui de Carnac, sur les diverses conjectures auxquelles ils ont donné lieu, et nous verrons si, dans l’état actuel de la science, il peut nous être permis d’en adopter une de préférence aux autres. Ces alignements sont ordinairement composés de pierres implantées dans le sol ; cependant on en a trouvé en Angleterre quelques-uns, indiqués seulement par des fossés *. Les alignements forment le plus ordinairement des lignes droites, soit parallèles entre elles, soit se coupant à angle droit. Cette disposition n’est cependant pas générale, et souvent certains alignements présentent les ;* H. Rooke, Archseologia Brit., tomeX. — ALIGNEMENTS. — formes les plus bizarres. Tel est celui que M. de Fréminville de'signe sous le nom de sanctuaire de Landaoudec en Crozon, dans le département du Finistère. Ce grand monument, dont nous donnons le plan d après le savant antiquaire breton fig. 49, est situé dans une lande voisine d’un chemin conduisant de Lanveoch au manoir de Quelques gros blocs de pierre et trois menhirs dispersés autour du moulin d en annoncent l’approche. Deux rangs parallèles de pierres, les unes plantées, les autres posées simplement snr le sol, forment une espèce d’allée ou d’avenue longue de 154 m , et qui conduit à l’angle oriental de la première enceinte. Cette enceinte, de figure triangulaire, est formée de même par des blocs de pierre posés ou plantés debout sur le sol. Deux des côtés du triangle sont droits ; le troisième est un segment de cercle c’est celui du nord. Celui du sud a 128 m de longueur, et celui de l’ouest, qui forme avec lui un angle droit, en a 26. A cette enceinte triangulaire, est adjacente, du côté de l’occident, une seconde enceinte de figure carrée, ayant avec la première un côté commun. Ce rectangle a 68 m de l’est à l’ouest, et 52 m du nord au sud. De l’extrémité méridionale du côté qui lui est commun avec l’enceinte triangulaire, part une rangée de pierres formant le demi-cercle, et au bout de laquelle s’élève un dolmen a, très-mutilé, dont la présence semble en effet venir à l’appui de la supposition qui fait, des pierres de Landaoudec, un monument religieux. Non loin de là, à l’orient, on voit un autre alignement, composé de pierres peu élevées, et assez rapprochées les unes des autres; il se dirige d’abord en ligne droite du sud au nord ; mais il prend à son extrémité une légère courbure. Cet alignement semble avoir fait partie d’une enceinte particulière qui entourait un terrain tout couvert de grosses pierres posées sur le sol, et qui fut sans doute un carneillou ou cimetière. Un autre sanctuaire du même genre existe également dans le Finistère, près du hameau de Kercolleoc’h. Le principal des alignements a 370 m d’étendue; il forme un angle obtus , et aboutit à une enceinte trapézoïde, accompagnée d’une avenue. A côté est une autre enceinte carrée formée d’un double rang de pierres plantées très-près les unes des autres, et assez élevées. Cette enceinte, la seule que nous connaissions à double rang porte dans le pays le nom vulgaire de Maison du curé. Dans le même département,, entre la pointe de Toulinguet et celle de Pen-liir, se trouve un monument extrêmement remarquable ; c’est un alignement de quarante et une pierres se dirigeant en ligne droite du nord au sud. Deux autres alignements parallèles entre eux viennent le rencontrer à angle droit vers le milieu. Près de ces alignements se trouvent un menhir isolé et un dolmen. M. de Fréminville a remarqué que presque toujours ce menhir isolé se trouve dans le voisinage des sanctuaires druidiques ; il croit qu’il était destiné à prévenir de leur approche, et il l’appelle en conséquence la pierre d’avertissement. C’est dans le Morbihan que se rencontrent les plus importants de tous les alignements druidiques, ceux d’Ardeven et de Carnac ; mais avant d’arriver à leur description, je dois dire quelques mots de ceux de Plouhinec, qui, quoique moins étendus, méritent cependant d’attirer un moment notre attention. Les alignements de Plouhinec consistent en deux files parallèles de pierres brutes, dont les unes sont plantées debout, et les autres simplement posées sur la surface du sol. Ces deux files, très-bien alignées, sont séparées l’une de l’autre par un intervalle de 7 m , et se dirigent du nord au sud sur une longueur de 90 m environ. La plaine d’Ardeven est une lande inculte et couverte de bruyères, au milieu desquelles s’étendent d’immenses alignements disposés régulièrement sur neuf files parallèles se dirigeant du nord au sud, sur une longueur de près de 2 kil. Ces rangées de pierres présentent quelquefois des lacunes, parce que beaucoup ont été détruites ; quelquefois aussi elles se trouvent interrompues par une baie, un fossé ou un sentier, mais elles reparaissent toujours au delà, et se continuent ainsi jusqu’auprès du village de Kercouno. Il est à remarquer qu’en cet endroit, c’est-à-dire vers leur extrémité méridionale, les alignements dévient un peu de la ligne droite, et prennent une courbure sensible vers l’ouest. Arrivons enfin au plus gigantesque, au plus prodigieux de tous les monuments érigés par nos ancêtres, aux alignements de Carnac. Le bourg de Carnac, dont le nom dérive, selon toute apparence, du celtique carn, pierre , est situé dans le département du Morbihan , à 12 kil. environ de la petite ville d’Auray. C’est près de ce bourg , non loin de la mer, et dans la direction de l’ouest à l’est, que sont disposées les pierres dont le calcul le plus modéré porte encore le nombre à environ douze cents, quoiqu’une grande quantité de ces blocs ait été détruite, et que tous les jours, malgré les ordres les plus sévères, on porte encore atteinte à l’intégrité de ces enceintes monumentales. La majeure partie , ou , si l’on veut, les trois quarts environ des pierres de Carnac sont de 7 — MONUMENTS CELTIQUES. — véritables menhirs , ou pierres plantées verticalement en terre , et dont les hauteurs varient autant que les formes. Les plus élevées ont 6 à 7 m de haut, beaucoup ont 3 à 4 m , quelques-unes seulement 1 ou 2 m ; d’autres enfin sont de gros blocs simplement posés sur le sol, mais dont la masse est si énorme qu’on évalue le poids de quelques-unes à 40,000 kil. Ces monuments, qui excitent toujours la curiosité sans pouvoir la satisfaire , ont donné lieu à une multitude de conjectures. Il était naturel que ce grand ouvrage, si grossier quant à l’exécution, mais si original et si imposant dans sa masse, occasionnât beaucoup de recherches, et fit naître des opinions très-diverses sur la fin qu’on s’était proposée. La plus singulière de ces suppositions est sans doute celle de la Sauvagère *} , qui pense y voir les traces d’un ancien camp qu'il attribue à César dans sa guerre contre les Yénètes. Les monuments d’Ardeven, selon cet antiquaire, eussent indiqué l’emplacement de la garde avancée. Quant à cette quantité de pierres plantées et posées debout, il suppose que les Romains n’ont eu d’autre objet en les élevant, que de mettre leurs tentes ou leurs baraques à l’abri des coups de vent. Caylus **, qui cependant avait précédé la Sauvagère > est loin de partager ces idées de romanomanie ; il reconnaît dans la disposition constante de ces pierres l’œuvre d’un peuple, et le produit d’une superstition. Seulement il tente une explication qui n’est guère plus heureuse que celle de la Sauvagère. Selon lui, les côtes de la France, sur l’une et l’autre mer, offrent des quantités immenses de ces monuments de pierres brutes, et de là il conclut quoiqu’il en existe un grand nombre dans l’intérieur des terres, et que lui-même en cite quelques-uns qu’ils sont dus à un peuple étranger qui serait venu par mer s’établir dans nos contrées maritimes. 11 est impossible de s’arrêter à cette supposition gratuite de je ne sais quel peuple inconnu dans l’histoire, qui serait venu, dans un but également inconnu, ériger sur notre sol des monuments gigantesques qu’il aurait dû ensuite y abandonner. D’autres auteurs ont pensé trouver à Carnac un champ funèbre , où des braves, des héros furent honorés ; mais supposera-t-on que tant d’efforts aient été prodigués pour la sépulture de simples soldats , même après la bataille la plus mémorable? Cette conjecture pourrait, il est vrai, s’appuyer sur un passage d’Ossian qui semble prouver que cette érection d’une immense quantité de pierres sépulcrales sur un champ de bataille n’est pas sans exemple Élève des tombeaux à tous ceux qui ont péri; si tous n’étaient pas comptés parmi les chefs, tous étaient également braves ***. » Si l’on admettait cette hypothèse, nous pourrions demander à ce sol funéraire les restes qui lui avaient été confiés ; mais les fouilles qui ont été faites à plusieurs époques, n’ont rien produit qui puisse fortifier cette opinion. Aucune inscription, dit M. Cambry, n’explique ce monument, aucune analogie ne porte à le connaître. Les hommes que vous appelez, le voyageur que vous interrogez , le regardent et tournent la tête, ou vous racontent des vieux matelot cependant me répondit deux choses assez frappantes 1° Qu’une de ces pierres couvre encore un immense trésor ; que pour le mieux cacher on a dressé des milliers de pierres, et qu’un calcul dont on ne trouverait la clef que dans la tour de Londres, pourrait seul indiquer la place du trésor ; 2° qu’au mois de juin , chaque année, les anciens ajoutaient une pierre aux pierres déjà dressées , et qu’on les illuminait à grands frais la nuit qui précédait cette cérémonie. » La première de ces croyances, celle d’un trésor caché sous les pierres de Carnac, est malheureusement très- répandue ; elle a été cause de la destruction d’une grande partie de ces monolithes, et plus d'un chercheur de trésor a payé de sa vie sa fatale tentative, et a été écrasé par la pierre qu il déracinait. Quelques observateurs ont cru voir dans les pierres de Carnac des colonnes d Hercule, un serpent, des emblèmes du culte du soleil, ou un zodiaque; selon d’autres, ce sont des thèmes célestes, ou même l'effet d’un bouleversement naturel arrivé sur cette côte. Croirait-on que cette dernière opinion si étrange, qui prouve aussi peu de connaissance de la cosmogonie que des antiquités, a été émise par M. Deslandes, commissaire de la marine, dans un recueil de physique? Quant à nous, nous ne prétendons pas décider quelle a pu être positivement la destination des champs de Carnac ; nous nous attacherons à les faire connaître par une description exacte, et mieux encore par des dessins fidèles. Réduits, comme nos prédécesseurs, à de simples conjectures, sur le motif qui fit ériger ces monu- * Recueil d’antiquités dans les Gaules. ** Recueil d'antiquités égyptiennes , romaines et gauloises. z& &œ*g*%L iaEg •?%£* ^•fc. > .^v ï 3S23SÏ SsjSt^ ÎS>/ ^Ü»Stt4ÜW P&*{g wHi! i [ j ' i- g . -r-ggSesSSj^ ssSMSl MiifflS-it irès de Tours 13-14. Grotte aux Fées, d’ Essé 15-16. Grotte ;X V' Les Pierres Plattes à 1 >c?v £ggS&æ- =5s?£S&fiL’ JBàej 16 . Plan ancien. Ernest Breton del • » 19, Etat actuel Lemaître scalp. irorrimiETïTS Gieïltï^'ü’æSo France. r-TEIUT1C M©FTTUM JË T S > $/>// ,vv//r •*//// y h'rankrcirh. i 1 ’j a ri'- . . l' I î i ' - i j . Monnme/z£r Anciens et Modesties Momimonto* rltieos . / Jrtuuia!' for Jules ûoiisuiôiuu/ & % ü J—] ÇJ ? Go gtsrfc'*-! [i. Ü ÎW *' A r ÜIP* rmh S'.-' - ' * life$Sï£3& ' Tombelles de Tirlemont. S r* » a i ag^ 26. Tumulus de Bartlow m 26 Tumulus de Silbury. 29 Tumulus de Pormc, f r X Cr -*=o C— / ' 1 -O O- •——j -O c=- \* y v y f?* 37* Coupe d'un Tuinulus des Orcades . 38. Coupe du Galgal de Gavrennez H . Galgal de Gavrennez Plan 42. Galgal de Gravenncz Details 4 2 . Cameiîlou 4o . Galgal de Gavrennez Details t 4^ Cromlech de Stennis 46 Cromlech, de Fiddess-hill 43. Tombeau à Rerouval. 44 Cromlech de Stennis Q o 9 a ? a a o 11 9 HJ. 9 a _ o G» o a 000 OaOod... . 0 . ... ». 0 990 9 c 0 * a a „ ??- ; „. A . A uJ D Q 9 a d 49. Sanctuaire de Laridaoudec en Crozon. Rrnest Breton del. Knnle Lejeune, iculps Iran* reich 0 ' 1 d M'>?iufnenLi Ann-rrr^' rt Moderntc. Francia Irtjhiherra . Pnr .fu/ej O'siUhajw u/£. 48 Stone Henge ». V * i J t sfaSts \X Côté Sud-Est. ✓ . 1 r I l il \\ Y l w \ \ * V. W I U // ; * 4 5o. Etat actuel. 5i. Plan restauré. 49 Stone " Henge , côte Nord-ouest. Ernest lumcsUs Anciens- et Modernes EnÇian d . 2ïï©nUïü^ITTS GELTignüES, Angleterre CK LT IC MONl'MKirrS. Kn gland Monument Ort YltlCOfl /'l,>q/o/?rr. !Kf» KP mr'i"lH' Jlc/teüs du plan, / y / Mines Gaucherel del I^inaitre sculp 1 gifflBWwnffllffii' Ç/V^ -rtXtr' TlËTTl'iLÆ 3DAÏT3 ]£i 9 1I1L1E M XXû . œsis 1 > a-V ’• •" -4> i ^'sÿw j s'K-v' .SvSSf •m** & TRÉSORS OU TRÉSORERIES Ainsi que l’indique leur nom, les Trésors ou Trésoreries étaient des édifices destinés à renfermer soit les deniers publics, soit les richesses d’un prince, soit les vases sacrés, les ex-voto, les ornements précieux d’un temple. Les premiers Trésors furent ordinairement les tombeaux, plus inviolables encore par le respect qu’on leur portait que par la solidité de leurs constructions et de leurs clôtures. Plus tard, les temples môme reçurent souvent ces dépôts précieux. Chez les Grecs , ce fut généralement dans la partie postérieure des temples que fut ménagée une salle à cet usage, nommée opisthodôme. Telle était la disposition des temples d’Apollon à Delphes et de Jupiter à Olympie ; et c’est ainsi qu’à Athènes, dans l’opisthodôme du Parlliénon, outre l’argent provenant des revenus publics et des contributions des villes de la Grèce, ou conservait toujours mille talents pour les dépenses imprévues de l'État -, là aussi, les particuliers mettaient en dépôt les sommes d’argent qu’ils n’osaient pas garder chez eux ; là enfin, on conservait les offrandes faites à la déesse, les ex-voto, ’Avaûr'fiotTa, les dépouilles précieuses enlevées aux Perses, et entre autres le trône à pieds d’argent sur lequel Xercès s’était placé pour être témoin du combat de Salamine. C’est chez les Grecs que nous trouvons les plus anciens exemples de bâtiments construits pour servir de Trésors. Agamède et Trophonius avaient élevé pour Hyrieus, à Orcliomène en Béotie, un Trésor, dans la construction duquel ils avaient pratiqué un secret dont eux seuls avaient connaissance *. Hyrieus, s’apercevant que son argent disparaissait, y tendit un piège où Trophonius fut pris. Un autre édifice du même genre, beaucoup plus célèbre, fut, dans la même ville d’Orchomène, le Trésor de Mynias dont nous parlerons bientôt à l’occasion de celui d’Atrée, le mieux conservé que nous ait transmis l’antiquité. Pausanias donne le nom de 0r,aaupo\, Trésors, à de petits édifices compris dans l’enceinte sacrée de l’Altis à Olympie, et où chaque ville tenait en dépôt les offrandes, statues et objets votifs de tout genre quelle consacrait au dieu. Chez les Bomains, le Trésor s’appelait Ærarium , parce que la première monnaie avait été de cuivre. Il y eut différentes sortes de Trésors, selon la diversité ou des monnaies, ou des services auxquels les revenus publics étaient affectés. Pendant longtemps à Borne, ce fut le temple de Saturne, situé sur la pente du Capitole, qui fut le dépôt général des fonds publics. Chez les modernes , il n’y a plus d’édifices qu’on puisse proprement appeler des Trésors ; ce nom n’est plus employé que pour désigner la salle où l’on renferme les objets précieux dépendant d’une église, d’une chapelle ou d’un monastère. TRÉSORERIE D’ATRÉE A MYCÈNES. On montre encore à Mycènes, dit Pausanias **, la fontaine de Persée, et des chambres souterraines, où l’on dit qu’Atrée et ses enfants cachaient leurs trésors. Près de là est le tombeau d’Atrée et de tous ceux qu’Agamemnon ramena avec lui après la prise de Troie, et qu’Égisthe fit périr dans le festin qu’il leur donna. » Pausanias ne donne pas la description du Trésor d’Atrée; mais ce qu’il dit du Trésor de Mynias, à Orcho- mène, s’applique si parfaitement à l’édifice de Mycènes, qu’il est impossible de méconnaître 1 identité de leur destination. 11 y a donc tout lieu de croire que le monument auquel est consacrée cette notice, est bien celui qu’il a voulu désigner. A peu de distance de l’Acropole de Mycènes, et sur le penchant de la montagne qui la porte, sont de vastes constructions en pierre, bâties sur un plan circulaire, et dont les voûtes présentent une forme parabolique ; le moins endommagé de ces édifices est celui désigné par les voyageurs sous le nom de Tombeau d’Agamemnon, ou de Trésorerie d’Atrée. Il serait difficile, dit M. Blouet, de contester cette opinion ; cependant on est disposé à croire que le tombeau d’Agamemnon devait être ou plus riche, ou plus grand que ceux qui l’entouraient. Sans adopter entièrement cette manière de voir, nous dirons que la voûte de la ruine placée près de la Porte des Lions parait être de la même grandeur que celle dont nous nous occupons ; ce qui ferait plutôt présumer, d’après * Paus., L. IX, c. 3. *' Corinth., L. II, eh. 16. — MONUMENTS PÉLASGIQUES. — cette ressemblance, que ces deux monuments devaient être, ou ces chambres souterraines dans lesquelles Atrée et ses enfants cachaient, dit-on, leurs trésors, ou les tombeaux des compagnons qu’Agamemnon ramena, ou le tombeau d’Eurymédon, son écuyer, ou celui de Télédamus et de Pélops, enfants de Cassandre, ou enfin le tombeau d’Électre. 11 n’est donc pas supposable que cette curieuse et simple construction ait été le tombeau du grand roi, ou même celui d’Atrée, chef de sa race, puisque dans cette ruine rien n’indique la distinction de leur rang. » Ce qui est certain , c’est que si on ne peut affirmer que ce monument soit le tombeau d’Agamemnon ou le Trésor d’Atrée plutôt qu’un de ceux dont les débris l’environnent, nous verrons par sa disposition qu’il est plus que probable que c’était un sépulcre en même temps qu’un Trésor. Un exemple nous autorise à le croire Plutarque nous apprend que Philopœmen fut enterré dans le Trésor de Messène ; mais il ne donne aucun détail sur la forme de cet édifice. Toutes ces chambres souterraines de Grèce, de Sicile, de Sardaigne, étaient sans aucun doute les premiers sépulcres des grands personnages, dans les temps les plus reculés de l’antiquité; elles sont construites dans le même principe que les pyramides d’Égypte, avec lesquelles elles ont une grande affinité. Houël mentionne des constructions semblables près de Macara en Sicile, et il y en a plusieurs en Sardaigne, où elles sont connues sous le nom de Noragis. Ce nom était peut-être venu de Norax, fils de Mercure et d’Érytée, qui, à la tète d’une colonie ibérienne , vint fonder en Sardaigne la ville de Nora. Arrivons maintenant à la description du monument qui nous occupe. A l’exception de sa façade, il est entièrement souterrain, et son aspect était celui d’un tumulus. Un corridor ou passage à ciel ouvert, de fi mètres 25 centimètres de largeur et de 19 mètres 50 centimètres de longueur, formé par deux murailles de construction cyclopéenne, à assises régulières Détails , fig. 1 et 2, conduit à la façade , qui est tournée vers l’Acropole, dont elle n’est éloignée que de quelques centaines de pas. Ce passage est maintenant entièrement encombré de terre et de débris, et il n’a été déblayé que devant la porte. Celle-ci {voy. la vue est large de 3 mètres 17 centimètres à la base, et de 2 mètres 32 centimètres au sommet. Sa hauteur est de 6 mètres 30 centimètres; mais il faut remarquer que le sol étant exhaussé, la hauteur de la porte et sa largeur à la base durent être plus considérables. La construction de cette façade est un appareil régulier et composé, comme tout le reste de l’édifice, de blocs parfaitement équarris d’une brèche très-belle, dont sont formés les rochers voisins. Cette brèche est la plus dure et la plus compacte de la Grèce, et elle ressemble à ce marbre noir appelé Breccia Tracagnina antica, que l’on trouve quelquefois dans les ruines de Borne. Les grains en sont gros, larges, et généralement anguleux ; leur couleur la plus ordinaire est le noir ; la matière qui les réunit, le pouding, présente différentes nuances de jaune. La partie la plus remarquable de cette porte est le linteau qui la surmonte, et qui est formé de deux énormes pierres superposées. La plus grande forme pénétration dans la voûte ; elle a 8 mètres 15 centimètres de long sur 6 mètres 50 centimètres de profondeur, compris l’équarrissage , et 1 mètre 22 centimètres d’épaisseur, ce qui donne un cube de 64 mètres 63 centimètres, dont on peut évaluer le poids à 168,684 kilogrammes 30 centièmes. Excepté en Égypte ou à Balbec, nulle part peut-être on ne trouve un bloc comparable à cette masse gigantesque. Le second linteau est de la même hauteur et probablement de la même largeur que l’autre, mais ses extrémités sont cachées par la terre qui recouvre tout l’édifice. La face du linteau est ornée de deux moulures parallèles, qui se continuent sur les jambages de la porte. Notre planche de détails fig. 6 et 7 en donne le plan, le profil et l’élévation. Certaines traces de trous qui se retrouvent dans les pierres qui composent la façade, ont fait supposer à quelques antiquaires qu’elle dut être décorée d’ornements maintenus par des crampons; rien ne nous paraît moins certain que cette conjecture, et surtout que la restauration tout à fait hypothétique qu’a cru pouvoir proposer M. Donadson, dans son supplément aux Antiquités d’Athènes de Stuart. Il est difficile de savoir comment était fermée cette entrée, car on n’y trouve aucune trace de gonds; c’est ce qui a fait supposer à Dodwell que la principale salle peut avoir été toujours ouverte, et n’avoir été défendue que par le respect religieux. A l’appui de cette supposition, il cite ce que dit Pausanias du vieux temple de Mantinée, qui fut construit par Trophonius et Agamède, et qui n’était fermé que par une simple corde tendue en travers. Æpytus, fils d’Hippothoüs , ayant osé la franchir, fut frappé de cécité , et bientôt mourut misérablement. Au-dessus du linteau de la porte est une niche ou ouverture triangulaire, que l’on peut supposer avoir contenu dans l’origine quelque bas-relief dans le genre de celui de la Porte des Lions, et appropriée à la destination de l’édifice ; mais il est plus probable encore que ce ne fut qu’une sorte de soupirail destiné à donner de l’air et à servir en même temps de décharge aux pierres qui forment les linteaux ; sa hauteur est de 4 mètres, — TRÉSORS OU TRÉSORERIES. — et sa largeur de 2 mètres 70 centimètres. Le sommet de cette ouverture est beaucoup plus élevé à l’extérieur qu'à la surface intérieure du monument. L’entrée des pyramides d’Égypte offre la même disposition. Lorsqu’on a franchi la porte, on est étonné de l’énorme épaisseur des murailles , qui ont près de 6 mètres, et qui forment un corridor par lequel on pénètre dans l'intérieur de l’édifice. On se trouve dans une grande salle circulaire, surmontée d’une voûte de forme parabolique roi/, la vue intérieure et la planche de détails, fig. 2 et 3, dont la construction dénote la haute antiquité. Les voussoirs qui la composent, ainsi qu’on peut le voir sur nos deux coupes Dêt ., fig. 2 et 3, sont simplement des assises taillées circulairement à l’intérieur et posées en encorbellement l’une sur l’autre, de manière à observer la coupe qu’on a voulu obtenir; après quoi les arêtes inférieures de chaque assise ont été abattues pour les affleurer aux arêtes supérieures des assises qui se trouvent au-dessous. Les lits de ces assises sont horizontaux, et les joints latéraux n’étant concentriques que dans une très-courte longueur, les intervalles qui séparent chaque voussoir ont été remplis par de petites pierres. Détails , fig. 4. Les blocs sont tous de forme parrallélogrammatique. Leur largeur n’est pas constamment la même; mais la hauteur des assises, dont trente-six sont visibles aujourd’hui, est partout d’environ 66 centimètres, quoiqu’elles paraissent diminuer vers le haut, ce qui doit être l’effet de la perspective. Ces assises sont unies sans ciment et avec la plus grande précision. La découverte de ce monument, si intéressant sous le rapport de l’histoire et de l’art de bâtir, a jeté d’abord bien de l’indécision dans l’opinion qu’on s’était formée sur l’époque où la voûte a été introduite en Grèce ; mais l’examen qu’une fouille, opérée sur la partie extérieure, a permis de faire de la construction, ayant démontré que, malgré sa forme apparente, la Trésorerie d’Atrée n’a point une voûte composée de claveaux rayonnant vers un centre commun, mais bien d’assises horizontales placées en encorbellement, on a pu en revenir à l’ancienne conviction , que la véritable voûte était inconnue en Grèce dans ces temps reculés. Dans les plus anciens monuments de l’Italie, on retrouve cette même disposition par assises horizontales; il me suffira de citer le cachot inférieur de la prison Mamertine à Rome, et les deux salles hémisphériques du fameux tombeau étrusque découvert en 1836 à Cere. Ce mode de construction a deux graves inconvénients le premier, de rendre trop aiguë, et par conséquent facile à éclater, l’arête supérieure des assises ; le second , de présenter peu de solidité, en permettant à ces assises de glisser l’une sur l’autre, ainsi que cela est arrivé dans la partie de la Trésorerie d’Atrée qui fait face à la porte. Le sol actuel étant à environ 1 mètre 50 centimètres au-dessus du sol antique, la hauteur comme le diamètre de la salle s’est trouvée diminuée. Aujourd’hui, le diamètre, pris à la hauteur des lits des troisième et quatrième assises voy . le plan et les coupes , est de 14 mètres. En enlevant une des pierres de l’espèce d’anneau qui forme l’assise supérieure de la voûte Dêt ., fig. 3 et 5, on a pu passer un fil à plomb et s’assurer de la hauteur de la chambre, qui est aujourd’hui de 12 mètres 50 centimètres. Il paraîtrait que cette chambre dût être ornée de quelques décorations intérieures ; car un grand nombre de clous de bronze sont encore fixés dans les joints des pierres même aux assises les plus élevées. Ils sont enfoncés d’environ un tiers de leur longueur; leurs têtes sont larges voy. pl. de Détails, fig. 8, et sans doute ils durent soutenir des lames de marbre, ou plutôt de bronze. C’est ce que nous sommes autorisés à conjecturer, d’après ce que nous savons sur le monument souterrain garni de bronze que l’histoire place à Argos, et dans lequel on rapporte que la fille d’Acrisius fut renfermée. A droite, dans la grande chambre circulaire , est une seconde salle plus petite, qui sans doute fut spécialement destinée à servir de sépulture. Voy. le plan. La hauteur de la porte, sous laquelle aujourd’hui on passe difficilement voy. coupe 2, était de 2 mètres 90 centimètres, et sa largeur, à la base, de l mètre 50 centimètres, au sommet de 1 mètre 30 centimètres. Au-dessus du linteau est une cavité triangulaire semblable à celle qui surmonte l’entrée de la grande porte. L’arrière-salle est de forme rectangulaire; sa longueur est de 8 mètres 60 centimètres, sa largeur de 6 mètres 25 centimètres , et sa hauteur actuelle de 4 mètres 50 centimètres avant l’exhaussement du sol, elle dut être de 6 mètres. Cette chambre ayant été entièrement taillée dans le roc, ses parois n’ont pas été recouvertes de maçonnerie. On ne remarque aucun reste du monument funéraire qui sans doute dut s’y trouver. Peut-être qu’un jour le déblayement de ce caveau nous apprendra qu’en cet endroit, comme dans presque tous les tombeaux souterrains , il existe un sarcophage taillé dans la masse. Divers fragments ont été trouvés dans les ruines qui encombrent le passage qui conduit à l’entrée du mo- — MONUMENTS PÉLASGÏQUES. — miment. C’est à tort, je crois, qu’on a cru pouvoir les y rattacher. La richesse et le style des ornements qui ies couvrent nous paraissent étrangers à l’austère simplicité d’un monument contemporain de la guerre de Troie. Quoi qu’il en soit, nous donnons ici le dessin de quelques-uns de ces fragments, qui ont été employés par Donaldson, dans son essai de restauration. Les fig. 4, 5, 6 et 7 Vue extérieure sont des fragments de rouge antique qui ont été transportés à Londres. La fig. 3 est un fragment de marbre, provenant également des ruines de Mycènes. La fig. 2 est la base d’un pilier qui existait encore en 1829 à l’extrémité du passage, et duquel W. Gell a essayé une restauration que nous reproduisons, ici, fig. 1. Avant de terminer cette notice , nous devons dire quelques mots d’un autre édifice du même genre, que j’ai déjà mentionné en passant, et qui dut être plus important encore que celui de Mycènes, et par sa grandeur, et par la richesse de la matière il s’agit du Trésor de Mynias, à Orchomène. Pausanias * nous apprend que ce Trésor était de forme circulaire , et que sa voûte se terminait en pointe ; il le désigne comme une des merveilles de la Grèce. Sa forme était évidemment la même que celle du Trésor d’Atrée à Mycènes, que Pausanias ne fait que citer; mais il paraît qu’il avait des dimensions plus grandes que ce dernier. La voûte du Trésor de 3[ynias est aujourd’hui entièrement écroulée, mais la porte reste encore entière. Elle est encombrée, dans la plus grande partie de sa hauteur, par l’élévation successive du terrain, de manière qu’on ne découvre plus au- dessus du sol que six assises d’une construction régulière. Cette porte, dans sa partie encore visible, a 2 mètres 33 centimètres de hauteur, et 2 mètres 50 centimètres de largeur au sommet; elle va en s’élargissant vers sa base. On peut croire que sa hauteur totale était au moins de 6 mètres. Le linteau est d’un seul bloc, qui a près de 5 mètres de longueur, et 1 mètre,d’épaisseur, ce qui représente un poids d’au moins 24,000 kilogr. Ce linteau , formant à l’intérieur un segment de cercle, a fourni le moyen de déterminer approximativement le diamètre de l’édifice, qui, à cette hauteur, dut être d’environ 20 mètres 30 centimètres, dimension bien supérieure à celle du Trésor d’Atrée. Le Trésor d’Orchomène est tout entier construit en marbre blanc, qui doit avoir été apporté d’assez loin , car il ne s’en trouve pas dans le voisinage. * Liv. IX, ch. 38. BIBLIOGRAPHIE. 1° Quatremère deQuincy, Dictionnaire d’Architecture,article Trésor; Paris, 1832,2 vol. in-4°. 2° Poucqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire ottoman, de 1798 à 1801 ; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 3° Gell{W.,Argolis. — Theitinerary of Greece with acommentary on Pausanias andStrabo, and an accountofthe monuments of antiquity at présent existing in that country compiled in the years 1801, 02, 05 an 06; London, 1810, in-4°, pl. 4° Stobhouse, A Journey in Greece; London, 1813, in-4°. 5° Clarke {Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa, Asia and Africa; Cambridge, 1810-1819,5 vol. in-4°, pl. G" Dodwell {Edw., a Classical and topographical tour through Greece, during the years 1801, 1805 and 1806 ; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 7° Dodwell { Edw., Views in Greece, a sériés of 69 engravings, pu- blished to ïllustrate his travels in Greece; London, 1819, in-P, pl. coloriées 8° Stackelberg baron O. M. D., La Grèce; Vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34, in-P, pl. 9° Leake {Col., Travels in the Morea; London, 1830, 3 vol. in-8° avec 30 plans, cartes et inscriptions. 10° Gell TV., Probestucke von Stadte Mauern des allen Griechen- lands; Munich, 1831, in-4°, pl. 11° Blouet, Ravoisier, etc., Expédition scientifique de Morée ; Architecture et Sculpture; Paris, 1831, 3 vol. in-P, pl. 12° Dodwell {Edw ., Views and descriptions of Cyclopian, or Pelas- gic Remains in Greece and Jtaly, with constructions of a later period; London, 1834, in-P, lithog. Vues et descriptions de constructions cyclopéennes ou pélasgiques trouvées en Grèce et en Italie, et de constructions antiques d’une époque moins reculée, d’après les dessins de feu M. Ed. Dodwell; ouvrage destiné à servir de supplément à son voyage classique et topographique en Grèce, pendant les années 1801, 1805 et 1806 ; Paris, 1834 , in-f°, lithog. 13° Pouqueville, La Grèce, publiée dans V .; Paris, 1835,in-8°. ï If 'fi. M- % JMMjgïHH ïÆnx, &1M. si&\4 >- - /; i-t rilrn!' • 1 ”' “ i v'r PM .'VJ liil mes Mimh !PSr fzÆ mm ^UrGiSffi mm mm ii'iRÜi ' ÊÊ£% mm mm Flj. 6. zçï& MZW&ë Jmmmm mêm mm&i lU-fX SOT $>>VS>Y>i\ •^\V-3f V K S3S»?&£taS'&v £m '^sSSMsm fc'lii àsS&5 ï, l ,! ! ?n?i!v. R "ï'&â A ’ H-&- fù? . 4 . ^msmsms CCfrrx L - J-'!ÿ. S tJ^près Ravoisié ~ne, pl. Vovages dans l’Asie Mineure et en Grèce, en 1764,65 et 66 , par Richard Cliandler, traduits de l’anglais; Paris, 1806, 3 vol. in-8° et atlas in-4°. 4° Pouqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire othoman, de 1798 à 1801 ; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 5° Gell W., Argolis. — The itinerary of Greece with a commentai'y on Pausanias and Strabo, and an account ofthe monuments of antiquily at présent existing in thaï counlry compiled in the years 1801, 02,05 an 06; London, 1810, in-4", pl. 6° Clarke Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa , Asia and Africa; Cambridge, 1810-1819, 5 vol. in-4°, pl. 7° Dodwell Edw., a Classical and topographical tour through Greece, during the years 1801, 1805 and 1806; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 8° Dodwell Edw., Views in Greece, a Sériés of 69 engravings, pu - blished to illustrale his travels in Greece; London, 1819, in-f°, pl. coloriées. 9° E. L., Vues de la Grèce moderne; Paris, 1824, in-4°, obi. lithog. 10° Stackelberg baron O. 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Dodwell ; ouvrage destiné à servir de supplément à son voyage classique et topographique en Grèce, pendant les années 180t, 1805 et 1800 ; Paris, 1834, in-f°, lithog. 15° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopéens et description de la collection des modèles en relief composant la galerie pélasgi- que de la Bibliothèque Mazarine; Paris, 1841, 1 vol. in-8°, pl. W ' II. Il i * m © S 3 1=3 t =3 © JFV ° .Si mm Wi'M fmk WW mm. v- séPï ^r.> .*%l-.'Â'S mm ACUOPOLE DE MYCENES Mycène 9 , aujourd’hui Carvati en Morée, passe pour avoir été fondée par Mycénée dix-sept cents ans environ avant J. C., puis plus tard considérablement augmentée, et en quelque sorte fondée de nouveau par Persée, frère de Prætus, vers l'an 1390 de la même ère. Le nom pluriel de Mycènes, Minorai, serait lui-même une preuve de cette double fondation, quand Apollodore * ne la confirmerait pas encore plus positivement en disant que Persée éleva des fortifications en avant de Mycènes et de Midée. Plusieurs passages de Thucydide pourraient encore venir à l'appui de cette assertion. On fait dériver le nom de Mycènes soit de celui de son premier fondateur, soit du mot Muxric, qui signifie en même temps garde d’épée et champignon. Selon plusieurs auteurs, ce serait à cette dernière signification qu’il faudrait s’arrêter, une source qui désaltéra Persée ayant été découverte sous un champignon. Dodvvell propose une étymologie moins admissible, selon nous, quand il croit en avoir trouvé l’origine dans l’aspect de l’Acropole, qui rappellerait un peu, selon lui, la forme d’un champignon. Je préférerais sans doute, et comme plus vraisemblable et comme plus poétique, la pensée de Nonnus lib. XLI, qui la compare à une couronne murale. Mycènes était une des plus belles villes du Péloponèse Homère parle de la largeur de ses rues, et lui donne l'épithète de bien bâtie, EùxtÎjievov 7croXi's0pov. L’histoire nous apprend que Mycènes commença à perdre sa célébrité, sa puissance et sa population dès l’époque de la destruction de la famille d’Agamemnon, et le retour des Héraclides dans le Péloponèse, environ quatre-vingts ans après la destruction de Troie **. Les Ar- giens , jaloux d’avoir vu quatre-vingts de ses habitants partager la gloire des Spartiates au combat des Thermo- pyles , mirent fin à l’existence de cette malheureuse ville peu de temps après l’invasion des Perses, c'est-à-dire, dans la 78 e olympiade, quatre cent soixante-huit ans avant J. C. La place ayant été complètement détruite, une partie de ses habitants se réfugia à Cléonée ; d’autres, en plus grand nombre, se retirèrent en Macédoine auprès d’Alexandre, et le reste vint s’établir à Cerynée, dans l’Achaïe ***. Cette ville avait existé neuf cent vingt-deux ans depuis sa seconde fondation par Persée. Mycènes abandonnée ne fut jamais repeuplée, et il paraît que ses vestiges mêmes restèrent presque ignorés. Il est singulier cependant que Strabon, qui était à Corinthe et à très-peu de distance de Mycènes, ait osé avancer qu’il n’en restait plus aucune trace. Du reste, ce n’est pas la seule fois que ce géographe ait ainsi comme effacé de la carte des villes qui, aujourd’hui encore, offrent des ruines considérables. Pausanias, qui écrivit cent cinquante ans après Strabon, indique plusieurs des édifices que l’on voit encore aujourd’hui à Mycènes. Il est fâcheux toutefois que ce voyageur, qui décrit avec tant de soin la royale Argos, ne soit pas entré dans quelques détails sur les monuments de sa malheureuse rivale, qui, étant une ville toute militaire , nous eût présenté des notions du plus haut intérêt. Les constructions nombreuses qui existent encore sur le sol de cette antique cité méritaient plus qu’une simple mention. L’Acropole de Mycènes s’élevait sur une colline située entre deux hautes montagnes coniques qui la commandaient entièrement. Selon Plutarque, le premier nom de cette colline était Argion. MM. W. Gell et Dodwell s’accordent à reconnaître qu’au bas, dans la plaine et non loin de l’Acropole, on voit les vestiges d’une ligne d’enceinte et d’une porte, ce qui prouve que la ville basse s’étendait jusque-là. Ce mur fut sans doute, comme tout le reste, renversé par les Argiens à l’époque de la destruction de Mycènes. La colline qui porte l’Acropole est séparée, du côté du Nord de la montagne voisine, par un vallon profond et rocailleux; sur tous les autres côtés, ses flancs sont plus ou moins escarpés; à l’Est, cependant, elle est attachée à la montagne par une étroite langue de terre où se trouve une ancienne fontaine. Outre la colline d’Argion, les murs de Mycènes en renfermaient encore une moins haute qui était en avant de celle-ci. L’Acropole de Mycènes est un long triangle irrégulier, s’étendant à peu près de l’Est à l’Ouest. La muraille qui l’entoure suit les sinuosités du roc ; elle n’est point flanquée de tours, quoi qu’en ait dit M. de Stackelberg, qui prétend que, de distance en distance, il en a vu quelques-unes qui, à la vérité, dépassent de fort peu le sommet du mur. M. Blouet fait remarquer avee raison qu’à cette époque on ignorait ce système de défense. W. Gell signale toutefois aussi une espèce de tour ou bastion, mais il en reste trop peu de chose pour pouvoir apprécier complètement sa forme et sa destination premières. Les murailles présentent plusieurs modes de construction paraissant se rapporter à diverses époques certaines parties présentent de grands blocs de pierre rectangulaires placés l’un au-dessus de l’autre, de manière * Biblioth., liv. II, ch. 4, § 4. ** Strabon, liv. VIII. *** Ilerod., liv. IX. Diod., liv. II. Paus., liv. Vil. MONUMENTS PÉLASGÎQUES. — que les joints de trois ou quatre assises soient précisément dans une ligne verticale, ce qui donne à l’ensemble un aspect étrange et inusité voijez fig. 1; d’autres parties, et ce sont les plus nombreuses, sont composées de blocs polygonaux irréguliers fig. 2 ; d’autres enfin, dans le voisinage des portes, sont formées d’assises régulières presque toujours superposées plein sur joint, suivant la méthode ordinaire fig. 3. L’habile architecte auquel nous devons la plus grande partie des travaux publiés dans l’Expédition de Morèe, et auquel nous avons emprunté plusieurs des dessins qui accompagnent cette notice, M. Blouet, fait observer une circonstance singulière c’est qu’à cette époque reculée, on a employé le système d’appareil par assises horizontales et joints verticaux, et qu’on est ensuite revenu à un autre mode de construction moins régulier, lequel pourtant a souvent passé pour avoir précédé le premier. Trois portes donnaient accès à la citadelle la principale, située à l'Ouest voyez le Plan, D, est la célèbre Porte des Lions, à laquelle une notice spéciale sera consacrée; la seconde, plus petite, située au Nord voyez le Plan, C, est formée de deux gros blocs de pierre carrés, et posés verticalement, avec un troisième placé en travers et servant de linteau. On voit encore, dans les jambages, les trous qui servirent à sceller les gonds. Enfin , M. Dodwell signale une porte plus petite encore, de forme aiguë, comme les plus anciennes portes cyclopéennes d’Italie; celle-ci est presque ensevelie sous les broussailles et les décombres, et elle a échappé aux investigations de plusieurs voyageurs. Elle rappelle ces petites portes secrètes donnant sur les fossés des châteaux du moyen âge, et la similitude de leur forme ogivale rend le rapprochement encore plus frappant. De la seconde porte dont j’ai parlé part encore l’ancien chemin qui descendait rapidement dans la ville. D’un côté, un parapet de pierres taillées et unies en dedans garantit du précipice, de l’autre s’élèvent les murs de l’Acropole. Dodwell remarque comme une exception qu’en entrant, on avait à gauche les murailles, et il en conclut, avec raison, que le bouclier attaché au bras gauche pouvait protéger l’assiégeant, mais que d’un autre côté les assiégés, dans leurs sorties, trouvaient le même avantage pour se défendre des attaques de l’ennemi. Dans l’intérieur de la citadelle se trouvent plusieurs citernes de différentes formes telle a paru à Dodwell avoir dû être la destination d’une chambre circulaire creusée dans le roc, et d’une forme analogue à celle de la Trésorerie ’d’Atrée. Une autre citerne, taillée dans un rocher de brèche , est revêtue de stuc. Les Bomains ne paraissent pas avoir eu d’établissement à Mycènes, et cependant, tel est l’état de conservation de ce revêtement, qu’on ne sait comment l’expliquer après tant de siècles. Une semblable excavation, dit Clarke, s’observe à l’Acropole d’Argos ; la nature poreuse de la brèche rendait l’emploi du stuc indispensable ainsi se trouve expliquée la fable des Danaïdcs, forcées sans doute de remplir la citerne d’Argos. » Dans l’Acropole de Mycènes , on reconnaît en quelques endroits des fondements d’habitations. A l’extrémité orientale Voyez le Plan, B sont des murs qui ont dû former l’enceinte d’un édifice irrégulier ce sont sans doute les restes du palais des Atrides. Au point le plus élevé de la colline Plan, A sont quelques fondations qui paraissent appartenir à un âge moins reculé; on y a trouvé des monnaies romaines. Tite-Live nous apprend lib. XXXII que le général Quintius eut une entrevue avec Nabis sur le site de Mycènes, avant la réduction d’Argos. Peu d’objets d’art sont sortis des ruines de Mycènes AV. Gell a remarqué cependant, dans l’angle méridional de l’Acropole, une grande quantité de poteries brisées couvertes d’un vernis noir ou blanc, avec des lignes en spirale de couleur brune. Enfin, le seul fragment d’architecture où Dodwell ait pu reconnaître à Mycènes quelque analogie avec les ordres grecs est une moitié de triglyphe, qu’il a trouvée dans une petite église voisine delà Trésorerie d’Atrée. BIBLIOGRAPHIE. 1" Chandler [Richard, Travels in Greece and in Asia Minor, or an account of a tour madeat the expense of theSociety ofthe Di- lettanti; London and Oxford, 1776, 2 vol. in-4°, pl. Voyage dans l’Asie Mineure et en Grèce en 1764,65 et 66, par Richard Chandler, traduit de l’anglais; Paris, 1806, 3 vol. in-8” et atlas in-4°. 2° Gell TF., Argolis; London, 1810, in-4°, pl. 3° Clarke Edw. 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Vues et descriptions de constructions cyclopéennes ou pélasgiques trouvées en Grèce et en Italie, etc. ; Paris, 1834, in-fol., lith. 10° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopéens, et description de la collection des modèles en relief comprenant la galerie pélasgique delà BibliothèqueMazarine; Paris, 1841, 1 vol. in-8°,pl. »U»ICW . - _ _. i'Hæf / ; l-, i^ESülîl 'lÊtWd'fêWÊ &$*?/ •' •'•• 200 Met ismsm t_ , 1 - SwI ,.• il. . . Xk d'après Dodwell et Blouet liurÿ- sculp AG340F01L1E 1DIE 1ITGÈHE Grèce A OUI F ©MS ©F MTCFWAF Greece Acropolis de Mieenas. j/rs/t,. 'fÆ//sC// Gneclien] and Monumentr Ana&ii e£ Modernes f-/f///?//y //f - >.///s s~ Grecia. rnr Judos PORTE DES LIONS A MYCENES La fameuse Porte des Lions formant l'entrée principale de l’Acropole de Mycènes, paraît dater de l’époque de la seconde fondation de cette ville par Persée, quatorze cents ans environ avant J. C. On y arrivait par un passage long de 17“ sur une largeur de 10 m fig. 1, qui la mettait en communication avec la ville, disposition analogue à celle qu’on retrouve au même lieu à la Trésorerie d’Atrée. Les murs qui forment ce passage sont composés de grands blocs de pierre rectangulaires, posés par assises horizontales, joints sur joints fig. 2, singulière disposition signalée dans la notice sur l’Acropole, dont la Porte des Lions fait partie. Cette porte est probablement encore dans le même état où elle se trouvait au deuxième siècle de l’ère chrétienne, lorsque Pau- sanias parcourait la Grèce. Un amoncellement de décombres jusqu’à la hauteur du linteau en obstrue l’ouverture et empêche le voyageur de saisir ses proportions et son ensemble; cependant, selon Dodvvell, sa hauteur totale doit être de 5 m ,35 environ, et la largeur dans la partie supérieure est de 3 m . L’architrave consiste en une seule pierre de 4 m ,80 de longueur, 2 m de hauteur, et 1"’,20 d’épaisseur. \V. Gell ne lui donne qu’une hauteur de 1 m ,35. Les portes pliantes et qu’on assujettissait par des barres, jouaient sur des pivots dont les tourillons, d’environ 0 m ,08 de profondeur, sont encore visibles sur la surface inférieure de l’architrave. A gauche de la porte est dans la muraille une ouverture carrée, une sorte de fenêtre, mais elle provient seulement de la chute d’une pierre qui gît près de là sur le sol. Cette porte doit surtout sa célébrité au bas-relief qui la surmonte fig. 3, et qui lui a donné son nom. Ce bas-relief, sans doute le plus ancien exemple que nous possédions de l’art des âges héroïques qui ont précédé la guerre de Troie, est sculpté dans une pierre triangulaire encastrée au-dessus de l'architrave, large de 3 m ,20 à la base, haute de2 m ,90, et épaisse de 1”,70. Ce bloc a été pris tour à tour pour un marbre ou pour un basalte vert c’est une erreur, dit M. Blouet, aussi bien dans un cas que dans l’autre; c’est un calcaire gris fort dur, d’un grain très-fin, et semblable à ceux qu’on trouve encore en Messénie et en Arcadie. Au centre du bas-relief s’élève une sorte de pilier semi-circulaire qui offrirait quelque analogie avec l’ordre dorique, n’était qu’à l’inverse de l’usage, il diminue sensiblement de haut en bas. Le chapiteau est composé de trois annelets à quelque distance les uns des autres ; l’abaque est celui de l’ordre dorique ; il supporte quatre corps ronds qui sont à leur tour surmontés d’un second abaque semblable au premier. La base consiste en un simple tore reposant sur un soubassement composé de deux plinthes séparées par une scotie. Aux côtés de ce pilier se dressent deux animaux qui semblent servir de supports, et qu’en terme de blason on désignerait par l’épithète de rampants. Les pattes de devant s’appuient sur le soubassement du pilier, tandis que les pattes de derrière reposent sur l’architrave de la porte. Les queues, à la vérité, ressemblent peu à celles des lions; les tètes manquent et ont sans doute été brisées à l’époque de la destruction de Mycènes par les Argiens, de sorte qu’on ne peut connaître si elles étaient tournées d’un côté ou de l’autre, ou si elles étaient de face. Cependant, il serait impossible d’adopter l’opinion de Clarke, qui croit y voir des tigres ou des panthères. Quand même les preuves tirées du symbolisme que nous donnerons plus loin ne sembleraient pas satisfaisantes, les restes de crinière que l’on reconnaît encore à l’animal de gauche, les pattes qui sont parfaitement accusées, suffiraient pour détruire toute espèce de doute. D’ailleurs, Pausanias dit en ternies précis, et c’est Clarke lui-même qui le cite Il reste encore une partie de l’enceinte et une porte sur laquelle sont placés des lions Corinlh., c. 16. Quoique cet antique bas-relief ait été fait au marteau, et paraisse un peu roide et lourd de forme, il n’en a pas moins un caractère sévère qui produit une vive impression. Il paraît difficile d’indiquer d’une manière certaine la pensée qui a présidé à cette singulière composition ; mais en examinant les restes de sculptures mi- thriaques de la Perse, tels que nous les connaissons par les ouvrages de Tavernier, Chardin, le Bruyn, Thévenot, Ker Porter, etc., on trouve dans quelques-uns de leurs symboles tant de ressemblance avec ceux représentés à Mycènes, qu’il est impossible de ne pas reconnaître une donnée unique , une origine commune. Partout on retrouve ce même pilier qui, évidemment, n’est autre chose que l’autel du feu, le Prjralheion , Vatschdan, qu’on peut voir également sur les médailles des rois perses de la dynastie des Sassanides, médailles dont nous publions deux exemples fig. 5 et 6, et qui sont si connues maintenant par l’excellent ouvrage de M. Adrien de Longpérier. La figure 4 offre une image de YalscMan ou vase sacré du feu, dessinée d’après un camée de calcédoine saphirine. On sait que c’était sous une l'orme analogue que les Perses représentaient souvent le soleil comme emblème du principe générateur. A Amyclée, un pilier était de même l’image symbolique d’Apollon. Le lion est bien connu pour être l’emblème de Mithra, et il est sans cesse répété dans les sculptures persanes. Les prêtres de ce dieu, selon Porphyre, portaient même le nom de lions. Ces divers symboles, selon Diodore l. II , avaient été empruntés à l’Égypte. — MONUMENTS PÉLASGIQUES. — Des relations intimes existèrent longtemps entre les Spartiates et les Argiens, et il est avéré que les rites religieux des premiers, en ce qui touchait le culte du soleil, étaient les mêmes que ceux des Perses ; car les Spartiates sacrifiaient des chevaux sur le Taygète, comme c’était aussi la coutume des Perses *. Ce culte fut probablement introduit dans la Grèce lors des premiers rapports qui existèrent entre les deux pays, selon Hérodote et Xénophon, ou par les premières colonies égyptiennes. Dodwell suppose même que le bas-relief qui nous occupe pourrait avoir été apporté par elles des bords du Nil, comme une sorte de palladium. Cette conjecture nous paraît démentie par le style même de la sculpture , qui offre des différences notables avec l’ancien style égyptien. Resterait à expliquer les quatre boules, ou plutôt les quatre disques qui surmontent le pilier ; car, ainsi que le fait remarquer Dodwell, ces objets présentent une surface plane, et non sphérique. On a voulu y voir le symbole des révolutions de la lune, des quatre saisons, des quatre yeux qui, suivant Meursius, se voyaient au simulacre d’Apollon à Amyclée. Peut-être ces quatre disques ne sont-ils simplement que l’extrémité des bûches placées sur l’autel, et ce qu’on a pris pour un second abaque n’est-il que le profil d’autres pièces de bois placées en travers. Cette hypothèse, toute prosaïque qu’elle est, ne me paraît pas dénuée de vraisemblance, d’autant plus que le tout était surmonté d’une flamme, ainsi que l’indique la forme même du bas-relief qui se terminait en pointe, et comme ne permettent pas d’en douter les divers exemples que nous avons cités. * Pausanias, Laconica. BIBLIOGRAPHIE. 1° Chandler Richard, Travels in Greece and in Asia Minor, or an account ofa tour mode at the expense of the Society of the Di- lettanti; London and Oxford, 1776, 2 vol. in-4°, pl. Voyages dans l’Asie Mineure et en Grèce en 1764, 65 et 66, par Ri- chand Chandler, traduits de l’anglais ; Paris, 1806, 3 vol. in-8° et atlas in-4°. 2° Pouqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire othoman, de 1798 à 1801; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 3° Geïl W., Argolis. — The itinerary of Greece with a commen- tary on Pausanias and Strabo, and an account of the monuments of antiguity at présent existing in that country compi- led'in the years 1801, 02, 05 and 06; London, 1810, in-4», pl. 4° Clarke Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa, Asia and Africa-, Cambridge, 1810-1819, 5 vol. in-4°, pl. 5° Dodwell Edw., Aclassical and topographical tour through Greece during the years 1801, 1805 and 1806 ; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 6° Dodwell Edw ., Viewsin Greece, a sériés of 69 engravings, pu- blished to illustrate his trawels in Greece; London, 1819, infol. , pl. coloriées. 7° Stackélberg baron O. M. de, la Grèce ; vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34, inf., pl. 8° Leakecol., Travels in the Morea; London, 1830, 3 vol. in-8°avec 30 plans, cartes et inscriptions. 9° Gell W.', Probestucke von stadle Mauem des alten Griechen- lands; Munich, 1831, in-4°, pl. 10° Blouet, Ravoisier, etc., Expédition scientifique de Morée; Architecture et Sculpture ; Paris, 1831, 3 vol. in-fo!., pl. 11° Dodwell Edw., Viewsand descriptions of cyclopian, or pelas- gic remains in Greece and Italy, with constructions ofa later period; London, 1834, in-fol., lith. Vues et descriptions de constructions cyclopéennes ou pélasgiques trouvées en Grèce et en Italie, et de constructions antiques d’une époque moins reculée, d’après les dessins de feu M. Ed. Dodwell; ouvrage destiné à servir de supplément à son Voyage classique et topographique en Grèce, pendant les années 1801, 1805 et 1806 ; Paris, 1834, in-fol., lith. 12° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopéens, et description de la collection des modèles en relief composant la galerie pé- lasgique de la Bibliothèque Mazarine ; Paris, 1841, 1 vol. in-8”. pl "arS- rt** H lasiiÂôiiv^ ifc5** -A;.. .ï àfeiÉfÉ; ^IWV ÎMsfF v»-S f Iv-r i£ïïtôfc tf W-ül» Hiw-'/'i Put . 3 J-Buiÿ dirJ ! - _. _J Bculp, in- ahcnland F©M']£J 10 3E S 1LJI©H§ A MTŒÈFÎlgSo Grèce , THE M©If 3 9 GATE , AT MTCIHAK c hiei'ta se **;. *> \i t a ! » &ïÿ&xpib oiH} ; ’' / '. .z'ÿ&lU Ijattat MSI . .• .',Jf8sbipa4ÿ'..K;ïgi>- • - . \ i. .,.tLï& •.•; - f ; i -“r • ••..' .’ . ’ ’ ; . . ' -. idnÀit . 'I*•»* •' -.' ' . ^ttf-'t'^ààsàSââl .. >. -i .’., i ! . > .- . i î >. . i ; i , ' î » ’ / . .' t . ; >• * ...., \.* , t ; • • .’. 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Ces quatre statues, toutes d’un admirable travail, représentent Ramsès le Grand , assis, presque nu , vêtu d’uue simple schentei , le cou orné d’un collier et d'un pectoral, les bras ceints de bracelets, les mains étendues sur les genoux, la tète ornée de sa coiffure civile surmontée du pschent, symbole delà souveraineté sur la haute et la basse Égypte. Ces figures, qui sont empreintes d’un calme et d’une majesté indicibles **, sont de véritables portraits, et leurs profils surtout ressemblent parfaitement à la forme donnée au visage de ce pharaon sur les monuments de Thèbes et de Memphis. Sur les montants des trônes sont sculptées les images de la mère de Ramsès, de la reine et de plusieurs de ses enfants. La porte du temple est percée entre les deux fauteuils des colosses médiaux ***; au-dessus de la porte, il y a une statue colossale de 6 mètres de hauteur, représentant de face et en haut-relief Phré, le dieu-soleil, ayant à ses côtés un sceptre à tète de chacal et une petite statue de la Vérité, le tout groupé de manière à présenter anaglyphi- quement le pronom mystique du roi, soleil, seigneur de justice ou de vérité. A droite et à gauche de cette grande figure de Phré, on a sculpté en bas-relief Ramsès faisant offrande au dieu d’une image de la Vérité ou de la Justice. Cette façade est terminée par une frise hiéroglyphique, qui indique que ce spéos fut dédié à Ammon et à Phré par Ramsès le Grand. Elle est surmontée d’un cordon qui l’encadre et supporte un cavé orné de cartouches flanqués d’uræus et alternés avec les noms des dieux adorés dans le temple. Enfin, cette façade est couronnée par une rangée de vingt et une statues de cynocéphales, qui ressemblent pour la pose et la figure à ceux qui décoraient les piédestaux de l’obélisque de Louqsor. Ces singes, qui n’ont pas moins de 2 m ,50 d’élévation, sont représentés assis, les deux pattes antérieures posées sur les genoux ils sont sculptés en ronde- bosse et ne tiennent à la montagne que par leur partie postérieure. Ces cynocéphales, emblèmes de Thoth,ont été choisis plutôt que des uræus, couronnement habituel des édifices égyptiens, sans doute parce qu’Hermès, sous ses deux formes, était le dieu protecteur de tout le pays situé entre la première et la seconde cataracte. Cette façade, qui offre le type le plus saillant du style égyptien, rivalise avec celles des plus beaux monuments de l’Égypte ; c’est encore la plus remarquable et la plus imposante de Nubie. Vue de près, surtout enfouie comme elle l’est dans les sables, elle perd tout son effet grandiose ; il fallait l’admirer du milieu du Nil, ou bien du pied de l’escalier qui conduisait au spéos sans doute; il fallait juger de son effet quand elle n’était pas encombrée sous le sable qui l’obstrue de près, elle est écrasée par les masses et les énormes saillies des colosses qui, placés là pour la décorer, empêchent cependant de la bien comprendre et d’en bien saisir la beauté. En Italie, les cendres du Vésuve recouvrent et préservent les plus intéressants monuments ; en Égypte, ce sont les sables mouvants du désert ou le détritus des montagnes. Les sables qui ensevelissaient le magnifique spéos d’Abou-Sembil ont fait bien des progrès depuis la découverte de Burckhardt et les déblayements de Bel- zoni ; ils bouchent souvent l’entrée du temple, et l’on est obligé de se frayer à grand’peine un passage pour se glisser en rampant sous la soffite de la porte. Lors de notre séjour, les sables laissaient encore pénétrer assez d’air et de lumière pour que les visiteurs pussent respirer à l’aise et examiner sans flambeaux les immenses et curieuses sculptures qui ornent l’intérieur. Le bandeau de l’unique porte qui donne entrée dans ce spéos est occupé par un double tableau représentant Ramsès marchant à grands pas ; il tient d’une main une double coudée, et de l’autre un niveau ou compas, insignes caractéristiques de la construction de l’édifice c’est à ce titre de fondateur qu’il se présente d’un côté devant Ammon-Ra, roi des dieux, suivi de Mauth, régente du monde, et de l’autre devant Phré et la déesse Ouerek, sa compagne. * La figure de ces colosses a 2 m ,27 de hauteur, et les oreilles ont plus d’un mètre. Depuis les épaules jusqu’aux coudes, ils ont 4 m ,86, et la distance entre les épaules est de plus de 8 mètres. — La statue brisée du Memnonium ne devait avoir que 17 à 18 mètres de hauteur. Les colosses de Memnon ont environ 15 m ,50 de hauteur sans leur piédestal. — L’androsphinx des pyramides de Gizeh a une tete bien plus colossale, mais ne peut entrer en parallèle avec les statues qui nous occupent. ** Voy. Champollion le Jeune, Monuments de l'Égypte et de la Nubie, tome I, planche X. *** Celui de gauche, qui est brisé, porte gravées sur ses jambes plusieurs inscriptions grecques. L’une d’elles pourrait bien être celle des soldats de Psammétik , la plus ancienne qui existe en langue grecque. — STYLE ÉGYPTIEN. - L'intérieur du temple, qui a quelque analogie avec le spéos de Gerf-Husseyn, répond parfaitement au style de la façade; c’est le même artiste ou plutôt la même pensée qui a présidé à leur exécution. Je fus frappé d’admiration en promenant mes regards dans cette enceinte mystérieuse qui ne recevait de jour que par la porte. Je m’arrêtai à contempler ces huit statues colossales de 7 mètres de haut, taillées dans le roc comme les piliers contre lesquels elles sont adossées. Ces statues sont debout, compernes, et tiennent dans leurs mains croisées sur la poitrine la crosse et le fléau. Elles sont nues jusqu’à la ceinture, qui est fermée par une agrafe- cartouche, d’où pend une frange ornée d’uræus. Cette ceinture soutient la schentei , pagne étroite, plissée et peinte en jaune, qui descend jusqu’aux genoux. La tête est un peu grosse et couverte d’un lourd et long bonnet, symbole de la domination sur la région supérieure ; les yeux sont grands, bien fendus, les sourcils arqués ; les prunelles et les sourcils qu’on a prolongés jusqu’auprès de l’oreille , sont peints avec du kohl stibium; le nez est légèrement aquilin, et la lèvre inférieure un peu saillante; la bouche relevée et souriante, le menton légèrement arrondi; au total, cette ligure est douce et bienveillante. Ces énormes Âtlanli- des, gardiens silencieux des mystères de leur religion et des événements de leur temps, impriment au monument un caractère de grandeur et de solennité, et commandent au visiteur le recueillement et le respect. Ces portraits colossaux de Ramsès le Grand semblent soutenir le plafond d’une vaste salle ornée de figures coloriées, représentant des scènes guerrières relatives aux conquêtes de ce pharaon en Afrique et en Asie. Toutes ces statues, tous ces bas-reliefs avaient été enduits d’une couche de stuc, sur laquelle l’artiste avait achevé son travail de sculpture et qu’on avait ensuite peintes de couleurs riches et variées. Le plafond, encadré d’une bordure tricolore, est orné sur un fond bleu de vautours coiffés de la mitre du psclient, ayant les ailes déployées, et tenant dans chacune de leurs serres une longue palme. Ces symboles de Neith, la Minerve égyptienne, sont séparés par les cartouches noms et prénoms de Ramsès. Après avoir bien rassasié ses yeux de cette architecture animée, grave et imposante, on porte son attention sur les bas-reliefs qui vous entourent de tous côtés; ils sont bien moins intéressants sous le rapport de l’art que sous le rapport historique c’est un tome entier de la vie et des conquêtes de Ramsès-Sésostris. On remarque d’abord, des deux côtés de l’entrée, Ramsès tenant par la chevelure un groupe de captifs africains et asiatiques, qu’il semble vouloir immoler aux deux divinités Ammon-Ra elPhrè. Sous ces deux immenses tableaux, on a représenté par ordre de naissance, à droite, les enfants mâles portant tous à la main l’emblème de la victoire, insigne des princes; à gauche, les filles du pharaon, portant chacune à la main une espèce de sistre orné d’une tète d’Hàthor. Le premier tableau de la paroi gauche représente le siège d’une place. Ramsès sur son char, l’arc tendu , les chevaux lancés au galop, et suivi de ses trois fils aînés, montés aussi sur des chars de guerre, met en fuite une armée assyrienne et assiège la citadelle où se retirent les fugitifs. Le héros, toujours de taille gigantesque, est casqué et paré de tous ses ornements royaux, colliers, brassières et bracelets ; il porte pour tout vêtement une espèce de pagne décorée avec magnificence ; les rênes des chevaux, qui sont richement empanachés et couverts de harnais précieux, sont nouées autour de son corps. Son carquois pend au char, dont les roues élégantes et légères semblent de bronze. Trois guerriers gardent les chars de ses fils, qui, jeunes et pourtant déjà expérimentés dans les batailles, portent tous un bouclier couvert d’une peau de léopard. Du haut du fort, qui est situé sur une montagne et composé de deux étages, on voit tomber les malheureux Assyriens percés de flèches ; l’un s’arrache un trait de la tête, l’autre a été atteint au- dessous de l’œil. Deux hommes, le corps penché en avant, tiennent une espèce d’encensoir qui semble ici un symbole de paix, tandis que d’autres hommes, les bras étendus, demandent merci. Derrière eux, des femmes ayant un bras levé, et portant de l’autre leurs enfants, paraissent implorer la pitié du vainqueur, dont les lèches redoutables les ont déjà percées. Au pied du fort sont d’autres femmes suppliantes ; puis, sous les murs au bas de la montagne, un laboureur fuit, précédé de ses bœufs, qui paraissent partager la frayeur générale. Dans le deuxième tableau, le roi à pied écrase un chef ennemi qu’il a terrassé, et en perce un autre d’un coup de lance ; ce groupe est d’une grande beauté. Le troisième tableau représente le triomphe de Ramsès et sa rentrée solennelle à Thèbes , sans doute. 11 est debout, calme et fier, sur un char superbe traîné par des chevaux richement caparaçonnés et marchant au pas. Compagnon de ses périls, son lion vient aussi prendre part aux honneurs du triomphe et marche à ses côtés. Devant le char, un officier conduit deux rangées de prisonniers africains, les uns de race nègre peints en noir et vêtus de peaux de panthères, les autres de race Barabra peints en brun rouge foncé, et portant des anneaux aux oreilles, comme font quelques Nubiens d’aujourd’hui. Malgré l’incorrection du dessin et le défaut de proportions, on ne peut nier que cette composition ne respire un certain air de noblesse. Sur les deux côtés — SPÉOS D’ABOU-SEMBIL. — de la porte du fond, le roi fait hommage de captifs de diverses nations aux dieux de Thèbes et à ceux d’Ib- samboul. La paroi droite est presque entièrement occupée par un immense tableau représentant une bataille, un camp retranché, avec la tente du roi, ses gardes, ses chevaux, les chars, les bagages et tout l’attirail d’une armée. On y remarque les jeux, les punitions des soldats, des chevaux rangés par escadrons et mangeant du fourrage aux râteliers ; ceux des chefs sont parqués isolément; les outres d’eau sont plantées sur des piquets, et des soldats sont occupés près du feu à la préparation des aliments ; enfin le lion de Sésostris est couché au milieu du camp. L’humidité a fait disparaître les couleurs de cet immense tableau, plein d’effet et de mouvement. Le petit nombre de têtes qui conservent encore des couleurs sont représentées avec une coiffure tombante et partagée en tresses, comme celle des Ababdehs et dejs Bychariehs. Ces usages se conservent dans les pays de montagnes et de désert, où l’homme libre et isolé ne connaît que les lois de l’habitude. Dans le septième tableau, le roi est représenté assis au milieu de quelques-uns des chefs de l’armée égyptienne; d’autres viennent lui annoncer en s’inclinant que les ennemis attaquent son camp. On prépax’e son char de guerre, et ses serviteurs attendent ses ordres, et modèrent l’ardeur des chevaux, qui sont ici mieux dessinés que dans les autres bas-reliefs ; malheureusement toutes les têtes manquent. Dans le registre inférieur, des soldats égyptiens bâtonnent deux espions pris, sans doute, aux environs du camp. Plus loin, dans le huitième tableau qui fait suite à celui-ci, on voit l’attaque des ennemis, montés aussi sur des chars et combattant sans ordre une ligne de chars égyptiens parfaitement alignés; l’armée ennemie est déjà en déroute, plusieurs chars sont culbutés, brisés ; chevaux et guerriers gisent pêle-mêle. Ce tableau est plein de mouvement et d’action. Aspirant à tous les genres de gloire, mais surtout ambitieux d’illustration militaire, c’était, sans doute, pour fanatiser ses chefs, ses soldats, et graver plus profondément dans leur esprit l’amour de la patrie et les inclinations belliqueuses, que Ramsès voulut associer les faits éclatants de son règne au culte qu’on rendait aux dieux, aux idées religieuses, qui sont toujours les plus puissantes sur l’ En ce temps, c’étaient les dieux qui ordonnaient la guerre par la bouche de leurs prêtres, et des milliers d’hommes marchaient au meurtre, au pillage et à la mort, sur la promesse d’Ammon, roi des dieux, qui livrait à son fils bien-aimé Ramsès toutes les nations barbares. Plusieurs bas-reliefs représentent Ammon, Phré, Pthah, Athom, qui remettent la harpé à Ramsès, en lui disant Frappe et mets en pièces les méchants de la terre entière, par la puissance de ton père,“qui t'a accordé de soumettre et de vaincre à toujours. » La seconde salle, dont quatre piliers carrés soutiennent le plafond, a ses parois et cellesde ses piliers également décorés de sculptures; mais ici tous les sujets sont religieux. Dans les diverses salles, pronaos, naos, chambres attenantes et latérales, Ramsès est représenté faisant des offrandes aux plus grandes divinités de l’Égypte, et à son patron le Dieu-Soleil, Ramsès, fils de Pthah et d’Hàthor, qualifié de dieu grand, dieu bienfaiteur, le même qu’on adore à Gerf-IIusseyn. La première salle était sans doute ouverte à tout le monde; celle-ci, qui servait probablement de pronaos, était réservée exclusivement aux initiés. Au bout de cette salle, on entre par trois portes dans un vestibule plus large que long, qui communique au sanctuaire, et à deux petites salles latérales qui n’ont pas été terminées. Le mur du fond du sanctuaire, au milieu duquel s’élève un autel, est décoré de quatre statues un peu plus fortes que nature. Quoiqu’elles soient plus dégradées que les colosses, on reconnaît pourtant encore Pthah, Ammon, Ramsès le Grand et Phré, assis tous quatre sur le même banc. Voilà donc Ramsès au rang des divinités adorées dans le sanctuaire. Ces statues ont été mutilées, elles ont les bras brisés, et le dieu Pthah n’a plus de tête. Tel était le plan primitif du temple; c’est la partie dont l’exécution est la plus soignée et le plan le plus régulier. Les salles ajoutées par la suite sont grossièrement taillées, et les murs n’ont jamais été alignés. D’abord, sur la droite de la grande salle, on a percé deux portes peu éloignées l’une de l’autre, qui conduisent à deux salles séparées ; dans la première, on voit des hiéroglyphes qui n'ont pas été achevés ; quelques-uns sont ébauchés, d’autres sont esquissés en noir. Un léger trait qu’un attouchement du doigt suffit pour effacer, survit de plusieurs siècles à la main qui l’a tracé ! Au fond de cette grande salle, il y a aussi de part et d’autre une porte d’entrée qui conduit à deux salles, communiquant chacune à deux longues pièces garnies de bancs ou gradins. A en juger par les sculptures, celles-ci ont dû servir à déposer les ustensiles et les offrandes du temple. Outre les statues et les bas-reliefs sculptés dans la montagne même, il y avait encore plusieurs petites statues coloriées et taillées en pierres de différentes espèces, qui décoraient ce merveilleux spéos. On en retrouve encore quelques fragments épars dans les diverses salles. Lorsque Belzoni déblaya ce monument, il trouva dans la grande salle deux sphinx à tête d’épervier, symboles de Phré, le dieu Soleil. Ces sphinx furent transportés — STYLE ÉGYPTIEN. — en Angleterre; mais il y a quelque temps qu’un voyageur, en fouillant pour prendre des mesures, en trouva un autre petit que j’ai dessiné, et qui a été publié dans ce recueil voy. Sphinx. Je voudrais conduire dans ce grand temple, qui vaut à lui seul le voyage de Nubie, dit Champollion le Jeune *, tous ceux qui refusent de croire à l’élégante richesse que la sculpture peinte ajoute à l’architecture. Depuis le voyage de notre célèbre hiérogrammate, ce beau spéos a beaucoup souffert la chaleur, l’humidité, le temps aussi, tout a contribué à détruire ces peintures dont les couleurs étaient appliquées sur un enduit. La plupart ont disparu ; le peu qui en reste s’écaille, tombe incessamment ; il suffit qu’on y touche du doigt, qu’une aile de chauve-souris les effleure, pour qu’il s’en détache de légères parcelles qui se réduisent en poussière. Ne tardez pas davantage, vous qui voulez admirer cette merveille, hâtez-vous ; déjà les piliers se fendillent et tombent, déjà les statues sont mutilées, leurs bras se détachent, leurs barbes sont rases, leurs mains laissent échapper l’aspersoir et la crosse. Sur la façade, une statue entière s’est déjà séparée de la masse, une autre menace ruine, et, plus haut, les cynocéphales disparaissent avec la corniche qu’ils couronnent. Après trente siècles de conservation, il semblerait que le temps commence seulement son œuvre, si des inscriptions hiéroglyphiques ne relataient que des réparations ont été faites à l’époque pharaonique, et si une inscription phénicienne ne nous apprenait que le colosse brisé a été frappé par la foudre. Quelques écrivains, et en particulier M. Gau, considèrent les spéos de Nubie comme des monuments de l’art au berceau, des monuments qui remontent à une époque bien antérieure aux édifices isolés et construits en pierre, enfin comme les modèles primitifs de toute l’architecture égyptienne. Soutenir une opinion différente semble à M. Gau vouloir maintenir un système absurde et contre toutes les probabilités. N’en déplaise à cet auteur, quiconque examinera les façades des spéos d’Abou-Sembil, qui figurent des pylônes, c’est-à-dire des édifices construits en talus, ainsi que l’avoue lui-même M. Gau, sera d’avis que l’imitation d’un monument construit en pierres cimentées ne peut être antérieure à l’art de bâtir, et soutenir l’inverse est absurde. Les hypogées creusés dans le roc ont leurs colonnes coloriées et mouchetées comme du granit, et leurs plafonds simulent souvent des poutres de bois peintes avec leurs veines et leurs nœuds. Enfin les légendes hiéroglyphiques des temples souterrains viennent encore infirmer son opinion en montrant que ces spéos appartiennent tous à des pharaons de la dix-huitième et de la dix-neuvième dynastie. Quelque talent qu’on ait, il est au moins bien présomptueux de prétendre, sans connaître un mot des inscriptions qui couvrent les monuments, faire l’histoire de l’architecture égyptienne, préciser les phases de l’art, les époques des divers modes de construction et en particulier celle de l’emploi du granit, laquelle, dit M. Gau page 16, si l’on en excepte peut- être quelques statues et quelques obélisques, ne paraît pas antérieure à la domination des Romains. Les constructions de granit ont précédé les monuments primitifs de M. Gau, et, sans compter les revêtements des pyramides, on voit encore à Karnac les restes d’un sanctuaire élevé par Osortasen P r , et à Tanis les ruines d’un édifice immense construit par Ramsès avec les mêmes pierres que les obélisques. Le type primitif de l’architecture égyptienne comme de toutes les autres est la bâtisse en bois, dont il ne reste malheureusement plus aujourd’hui sur les rives du Nil que des indices échappés à l’édacité du temps, aux ravages de l'homme, à travers quarante siècles. * Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, pag. 119, 131 et suiv. - BIBLIOGRAPHIE. — 1° Travels in Nubia, and in the interior of north-eastern Africa, by J. L. Burckhardt. 1 vol. in-4°. Portrait et cartes. London, 1819-1821. 2° Narrative of the operation and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia, etc,, by Belsoni. London, 1821, in-4° avec atlas in-folio, planches coloriées. s° Antiquités de la Nubie, ou monuments inédits des bords du Nil, entre la première et la seconde cataracte, dessinés en 1819 par M. Gau. Paris, 1 823. 1 vol. in-folio avec 63 planches. 4° Esquisse de la basse Nubie, par M. Ch. Lenormant, publiée dans la lievue française novembre 1829. ô° Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion jeune. Paris, 1833. 1 vol. in-8°, fig. 6° La Nubie, par M. S. Chérubini. Paris, 1840. t vol. in-8° avec planches. 7° Musée des antiquités égyptiennes, par Ch. Lenormant. 1 vol. in-fol. Paris, Leleux, 1841. 8° Vietvs of the Nile from Cairo to the 2 d cataract, drawn on slone front the sketches of Owen Jones and Jules Goury, with histo- rical notices of the monuments. 1 vol. in-folio. London, 1843. 9° Topography of Thebes, by Wilkinson. London, l vol. in-8" et plan in-folio. 10° 1 Monumenti dell’ Egillo e délia Nubia illustrali dal Ipp. Rosel- Uni. Florence, texte in-8° et atlas grand in-folio. 11° Monuments de l’Égypte et de la Nubie, par Champollion jeune. Paris, Didot, grand in-folio, planches coloriées. Le texte des notices descriptives n’est pas encore achevé. w % /.'si îifa » isi44 Tfïà'M; % 2 X 0 i 0m ./ter jtfLrv , m&em Sil wmm-4 Sri© mm. o pO pi A $ émm Si \mm %SsË$$S& mm èftsPSjïf!$ Æs-ls ,. -A- mm* MiSh ~^4 ipisi mm fe* '*S*~ iùGfi ♦Î- . 'f, '* V^-Vï . A* '* I» k • * V iV >£ /> ktV /. I » m MltKOilvS R Prisa* del nuiSr »>u]pï SÎF1S OS lüis ^IBn&ÏM, A AaMCKDF** SlÊJa£ Niibi T^si/ut S?SOS QF MIRÉ» AT ABOUJ-S1EMB11L » S/*m./,/ - Nubia Ks]m»o» de 1*11 ré en Abu Sembil. f'Nubi/tJ JWWMWIHIJÇ ta » 1 IWfcN&te*- *** ' * V ’S*&?V ** ’^-'v' V•• ?-\ ^ ’• îfinn Æm Piùar del skiiids lois ^isnidiê a jv, Aîu'w*'3^sansinL, Détail k . SPKOS Olf PH1RÉ S AT ,'i!BOU SlEMBUlt, Details Ic-l’hr,. Al,U S,-ml,il 'm&I . > ffâfa ’/ Itoderneer vSJhfry - f&i PETIT TEMPLE D’EBSAMBOUL, SPÉOS CONSACRÉ A ATHÔR. A soixante lieues au S. 0. delà première cataracte du Nil, et douze lieues au N. E. de la seconde, le voyageur qui remonte le cours du fleuve, et qui est attristé par l’aspect le plus aride, est tout d’un coup frappé à la vue de deux temples souterrains qu’il découvre à sa droite, taillés dans le roc avec un art admirable, et qui s’annoncent au dehors par des figures gigantesques, rappelant les plus beaux et les plus grands ouvrages de la Thébaïde. Ce lieu est Ebsamboul ou lbsamboul, et non Abou-Samboul ou Simbel, comme l’écrivent plusieurs voyageurs. Ce pays, par ses antiquités, est le plus intéressant du pays des Kennous, dans la Nubie inférieure. Déjà célèbre par les relations d'une douzaine de voyageurs, le site d’Ebsamboul n’a cessé, depuis, d’étre le principal objet des excursions des Européens, et le sujet de leur admiration cette unanimité d’impressions ne peut s’expliquer que par le double mérite d’une conception hardie et d’une exécution parfaite. C’est surtout dans le grand temple d’Ebsamboul qu’éclatent la grandeur architecturale et les richesses de la sculpture et de la peinture. Mais on trouvera dans une autre notice ce que nous avons à dire de ce magnifique monument; il ne s’agit ici que du premier temple, lequel était consacré à Athôr *. Il sert depuis longtemps de refuge aux habitants de Ileyllagy, village situé à une demi-lieue au sud, et à ceux des villages voisins, inquiétés par les Bédouins du Gharb ou de la Libye, qui viennent piller tout le pays, depuis Argo jusqu’à Dakkch, les mômes qui infestent les déserts situés entre Thèbes, Syout et l’oasis d’Ammon. Les Kennous font entrer dans le temple leurs troupeaux avec eux; si les Arabes errants viennent les y attaquer, ils s’y défendent avec avantage de là, l’état des sculptures qui sont en partie noircies et dégradées par la fumée des feux qu’on y allume. Le pays environnant est sablonneux et presque stérile, et les sables arrivent jusqu’au fleuve; le sol est de grès ferrugineux; mais, à quelque distance de là, le séné abonde c’est presque sa seule richesse; le désert voisin est plein d’onyx, de cornalines et d’agates; la chaleur y est intolérable. L’on s’étonne que dans des lieux aussi pauvres, les hommes aient exécuté des monuments d’une telle magnificence. Les temples sont pratiqués dans une montagne appelée Djebel Ebsamboul ** ; le plus petit des deux touche presque à la rive du fleuve, l’autre est plus éloigné. Le premier voyageur qui ait vu Ebsamboul est le chevalier Drovetti, consul général de France en Égypte, cet homme distingué, à qui les sciences archéologiques et la civilisation sont également redevables ; il était accompagné de M. F. Cailliaud, connu depuis par ses voyages en Égypte et en Nubie. Rien ne put faire consentir les superstitieux habitants, malgré l’appàt du gain et les engagements qu’ils avaient pris, à ouvrir à nos compatriotes l’issue du grand temple ; les plus grandes calamités devaient fondre sur ces bonnes gens, si le temple était une fois ouvert aux chrétiens. C’était au mois de mars 1816. Un an plus tard, Belzoni réussit dans le même projet par ordre de M. Sait, il fit déblayer l’entrée, et pénétra jusqu’au sanctuaire. Le premier, il a donné, dans un dessin en grand, l’aspect extérieur d’Ebsamboul. Quoique très-imparfait, ce dessin en fait concevoir la plus haute idée. D’autres artistes ou voyageurs français l’ont suivi de près, MM. Huyot et Gau, architectes, Rifaud, Cailliaud, Linant, continuant ainsi, en Nubie, l’œuvre française exécutée en Egypte à la fin du siècle dernier. Parmi les voyageurs anglais qui ont visité Ebsamboul, il faut citer surtout lord Prudhoe, le major Félix, et M. Wilkinson mais aucun d’eux n’a exploré les lieux avec autant de soin et de succès que MM. Champollion jeune et Rosellini, ainsi que leurs zélés compagnons de voyage, MM. Bibent, N. Lhote, S. Cherubini, etc., envoyés par la France et par la Toscane, en 1828, pour compléter les découvertes de la commission scientifique d’Égypte. Sans prétendre donner une liste complète des voyageurs qui ont exploré Ebsamboul, nous nommerons encore le baron Ruppell, et MM. Ca- dalvène et Breuvery, dont la publication est la plus récente; enfin M. Horeau, architecte. On regrette que M. Huyot n’ait pas mis au jour les beaux dessins qu’il a faits à Ebsamboul. M. Gau est celui de tous qui a donné, avec le plus de développements, la partie architecturale et les vues extérieures. Nous offrons ici au lecteur d’autres dessins pris sur les lieux par un artiste non moins habile à saisir le caractère de l’architecture et de la décoration égyptiennes, M. Horeau. Quoique réduits à une échelle moindre , ils renferment les détails nécessaires pour bien juger des monuments. * Champollion jeune, dans les Lettres d Égypte et de Nubie, dit que ce temple a été dédié à la Vénus égyptienne Athdr par Nofré-Ari, femme de Rhamsès le Grand. ** Djebel veut dire montagne. — STYLE ÉGYPTIEN. — Maintenant, que le lecteur jette un coup d’œil sur la première planche ; il a sous les yeux la façade du petit temple nous disons petit, relativement au second monument, qui est au midi, et dont on aperçoit une partie à la marge du dessin. Le rocher a été taillé sous un plan incliné, dans une longueur de 27 mètres 83 pieds passés, et une hauteur de 12 mètres 37 pieds, à peu près sous la pente ordinaire des pylônes égyptiens; puis, on y a creusé six niches hautes et profondes, en réservant les blocs de six statues colossales * ** , sculptées plus tard avec le dernier fini, figures d’un style grave, mais noble et imposant ; après quoi a commence un ouvrage non moins gigantesque les artistes nubiens ou égyptiens ont creusé dans le roc vif, dans une profondeur de plus de 23 mètres 71 pieds, un pronaos e voyez plan et coupe, fig. i et a, une cella ou naos f , un sanctuaire g , enfin , deux autres petites pièces au bout de la cella h. Les supports du pronaos, au lieu d'être des colonnes, sont de larges piliers carrés un peu massifs , posant sur un large socle, et couronnés par une tète de femme, sculptée en relief comme à Denderah et à Thèbes temple de la rive gauche. La longueur de la cella ou la largeur du monument est de 16 mètres 50 pieds environ. La vue de la façade peut donner au lecteur une juste idée de l’extérieur du monument et de son imposante décoration l’intérieur est couvert de bas-reliefs peints, d’un bon style et d’un excellent travail, qui paraissent tous consister en sujets religieux ou en offrandes , soit à la divinité principale, Athôr, soit aux dieux adorés dans le même temple. Le sanctuaire est sculpté et orné d’hiéroglyphes comme toutes les parties du monument. Les sujets historiques , civils et militaires, s’il en existe, n’ont pas été dessinés ; c’est dans le grand temple qu’ils ont été représentés avec profusion. Tous les ornements sont bien conservés, mais seulement un peu enfumés, comme on l'a dit plus haut; le plafond est peint en bleu, et encadré d’une bordure en trois couleurs. L’habile artiste qui a donné le plus de développements sur le temple qui nous occupe, M. Gau, compare sa façade à celle des pylônes, et il la regarde comme le type de cette espèce de construction tout ce qu’on peut accorder, c’est que cette façade est taillée en pente comme celle d’un pylône, et que les niches profondes, où sont les six colosses, correspondent jusqu’à un certain point à chacun de ces enfoncements des pylônes, où se dressait quelquefois un màt triomphal. Les six colosses dont ou vient de parler, répétés symétriquement à droite et à gauche de la porte , consistent en une figure de femme placée entre deux figures d’homme , toutes hautes de 10 à 11 mètres 33 ou 36 pieds, compris les coiffures ; le travail est excellent, dans la physionomie surtout, les formes du corps sont loin de manquer d’élégance. Deux petites figures doubles cependant de la stature humaine accompagnent les jambes de chaque colosse ; plusieurs voyageurs les considèrent comme représentant les fils et les filles de ces personnages gigantesques il faudrait des observations plus précises pour admettre cette opinion. On ne peut guère douter de la consécration du temple à la déesse Athôr, en considérant les sujets représentés dans le sanctuaire. Entre deux pilastres couronnés de la tête féminine, comme à Tentyris, à Thèbes, etc., est un relief saillant ¥¥ , qui représente la génisse sacrée, dont la dépouille descend jusqu a terre c’est l’emblème d’Athôr, la Venus égyptienne. La figure de femme, sculptée en avant de ce simulacre, semble couverte et comme habillée par cette dépouille ; mais l’état fruste de la sculpture ne permet pas de distinguer d’une manière parfaite les détails de l’agencement la sculpture était d’ailleurs très-légère et délicate. Nous passons sous silence les divinités adorées dans le même temple, attendu que l’étude difficile de la mythologie égyptienne est continuellement modifiée, à mesure que se succèdent les découvertes. Quant à l’ancienneté du monument, si les légendes ont été bien lues, et si l’on se borne à consulter les cartouches ou médaillons du grand et du petit temple d’Ebsamboul, on ne peut regarder celui-ci comme antérieur à Khamsès le Grand, ou à Sésostris, puisque son nom peut se lire dans les médaillons ; d’ailleurs, une suite immense de sculptures peintes représentent les actions militaires qui appartiennent à l’histoire de ce conquérant il en sera question dans une autre notice. Mais le monument qui nous occupe paraît de la même époque, et il nous semble avoir été plus particulièrement destiné au culte, les sujets consistant tous en offrandes aux dieux, présentées par le roi égyptien et par une figure richement habillée qu’on regarde comme l’image de la reine. Voir l’ouvrage de M. Gau, et ailleurs. 11 est possible que le plafond colorié renferme des sujets plus variés et plus intéressants ; malheureusement les voyageurs ne les ont point copiés ou publiés, et il paraît même qu’ils ne les ont point observés. On peut remarquer ici que le voisinage du grand temple a fait tort à l’autre, en absorbant l’admiration et toute l’attention des * Selon l’opinion de Champollion jeune, les six colosses représenteraient le Pharaon Rhamsès le Grand et sa femme, ayant à leurs pieds, l’un ses fils, et l’autre ses filles, avec leurs noms et titres. ** Voyez la niche du sanctuaire reproduite sur la planche coupe et plan, n° 3. — SPEOS D’ATHÔR A EBSAMBOUL. — explorateurs, à cause de ses prodigieux colosses, et surtout des richesses de ses peintures historiques et ethnographiques, presque comparables aux merveilles de Thèbes. Cependant la beauté de la façade du petit temple prouve assez l’importance que ses auteurs ont attachée au monument, et doit engager les voyageurs futurs à en étudier toutes les parties *. Il nous reste à apprécier le mérite artistique du petit temple d'Ebsamboul, examiné sous le rapport de la conception architecturale, et sous celui de l’exécution et de la décoration. Pour rendre cet examen utile et complet , il faudrait poser ici les principes généraux de l’art égyptien, rapporter des exemples puisés dans les chefs-d’œuvre de cette architecture, ensuite comparer, à cés divers types, le monument d’Ebsamboul; ce travail sortirait du cadre que nous nous sommes prescrit ; il trouvera sa place dans un tableau spécial de l’étude de l’arl en Égypte, envisagé dans ses diverses branches, et où l’architecture des bords du Nil sera considérée dans ses deux grandes divisions les constructions élevées sur le sol, et celles qui, exécutées dans le sein des montagnes, ne le cèdent peut-être aux premières que sous le rapport de la mécanique; c’est dans ce tableau général que nous exposerons les caractères distinctifs de l’architecture souterraine et son origine probable, enfin la place qui lui appartient dans l’histoire de l’art; là aussi on éclaircira ces dénominations de spios et de hèmi-spêos, données aux monuments taillés dans le roc en tout ou en partie, et cachés à la lumière du jour. Nous nous bornerons seulement à comparer le plan du petit temple avec quelques autres analogues. Ainsi que dans la plupart des hypogées de Thèbes, les supports sont taillés non en colonnes, mais en piliers carrés. Le besoin de la solidité suffirait pour expliquer cette préférence ; mais ici, la figure cubique du dé surmontant le masque féminin de la déesse Athôr, appelait la forme du pilier carré ; il est vrai qu’à Denderah et ailleurs, ce motif n’a pas empêché de tailler en colonne la partie inférieure du support. La même raison de solidité explique la faible hauteur des piliers, comparée à leur base ; la proportion est de trois à un, compris le socle. La simplicité et la régularité du plan ne donnent lieu à aucune autre remarque quant à l’exécution des lignes, à celle des figures et des caractères hiéroglyphiques égyptiens, nous avons déjà eu l’occasion de dire que le travail était d’un bon fini, semblable à celui du monument principal. Plusieurs voyageurs, SIM. Gau et Wilkinson, ont donné le nom d ’Abousamboul et à'Aboo-simbel au site d’Ebsamboul ; l'orthographe arabe du nom ne permet pas d’admettre cette dénomination, ni deux mots séparés ; l’un a été trompé par l’analogie de la première syllabe avec celle de Abou, mot qui commence un grand nombre * Aux renseignements que l’on vient de lire, nous ajouterons l’extrait suivant, emprunté à l 'Esquisse de la basse Nubie, publiée par SI. Ch. Lenormant Au delà d’Ibrim, l’ancienne Premmis, les noms des souverains grecs et romains disparaissent. Les Pharaons seuls ont porté plus loin les limites de leur empire ; leur double capitale n’a jamais peut-être renfermé d’aussi gigantesque conception que celle du grand spéos d’Ibsambou. — A peu près à une journée au-dessus d’Ibrim, les montagnes se rapprochent tellement de la rive gauche qu’il reste à peine un passage le long des rochers de grès qui s’élèvent perpendiculairement au-dessus du fleuve. Le vent semble pousser avec plus de force, dans cette direction, les sables qu’il précipite du sommet de ces rochers, et qui, s’ouvrant un étroit • grands terrassements de briques crues isolaient encore cette place, et l’empêchaient à l’ouest d’être encombrée par les sables. On distingue au-dessus de leur niveau les pointes éboulées de ce contre-fort énorme, qui, cessant d’être entretenu, n’a pu suflire au poids qu’il supportait depuis des siècles. Après cette place, en suivant la ligne du courant, le rocher est presque vertical, et court dans une direction parallèle au fleuve. Sur cette masse compacte, et à plus de vingt-cinq pieds au-dessus des eaux, se dé- veloppe une façade entièrement taillée dans le roc, et décorée de six colosses qui se détachent en haut relief sur le fond qui les " supporte. Au lieu d’aplanir partout la face du rocher, on a laissé subsister entre les colosses de grands éperons, qui suivent i’in- clinaison générale du talus peu sensible de la montagne, et donnent ainsi à cette façade un aspect inexplicable au premier abord. Ces colosses, qui représentent Sésostris et la reine Noufré-Arri, sa femme, se distinguent par un travail souple et vrai ; les corps ’ de femme surtout ont toute la rondeur et le moelleux de la nature. Cette intervention d’un nouveau personnage dans l’un des monuments si nombreux de ce règne, le classe à part de tous les autres; l’intérêt s’accroît quand l’examen y fait reconnaître un “ monument élevé par l’amour conjugal, en l’honneur d’un roi dont l’antiquité a célébré l’affection constante et dévouée pour sa femme; ce n est pas ici le lieu d entrer dans les détails quelquefois touchants, et toujours ingénieux, de cette espèce d’apothéose anticipée, dont le temps a respecté les moindres vestiges. A part le plaisir de posséder un portrait exact et gracieux d’une prin- cesse dont la beauté faisait du bruit il y a quelque trois mille trois cents ans, c’est un trésor inappréciable qu’un monument où 1 tout parait avoir été soigneusement adapté à la destination qu’on lui donnait, où les couleurs les plus douces, la sculpture la plus soignée, s appliquent aux sujets les mieux choisis, les plus propres à rendre l’idée unique et féconde qui domine tout. Ce joli spéos, auprès de l’immense hypogée d’Ibsamboul, conserve son intérêt à part, et je ne saurais dire si je n’ai pas éprouvé plus de plaisir à venir m’y reposer des impressions tumultueuses que fait naître le monument voisin, qu’à le parcourir d’abord avec la distraction que me causait un seul coup d’œil jeté sur ces têtes qui s’élèvent au-dessus des sables, comme autant de répétitions du Polyphème du Poussin. » Revue française, novembre 1829. — STYLE ÉGYPTIEN, — de noms de lieux ; le nom n’a que trois syllabes, et s’écrit en un seul mot. Le savant explorateur, M. Wilkinson, semble avoir été déterminé par une certaine analogie éloignée d’Abou-simbel avec Abuncis ou Aboccis , nom de lieu ancien sur la rive gauche du Nil ; mais il faut faire attention que Ptolémée, qui rapporte ce nom d 'Abuncis, place le lieu à 2 degrés sud de la grande cataracte c’est-à-dire de Ouadi-Halfa, à 3 degrés de Philæ, à 3° 50’ de Syène; tandis qu’Ebsamboul est à degré seulement, 2° 36’, 2° 45’ de ces trois lieux respectivement, nous ne parlons pas de la position absolue, les divergences étant bien plus grandes ; d’ailleurs Ebsamboul est au nord de la seconde cataracte, et non pas au midi comme Abuncis. M. Champollion le jeune a remarqué un tableau isolé sculpté sur le roc extérieur il est figuré dans notre gravure à la droite du temple ; étant parvenu à déchiffrer l’inscription hiéroglyphique, il y a lu exprimé le vœu suivant Qu’Ammon accorde de longs jours au prince. pour contenir les incursions des Libyens. » C’esl là une coïncidence remarquable avec l’état actuel des choses, puisque les tribus du Gharb infestent les environs, et que les habitants sont obligés de se retirer dans leurs temples, avec leurs familles, leurs biens et leurs bestiaux, pour se soustraire aux spoliations des Bédouins africains. La population faible et superstitieuse du lieu est bien caractérisée par Belzoni et par M. E. Cailliaud; nous engageons le lecteur à recourir à leurs descriptions d’Ebsamboul. BIBLIOGRAPHIE. 1° Narrative of the operation and recent discoveries with the pyramides, temples, tombs and excavations in Egyptand Nubia, etc., by Belzoni; London, 1821, in-8° avec atlas in-P, planches coloriées. Voyage en Égypte et en Nubie, par Belzoni, traduit de l’anglais, avec des notes par Depping ; Paris, 1821, 2 vol. in-8° et atlas. 2° Antiquités de la Nubie ou monuments inédits des bords du Nil, entre la première et la seconde cataracte, dessinés en 1819 par M. Gau; Paris, 1823, 1 vol. in-f 0 avec 63 planches. 3" Voyage à Méroë en 1818, 1819 et 1820, par Fréd. Cailliaud; Paris, 1823, 1 vol. in-f°, planches lithographiées. 4° Voyage en Égypte, en Nubie et lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu’en 1827, par Rifaut; 5 vol. in-8° et atlas de 300 plane, lithogr. 5’’ Topography of Thebes, by Wilkinson; London, 1 vol. in-8° et plan in-f°. 6° Manners and cusloms of the ancient Egyplians, by Wilkinson; London, 1837,3 vol. in-8° avec nombreuses vignettes dans le texte. 7° Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion jeune; Paris, 1833, 1 vol. in-8°, fig. 8° I monumenti dell’ Egitto e délia Nubia illustrati dal tpp. Rosel- lini; Florence, texte in-8° et atlas grand in-folio. 9° Monuments de l’Égypte et de la Nubie, par Champollion jeune ; Paris, Didot, grand in-folio, planches coloriées. Le texte ne parait pas encore. 10° L’Égypte et la Turquie de 1829 à 1836, par MM. Éd. de Cadalvène et J. de Breuverv; Paris, 1836, 2 vol. in-8° avec cartes et plane. 11° La Nubie, parM. S. Cherubini; Paris, 1840, 1 volume in-8° avec planches. 12° Esquisse de la basse Nubie, parM. Ch. Lenormant, publiée dans la Revue française. Novembre 1829. ifÙSSël M lK A ilKLlligi^ igS Si ^ vÿÇ^ * . **4» JW!ÏÏKffife! S&i?fT? BIsNS VàVçS' •► ?cé$nmï si-ASl; M ^Æea^SÎFâ ü?Ésys*& ËfiSS ^M;llli !; ; l '!l 'mit 'il iiÉÉfiPïE i- ..; BSl ^as^;, !âj& ire ÜW? S tmmmiÊàÊàHimti mm mm &mmmà en» Liwsfiwia’i 9g9R MSA » jbâflfljgI. 'Iv2-ig- taiiwsair vt?^= >f >, w 0ÊM £?& 5aLw- MW sggaii !S 31 Ïi !• %'* mkî mm mm mm?. rsm XÙsVXVvÿy.' k. •$»& i^>\ \1 HÉMI-SPÉOS DE GIKCHÉ, EN NEIÎIE Girché ou Gerf-Hussein, comme l’appellent quelques voyageurs, est un petit village situé sur la rive gauche du Nil, dans cette partie de la Basse-Nubie appelée Dodecaschœnum par les géographes anciens. Cette localité portait jadis chez les Égyptiens le même nom que Memphis ; elle s’appelait Pthaheï ou Typthah , la demeure de Pthah, divinité révérée dans ce lieu et qui paraît représenter la Tutzis des Grecs. Il ne reste plus de cette ancienne ville qu’un des vieux temples primitifs, creusé dans le roc probablement avant que les hommes eussent appris l’art de bâtir, avec des matériaux rapportés et reliés entre eux , une demeure digne de l’idée qu’ils se faisaient déjà de la divinité. Le temple de Girché est un hémi-spéos * dont la partie la plus ancienne , la plus nécessaire au culte , est taillée dans la roche calcaire qui s’élève à pic à trois cents pas du rivage, et la partie la plus récente, l’area et les propylées, est bâtie en grès. Au pied de la montagne, séparée du Nil par une plaine sablonneuse, on remarque des statues mutilées et des débris de sphinx, portant encore entre leurs pattes des statuettes semblables aux colosses du temple ils paraissent avoir décoré un escalier ou dromos , qui conduisait du pied de la montagne jusqu’au temple situé à mi-côte. Le spéos proprement dit était précédé d’un propylon qui se rattachait aux parois du rocher par une colonnade et deux galeries latérales. Le pylône est aujourd’hui détruit jusqu’à la base ; le portique avait pour façade quatre colonnes trapues qui subsistent encore les deux médiales portent des chapiteaux en fleurs de lotus épanouies, et les deux extrêmes en boutons de lotus tronqué. Les quatre piliers qui joignaient de chaque côté cette colonnade au spéos sont ornés de statues colossales, coiffées de la mitre appelée pschent , vêtues d’un simple giron, et portant dans leurs mains croisées sur la poitrine l’aspersoir et la crosse, emblèmes ordinaires d’Osiris , qui est représenté sous les traits de Ramsès le Grand. Toute cette partie, à demi détruite, était bâtie en grès, et précédait le temple proprement dit qui est taillé dans le rocher. On ne distingue plus que quelques traces des bas-reliefs historiques qui décoraient la façade. C’est peut-être une page importante de l’histoire de Ramsès II perdue à jamais; mais la nature de la pierre y a autant contribué que la main des hommes. Le pronaos, le naos, le sekos ou sanctuaire, et les pièces latérales, sont creusés dans le rocher. Le prouaos est soutenu de chaque côté par trois énormes piliers carrés , devant chacun desquels se tient debout, sur une base élevée d’un mètre, un colosse d’environ six mètres de hauteur, lourdement sculpté comme les ébauches grossières d’un art qui commence. Derrière et dans l’intervalle de ces piliers, on a pratiqué de chaque côté, dans les parois latérales, quatre niches ou chapelles , contenant chacune trois personnages debout, grossièrement sculptés en plein relief, et représentant les trois grandes divinités de ce temple, Pthah, Hàthor sa compagne, et, au milieu d’eux, Ramsès, un des mille noms de Phré {**. Le naos, soutenu par deux piliers carres, donne entrée dans ses côtés latéraux à deux petites salles dénuées de sculptures ; il en existe encore deux semblables de chaque côté du sanctuaire, au fond duquel on a sculpté quatre statues assises, plus grandes que nature, et ayant devant elles un autel isolé dénué d’ornements et de légendes qui ont peut-être été effaces, comme on a mutilé avec barbarie , avec fanatisme, tous les bas-reliefs qui décorent les murailles. Cet autel, taillé dans le roc, était probablement destiné à poser la bari sacrée du dieu Pthah. Les quatre statues, dont la sculpture est assez belle, représentent Phré, Ramsès, Pthah et Hàthor. Çe spéos , si remarquable par la sévérité de son style et l’aspect imposant de son architecture , était jadis rehaussé de couleurs qui ont toutes disparu sous une couche épaisse de suie et de poussière. II ne reçoit d’autre jour que celui de la porte d entrée, ce qui ajoute encore à l’impression qu’il produit ***. La faible clarté qui règne dans les salles intérieures * Hémi-spéos édifice à moitié construit en pierres taillées et à moitié creusé dans la montagne. ** Ramsès est placé alternativement entre deux différentes divinités, mâle et femelle. *** On ne sait rien de positif sur la manière dont les Égyptiens éclairaient leurs temples dans les solennités religieuses ; mais il est probable que c’était avec des cassolettes où il* brûlaient de l’huile et de la cire, qui font toujours partie des nombreuses offrandes rappelées dans tous les bas-reliefs. — STYLE ÉGYPTIEN. — suffit à peine pour distinguer les sculptures, mais l’œil aime à s’y reposer , quand on a essuyé dans la plaine l’ardeur excessive des rayons du soleil. L’aspect de ce temple a quelque chose de primitif qui rappelle la sombre majesté du passé, quelque chose qui attriste le cœur en élevant la pensée. On est saisi d’étonnement en entrant dans ce mystérieux spéos , et en contemplant ces lourdes figures colossales, architecture vivante telle qu’on l’a comprise et rêvée à la lecture des historiens de l’Égypte et de l’Inde. Ce spéos de Girché porte partout l’empreinte de la vieille architecture pharaonique. Ce n’est, en effet, que dans les monuments de cette époque que l’on remarque des colonnes dont l’apopliyge est arrondie , le chapiteau en lotus tronqué, et des statues colossales adossées aux piliers. Tout ici décèle l’enfance de l’architecture les parois des salles ne sont pas dressées, les piliers sont mal équarris ; la sculpture est lourde et grossière ; en un mot, ce spéos ne présente point dans son ensemble cette régularité qu’on admire dans les édifices de la XVIII e et de la XIX e dynastie. Aussi est-on étonné de lire sur les colosses les cartouches de Ramsès II. Les bas-reliefs qui décorent le spéos sont assez beaux pour remonter à son époque, quoiqu’ils se ressentent du voisinage de ces monstrueuses et ignobles statues, masses colossales et trapues où l’on reconnaît à peine les proportions humaines , dont les cuisses et surtout le bas de la jambe semblent des piliers informes. Émerveillé de leur taille, on ne songe pas tout d’abord à critiquer leurs proportions, mais lorsqu’on les regarde, on les prendrait plutôt pour des représentations du dieu Êlephanliasis que pour le portrait du dieu-soleil Ramsès. Ces statues compernes sont coiffées de la mitre du pschent, et portent, dans leurs mains croisées sur la poitrine, l’aspersoir et la crosse elles sont vêtues d’un simple giron, appelé schantei, attaché par une ceinture portant le cartouche du pharaon. Cette ceinture est agrafée par une tête de lion, de laquelle pendent de nombreux rubans et l’extrémité de la ceinture, terminée par une rangée de sept uræus accolés *. Quand ces énormes colosses, adossés aux piliers, sont éloignés l’un de l’autre, comme dans le portique, quand l’œil peut les mesurer tout entiers, ils sont d’un grand effet, quoiqu’on ne goûte pas cette sculpture, grossière, barbare encore près de leur architecture qui ailleurs est finie, parfaite; mais quand ils sont rapprochés, comme dans ce pronaos, ils perdent toute leur imposante grandeur, et ne paraissent plus que des masses informes que l’œil ne peut embrasser. Vus de l’entrée, ils se dessinent mieux, ils frappent l’imagination, et c’est peut-être ce que les artistes-prêtres de cette époque avaient principalement en vue. En comparant ce monument aux édifices construits sous Ramsès II, on est porté à croire que les bas-reliefs et les légendes hiéroglyphiques n’étaient souvent tracées que longtemps après l’achèvement des monuments. C’est un fait mis d’ailleurs en évidence par l’examen attentif de plusieurs temples ; et l’on peut voir sur le grand pylône du temple de Philæ une inscription grecque tracée par un voyageur, qui y était sans doute venu faire ses dévotions avant qu’on eût arrêté la décoration de cette partie de l’édifice, ce qui fait qu’ensuite son inscription fut entaillée par les bas-reliefs qu’on y a sculptés. Le travail du spéos de Pthaheï doit être rapporté à différentes époques. Il paraît être très-ancien, et il est probable que Ramsès, voulant réparer ce monument, fit couvrir les murailles de bas-reliefs, mettre son cartouche sur les colosses, replâtrer les échancrures du temps **, donner un air de jeunesse, restaurer enfin ce spéos, qui de son vivant était peut-être déjà décrépit et ruiné; ce qu’il y a de certain, c’est qu’on ne retrouve aucun monument de ce genre, creusé par ordre des prédécesseurs de Ramsès, ni par aucun de ses successeurs. Le spéos de Derri, qui porte aussi les légendes de ce pharaon, paraît dater de la même époque que celui de Girché. Quant aux deux spéos d’Abou-Sembil, merveilles de la Nubie, ils sont incontestablement en entier du règne de Ramsès le Grand, et témoignent de l’imposante grandeur de l’architecture et de la sculpture égyptienne sous son règne, l’un des plus florissants de la XIX e dynastie. Dès l’époque de ce pharaon, l’architecture était fixée. On ne voit, en effet, sous ses successeurs, rien qui marque un progrès de l’art, à l’ex- * Ornement que Belzoni a pris pour une espèce de sac à tabac, ressemblant à celui des montagnards écossais. Voy. tome I, page 114. Cette naïve méprise ne mériterait pas d’être remarquée, si elle ne donnait une idée des connaissances et du génie de l’auteur, qu’on cite trop souvent en fait d’archéologie et de sculpture égyptienne. ** On remarque que, sur le premier colosse gauche, les parties fragmentées ont été anciennement retenues par des agrafes de pierre taillées en queue d’aronde, comme celles qui servent à lier les pierres des murs. — HÉMI-SPÉOS DE GIRCHÉ, EN NUBIE. — ception des charmants chapiteaux du petit hypètre de Philæ, élevé par Nectanebo. Examinez, l'un après l’autre, tous ces Ramesseïon élevés ou creusés par ordre du conquérant, vous y trouverez l’architecture égyptienne tout entière. Les Ramesseïon de Thèbes, les spéos d’Abou-Sembil, les premiers d’un style élégant et pur, les seconds d’un style sévère et grandiose, sont les chefs-d’œuvre de l’architecture égyptienne, et si l’époque de Ramsès ne fut pas la plus pure pour l’architecture, cette mère des arts, ce fut du moins la plus brillante , la plus féconde et la plus originale. Les formes des quatre spéos qui se voient en Nubie rappellent les spéos indiens qui ont, à plusieurs égards, une certaine ressemblance avec ceux-ci. Burckhardt et plusieurs écrivains anglais en ont conclu que ces monuments tiraient leur origine d’une même source; ils ont voulu voir à Girché un anneau de la chaîne immense qui liait la civilisation du Nil à la civilisation de l’Indus et du Gange. Ils ont cru découvrir que les traditions d’une autre civilisation avaient inspiré les architectes égyptiens, et que Ramsès avait rapporté le goût de ces monuments de son aventureuse expédition dans l’Inde. Mais cette analogie n’est fondée que sur des conjectures toutes spéculatives, cette prétendue similitude n’est qu’apparente et n’existe réellement pas. Ce sont, de part et d’autre, de vastes temples creusés dans le roc, des spéos d’un travail prodigieux, d’une patience pour ainsi dire surhumaine, qui témoignent du respect de ces deux peuples pour leur religion, principe fondamental de leur organisation sociale; mais voilà tous leurs rapports. Les spéos de Salsette, d’Eléphanta, d’Amboli, d’Adjunta, de Carli, et surtout les immenses et magnifiques spéos d’Ellora qui les surpassent tous, ne présentent aucune ressemblance dans leur plan et leur élévation avec les spéos de Nubie. Ceux d’Ellora, monuments boudhistes et brahmistes , de style très-différent, n’offrent aucune similitude réelle même en quelques points. Les spéos boudhistes , imposantes reliques d’une religion éteinte dans l’Inde, et reléguée aujourd’hui à Ceylan et à Siam, ont presque tous des plafonds taillés en berceau ogival, forme qu’on ne rencontre jamais en Egypte les colonnes ont des piédestaux qui ont même hauteur que le fût ; toutes les figures sont représentées d’une façon bizarre, hideuse, satanique. Voy. le groupe des squelettes d’Ellora, etc. Les colonnes égyptiennes n’ont jamais de piédestaux, les statues sont toujours d’uue pose tranquille et monumentale, d’une figure noble et gracieuse ; enfin les excavations égyptiennes sont plus profondes et plus richement ornées. Les prétendus rapports entre les mythologies des deux peuples ne sont pas plus complets. Il y a certaines analogies dans la cosmogonie, les arts, l’industrie des Indous et des Égyptiens, parce que, habitant des pays dont le climat est à peu près semblable, ils se sont trouvés dans les mêmes circonstances physiques et ont dû procéder d’une manière identique , mais il n’y en a pas assez pour établir des rapports, et à plus forte raison une origine commune. Enfin on peut aujourd’hui établir l’àge relatif des monuments des deux peuples d’une manière incontestable. Les excavations d’Eliora, d’Eléphanta, qu’on avait fait remonter aux époques les plus reculées de l’histoire, et qui sont indubitablement les monuments indous les plus anciens, ne sont guère antérieurs au christianisme, et Manners prétend même qu’ils ne datent que des premiers siècles de l’ère chrétienne. A défaut de date précise, la forme la plus ancienne des caractères indiens ou devanagaries ne remonte pas à plus de cinq ou six cents ans avant J. C. ; ils peuvent être beaucoup plus récents et descendre même jusqu’à quatre cents ans après l’ère chrétienne, ce qui démontre assez la primogé- niture et l’originalité des monuments égyptiens. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Burckhardt. — Travels in Nubia and in lhe interior ofnorlh- eastem Africa. Londres, 1819-1821. In-4°. Portrait et cartes. 2° Belzoni — Narrative of the operations and recent discoveries viithin tKe pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821. 2 vol. in-8°, et atlas in-folio de planches coloriées. 3° Gau. — Antiquités de la Nubie, ou monuments inédits des bords du Nil, entre la première et la deuxième cataracte. Paris, 1823. 1 vol. in-folio, 63 planches. 4 Rifaut-Voyage enTJgvpte, en Nubie et lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu’en 1827. 5 vol. in-8°, et atlas de 300 pl. 5” ch. Lenormant. — Esquisse de la Basse-Nubie. Revue française. Novembre 1829. 6° J. Rosellini. — l monumenli dell' Egillo et delta Nubia. Florence, 1833 et années suivantes. Texte in-8°, et atlas grand in- folio. 7° Champollion le jeune. — Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829. Paris, 1833. 1 vol. in- v, fig. 8° Wilkinson. — Topography of Thebes. London, 1835 1 vol. in-8% plan in-folio. 9° Cadalvène et de Breuvery. — L’Egypte et la Turquie de 1829 à 1836. Paris, 1836. 2 vol. in-8°, avec cartes et planches. — STYLE ÉGYPTIEN 10° S. Clieritbini..— La Nubie. Paris, 1840. 1 vol. in-8° avec planches. Collection de l’Univers pittoresque. Il» Lenormant. — Musée des antiquitéségyptionnes. Paris, vol. in-folio. 12“ O. Jones et J. Goury. — Views of the Nile frorn Cairo to the id cataract, drawn on stone, with historical notices of the monuments. London, vol. in-folio. 13“ Sir G. Wilkinson. — Modem Egypt and Thebes, being a description o/Egypt. London, 1843. 2 vol. in-8°, with woodcuts and a map. 14° Champollion le jeune. — Monuments de l’Égypte et de la Nubie, d’après les dessins exécutés sur les lieux sous la direction de Champollion le jeune. Paris, 1845. 4 vol. in-folio de 400 pl. mm, ^£vg£r- ÿxëi 5 lilS t^îi,'i'?ffi ^•vm WWM é&sà&i ÆSm fepli STrtii'- J G> ?=œSÀ. Ci âs=J= iUÜStSî- wâttn["&it'&îl>8 9 À * Tito. • ! ^WTy W .-.* ? £ ' ' itfW’ ' '. V '? - j; *'* 4 r. V v , ÎWi A» 'V..- 3 Ù RJJ' .•>>/ > s&bKîïS-ÏS 4 ^ • SS» ?£&.r&* £»•' ’;,' *f- !$&? rh,^ ^ ' ?- V, &». >’ A sææ mm ?Æ £tèm. §*A*& v^y^- && £*.& v* .ÿTViÿirt', ^ 5 * i*S* Sfâfë. fïft- &££ ffiSS; fe^raSi?.? §!§ fsrjpgs TEMPLE DE KHONS, A KARIVAC Avant d’entreprendre la description de cet édifice et des autres monuments qui attestent la magnificence de Thèbes et marquent comme des jalons son ancienne étendue, prenons une idée de cette grande ville, vaste métropole du monde civilisé de l’antiquité. Thèbes, dont le nom est dérivé de l’ancien égyptien Tbaki, la cité, la ville par excellence, ou de Topé, Tapé , qu’on retrouve encore dans les légendes hiéroglyphiques pour désigner un trône, le lieu du trône, Thèbes, dis-je, fut, à diverses époques, le siège du gouvernement des Pharaons, qui se plurent à l'embellir de toutes les merveilleuses créations des arts contemporains. Sa splendeur ne cessa de s’accroître que lorsque Memphis devint la résidence des rois d’Égypte, et surtout des Ptolémées, qui en firent la capitale du pays. Dépouillée tour à tour pour orner Alexandrie et le Caire, Memphis ne présente plus aucun vestige de ses richesses architecturales ; elle s’est ensevelie tout entière sous les débris qui la recouvrent comme un funèbre linceul. Plus heureuse que sa rivale, Thèbes, au contraire, a conservé, jusqu’à nos jours, une notable partie des temples et des palais auxquels elle dut jadis sa renommée. Diodore de Sicile, écrivain grec du siècle d’Auguste, donne les détails suivants sur la métropole de l’empire égyptien La grande Diospolis, que les Grecs ont nommée Thèbes, avait six lieues de circuit. Busiris, son fondateur, y éleva des édifices superbes, qu’il enrichit de magnifiques présents. Le bruit de sa puissance et de ses richesses, célébrées par Homère, a rempli l’univers. Les nombreux propylées de ses temples engagèrent ce poète à lui donner le nom d 'Hècatompyle, ou de ville aux cent portes. Jamais cité ne reçut autant d’offrandes, en or, en argent, en ivoire, en statues colossales et en obélisques d’une seule pierre. On y admirait surtout quatre principaux temples. Le plus ancien était d’une dimension et d’une somptuosité surprenantes il avait une demi-lieue de tour ; des murailles de 24 pieds d’épaisseur tt de 70 d’élévation en formaient l’enceinte ; la richesse et le fini de ses ornements répondaient à sa majesté ; plusieurs rois contribuèrent à l'cm- Lellir. Celui-là subsiste encore ; mais l’or, l’argent, l’ivoire et les pierres précieuses en furent arrachés lorsque Cambyse mit le feu aux temples de l’Égypte *. Les richesses de ce pays étaient si grandes à cette époque, qu’après le pillage et l’incendie, on retira des décombres plus de 300 talents d’or et 2,300 talents d’argent **. Thèbes, suivant Strabon, s’étendait sur un espace de 80 stades olympiques de longueur, ce qui peut s’accorder avec la circonférence de 400 ou 420 stades égyptiens que d’autres écrivains donnent à cette ville. Quant à sa population, on dit que, dans sa plus haute prospérité, elle pouvait faire sortir deux cents chariots armés en guerre et dix mille combattants par chacune de ses cent portes. Cette assertion et l’expression ù'hé- catompyle employée par Homère sont de ces hyperboles dont l’antiquité abonde ; il aurait fallu au moins cinq ou six millions d’habitants dans cette ville pour fournir ce nombre de soldats. Le passage cité par Étienne de Byzance et par les scoliastes d’Homère ne s’applique pas à la seule ville de Thèbes, mais probablement à l’Égypte entière. La critique moderne est maintenant d’accord qu’en général il faut se tenir en garde contre les exagérations de quelques historiens qui donnent à Thèbes des dimensions immenses et une population extraordinaire. Quoi qu’il en soit, cette vaste cité a dû contenir au moins deux ou trois cent mille habitants, nombre immense dans l’antiquité ; aussi la Bible la désigne souvent sous le nom de la populeuse No. Thèbes, dont la fondation est aussi ancienne que la nation môme, fut saccagée à diverses reprises ; d’abord par les Hyksos, puis par les Carthaginois ***, par les Perses, par les Romains, enfin par les Égyptiens mômes. Après le départ de Cambyse et de ses successeurs, dont le joug pesa cent treize ans sur la malheureuse vallée du Nil, Thèbes conserva encore assez de richesses pour que, suivant Pausanias, Ptolémée Philométor s occupât de l’en dépouiller, afin de la punir d’avoir suivi un parti contraire au sien dans les démêlés qu’il avait eus avec * A en juger par la description que Clément d’Alexandrie fait des temples égyptiens de son temps, ils possédaient encore ces trésors de pierreries, d’or et d’argent Pædag ., cap. II, pag. 216. ** Diodore ajoute que les Perses transportèrent tous ces trésors en Asie, et, emmenant avec eux des ouvriers égyptiens, firent bâtir les fameux palais de Persépolis, de Suse et de quelques autres villes de la Médie. Ce passage prouve assez le goût de Cambyse pour les arts. On sait qu’il emporta en Perse des sculptures que recommandaient la matière et le travail. Le grand nombre d’artistes égyptiens qu’il emmena pour bâtir le palais de Persépolis, où les voyageurs voy. Corneille Le Bruyn, Chardin, etc. ont reconnu avec certitude l'empreinte d’une origine égyptienne, l’emploi manifeste qu il fit de ces fruits de la conquête, tout se réunit pour disculper Cambyse des barbares dévastations que les prêtres égyptiens lui ont attribuées. *** Voy. Ammien Marcellin, XVIII, 4 . — STYLE ÉGYPTIEN. — sa mère. Il assiégea Thèbes pendant trois ans *, s’en rendit maître, et la châtia si rudement de sa rébellion, que la plus grande et la plus riche cité de l’Égypte ne put jamais se relever de ses désastres, malgré les travaux de quelques-uns de ses successeurs. Thèbes fut pillée aussi par les Romains ces ravisseurs des biens les nations, » suivant la belle expression de Racine, n’épargnèrent pas l’Égypte, bien qu’elle fût le grenier de Rome. Sous le règne d’Auguste, Gallus sévit contre la capitale pour cause de rébellion. Après toutes ces disgrâces vint un violent tremblement de terre, qui, suivant Eusèbe, eut lieu l’an 16 du règne d’Auguste, et détruisit une partie de Thèbes. Le christianisme surgit, et, à son tour, renversa les statues, mutila les bas-reliefs, transforma les portiques en églises, et, pour introniser le culte de la divine trinité chrétienne, détrôna la grande triade thébaine et les neuf autres divinités adorées dans la ville capitale des Pharaons. Les temples et les palais de Thèbes, disséminés sur l’une et l’autre rive du Nil, occupent une étendue assez considérable pour convaincre le voyageur que la renommée n’avait pas exagéré la vastité et la magnificence de cette grandiose capitale. Le fleuve partageait la ville en deux grandes divisions, l’oph orientale et .l’oph occidentale ; mais c’était sur la rive droite que se trouvait la ville proprement dite du temps de Strabon, elle occupait, sur cette rive, toute l’étendue circonscrite par les édifices qu’on y voit encore aujourd’hui. Les habitations particulières, bâties en briques crues, ont disparu, et n’ont laissé que des monticules de décombres dans l’espace compris entre les ruines. Les temples et les palais construits en pierre subsistent seuls au milieu des maisons deLouqsor et de Karnac, villages arabes qui ont succédé à cette antique capitale des Pharaons, et tirent des deux grands édifices qu’ils renferment le nom de Aqsordin , les deux châteaux. Il est souvent question, dans les papyrus grecs de Thèbes, de la portion Iibyque appelée par les Grecs Memnonia, nom qui semble avoir été employé, en opposition avec celui de Diospolis, pour désigner spécialement la partie de Thèbes située sur l’autre rive. C’était le quartier où se trouvaient les sépultures, où habitaient les embaumeurs, les artisans de divers genres, et les prêtres qui officiaient dans les cérémonies funèbres. A l'époque de la XVIII e dynastie, toute cette partie se couvrit de temples imposants, de luxueux palais, d’un vaste hippodrome, et probablement d’autres monuments qui ont disparu maintenant. Une chose digne de remarque, c’est que, dans tout ce quartier, on ne trouve point d’obélisques dépeuplé, délaissé avant l’autre partie de la capitale, les Romains l’en ont probablement dépouillé de préférence pour orner la mère du monde, qui étalait avec une orgueilleuse pompe toutes ces dépouilles opimes. Sur un bas-relief du palais de Karnac, qui semble représenter ces deux quartiers de Thèbes, on a figuré un pont jeté sur le Nil il ne reste aucune trace de cette construction, et je doute qu’elle ait jamais existé d’une façon permanente. Les Égyptiens n’entreprenaient pas de semblables travaux, et le quai même qui borde le palais de Louqsor est de l’époque romaine. Les villes et surtout les capitales ne parviennent à leur apogée de développement que par l’effort indispensable du temps ; c’est lui qui en trace le plan et qui en est l’architecte. Dans l’antiquité, comme de nos jours, les villes ne présentaient que l’accumulation successive et assez confuse des ouvrages de plusieurs siècles que les besoins faisaient ériger successivement les uns à côté des autres sans beaucoup de symétrie. Rien que Thèbes ait vécu plus que toutes nos villes d’Europe, elle ne présente pas de disparate dans ses monuments ; les édifices les plus anciens et les plus récents sont du même style, et il n’y a dans l’ensemble aucune désharmonie choquante. Cependant tous les monuments égyptiens n’ont pu être achevés qu’après de longues années ; un roi élevait un sanctuaire ou une chapelle ; on y ajoutait un naos, puis un pronaos, des chambres latérales pour les besoins du culte, un propylon, des colonnades, des pylônes, des dromos, à mesure qu’un collège obtenait des dons delà munificence et de la piété des souverains. Mais ces divers travaux, accomplis sous la direction de la caste sacerdotale, ont conservé un caractère d’unité et d’uniformité archaïque qui est inhérent aux œuvres de toute théocratie. Quand le culte dont elle était l’organe périt, celui qui lui succéda s’empara des autels ; transforma, tant bien que mal, les temples pour son usage ; mais ne fut jamais assez puissant, assez vivace, pour asseoir sur ce sol des monuments qui soient parvenus jusqu a nous. La montagne Iibyque, qui borne à l'occident letendue de Thèbes, est criblée de tombeaux. Au nord-ouest deux vallées ont été spécialement consacrées à la sépulture des rois et des reines de race égyptienne. L’architecture, tant des hypogées royaux que particuliers, est extrêmement simple mais toutes les parois sont cou- » c’est peut-être au souvenir de cette longue résistance que cette partie de Thèbes doit son nom de Karnac, oXJ J, qui, en arabe, signifie embuscade, forteresse. — TEMPLE DE KHONS, A THÈBES. — vertes de bas-reliefs ou de peintures qui représentent des scènes religieuses ou domestiques, et donnent beaucoup d’intérêt aux monuments souterrains de la Thébaïde. En sortant de Louqsor pour se diriger vers Ivarnac, la ville des monuments, comme l’appelle avec justesse Champollion, on cherche vainement, au milieu des champs incultes qui séparent ces deux villages, les débris de cette immense allée de plus de mille sphinx qui unissait jadis ces deux quartiers de Thèbes. Dans tout cet espace, on ne rencontre que des débris informes et quelques pierres couvertes des signes et des symboles de la religion égyptienne. Mais, arrivé près du village de Karnac, après avoir traversé quelques touffes de dattiers, on se trouve tout à coup dans une grande avenue de béliers en grès, dont l’ensemble est conservé, mais dont les détails ont généralement beaucoup souffert. Accroupis les jambes repliées sous le corps, ces béliers, dont le sculpteur a légèrement figuré la laine, sont exécutés avec toute la rondeur et le coulant de forme de ces animaux voyez notre planche de Sphinx . Au-dessous de leurs tètes mutilées, ou voit encore, appuyées contre leurs poitrails, des statuettes de ronde bosse, le corps en gaine, et tenant entre leurs mains croisées sur la poitrine le tau sacré *. Ces petites figurines barbues portent dans leurs légendes les cartouches d’un pharaon de la XVIII e dynastie, Amounôph III, qui, sans doute, les fit tailler. Cette avenue de béliers, images vivantes du dieu Arnmon, seigneur de Thèbes, s’étend jusqu’au propylon ** du grand temple du Sud. Au milieu de ces deux rangées d’animaux symboliques, on s’avance vers cette porte si remarquable par l’élégance de ses proportions, la richesse et la variété de ses sculptures, et que tous les voyageurs ont appelée triomphale. Jamais conquérant, jamais triomphateur, en effet, ne passa sous une porte plus élevée, plus colossale, ni d’une majesté plus imposante ; jamais les Romains n’en élevèrent d'aussi belle ***. Sur la portion de sa hardie et élégante corniche, épargnée par le temps, se trouve un globe couleur de feu que soutiennent deux longues ailes azurées. Ce propylon est tout couvert de bas-reliefs qui représentent Ptolémée Évergète et sa sœur Bérénice faisant des offrandes à la grande triade de Thèbes, à plusieurs autres divinités et à leurs prédécesseurs, Ptolémée Philadelphe et Arsiuoé divinisés. A droite, dans le premier montant de la base divisée en trois parties par une retraite pour recevoir les battants de la porte, on remarque Ptolémée Evergète sacrifiant un prisonnier asiatique à Osiriset Isis ; et à gauche, sur le dernier montant, Evergète, faisant une offrande à Phrè, est représenté vêtu d’un lourd costume grec, particularité que l’on rencontre dans quelques autres édifices des Lagides. Aujourd’hui, ce propylon est isolé, les murs qui l’enclavaient ont disparu ; mais cet isolement ajoute à l’effet de ce dernier vestige ce qu’il ôte à la vérité de l’ensemble. Le haut mur d’enceinte, qui renfermait tous les édifices de Karnac et leurs temenos **** particuliers, devait venir s’arrêter à cette porte, dont la profondeur est égale à la largeur du mur. La disparition de ces immenses murailles de briques crues rend ces ruines beaucoup plus imposantes que ne l’étaient ces édifices au temps de leur intégrité; alors toute la majesté du temple était à l’intérieur, où peu de gens entraient, et seulement, peut-être, les jours de solennité religieuse. Les Grecs plaçaient leurs édifices sur des promontoires, sur des piédestaux naturels qui les faisaient apercevoir de loin et donnaient quelque chose de grandiose à leur élégante architecture les prêtres égyptiens, au contraire, les bâtissaient dans la plaine, les ensevelissaient au milieu d’une clôture mystérieuse qui masquait l’aspect noble et somptueux de leur architecture. A quelques pas de ce magnifique propylon, auquel il se rattache par une avenue de béliers d’une largeur double de la précédente, s’élève le temple de Khons le grand temple du Sud, dont les pylônes *****, couverts de H La croix ansée, symbole de la vie divine. ** Propylon, npô7tvXov, est le mot employé dans les inscriptions gréco-égyptiennes pour désigner la porte antérieure, les grandes portes qui précèdent l’entrée proprement dite de l’édifice. Strabon emploie évidemment ce mot en ce sens, dans sa description des temples égyptiens. Les Grecs appelaient nprmi'ima les constructions avancées qui précédaient les temples et les palais. Elles se composaient en Égypte de pylônes et de cours à portiques intérieurs qui précédaient le temple proprement dit, qui est toujours très-distinct de ses accessoires. Le temple se composait d’un portique, itpovaoç, d’un vew; et d’un sanctuaire, orixo;. Ce dernier mot signifie étable ou bercail, et fut adopté, sans doute, parce que les Égyptiens plaçaient dans leurs sanctuaires un animal vivant ou son simulacre. *** Ce superbe propylon a plus de 21 m de hauteur totale, sur I2 m 50 de largeur; la hauteur de la porte sous la plate-bande est de 15 m , sa largeur de 5™ 50. L’arc de triomphe d’Orange, un des plus colossaux que les Romains aient élevés, a 22 mètres de haut Il est plus riche, mais d’un aspect bien moins imposant que le propylon de Karnac. *** Enceinte sacrée qui renfermait toutes les dépendances du temple ; elle était toujours plantée d’arbres. {***** Du mot grec m>xd>v, grande porte, qu’a employé Diodore de Sicile dans la description du palais d’Osymandias. Les archéologues ont adopté ce mot et l’ont appliqué à deux tours pyramidales qui flanquent la porte d’entrée des grands édifices égyptiens. Ces pylônes étaient terminés en terrasse on y montait par des escaliers intérieurs qui communiquaient aussi, dans les temples de 1 époque ptolémaïque, à plusieurs petites chambres ménagées dans les deux tours. — STYLE ÉGYPTIEN. — sculptures, portent quatre enclaves prismatiques sur lesquelles on a fait jadis tant de suppositions. Les Égyptiens eux-mêmes nous ont donné une explication de ces longues rainures si bizarres en apparence, et nous trouvons dans ce temple même la solution de ce problème si intéressant, et récemment encore si difficile à résoudre. Sur la paroi droite de l’aréa, un bas-relief sculpté et peint représente l'entrée d’un édifice dont les deux pylônes sont ornés de grands mâts semblables à des pins dépouillés de leurs branches, et surmontés d’une longue pique et de banderoles tricolores, bleues, rouges et vertes *. Les ouvertures carrées, qu’on voit sur les pylônes au-dessus des rainures, étaient remplies par des pièces de bois ** mobiles dans leur partie supérieure, de manière à lâcher ou retenir les mâts, qui, à en juger par les hiéroglyphes qui décorent les rainures, n’étaient dressés qu’à certains jours de fête. Il est probable que ces ouvertures carrées, taillées à travers des bas-reliefs qu’elles interrompaient, étaient garnies de portes décorées et sculptées de manière à faire suite aux parties voisines. Le fond des enclaves est vertical, et leur face prolongée passe précisément près du listel de la corniche où les mâts venaient s’appliquer. Lorsqu’on restitue à ces pylônes leurs flèches colossales ornées de banderoles vertes, rouges et bleues, on admire l’effet grandiose de ces simples portails, composés avec si peu de lignes. Les Égyptiens variaient le nombre de ces mâts en raison de l’importance des édifices les uns, et probablement les moins importants, en étaient privés, tandis que les autres en avaient deux, comme à Philæ, quatre, comme à Edfou, huit, comme au grand palais de Karnac, et c’est sans doute ce dernier, le seul dont la façade ait jamais été surmontée d’autant de frêles aiguilles, qu’on a voulu figurer dans ce bas-relief. On suppose que les pennons bleus , rouges et verts, qui pavoisaient ces mâts, représentaient les trois divisions principales du pays, la haute, la moyenne et la basse Égypte ; cependant les hiéroglyphes ne parlent jamais que de deux portions du territoire, la supérieure et l’inférieure. Le temple de Khons, appelé le grand temple du Sud par les savants de la commission d’Égypte, est un des édifices dont le plan présente le plus d’unité. 11 fut, en effet, élevé d’un seul jet par ordre de Ehamsès III, ou Meïamoûn ***, pharaon de la XIX e dynastie, avec des matériaux plus anciens qui paraissent provenir d’un temple primitif dont celui-ci ne serait qu’une réédification. Toutes ces vieilles pierres, qu’on a trouvé plus commode et plus expéditif d’employer telles quelles, sont encore couvertes, pour la plupart, de fragments de sculptures religieuses, civiles et militaires, qui portent les légendes d’Amounôph III et d’Horus, et sont en tout dignes de cette belle époque. Il n’était pas indifférent pour l’histoire de l’art égyptien de s’assurer que ce temple fût bâti d’un seul jet, et que les mutles de lions qui le décorent à l’extérieur datent de llhamsès III, qui paraît avoir introduit cet ornement, dont on ne trouve jamais la trace sur les corniches des édifices antérieurs à son règne. La partie la plus reculée de ce temple était encore, il y a quelques années, entièrement obstruée par les décombres que les générations successives avaient amoncelés à l’intérieur de l’édifice. Le plan donné dans le grand ouvrage de l’expédition française **** et celui de Wilkinson ***** n’indiquent autour du naos qu’une vaste circonvallation ; mais la situation des travées de pierre qui forment la terrasse rend inadmissible l’existence de cette circonvallation; d’ailleurs une pareille disposition n’aurait pu se concilier avec les besoins du culte. En effet, quelques déblayements m’ont donné entrée dans douze chambres omises sur tous les plans publiés jusqu’à ce jour, m’ont fait découvrir des conduits secrets pratiqués derrière le naos, et m’ont fourni des représentations religieuses fort intéressantes. Cela posé, revenons à l’entrée du temple. Derrière les deux môles s’ouvre un portique à jour dont les vingt- huit colonnes, portant un bouton de lotus tronqué, sont réparties de chaque côté par l’entre-colonnement du milieu. Cet entre-colonnement a une largeur qui est double des autres, convenance que les architectes égyptiens O La grande élévation de ces arbres a donné lien de croire qu’ils étaient formés de plusieurs pièces superposées ; les espèces de nœuds qui les hérissent ont été pris par quelques voyageurs pour les saillies des cordes qui s’enroulent du pied jusqu’au sommet; mais un examen attentif fait découvrir encore dans leur partie supérieure la trace de quelques hiéroglyphes peints sur les mâts, ce. qui rend inadmissible cette supposition. ** Dans le bas-relief qui nous occupe, ces charnières sont peintes en vert, et cependant, vu leurs énormes dimensions, on ne peut les supposer de bronze. *** Rhamses-Meïamoûn est le Rhamsès IVde Champollion. J’adopte ici un numéro d’ordre différent, parce qu’il me paraît impossible de soutenir désormais la distinction établie par Champollion et Roseliini, qui répartissent sur deux personnages les diverses variantes des cartouches de Rhamsès II. L’identité de ces différents noms me semble incontestable, après toutes les preuves rapportées par Wilkinson, O. Félix , Ch. Lenormant et autres. **** Description de l’Égypte. Antiquités , Tome II, pl. 54. *'**** Topocjraphical survey of Thebes. London, 1835. In-folio, planches. — TEMPLE DE KHONS, A THÈBES. — ont observée dans tous leurs édifices *. Quoique les décombres qui obstruent ce portique alourdissent les colonnes et leur ôtent toute leur élégance, la vue perspective que nous donnons de cet aria présente un caractère imposant, dont l’austérité est augmentée par l’exhaussement du sol et le ton sombre de la pierre. Les colonnes ont été élevées à la hâte avec de vieux matériaux qu’on s’est dispensé de façonner de nouveau, afin de s’épargner une dépense inutile de temps et de peine ; on s’est contenté de les plâtrer d’un enduit, pour cacher les nombreuses imperfections de l’appareil. Toute cette partie de l’édifice a été construite avec peu de soin, comme si Amoûn-sé-Péhor, ce prètre-roi dont on voit partout les légendes, eût été pressé de faire quelque chose qui témoignât de sa domination. Au fond de ce premier portique, une large porte en laisse voir un second encore plus encombré et orné de huit colonnes sculptées sous Iihamsès VIII. Plus élevées que les autres, les quatre qui forment l’avenue médiane portent des chapiteaux formés de campanes écrasées et très-saillantes sur le fût. Les quatre autres colonnes, plus petites que celles du premier portique, mais semblables du reste, portent une architrave ornée d’une corniche qui supporte des claires-voies en pierre, par où jadis l’air et la lumière pénétraient dans ce sombre pronaos, dont les traves de pierre sont maintenant à demi renversées et laissent de toutes parts arriver le jour. La grande porte du fond, qui portait sur sa corniche un globe de métal doré, à en juger par les trous de crampons, fut réparée par Ptolémée Evergète II et Cléopâtre, qui, sur le bas-relief de la soffite, marchent tous deux à la suite d’une longue série de dieux et de déesses adorant le disque et le croissant, symboles du dieu Khons, auquel ce temple était principalement consacré. Ce Ptolémée restaura aussi la porte qui, derrière le sanctuaire, conduisait à une petite salle ornée de quatre colonnos, et qui, depuis l’expédition française, s’est affaissée sous le poids des énormes traves qu’elle portait. On lit encore sur les parties visibles des murs le cartouche de Rhamsès IV et ceux de César-Auguste, qui y fit quelques légères réparations. Dans le mur du fond de cette salle s’ouvraient trois portes qui conduisaient chacune à une petite pièce maintenant à demi comblée. Celle de droite paraît être dédiée à Ammon , celle de gauche à Mauth, et celle du milieu à lvhons, leur fils et la divinité principale du temple. Le mur qui sépare cette salle de la circonvallation du sanctuaire recèle un conduit ménagé dans l’épaisseur du mur; c’est le plus ancien que j’aie remarqué, et rien ne peut laisser croire qu’il date de Ptolémée Évergète II, qui fit réparer la porte voisine. Serait-ce que déjà, sous Rhamsès-Méiamoûn, le culte avait besoin d’impostures ? Si je n’ai rien dit du sanctuaire, c’est qu’il n’en reste que les arases des murs et les fragments d’un piédestal de granit, où l’on posait sans doute la Bari ** contenant l’image sacrée de Khons, qui, cachée à tous les regards par de longues tentures, ne sortait de ce sanclum sanclorum qu’au jour des grandes solennités religieuses. Ce sanctuaire était isolé au milieu de cette longue salle qui suit le naos , dont les autres portes communiquaient à de petites chambres qui entouraient la circonvallation du sanctuaire et à un escalier qui montait sur la terrasse. Comme tous les monuments égyptiens, le temple de Khons était colorié ; mais les couleurs, si éclatantes encore dans quelques édifices de Thèbes, n’ont laissé, dans celui qui nous occupe, que de faibles traces ; le * Les colonnes de ce portique, comme toutes les colonnes égyptiennes, se composent de quatre parties le dé, le chapiteau, le fût et la base. Le dé ou abaque est toujours carré et de la largeur même de l’architrave qu’il supporte. Ce dé est d’un excellent effet il dégage le chapiteau, et l’empêche de paraître écrasé par l’architiave, qui offre toujours sans cela une apparence de pesanteur. Le chapiteau, qui affecte différentes formes, joint toujours à la pureté des contours une richesse d’un choix d’ornements remarquables. Les architectes égyptiens prirent le lotus, le papyrus et le dattier pour modèles de la forme et des ornements de leurs colonnes. A l’époque pharaonique, le bouton ou le calice de la leur de lotus, placé au-dessus du faisceau de sa tige, était la forme généralement adoptée pour les colonnes. A l’époque ptolémaïque et romaine, le palmier avec sa campane naturelle, formée de feuilles et de fruits, la campane ornée de joncs, de pampres de vigne ou de volutes, de caulicoles et de gouttes, furent les chapiteaux les plus en vogue. Le fût des colonnes diminue tantôt de la base au chapiteau d’une manière uniforme; tantôt il est renflé, et la partie inférieure est un peu rentrée comme la tige de lotus qui a servi de modèle. Les architectes ont encore imité la manière de croître de cette, plante, en ornant cette partie du fût de plusieurs chevrons qui s’appliquent les uns sur les autres, et représentent les écailles ou feuilles avortées qui garnissent à leurs insertions radicales les tiges de lotus et de papyrus. — Les colonnes sont toujours sculptées en relief dans le creux, de façon à leur conserver toute la pureté de leur forme, ce qui n’arriverait pas si la sculpture était en bas-relief ordinaire. La base est toujours cylindrique et généralement un peu courbée, comme si elle était coupée dans une sphère par deux plans parallèles. * Bari, espèce d’arche ou de barque sacrée ornée de têtes symboliques et d’un petit édicule renfermant l’image d’un dieu ou une déesse. Cette arche affectait différentes formes suivant la divinité à laquelle elle était consacrée. — STYLE ÉGYPTIEN. — peu qui en reste suffit pour juger de la richesse, de l’effet suave et harmonieux que la peinture ajoute à l’architecture sans lui ôter l’ensemble et l’unité qui en forme le caractère. A en juger par les nombreuses inscriptions, les unes hiéroglyphiques, les autres hiératiques ou démotiques, qui couvrent la terrasse, et au-dessous desquelles les pèlerins et les voyageurs ont gravé l’empreinte de leurs pieds ou de leurs sandales, ce temple était jadis en grande vénération. Il était consacré à Khons, le fils de la triade thébaine, qui est souvent représenté tenant les attributs des trois pouvoirs, incitateur, modérateur et stabiliteur. Il fut fondé par Rhamsès III ou Méiamoûn, dont on lit les cartouches dans quelques petites salles du fond et du côté droit de l’enceinte du sanctuaire, puis continué par son fils Rhamsès IY, qui compléta le sanctuaire, l’enceinte qui l’isole et la salle écroulée ; Rhamsès Y1II décora les murs et les colonnes du pronaos ou deuxième portique; enfin, un autre pharaon, Amoùn-sé-Péhor *, y ajouta le portique et les pylônes. Ces derniers sont couverts de sculptures exécutées par ordre d’un autre grand prêtre d’Ammon, Pischam ou Pihmé **. Diverses réparations ont été faites à cet édifice ; les plus anciennes datent d’Aomahorte Amyrtœus , qui répara la porte de communication avec l’aréa ou pronaos ; les plus récentes sont de Nectanèhe, de Ptolémée et de César-Auguste ; la décoration extérieure ne fut jamais terminée. Tous les murs extérieurs sont couverts de bas- reliefs précieux pour l’intelligence du mythe. Malheureusement, les plus intéressants sont tellement effacés et fuligineux qu’il serait impossible d’en obtenir une copie exacte, sans être aidé de la connaissance du langage et du génie intuitif d’un Champollion. * A en juger par son prénom , sa tête rase et les insignes de prêtre qui le distinguent dans les bas-reliefs et les inscriptions de ce péristyle, ce personnage, que Wilkinson croit être Bakhor, le Bocchoris des Grecs, paraît avoir d’abord rempli les premières fonctions sacerdotales de l’État, puis, à défaut d’héritier de Rhamsès VIII, il lui succéda sur le trône. ** Cet autre prêtre d’Ammon, qui paraît avoir succédé à Amoûn-sé-Péhor et avoir occupé le trône à l’époque où l’extinction de la dynastie thébaine laissa tomber le pouvoir royal dans les mains des prêtres, n’osa pas prendre dès le commencement de son règne le cartouche et les insignes des pharaons. Sa légende, qui se traduit Le grand prêtre d’Ammon-ra , roi , des dieux , Pischam ou Pihmé, fils de Pionkh, » est écrite comme les noms des simples particuliers, excepté dans les parties les plus élevées où il entoure sa légende du globe et de deux uræus coiffés des symboles de la haute et de la basse Égypte; enfin sur la partie occidentale du temple qu’il avait commencé à décorer d’une large frise ou bandeau, il prit les insignes royaux complets, et renferma dans le premier cartouche un prénom très-significatif — Soleil dominateur du monde, approuvé d’Ammon. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Denon. voyage dans la haute et basse Égypte. Paris, 1802 , infol., planches. 2“ Description de l’Égypte, publiée par ordre du gouvernement. Paris, 1809-1810. Texte in-4", atlas in-folio.' 3° Wilkinson. Topographical survey'af Thebes. London, 1833. 4 feuilles in-folio. 4° Wilkinson. Topography of Thebes and .general view of Egypt. 1835. 1 vol. in-8°, pl. 5° N. L’Hôte. Lettres écrites d’Égypte en 1838 et 1839. 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Mil» J à ' .; tr ? i is; lll'i g §l^§G^à ' " J i/.f g ïMgisiüp ïSâ &â ^ K sa a 9 © 1SL, fsesC* te** £ yasiWÉr ii Mf' 4 * is»Ë& f? 53 ë S**gë£ IKtey* ïS%ï!r -VSq&à &yK^ •H- £ k mm .'S'v, •“4^ ,v& m m U CÆ 4J Tissasse? z'-v “ï$À j/ ilïnl.>ii^j5Sl 1 = i Klnÿûa •v* ** TEMPLE D’AROERIS A EDFOU Sur la rive gauche du Nil, à un quart d’heure des eaux basses de ce fleuve, qui paraît avoir rejeté son lit loin du monument vers la chaîne arabique, se trouve le temple d’Edfou ; il est situé dans la haute Égypte, à vingt lieues environ au-dessus de Thèbes, vers le 25° latitude nord. Ce temple, qui s’appelait temple d’Hatfouh au temps des Égyptiens, puis temple d 'Apollinopolis Magna * au temps des Grecs, était principalement dédié à Aroëris, l’Apollon des mytliologies grecque et romaine; cet Aroëris était fils et faisait partie de la triade du temple **, complétée par le dieu Ilar-IIot , science et lumière célestes personnifiées, et dont le soleil est l’image dans le monde matériel, et par la déesse Alhor , la Vénus égyptienne. Ce grand et magnifique temple est un des plus intéressants et des plus complets de toute la vallée du Nil ; il est malheureusement enterré par des cahutes de fellahs qui ont été successivement groupées et superposées à l’intérieur , autour et sur la terrasse de ce monument. Si ce temple et le mammisi qui le précède étaient dégagés de la terre dans laquelle ils sont à moitié ensevelis, on pourrait compléter la description forcément tronquée que j’essaye d’en donner. En commençant l’examen par le grand temple Voir la planche de Détails , fi g. 1 , qui n’a pas moins de 138 mètres de longueur sur 65 environ de largeur, on voit deux colossaux pylônes AA, tournés vers le Sud, qui, de loin, annoncent majestueusement l’entrée du temple. De gigantesques sculptures Voyez l’élévation géométrale des pylônes , évidées dans la masse, ornent ces pylônes; au sommet, sur la grande face extérieure et sur un double rang, on voit les divinités du temple et celles des temples du nôme ou province, assises sur leurs trônes, recevant les offrandes des Ptolémées Soter II et de son frère Alexandre, qui se firent représenter dans ces sculptures, et qui firent graver leurs noms et prénoms ***. A la partie inférieure du pylône, côté Ouest, on voit, à moitié enseveli dans les décombres, un Ptolémée représenté d'une manière colossale, qui, avec la liarpé divine, châtie les populations rebelles, qu’il tient d’une seule main groupées par les chevelures. Vers le bas du massif de droite , on trouve un mauvais petit bas-relief, ajouté après coup, qui représente l'empereur Claude adorant les divinités du temple et celles des temples du nôme ; enfin, sur la face interne du même massif, on remarque, au milieu des autres sculptures d’offrandes et de dévotion, un Ptolémée qui élève figurativement, sans doute, un obélisque avec une chaîne ****. Ces pylônes, couverts de sculptures sur leurs différentes faces , à l’exception toutefois des facettes internes, contiennent les évidements inférieurs et les trous qui servaient à ériger et à retenir les immenses mâts pavoisés qui s’élevaient par-dessus les pylônes *****. Voir la planche représentant l’élévation géométrale des pylônes. Us contiennent intérieurement des escaliers conduisant des terrasses des galeries de la cour aux terrasses des Pylônes et aux quatre étages de chambres, éclairées par des jours à travers les sculptures des pylônes, ce qui prouve que les sculptures sont postérieures ; une petite terrasse , au-dessus de la grande porte du temple ; sert de communication entre les deux pylônes. On remarque que la corniche manque sur presque toutes les faces des pylônes ; on pense, avec quelque * Au nord à!Apollinopolis Magna était Apollinopolis Pana, qu’il ne faut pas confondre avec Apollinopolis Minor, sur la rive gauche, en face d ’Antéopolis. ** Tous les grands temples d’Égypte étaient dédiés à une divinité principale faisant partie d’une triade réunie en principe d’unité divine, composée d’un principe masculin, d’un principe féminin, et d’un fils, produit de ces deux principes. *** La lecture de ces noms et prénoms, gravés dans des cartouches ovales contenant les noms, n’est plus aujourd’hui révoquée en doute; on commence enfin à rendre justice aux merveilleuses découvertes de notre illustre Champollion jeune. Chain- pollion est mort en 1831 . **** Cette représentation d’érection d’obélisque estla seule que l’on connaisse en Égypte. Il est assez extraordinaire de penser que les Egyptiens, qui nous ont transmis , par leurs nombreux bas-reliefs de monuments , toutes les phases de leur existence, qui ont représenté leurs étonnants transports de monolithes, tous leurs travaux des constructions et de tous leurs corps d’état, n aient pas une seule fois représenté les moyens qu’ils ont employés pour l’érection de leurs obélisques. On n’a encore rien trouvé a ce sujet depuis qu’on explore l’Égypte. On pense généralement qu’ils faisaient des plans inclinés enterrasses, et que la difficulté de représenter ces plans, pour eux qui ne savaient pas la perspective, a peut-être été la cause de cette absence de représentation. ***“ Dans les spéos, monuments creusés dans le roc, d ’El-Tell, et dans le temple de Chons, à Thèbes , on trouve des bas- reliefs représentant les pylônes et leurs mâts pavoisés. On compte quelquefois jusqu’à dix mâts pour annoncer l’entrée d’un temple. On suppose que les rubans dont les couleurs bleue, jaune et rouge, se distinguent encore, représentaient la haute, la moyenne et la basse Égypte. — STYLE ÉGYPTIEN. - raison, que les assises composant cette corniche ont été jetées à terre pour servir à des constructions modernes, à moins qu’elles n’aient été renversées par le seul esprit de destruction, et qu’on ne les retrouve dans les décombres avec les obélisques BB, qui ont dû exister à droite et à gauche de l’entrée du temple *. ta porte par laquelle on entre dans le grand temple C est encore très-haute, quoiqu’elle soit à moitié enterrée à sa base ; son chambranle est recouvert de sculptures d’offrandes et couronné d’une corniche à profil égyptien, ornée du globe à serpents ailés **. Cette porte est remarquable à cause des deux consoles ou pierres d’attente qui sont à droite et à gauche de la traverse supérieure. De semblables pierres ne se trouvent dans aucune porte des monuments connus d’Égypte ; on peut croire qu’elles supportaient un grand rideau ou qu’elles se reliaient à un léger porche en bois supportant une vêla , ainsi qu’on le voit fréquemment dans les bas-reliefs des monuments. Cette grande porte donne entrée à la cour D du temple qui est entourée de portiques E de trois côtés et qui précède un beau pronaos de dix-huit colonnes F, qui existe au fond de la cour ; ce pronaos, la cour et les portiques sont malheureusement très-enterrés. Cette enceinte sert aujourd’hui de magasins à denrées et dîmes du gouvernement de Méhémet-Ali ; toute la journée, des petits fellahs, montés sur les terrasses et sur de petits murs en terre, font du bruit pour empêcher les oiseaux de venir se nourrir aux frais de l’État. On voit surgir des décombres les montants et corniches de l’entrée du pronaos fig. 3 ; les corniches, comme on peut le voir Planche de Détails , fig. 2, sont plus élevées que celles qui couronnent les petits murs reliant les autres entre-colonnements. On remarque dans le pronaos deux chapiteaux palmiers qui contribuent puissamment à l’élégance de sa façade ***. Foyez l’élévation géométrale de la façade du pronaos . Toutes les colonnes, toutes les frises, toutes les corniches, toutes les faces des murailles intérieures et extérieures de cette cour et du pronaos, sont recouvertes de sculptures symboliques, d’inscriptions hiéroglyphiques , de tableaux d’offrandes et de dévotion, et de cartouches des Ptolémées, parmi lesquels on reconnaît ceux de Philopator, de son fds Philomator, d’Évergète II et de Soter II. Dans le pronaos, Champollion jeune a remarqué, parmi les s captures qui le décorent, le dieu du lever, Har-Hot, identifié avec le soleil, son coucher et ses diverses formes symboliques à chacune des douze heures du jour, avec les noms de ces heures. Les décombres empêchent à présent de pénétrer plus avant dans le temple du côté du pronaos ; ce n’est qu’en passant par un trou sur la terrasse, et en rampant par un étroit et obscur couloir, que l’on arrive au naos G, à la suite du pronaos dont il est parlé ci-dessus. Ce naos , sans jour ni air, est aujourd’hui rempli de chauves- souris qui, réveillées de leur sommeil léthargique par le bruit et les lumières, menacent sans cesse, dans leur ronde funèbre, d’éteindre l’indispensable flambeau du visiteur. L’élévation des décombres contenus dans cet infect séjour est telle que c’est à peine si l’on peut reconnaître le dessus de quelques chapiteaux des douze colonnes contenues dans ce naos et que la porte conduisant au sanctuaire II est complètement obstruée. Ce n’est qu’extérieurement qu’on retrouve les traces des escaliers qui conduisaient de l’intérieur à la terrasse du monument, et que l’on peut reconnaître les proportions du sanctuaire I et des salles adjacentes ****. Des bas- reliefs d’offrandes et des demi-lions, en ronde-bosse, sont sculptés à la surface et au sommet du mur postérieur du sanctuaire K. Ces lions, contenant des gargouilles, servaient à rejeter l’eau et les ordures de la terrasse *****. Plus loin sont les enceintes qui protégeaient le sanctuaire contre les profanations extérieures. Observons qu’en sus des enceintes indiquées au plan L, il devait y avoir une enceinte générale, qui, aujourd’hui, est complètement enterrée. Le mammisi, ou lieu d’accouchement, qui est en avant et planté obliquement par rapport au grand temple voir la PL de Détails, fig. 4,5,6, est un petit monument contenant les traces d’un vestibule, d’une petite pièce et d’un escalier pour monter à la terrasse. Dans le fond est la salle d’accouchement avec des colonnes au * Une rupture qui existe à la corniche de la porte ne peut avoir été faite que par la chute des assises de la corniche supérieure; on remarque, d’ailleurs, qu’un morceau d’angle de corniche, figurée au grand ouvrage delà commission française, n’existe plus aujourd’hui. ** Ce globe, qui se retrouve sur tous les monuments égyptiens, représente le soleil avec les symboles de l’immortalité et du mouvement. Voir Planche de détails, fig. 3. *** Ces chapiteaux palmiers n’ont été exécutés en Égypte qu’à l’époque grecque. **** Ce ne fut qu’au temps des Grecs que les portes furent ouvertes sans traverses, parce que ce ne fut qu’à cette époque que les représentations des divinités sortaient des sanctuaires et étaient processionnellement portées d’un temple à l’autre. *'*** On se rappelle qu’il pleut fort rarement en Égypte, surtout dans la haute Égypte; ces animaux qui entourent quelque- iois les sanctuaires étaient-ils donc là comme épouvantails ? — TEMPLE D’AROERIS A EDFOU. — milieu; au pourtour est une galerie, encore existante sur trois côte's seulement. Les chapiteaux de ce monument sont à fleurs de lotus surmontées de dés, dont les quatre faces sont décorées d’une figure de Typhon fig. 6, auquel le mammisi est dédié. Cette divinité, ou mieux ce génie du mal, a donné naissance au mot de typhonium , par lequel on désigne aussi le mammisi *. Les bas-reliefs qui décorent l’intérieur de la salle d’accouchement représentent l’allaitement, l’enfance et l’éducation du jeune Har-Sont-Tho, fils et divinité de la triade du grand temple, sous les traits d’Évergète II. Cette figure, accompagnée de son cartouche, y est représentée au milieu de divinités de tous ordres qui prennent soin du jeune Ptolémée. Le mammisi d’Edfou est un des plus grands mammisis connus. Ce petit temple, que l’on retrouve toujours là où une triade est adorée, était l’image de la demeure céleste dans laquelle la déesse de la triade était censée avoir enfanté le troisième personnage de la triade. Les reines venaient y donner le jour aux Pharaons, que l’on considérait comme des demi-dieux. Bien que le temple d’Edfou et son mammisi soient des monuments à moitié ensevelis dans les décombres et les cahutes de fellahs ; bien qu’ils soient détruits et mutilés en partie ; bien que l’ornementation, dans sa recherche et dans sa profusion maladroite, dénote une sensible décadence de la noble et majestueuse gravité des monuments de la belle époque pharaonique, le temple d’Edfou, tel qu’il est aujourd’hui, peut encore donner une très-haute idée de la magnificence et du grandiose de l’architecture chez les anciens Égyptiens. On sait, en effet, que les Grecs, sous lesquels ce monument fut élevé, n’ont pas tout détruit, comme le firent avant eux les Perses, mais qu’ils ont au contraire restauré, construit et laissé construire par les Égyptiens mêmes les temples de la religion égyptienne. L’observateur qui visitera le monument d’Edfou y remarquera une grande simplicité dans les masses, une gravité, une sévérité de lignes qui sont bien le cachet de ce sentiment de durée éternelle que les Égyptiens se sont toujours efforcés de donner à leurs monuments, si déjà cet observateur n’est frappé des soins extraordinaires apportés dans la construction proprement dite de ces blocs immenses si bien dressés, si bien équarris et réunis entre eux, que les joints apparaissent à peine. Dans la disposition du plan si admirable et si simple de lignes, il reconnaîtra qu’en sus de la grande enceinte, aujourd’hui enterrée, et qui contenait le mammisi et un bassin d’eau lustrale, si le Nil n’était près le temple, il reconnaîtra , dis-je, que ce n’était que de la grande cour que l’on pouvait pénétrer dans la première enceinte du temple proprement dite , et que ce n’était que par des salles de plus en plus rapprochées du sanctuaire que l’on pouvait pénétrer dans les salles et enceintes les plus rapprochées de ce sanctuaire, qu’enfin ces salles et enceintes sont de plus en plus petites, ce qui indique que peu de prêtres initiés pouvaient pénétrer dans le sanctuaire ¥¥ . Dans l’ornementation, qui n’est pas futile comme celle de tant d’autres architectures, l’observateur reconnaîtra tous les végétaux, tous les animaux et symboles consacrés de l’Égypte ¥¥¥ ; dans les représentations des personnages roides, il verra des formes et positions consacrées, calquées, uniques pour toute l’Égypte, et peut-être cette sagesse du législateur, qui ne voulut pas laisser donner à la copie un culte qui n’était dû qu’à l’original ¥¥¥¥ ; dans les petits jours qui traversent les plafonds des terrasses, et qui suffisent pour éclairer de grandes salles, il reconnaîtra le voisinage des tropiques et de la ligne ; enfin, par cet ensemble de remarques, l’observateur reconnaîtra que l’architecture égyptienne n’est pas une architecture d’emprunt, mais bien le résultat de la constitution du sol, du climat, des productions, et la juste expression des besoins religieux et politiques de l’époque, et que * Le Typhon, que l’on retrouve toujours dans les mammisis, était représenté sous les formes les plus laides ; le plus souvent comme un jeune imberbe, court, trapu, difforme. On voit que chez les Égyptiens, comme chez beaucoup de peuples, l’homme, dans sa faiblesse, a presque toujours honoré par crainte le génie du mal autant que les dieux dont il sollicite les bienfaits. Voir la restauration de ce mammisi dans le grand ouvrage de la commission d’Égypte. ** C’est à tort qu’on a cru que les Égyptiens avaient adoré les animaux; ce n’est que comme oeuvre de la divinité insaisissable, invisible, que ces animaux furent soignés, alimentés dans les sanctuaires. C’est aussi à tort que l’on a cru que les cérémonies religieuses n’étaient que basées sur la superstition. Elles consistaient surtout en offrandes aux divinités des meilleures productions animales et végétales de la terre les solennités religieuses, entourées d’une grande pompe , étaient imposantes aux yeux de tous. Les prêtres étaient législateurs; les lois, qui venaient d’un sanctuaire divin, impénétrable, étaient sacrées et religieusement exécutées; toutes étaient faites pour le plus grand bonheur du peuple. Les prêtres, habiles législateurs, savaient ce que d’autres ont oublié, c’est que l’art de se cacher aux hommes est nécessaire pour bien les gouverner. ** L’usage d’écrire avec des figures fit que les anciens parlèrent aussi par figures ; on parla comme on écrivit, allégoriquement de là les fables, discours énigmatiques plus anciens que l’histoire. * Cette restriction, qui empêchait l’artiste de s’approcher de la nature, consistait à faire toutes les sculptures au carreau elle n existait pas pour les animaux, qui sont tous représentés et posés très-naturellement sur des formes déterminées. — STYLE ÉGYPTIEN. - celle architecture, par son grandiose et sa magnificence , donne une très-haute idée de la pompe religieuse, et place la civilisation de ce peuple plutôt au-dessus qu’au-dessous de son incroyable réputation. 11 ne nous reste plus qu'à faire des vœux pour que le temple d’Edfou, si complet et si important, soit entièrement dégagé des immondices dans lesquelles il est à moitié enseveli, pour que l’on puisse voir en réalité ce que nous ne pouvons que supposer, et pour que de dignes élèves de Champollion jeune récoltent tous les précieux documents contenus dans ce magnifique monument sur la théogonie si étendue et si peu connue des anciens *. * Dans les innombrables sculptures peintes qui recouvrent toutes les parois des monuments d’Égypte, on trouve des processions religieuses, des batailles de terre et de mer, des victoires, des fêtes, des danses, des chasses, toutes les phases de la vie religieuse , politique et privée des Égyptiens, tout cela si bien exécuté, si bien peint jusque dans les moindres détails, et si bien conservé , lorsque des mains vandales ne sont pas venues les mutiler, qu’après quelque temps d’étude et d’observation, ou est parfaitement bien identifié, reporté à ce que pouvaient être ies anciens Égyptiens ; excepté les entendre parler, les voir agir, on les aura visités comme on peut visiter un peuple de notre siècle. BIBLIOGRAPHIE. 1” Denon, Voyage dans la haute et basse Égypte; Paris, 1802, in-f°, planches. 2° Description de l’Égypte, publiée par ordre du Gouvernement; Paris, 1809-10, texte in-4° et atlas in-f°. 3° Description de l’Égypte; Paris, Denain, 12 vol. in-8° et atlas. 4° Quatremère de Quincy, Dictionnaire d’Architecture, article Edfou ; Paris, 2 vol. in-4°. 5° Canina, VArchitettura antica descritta e dimostrala coi monu- menti ; 1" Section, Architecture des Égyptiens; Rome, in-f°, planches. 6° Burckhardt, Travels in Nubia and Egypt ; London, 1819, in-4°. 7" Belzoni, Voyage en Égypte et en Nubie, traduit de l’anglais, avec des notes par Depping; Paris, 1821, 2 vol. in-8° et atlas. 8° WiebeMng, Theoretisch-practische bugerliche Baukunde, durch Geschichte and Beschreibunde der merkwurdigsten Baudenk- mahle und ihre genauen Abbilddungen bereichert; Munich, 1821 , 23, 25, 3 vol. in-4°, avec pl. et 2 atlas in-f°. 9" Rifaut, Voyage en Égypte, en Nubie et lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu’en 1827 ; Paris, 5 vol. in-8° et atlas de 300 planches lithogr. 10° Champollion jeune, Lettres éeriles d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829; Paris, 1833, 1 vol. in-8 0 , fig. Il» Wilkinson, Topography of Thebes and general view of Egypt. Being a Short account ofthe principal objets worthy of notice in the valley of the Nile to the second cataract and Wadee Samneh, with the Fyoom, Oases, and eastern desert, from Sooez to Bérénice, vjith remarks on the manners et customs oj the ancient Egyptiens et the productions of the country ; London, 1835, 1 vol. in-8°, pl. 12° De Cadalvène et de Breuvery, l’Égypte et la Turquie de 1829 à 1836 ; Paris, 1836, 2 vol. in-8”, cart. etpl. 13° Wilkinson, Manners and Customs ofthe ancient Egyptians; London, 1837, 3 vol. in-8°, vig. dans le texte. 14° The British Muséum .— Egyptian Antiquities; London, 1832 40, Ch. Knight, 2 vol. in-8°, vign. dans le texte. 15° Lhote N., Lettres écrites d’Égypte en 1838 et 1839; Paris, 1840, in-8°, pl. 16° Lenormant Ch., Musée des Antiquités égyptiennes; Paris, 1841, in-f°, pl. 17° Taylor et Reybaud, la Syrie, l’Égypte, la Palestine et la Judée, etc., Paris, 2 vol. in-4°, pl. 18° Salle Eusèbe de, Pérégrinations en Orient; Paris, 1841, 2 vol. in-8" 19° Horeau Hector, Panorama d’Égypte et de Nubie; Paris, in-f planches coloriées en cours de publication depuis 1840. wm r L r Vj&m .I ’UfliS mm IIW ~~l rgc ! 2*^ '/LVvi mm -1^' f>%vî=4 iibséi î*;W%;î&f' , ï W$& ipiit^ / ClVS* fi /WM ÉgâSgS Ësië&rfSK SSS àëSSB fe&SSssii fSi h 5 $ SP 'A a ***£ ?&}. "'V gRjÜÎ^ MK ëÿ% „ ihJ îïl ifc, j.\'*'[ y-mmmmmmmi thwr mmnmw BHlIHiHl B ttiii Echelle, des deltas Elévations 5o Mètres "pf-tor H °reau. del. L! - SPHINX, LIONS ET BÉLIERS Les sphinx, les colosses et les obélisques forment les annexes habituelles des édifices égyptiens, qu’ils caractérisent d’une façon toute particulière. Le goût des Égyptiens les portait à amonceler sur un point des objets que les civilisations modernes s’appliquent au contraire à disséminer, pour en faire ressortir les beautés en les temples, comme les palais, sont presque tous ornés de sphinx, tantôt affrontés à la porte des édifices, tantôt rangés sur deux longues lignes parallèles en forme d’avenue, disposition appelée dromos dans la description de Strabon. Quelquefois même ils formaient à eux seuls un monument, comme le grand sphinx des pyramides de Gizeh, qui renferme entre ses pattes un temple à ciel ouvert, orné lui-môme d’autres sphinx. A ces divers titres, qui touchent plus ou moins directement à l’architecture et à ses monuments, ils méritent une notice spéciale. Quant à l’explication allégorique, nous n’eu dirons qu’un mot pour faire comprendre les idées qui présidaient au choix de ce genre de décoration. Le terme générique de sphinx, dont je n’expliquerai pas ici l’origine évidemment égyptienne, a été appliqué par les Grecs à des représentations d’êtres imaginaires, composés simplement d’un corps de lion avec une tête de femme. Nous donnons ordinairement ici le nom de sphinx à diverses figures composées du corps d’un animal, le plus souvent d’un lion , portant une tète humaine ou bien une tète et des ailes d’oiseau comme les griffons. Par extension, on a aussi désigné par cette appellation, devenue générale, des images d’animaux sans aucune association d’espèces différentes. Nous ne traiterons ici que des sphinx égyptiens, qui sont l’origine de toutes les représentations monstrueuses que les G recs, les Perses, les Hindous et quelques autres peuples ont inventées. On a cru longtemps que le sphinx égyptien, c’est-à-dire l’alliance d’une tête humaine avec un corps de lion, indiquait symboliquement le débordement du Nil sous les constellations du Lion et de la Vierge, car on regardait autrefois toutes les têtes humaines de sphinx comme des tètes de femme, quoiqu’elles soient barbues pour la plupart *. Mais l’antiquité classique nous a mieux renseignés à cet égard un passage des Stromates de Clément d’Alexandrie nous apprend que cet être fantastique fut l’emblème de Y intelligence ou de la sagesse unie à la force. Il résulte aussi de ce document précieux que le sphinx n’était point le symbole spécial d’une divinité, puisque la force et la sagesse devaient être considérées comme des qualités communes à tous ces personnages mythiques auxquels l’Égypte rendait un culte habituel. Les monuments égyptiens confirment cette induction du judicieux auteur, et offrent ce symbole appliqué à une foule de divinités du Panthéon. Il n’y a, comme on le voit, aucun rapport d’allégorie entre les sphinx égyptiens et celui de la mythologie grecque. En Égypte, toutes les divinités mâles ou femelles furent représentées sous la forme symbolique du sphinx. Les pharaons, ces dieux mortels de l’Égypte, furent aussi figurés d’une manière symbolique par le sphinx , comme participant tous à la plénitude de la force et de la sagesse des dieux, au nombre desquels on les inscrivait de leur vivant même, conformément au protocole antique de la monarchie. Les sphinx qui ressemblent à la notion répandue par les Grecs, c’est-à-dire qui unissent un corps de lion avec une tête de femme, sont assez rares, et je n’en connais point de ce genre qui soient Sculptés en ronde bosse. La plupart des déesses ont été représentées sous cette forme emblématique dans les bas-reliefs et les peintures ** ; plusieurs reines, probablement celles qui avaient gouverné elles-mêmes , ont reçu cet insigne honneur. La fig. 5 de la planche annexée à cette notice représente la reine Tmauhmot d’après un bas-relief sculpté sur le trône de la statue du pharaon Ilorus au Musée de Turin ***. J’ai vu la reine Batianti, une des filles ou des épouses de Ramsès le Grand, figurée de la sorte dans un hypogée de Thèbes. Les sphinx androcêphales, les androsphinx sont beaucoup plus fréquents dans la plupart des édifices élevés par les pharaons, tant en Éthiopie qu’en Égypte. La tête de ces sphinx est ordinairement un portrait du roi qui les fit tailler ainsi le sphinx colossal des pyramides est un portrait de Thoutmès IV ; celui que reproduit * On prenait alors la barbe pour une tige de Perséa. ** Une caisse de momie du Musée royal du Louvre, contenant le corps d’un hiérogrammate de Thèbes appelé Sotimès,porte l’image de dix-huit divinités peintes sous forme de sphinx à tête humaine, et ne différant entre elles que par la coiffure ou l’insigne particulier dont la présence était indispensable pour les caractériser individuellement. Le sexe des sphinx peints sur ce cercueil n’est pas signalé autrement que par la présence ou l’absence de la barbe. *** Voy. Clîampollion le Jeune, Première lettre au duc de Blacas relative au Musée royal égyptien de Turin, pag. 58 et suivantes. — STYLE ÉGYPTIEN. — notre planche n° 1 est un portrait d’Amounôph III, etc. *. Ce superbe sphinx de granit rose, du plus beau travail, a été trouvé, en 1825, avec un autre tout à fait semblable, derrière les colosses de Memnon, et faisait sans doute partie du même édifice, c’est-à-dire de 1 ’Aménopheium- occidental de Thèbes. Ils furent achetés pour le compte de l’empereur de Russie, et décorent aujourd’hui l’escalier du palais des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg. Les androsphinx portaient ordinairement le claft, coiffure civile, striée et orné d’un urœus, symbole de la royauté, au-dessus duquel on mettait encore le pschent entier, symbole de la domination sur la haute et la basse Égypte. Le dromos du temple de Wady-Esseboua, en Nubie, était décoré d’androsphinx de ce genre **. Un large collier appelé ousch et les appendices de la coiffure, qui retombait sur les épaules, sauvaient les difficultés de l’assemblage fantastique de deux natures si diverses. Le dos de l’animal était souvent couvert d’une housse plus ou moins riche. Entre les pattes antérieures du sphinx, on plaçait quelquefois la statuette du pharaon lui-même sous forme osiriaque, c’est-à-dire le corps enfermé dans un vêtement en gaine, d’où sortaient, croisés sur la poitrine, les bras portant la crosse et le goupillon ou bien le tau sacré, symbole de la vie divine. Le grand sphinx, taillé dans un mamelon du rocher calcaire qui sert de base aux pyramides de Gizeh, est le sphinx de ce genre le plus colossal qu’aient jamais sculpté les Égyptiens. La tête, qui est coiffée du claft strié, a de proportion 2 mètres 55 centimètres du bas du menton au sommet de la coiffure. La longueur du corps, dont la croupe est en partie enfoncée sous les sables , est de 39 mètres ; et sa hauteur totale , depuis la base sur laquelle sont étendues ses pattes jusqu’à l’extrémité de la tête, a environ 17 mètres. Les fouilles opérées, il y a une vingtaine d’années, à la base de ce colosse, ont fait "Voir qu’il contenait entre ses pattes un long dromos, conduisant à un petit hypètre orné de trois grandes stèles couvertes de bas-reliefs et d’inscriptions ***. Ce monument est sans doute postérieur de plusieurs siècles au sphinx lui-même, qui est dépourvu de hiéroglyphes et parait dater de l’époque des pyramides. Le dromos était orné d’un autel à cornes et de plusieurs lions de petites dimensions. Les stèles portent le nom de Thoutmès IV, et représentent Atliom, forme de Phré dans l’hémisphère inférieur du ciel ou le soleil à son coucher. On suppose qu’il existait une communication entre ce monument et l’intérieur de la grande pyramide du reste, une enceinte du genre des temenos isolait ce sphinx colossal des pyramides et des autres tombeaux. Les androsphinx sculptés en bas-reliefs ont souvent toute la partie antérieure de forme humaine, c’est-à- dire qu’ils ont, au lieu de pattes, deux bras qui soutiennent un vase d’offrandes ou l’image de quelque divinité voyez la fig. 4 de notre planche, ou enfin les bras élevés dans une attitude de prière ou d’adoration. C’est sous la forme d’un sphinx à tète et à bras humains que le roi Psammetik I er est représenté, faisant offrande au dieu Phré, sur les quatre faces du pyramidion de l’obélisque de Monte-Citorio , à Rome. La légende royale de ce pharaon, placée à côté de l’animal emblématique, ne laisse aucun doute à cet égard. On voit quelquefois aux sphinx sculptés en bas-reliefs, et surtout aux reines représentées de la sorte , deux longues ailes essorantes qui sortent des épaules de l’animal symbolique, et complètent l’idée que nous attachons à ces sortes de figures d’après la notion classique. Le sphinx femelle, que nous avons reproduit sous le n° 5, est parfaitement caractérisé par cinq mamelles figurées sur la longueur du ventre, et le cartouche renfermant le nom propre de la reine Tmauhmot est une autorité irrécusable. La tête est couverte d’un modius , sorte de mitre particulière aux reines et à certaines déesses. Cette coiffure porte ici un bouquet de fleurs agréablement disposées. Les sphinx , qui sont toujours représentés accroupis et dans une pose calme et majestueuse par la sculpture en l’onde bosse , sont souvent figurés debout et en mouvement sur les bas-reliefs et les petits monuments. Celui que représente la figure 7 de notre planche est sculpté sur le montant d’un trône dans un hypogée de la nécropole de Thèbes ****. C’est l’image symbolique d’Amounôph III foulant sous ses pattes des chefs asiatiques et africains. * Ou peut voir au Musée royal du Louvre plusieurs sphinx de ce genre. Celui qu’on a placé dans la petite cour est un beau spécimen de sculpture égyptienne. Il représente Ménephthah II, quatrième roi de la XIX e dynastie. Les deux sphinx de basalte qui se voient dans la salle de Melpomène, près de la superbe mosaïque exécutée par Belloni, sont de la dernière époque de l’art égyptien. Ils datent des pharaons Néfreous et Acoris, de la XXIX e dynastie; les légendes hiéroglyphiques ont été maladroitement restaurées, et forment des contre-sens pitoyables que notre orgueil national devrait faire disparaître. ** Voy. Gau, Antiquités de la Nubie, planche XLVII. *** Voy. Lenormant, Musée des Antiquités égyptiennes, pag. 44 **** Voy. Prisse d’Avenues, Monuments égyptiens, etc., pl. XXXIX. — SPHINX, LIONS ET BÉLIERS. — Après les sphinx à tète humaine, les androcéphales, viennent ceux à tète d’animaux , les sphinx criocêphales , c’est-à-dire à tète de bélier, animal consacré au dieu Ammon, et les sphinx hiéracocfphales , c’est-à-dire à tète d’épervier, emblème de Phré ou le soleil. La figure 6 de la planche jointe à cette notice représente un des criosphinx de l’avenue du grand palais de Karnac. Sa longueur totale est d’environ dix-sept pieds, et la longueur de la tète de trois pieds onze pouces. Le Musée de la Bibliothèque royale contient une tête de bélier trouvée dans ces ruines de Thèbes , et rapportée par les savants de l’expédition. A en juger parle trou qui se trouve sur le sommet de la tête de ces criosphinx, taillés dans un seul bloc de grès rougeâtre, ils devaient tous porter une coiffure , probablement le pschent, qui, ayant été fait d’un autre morceau, a disparu avec le temps *. Le sphinx hiéracocéphaîe de notre planche a été dessiné d’après un petit sphinx en calcaire, trouvé dans le grand spéos d’Abousembil, en Nubie. On rencontre encore en Égypte , mais sur les bas-reliefs seulement, divers mélanges d’espèces autres que celles dont on se forme ordinairement l’idée sous le nom de sphinx. Ainsi on en voit dont le corps de lion porte une tête qui ressemble un peu à celle du tapir, et dont la queue se termine quelquefois comme une fleur de lotus ; ce sont des symboles de Set ou Noubi. Les Egyptiens ont encore représenté des béliers à quatre têtes, emblèmes d’Amon-Ba, lame des quatre éléments ; des crocodiles à tête d’épervicr, symboles du dieu Horus ; des truies à tête humaine, symboles de Opt ; des griffons composés d’un corps de lion avec la tète et les ailes de lepervier, symboles du dieu Mandou , etc. Comme ces diverses représentations sont toutes hiéroglyphiques et n’ont jamais été employées d’une façon monumentale , nous ne nous y arrêterons pas. Après les sphinx viennent les animaux proprement dits, que les sculpteurs égyptiens ont su reproduire avec autant de vérité que de grandeur, et dont ils ont aussi décoré les dromos de leurs temples. Mais ces belles imitations de la statuaire sont presque exclusivement des images de lions et de béliers. La figure 8 de notre planche représente un des lions transportés de Gebel-Barkal, l’ancienne Napata, au Musée Britannique, dont il est un des plus beaux ornements. Ces deux lions de granit rose sont d’un admirable travail, et probablement le chef-d’œuvre de la plus belle époque de la sculpture égyptienne. Ils reposent, l’un sur le flanc gauche, l’autre sur le flanc droit, la tête tournée vers le spectateur, les pattes de devant croisées, et l une des pattes de derrière retournée. Il y a un naturel parfait dans ce repos et une mollesse étonnante dans les chairs de ces lions de syénite ils semblent pétrifiés. L’un d’eux était brisé ; mais les fragments ont été réunis avec soin, et, ainsi restaurés, ils nous offrent ce que l’art égyptien a laissé de plus beau et de plus noble en ce genre. Ces morceaux portent diverses inscriptions la plus ancienne est d’Amounôph 111, qui la fit sculpter pour orner probablement le temple de Soleb , d’où ils ont été transportés à Napata par un roi éthiopien nommé Amou- nasro, qui fit graver son nom sur les pattes de l’un et sur le cou de l’autre. Le n° 2 de notre planche représente un des béliers de l’avenue du temple de Khons , à Karnac , où cet animal était révéré comme un emblème d’Ammon, divinité éponyme de Thèbes. La plupart des béliers ont été mutilés, leurs tètes sont brisées, et le globe orné d’urœus qui les couronnait gît enfoui sous les sables ou les débris. La figurine en gaine qui soutient leur barbe et s’appuie contre leur poitrail est une image d’Amounôph 111, qui les fit tailler dans les belles carrières de grès de Silsilis, où l’on en retrouve encore quelques-uns qui ne sont qu’ébauchés, et qui devaient être terminés sur place **. Cet animal sacré était principalement adoré dans les villes de Thèbes, Hypselis, Sais , et dans la partie libyque de l’Égypte. Le nombre de sphinx placés sur les dromos qui liaient les différents édifices de Thèbes l’Oph oriental est incroyable, et confirme ce que les anciens historiens nous avaient appris de l’emploi des sphinx pour former les avenues des édifices sacrés. La direction de ces avenues est clairement tracée *** par les nombreux restes de ces figures colossales, dont la plupart sont encore entières, et par d’autres sans doute enfouies sous les monticules de décombres qui couvrent l’emplacement de cette ville monumentale. Ces avenues forment souvent de légers coudes ou se brisent à angles droits pour relier entre eux des édifices élevés à différentes époques, et sans plan bien arrêté à l’avance , comme cela se voit partout. L’une d’elles est entièrement bordée de béliers, une autre de criosphinx , une troisième de sphinx ; quant aux lions, animal consacré à Phtha, ils ne se voient guere qu’aux portes des temples dédiés à ce dieu, ou à la porte des palais dont les fondateurs portaient son nom. Li ^ ans * a Description de l’Égypte, Antiquités,t. III, diverses représentations de ces criosphinx. v 1 v °y- Belzoni, Narrative ofihe operations and recent discoveries in Egypt and Nubia, pag. 552. ** Voy. Description de l’Égypte, Antiauités t. III, pl. XVI, plan de Karnac. —Wilkinson, Topographical survey vJ Thebes, — STYLE ÉGYPTIEN. — Tous ces sphinx sont monolithes et à peu près de même dimension ; ils sont placés sur deux lignes parallèles, les uns en face des autres , et chacun sur un piédestal décoré de légendes hiéroglyphiques qui rappellent le nom et les titres des rois qui les firent ériger. En résumé, voici à peu près l’échelle ascendante des diverses formes de sphinx qui décorent les monuments et appartiennent à l’ornementation architecturale des Égyptiens 1° Le lion, animal consacré à Phtha, instituteur des gouvernements. 2° Le bélier, animal consacré à Ammon, le roi des dieux , et à Chnouphis. 3° Le lion avec une tête de bélier, sphinx criocéphale ou le criosphinx. 4° Le lion avec une tête d'épervier, symbole de Phré, sphinx hiéracocéphale ou hièracosphinx. 5° Le lion avec une tête d’homme, sphinx androcèphale ou androsphinx. 6° Le lion avec une tête de femme, le sphinx des mythes grecs. 7° Le corps du lion avec une tête et des mains humaines, comme sur la plupart des bas-reliefs. Au reste, toutes ces monstrueuses sculptures ont en Égypte un cachet artistique dont le bon goût n’est pas blessé ; dans les monuments indiens, au contraire , elles sont si extravagantes qu’elles répugnent. Chez tous les peuples qui ont employé ces symboles, ils donnent à leur architecture un caractère primitif dont la physionomie porte manifestement l’empreinte du génie et des notions mythiques qui ont présidé à la construction des édifices. En Égypte, l’art était, avant tout, un moyen puissant, indestructible, de peindre la pensée ; il ne tendait qu’à l’expression d’un certain ordre d’idées, et devait seulement perpétuer, non le souvenir des formes, mais avant tout celui des êtres et des choses ; aussi l’écriture, le dessin, la sculpture et l’architecture marchèrent constamment de front vers le même but. Cette union intime des beaux-arts avec le mode de représentation hiéroglyphique explique naturellement les causes de l’état de simplicité naïve dans lequel la peinture et la sculpture persistèrent toujours dans cette contrée, et l’association des formes hybrides constamment usitées dans la caste sacerdotale, comme propre à exprimer le mieux les combinaisons qu’enfantait la théogonie à laquelle elle servait d’organe. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Description de l’Égypte, publiée du gouvernement. Paris, 1809-1810. Texte in-4° et atlas in-folio. 2” Grobert. — Description du Caire et des pyramides de Gyzeh. In-4° avec planches. 3° Belzoni. — Narrative of the operations and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821. In-8° et atlas in-folio. 4° Gau. — Antiquités de la Nubie, ou monuments inédits des bords du Nil, entre la première et la seconde cataracte. 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L’opinion la plus généralement reçue est que ces monuments furent des tombeaux cependant il y a encore beaucoup de gens, des académiciens même, qui ne peuvent se persuader que les Égyptiens , dont la sagesse était proverbiale, aient dépensé autant de temps et d’argent pour préserver simplement un cadavre; que ces constructions colossales aient une destination si vulgaire; enfin, que cette énigmatique Égypte n’ait pas caché de grands secrets sous cette forme éminemment symbolique. Nous ne nous arrêterons pas à citer et encore moins à réfuter toutes les hypothèses émises sur la destination mystérieuse ou utilitaire de ces monuments leur description suffira pour montrer le peu de créance qu’on doit accorder à toutes les théories qui prétendent y trouver autre chose que des sépulcres. Chez tous les peuples, tant de l’ancien que du nouveau monde, les premiers monuments funéraires ont été des buttes factices, des accumulations de pierres, des tombelles ou lumuhts, qui prirent, avec le développement de la civilisation, des formes différant plus ou moins de leur origine commune. Il est très- vraisemblable que les pyramides sont l imitation des tumulus primitifs, et que la manie monumentale des Égyptiens arrivaassez vite, et dès les temps les plus reculés, des simples buttes aux vastes proportions de ces masses cyclopéennes régulièrement conformées en talus sur quatre faces, solidement bâties en pierres parfaitement orientées, et qui sont devenues, à ces divers titres, des merveilles du monde. Les pyramides étaient, pour la moyenne Égypte, ce que les syringes royales étaient pour la Thébaïde. Les hypogées les plus vastes appartiennent, comme on le sait, aux rois thébains dont le règne a été le plus long; de même, les plus grandes pyramides sont dues aux pharaons memphites, qui passèrent de nombreuses années sur le trône. Dès qu’un roi était solennellement investi du pouvoir, on s’occupait de son tombeau, cette dernière habitation, que les anciens Égyptiens considéraient comme la plus importante, et appelaient la demeure éternelle. On creusait un couloir dans le roc, et en même temps l’on élevait au-dessus un massif carré en grosse maçonnerie , dans laquelle on englobait souvent une élévation du sol, pour épargner la besogne. La syringe et le noyau pyramidal se développaient, et s’étendaient peu à peu et simultanément durant l’existence du pharaon auquel le monument était destiné. En quelques années, cette masse formait une petite pyramide à gradins qu’on pouvait revêtir immédiatement ou augmenter encore progressivement, en élargissant la base et en superposant de nouvelles assises, de façon à avoir toujours une forme pyramidale dont les degrés servaient à la pose et à l’élévation des matériaux. Les fig. 5 et 6 de la pl. II peuvent donner une idée de ce travail, que le défaut d’espace nous empêche d’exposer ici plus longuement. Quand le roi venait à mourir, l’architecte s’empressait d’arrêter les travaux d’agrandissement et deprocéder à l’achèvement du sépulcre. Pendant que les taricheules , les cholchtjles et autres membres de la caste sacerdotale vaquaient aux cérémonies de l’embaumement, les ouvriers s’occupaient de couvrir les degrés d’un revêtement dont les pierres, de bon appareil, étaient disposées également en gradins, et superposées à partir de la base au sommet. On y mettait la dernière main en abattant, de proche en proche, 1 excédant de matière formé par la saillie de chaque degré, aplanissant graduellement la surface jusqu à la base, de façon à obtenir sur les quatre faces des talus réguliers. Plus la pyramide était colossale, plus Ion pouvait aussi y employer d’ouvriers ; et, peu de temps après le dépôt de la momie royale dans son sarcophage de granit, les couloirs des chambres funéraires étaient comblés, les talus étaient parés ; et le tombeau achevé ne présentait plus que quatre immenses surfaces planes, sans aucune ouverture apparente, et décorées seulement de quelques légendes hiéroglyphiques. Ce mode de construction par développement progressif, annuel, aussi simple que le travail des formations géologiques dont les Égyptiens semblent avoir pris modèle, est aujourd hui bien connu, grâce aux fouilles faites dans les pyramides par les soins du colonel Yyse. Les plans et le mode d édification de ces divers monuments ont subi quelques modifications, suivant le génie de 1 architecte; ainsi, au lieu de couches horizontales, on voit à Sakkara des plans inclinés; mais le mode de développement revient toujours au même. Il a dispensé d’employer de gigantesques échafaudages, des chaussées de terre et de nitre, ou de coûteuses machines pour effectuer le levage et la pose de la quantité de pierres énormes dont les pyramides sont composées. Les Égyptiens ne connaissaient que le plan incliné, le levier, le rouleau ou le chariot ; et c’est avec ces simples éléments qu’ils ont accompli ces prodigieuses entreprises. Les pyramides qu’on voit aujourd’hui en face du Kaire, sur le plateau qui domine la plaine de Gizeh, sont les plus célèbres monuments de ce genre, les plus anciennes constructions qu’il y ait en Égypte, et probablement à la surface du globe, où, depuis plus de quarante siècles, elles excitent 1 étonnement et 1 admiration des — STYLE ÉGYPTIEN. — hommes. Le plan topographique annexé à cet article donnera une idée de la disposition des pyramides de Gizeh, dont les trois principales portent les noms de Chéops , Chéphren et Mycérinus. La plus grande et la plus célèbre, celle du roi Chéops, le Schoufou des légendes hiéroglyphiques, fut dépouillée tout à fait de son revêtement en 1395, sous le soultan Berqouq. Elle présente aujourd’hui une véritable pyramide à degrés, dont les énormes assises sont formées de pierres calcaires inégales, maçonnées avec un mortier composé de chaux, de terre et d’argile. La première assise est encastrée dans le rocher même, qui a été aplani et taillé régulièrement en forme de socle. La plate-forme qu’on voit maintenant au sommet a environ 10 mètres de côté, et s’accroît constamment par les dévastations de l’homme, bien plus que par l’effet du temps. Quoique les savants ne soient point d’accord sur la manière dont cette pyramide et celles qui l’avoisinent se terminaient au sommet, nous n’hésitons pas, d’après la pyramide de Daschour et les représentations figurées , à affirmer qu’elles étaient toutes couronnées par un pyramidion monolithe. On a publié des mesures fort différentes de cette pyramide. Pour obtenir la largeur exacte de la base, il a fallu la déblayer des amas de sable et de décombres qui avaient élevé autour d’elle le terrain de plusieurs mètres. La mesure prise alors, d’angle en angle, par le général Grobert, a donné 728 pieds ou 236“ 48 e de largeur à sa base. Pour avoir la hauteur perpendiculaire, il a eu recours au procédé le plus pénible, mais le plus simple et le plus infaillible il a mesuré la hauteur partielle de chaque assise ou de chacun des degrés par lesquels on peut arriver aujourd’hui au sommet ; il en a formé une table qui indique la différence de hauteur des 205 assises qui composent ce monument; assises dont la hauteur varie depuis un pied jusqu’à quatre, sans ordre établi dans l’emploi de ces différentes dimensions, que le hasard a contribué seul à entremêler. L’addition de toutes ces cotes partielles donne pour hauteur verticale, dans l’état où il se trouve actuellement, 447 pieds ou 145™ 20 e . Les mesures que nous donnons ci-après sont traduites des mesures anglaises publiées par les ingénieurs Andrews et Perring. L’ensemble des degrés, ou la hauteur verticale de la pyramide de Chéops, atteint aujourd’hui 137 m 30 c , et sa largeur à la base, 227 n, 37°. Lorsque la pyramide était intacte et revêtue de calcaire blanc compacte , dont on retrouve encore quelques pierres en place, sa base n’avait pas moins de 232 mètres, et sa hauteur verticale devait atteindre 146 mètres. Sur la face nord-est, à la hauteur de la quinzième assise, c’est-à-dire à 15 mètres environ au-dessus de la hase, on remarque une espèce de portail auquel on parvient par un monticule de sable et de débris. Au-dessous de ce portail, formé de grandes pierres posées en chevron pour servir de décharge à la masse supérieure, se trouve une ouverture carrée par laquelle on descend dans l’intérieur de la pyramide. Ce couloir de l m 82 c de large sur autant de hauteur, et long de 36 m , conduit, suivant une pente d’environ 26°, à un petit repos, où l’on rencontre deux blocs de granit qui fermaient ce conduit mystérieux. Les fouilleurs, arrêtés par cet obstacle, ont tourné autour des blocs, et forcé un passage dans le massif de la construction. Les parements du canal que nous venons de descendre, ainsi que ceux dont nous allons parler, sont formés par des pierres calcaires soigneusement appareillées. Au point où nous sommes parvenus , le couloir se bifurque dans la hauteur le premier continue à se diriger, suivant sa pente primitive, au centre du monument, vers une salle inachevée et taillée dans le roc; le second prend une direction ascendante, dont la pente, en sens contraire, est aussi roide que celle du premier il a les mêmes dimensions, sur une longueur d’environ 24 mètres. En descendant, on parvient à un palier d’environ trois mètres, oùse trouventdeux autres conduits un horizontal qui mène à la chambre dite de la Reine; un autre, beaucoup plus grand, faisant suite à celui qu’on vient de quitter; et un peu à droite, un conduit vertical, irrégulier, taillé comme un puits. Son ouverture, de forme ovale, a dans sa plus grande largeur un peu plus d’un mètre on y descend au moyen d’entailles pratiquées aux côtés opposés pour placer alternativement les pieds et les mains. On parvient ainsi, tantôt perpendiculairement, tantôt en suivant plusieurs coudes, à l’entrée de la chambre souterraine, dont les travaux ont été abandonnés, probablement pour construire une salle sépulcrale plus digne du monument, qui prenait avec les années des dimensions colossales. En revenant au palier, si l’on suit le couloir horizontal de .SS 1 " de longueur, on arrive à la première salle, dite de la Reine. Les murs sont en granit le plafond, en forme de toit à double pente, est bâti avec de grandes travées degranitqui se réunissent, s’arc-boutent au milieu de l’angle. Cette disposition, qui tient lieu de voûte, lui a été donnée pour mieux soutenir le massif. Du reste, cette chambre, qui a environ 6 m de longueur sur 5 m ,20 de large, n’est décorée d’aucun membre d’architecture, et l’on n’y remarque aucun vestige de sarcophage. Si cette pièce était destinée à contenir une autre momie que celle du roi, il y a eu probablement intervalle entre les deux décès , et des blocs de granit ont dû clore immédiatement toute communication. Revenons sur nos pas à l’entrée du couloir horizontal où commence le grand corridor par lequel on monte à la chambre principale, appelée salle du Roi. Le bas de ce passage, auquel on parvient en se hissant de quelques pieds, est divisé en trois parties deux forment banquettes le long des murs ; la troisième, celle du milieu, — PYRAMIDES DE GISEH, DE DASCHOUR, D’ABOUÇIR , ETC. — présente un couloir dont la largeur est de l'",047 sur 0 m ,758 de haut. La largeur de ces trois parties au-dessus des banquettes est de 2 m ,093, et la longueur totale de la galerie est de 58 m ,50. Ce couloir, de 20™ de hauteur, est formé de neuf assises qui suivent la pente, et dont les sept rangs supérieurs posés en encorbellement ont une légère saillie, de façon que l’espace diminue insensiblement, et se trouve réduit au sommet à la largeur des couloirs. Arrivé à la fin de cette majestueuse galerie tout en granit, on trouve un palier qui précède l’entrée d’un conduit horizontal, bas et étroit comme le premier couloir. Au delà s’élève une espèce de vestibule dont la hauteur est divisée par des rainures verticales, espèces de coulisses où devaient s’engager des dalles de granit, afin de masquer et de clore à jamais le passage de la chambre sépulcrale. *9 Cette salle, la principale du monument, est bâtie tout en granit elle a 10 m ,295 de long sur 5 m ,147 de large, et 6 m , 117 e de hauteur. Les murs sontjormés de six assises égales qui régnent tout autour, et le plafond est composé de neuf grandes pièces de granit qui portent sur les deux murs opposés dans le sens de la largeur. Tous ces blocs sont d’un appareil si soigné, qu’on distingue à peine les jointures. Yers l’extrémité occidentale de la chambre, à droite en entrant, se trouve un sarcophage de granit dénué de sculptures, espèce de cuve de 2"',273 de long sur près d’un mètre de large 0,974, dont le couvercle a été brisé et dispersé. On remarque dans cette pièce, sur les parois nord et sud, deux petits canaux ascendants qui onL été ménagés pour servir probablement de ventilateurs, et procurer un peu d’air aux ouvriers employés dans ces vastes constructions. Au-dessus de la salle royale, on a trouvé , en 1763 , une autre pièce très-basse qui servait seulement de décharge au plafond de la chambre sépulcrale ; et les récentes recherches des explorateurs anglais ont fait découvrir quatre autres pièces, superposées dans le même but, et dont la dernière est couverte par des blocs arc- boutés l’un contre l’autre en chevron, de manière à offrir plus de résistance à la masse qu’elle devait porter. Le peu d’élévation de ces pièces, l’état brut de la bâtisse, et la disposition du dernier plafond, témoignent qu’elles n’étaient destinées qu’à soulager les travées de la chambre royale, en ménageant au-dessus des vides propres à diminuer l’énorme pression de la masse supérieure. Les salles de la pyramide n’offrent aucune inscription, et celles qui devaient être gravées sur le revêtement ont disparu avec lui. Mais on a trouvé, sur les faces dégrossies des pierres employées aux cavités de décharge, des inscriptions tracées en rouge, et ayant servi de marque dans les carrières. On y voit à plusieurs reprises le cartouche du deuxième pharaon de la quatrième dynastie, Schoufou, le Chéops d’Hérodote, le Souphis 1 er d’Ératosthène et de Manéthon. Ces lignes grossières ne laissent aucun doute sur le personnage enseveli dans la grande pyramide 5121 ans avant Jésus-Christ, et, tout en confirmant la donnée historique, viennent aussi attester la vérité de l’immortelle découverte de Champollion le jeune. Les figures 5 et 6 donnent la coupe, et le plan à vol d’oiseau, d’une des petites pyramides à degrés situées au sud de la tombe de Mycérinus. Elles représentent la pyramide médiale, dont l’entrée, percée dans le roc, se trouve en dehors du monument, à 4 mètres au nord de la base, qui a 31 mètres de longueur. Un petit couloir incliné, taillé dans le roc, conduit à un vestibule d’où l’on pénètre par un couloir horizontal, fermé jadis à son extrémité par une porte-coulisse de granit, dans une petite chambre rectangulaire. Cette salle sépulcrale contenait un sarcophage scellé dans le pavé le couvercle en a été brisé avec violence, et les ossements dispersés. Les dimensions intérieures de ce petit sarcophage de granit, qui a l m ,77 sur 0,79, semblent indiquer qu’il a dû contenir la momie d’une reine ou d’une princesse. Cette pyramide est construite en quatre parties le premier degré a de hauteur 5 m ,26; le second, 5 m ,94 ; le troisième, même élévation ; et le quatrième, 4 m ,04. La hauteur primitive était d’environ 21 mètres. Près du village de Daschour, l’ancienne Acanlhus, on voit encore deux pyramides construites en briques crues, et deux autres bâties en pierres. Les figures 7 et 8 donnent la coupe et le plan de la pyramide méridionale. Ce monument, construit en pierre, est caractérisé par une différence d’inclinaison entre la partie inférieure et la partie supérieure, de façon que la base représente une pyramide tronquée, couronnée par un pyramidiou. Cette forme bâtarde est due probablement à la nécessité de compléter le tombeau plus rapidement qu’on ne l’avait d’abord projeté en effet, la partie supérieure est bien moins soignée que la base, et construite avec des matériaux de moindres dimensions. Le corps de la pyramide est bâti en pierre de la montagne même sur laquelle elle s’élève ; mais les blocs de revêtement, ceux des passages et de la chambre, viennent des carrières du Mokatlam, situées en face, sur l’autre rive. Les assises, de 60 à 120 centimètres de hauteur, qui forment le talus, au lieu d’être horizontales, sont inclinées au centre de l’édifice, pour obtenir probablement une plus grande solidité. La base de cette pyramide est de I87 ra ,50; la hauteur perpendiculaire de la pyramide tronquée, de 44 m ,78; celle de la partie supérieure, de 52 m ,39; enfin la hauteur totale primitive était d’environ 102™,35. — STYLE ÉGYPTIEN. — Cette pyramide a deux entre'es, l’une au nord, l’autre à l’ouest toutes deux conduisent à une chambre ménagée, la première au-dessous du niveau de la pyramide, la seconde au-dessus ; et chacune d’elles se trouve un peu en dehors de l’axe. La figure 7 donne la coupe de ce monument sur la ligne médiale de l’entrée septentrionale un conduit de l m ,65 de hauteur sur 47 m ,82 de longueur mène à un passage construit comme la galerie ascendante de la grande pyramide de Gizeh, et précède un appartement d’environ 6 m ,10 de large sur 24 m 40 de haut, dont la partie supérieure des murs se compose de quinze assises posées en encorbellement, de façon, à couvrir l’édifice comme une pyramide creuse. La figure \'de la planche annexée à cet article donne la coupe de la pyramide centrale d’Abouçir. Sa base actuelle, qui a 64 m ,88, devait avoir originairement 83 m ,45 sa hauteur perpendiculaire, aujourd’hui de 32™,50 , devait être autrefois d’environ 52 mètres. On voit que l’entrée a été forcée dans la partie supérieure, car le couloir incliné était encore rempli de blocs de granit lorsque les explorateurs anglais le firent déblayer. Une porte-coulisse fermait le passage horizontal, qui a 150 c. de haut sur autant de large, et environ 19™ de longueur. La largeur delà chambre est de 4 m ,30 ; sa longueur est difficile à déterminer, parce que tout l’intérieur est encombré des pierres du plafond, dont la plupart ont été brisées, et recouvrent probablement le sarcophage. Les pyramides d’Éthiopie ne sont pas exactement orientées comme les monuments du même genre qu’on admire en Égypte elles sont disséminées, sans ordre et sans symétrie, tant dans la nécropole de Djebel Barkal que dans celles de Nouri, Assour et Naga. Ces pyramides, élevées sur un soubassement formé d’une ou plusieurs assises, sont toujours précédées de petits temples dont les parois sont couvertes de sculptures. Près du sommet, on voit généralement une petite niche, espèce de fausse lucarne qui ne sert qu a l’ornementation, et quelquefois à désigner l’emplacement d’une chambre funéraire. Les arêtes des pyramides sont renforcées par une bordure qui court de la base au sommet ces bordures sont arrondies en tores, quand l’édifice était entièrement terminé. On ne remarque, dans aucune des pyramides ouvertes jusqu’à ce jour, tout ce mystérieux système de couloirs usité dans les monuments funéraires d’Égypte ceux d’Ethiopie ne contiennent que des cellules isolées, et une chambre sépulcrale à laquelle on descend par un escalier. Les fouilles n’ont pas fait découvrir de sarcophages ou de cercueils les cadavres y étaient déposés sur une simple civière couverte d’un drap blanc, tissu de coton ou de byssus. Les figures 10, 11, 12 et 13 de notre planche représentent, d’après une restauration de Cailliaud, la façade, l’élévation latérale, la coupe et le plan d’une des plus grandes pyramides d’Assour. Le groupe dont elle fait partie occupe le plateau d’une colline de grès de la nécropole de Méroé, qui comptait environ 80 pyramides distribuées irrégulièrement, mais dont les entrées sont tournées vers l’est. Cette pyramide, construite en grès, présente une façade ornée d’un petit temple composé d’un sanctuaire, précédé d’un naos ou portique, et d’une cour avec pylône. Les murs du portique, plus bas que ceux du sanctuaire, sont couronnés par des corniches, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Trois petites colonnes à chapiteau lotiforme s’élèvent sur ces murailles, et soutenaient jadis des emblèmes ou les soffites de ce portique, qui était probablement couvert dans toute sa longueur. Cette pyramide, une des plus belles de Méroé, peut donner une idée assez précise du plan que les anciens avaient adopté pour la construction de ces monuments funéraires. La plupart de ces sépultures ont été violées l’idée d’y trouver des trésors a été, dans le haut comme dans le bas Nil, la première cause de la ruine de tous ces monuments. Un Italien au service du pacha, le docteur Eerlini, obtint en 1834 la permission de faire des fouilles dans les pyramides de Méroé. Il trouva dans l’une des plus grandes, qu’il démolit presque entièrement, une riche collection d’objets en or, argent et pierres fines. Un beau vase en bronze avec deux tètes de Bacchus entourées de feuilles de vigne, un camée représentant une tête de Minerve, une sardonyx avec la truie, prouvent que ces monuments datent du dernier temps de l’époque grecque ou du commencement de l’ere romaine. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Greaves. Pyramidographia. London, 1646, in-fol. 2 ° Meister. De pyramidum fabricâ et fine. Gott., 1774. 3" Grobert. Description des pyramides de Ghizé, de la ville du Kaire et de ses environs. Paris, an IX 1801, 1 vol. in-4°, pl. 4° Belzoni. Narrative of the operations and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821, in-8», et atlas in-fol. 5° F. Caillaud. Voyage à Méroé, etc. Paris, 1826-27, 4 vol. in-8°, 2 vol. in-fol. de planches. 6° J. Ferlini. Relation historique des fouilles opérées dans la Kubie. 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Bau der Pyramiden, in-8°, 1845. ys jr-ff ;;1\ .v • ' '-^ yr •; >;' £ ,;fe L. 1 M8h , "1> Jliillliillil i !wW%é^?-j ! ^, f j! ! ; ï'; ; k'T 1 ]! iHî J Vî fî.^î mmm _ * J Où Métro a f c ^vf jr-, 5 C , ^ *> £2? / ; \ - o ^5 / f , 1 , A J ’.- i • ’ es iai aine. »* -tua Puttr Funérau-ejfrp™ ^ ç y ;ss* û t x. 1^1 i z e ^ Ménndol del Bury sculp d après Howard Vysc *nbr A, ailhab Pirâmides de Gîzën. /Kg iptoj .jum ” P * & Q P tSfÏB»S TOMBEAUX HYPOGÉENS A THÈBES ET A BÉNI-HASSEN. Le 'village arabe de Béni-Hassen-el-Gadim est bâti sur les ruines d’uue ancienne ville égyptienne qui n’a conservé que sa nécropole. On voit, sur un petit plateau de la montagne qui le domine, une trentaine d’hypogées, tous percés sur une même ligne dans la couche de calcaire numismal qui présentait le plus d’homogénéité. Des avenues inclinées suivant la déclivité de la montagne, et bordées de grosses pierres, conduisaient à ces tombeaux , qui étaient précédés d’un portique taillé dans le roc, et de constructions en pierres qui n’ont laissé que des traces informes , mais qu’il serait facile de restituer d’après des monuments analogues. Quelques-uns de ces hypogées sont couverts de peintures variées, aussi intéressantes sous le rapport de l’histoire naturelle du pays, des mœurs et usages, des arts et métiers des Égyptiens, que sous le rapport du style, des proportions et du coloris des figures. L’architecture simple et sévère de ces hypogées partage aussi l’admiration de tous les visiteurs, et va nous fournir de précieuses données sur l’histoire de l’art. Les deux premières excavations, celles du nord, sont les plus intéressantes sous tous les points de vue. La plus septentrionale renfermait la momie d’un haut fonctionnaire nommé Aménemhé, qui vivait sous le pharaon Sésortasen 1", environ vingt-huit à trente siècles avant notre ère. Le plan est parfaitement symétrique. La porte d’entrée est précédée d’un portique de deux colonnes octogonales surmontées d’un tailloir, et élevées sur des bases très-larges. La fig. 9 de la planche jointe à cette notice donne la vue perspective de cette entrée; les fig. 10, 11, 12 et 13, les plan, coupes et détails. Au-dessus de l’architrave on voit une frise fort détériorée, mais dont la partie inférieure présente encore une suite de denticules arrondies par le bas. Le plafond, taillé en berceau surbaissé, repose d’un côté sur l’architrave du portique, et de l’autre sur le mur de fond. La salle, qui a plus de 12 mètres de large, et dont le sol est un peu plus élevé que le portique *, est soutenue par quatre colonnes à cannelures creuses, dont la forme élégante semble avoir donné aux Grecs l’idée de leur ordre dorique. Ces colonnes, posées ou plutôt taillées sur de larges bases, ont cinq diamètres de hauteur, et le fût diminue d’environ 1/10 jusque sous l’abaque qui le couronne, et saillit un peu sur lui. Ce fût porte quinze cannelures; la largeur de la seizième, celle parallèle à l’axe du monument, est occupée par une surface plane, destinée sans doute à recevoir une inscription hiéroglyühique qui n’a jamais été gravée. Ces colonnes étaient peintes d’une couleur rougeâtre, de façon à imiter le granit, et à leur donner peut- être l’apparence d’une plus grande solidité que le calcaire numismal de la montagne. Elles soutiennent deux architraves qui divisent le tombeau en une nef et deux ailes latérales ; les trois plafonds sont taillés en berceaux surbaissés, et peints de carreaux componés. Le plan de ce tombeau se termine par un petit sanctuaire où s’élève la statue colossale du défunt, assis entre deux femmes. Le second hypogée creusé pour un administrateur des terres orientales de l’Heptanomide, appelé Aoubôtp, ressemble à celui que nous venons de décrire, excepté que la niche ne contient point de statues, et qu’il est précédé d’un portique à colonnes entièrement cannelées, sans base, comme à Pestum et dans tous les beaux temples grecs. Les colonnes intérieures ont été détruites. Les peintures qui décorent ce tombeau sont d’un fini précieux ; les animaux surtout y sont traités avec un soin et un fini remarquables. On est étonné de trouver dans ces petits monuments, les plus anciens de l’Égypte, des colonnes presque semblables à celles des plus vieux temples grecs d’Athènes, de Pestum , de Coré et d’Agrigente. A l’exception de quelques minimes détails, les Grecs n’ont rien ajouté à cet ordre égyptien, qui remonte à près de 3,000 ans avant notre ère. On pourrait retrouver sur d’autres monuments l’origine des triglyphes dont ils l’ont décoré ; 1 échine des colonnes doriques correspond à la partie inférieure du chapiteau de lotus voy. fig. 15 ; les listeaux ou annuli , au nombre de trois ou cinq, placés au-dessous de l’échine, se retrouvent aussi sur des colonnes de Béni-Hassen. Ces analogies, frappantes dans les détails les plus caractéristiques des ordres égyptien et grec, paraissent indiquer une origine commune ; aussi tous les voyageurs se sont accordés à voir dans les colonnes de Sésortasen le type du dorique, emprunté par les Grecs à l’architecture de la vallée du IN il. Convaincu par ces preuves archiauthentiques , notre célèbre hiérogrammate, Champollion , s’est décidé à nommer protodoriques les vieilles colonnes de Béni-Hassen. La haute antiquité, l’invention égyptienne de ce type primitif, est un fait capital, incontestable et précieux * Quelques erreurs de détail se sont glissées dans cette planche, où le graveur a omis 1° de surhausser d’une marche le sol du portique sur la cour, et celui de la salle sur le portique; 2° de dessiner les bases des colonnes; 3° d’arrondir les denticules du portique; 4° enfin d’indiquer le méplat qui occupe la place de la seizième cannelure. Ces erreurs existent dans la planche du grand ouvrage d’Égypte, qui a servi de modèle. — STYLE ÉGYPTIEN. — pour l’histoire de l’art ; mais la question de savoir si l’architecture grecque naquit et se développa sous l'influence égyptienne, ou si elle dut ses premiers essais à ses seules inspirations, me semble fort difficile à résoudre, quand nous ne connaissons pas l’époque et la nature des premières relations de ces deux peuples. Pour trancher la question avec quelque certitude, il faudrait des documents historiques qui nous manquent, et qui ne se produiront peut-être jamais. L’apparente identité des ordres égyptien et grec ne prouve autre chose qu’une idée commune, qu’un rapport fortuit, et tel qu’il s’en présente partout où il y a des constructions formées d’un toit ou d’une terrasse élevée sur des supports. C’est précisément dans l’enfance de l’art, quand les peuples jettent leurs premières conceptions, qu’ils se rencontrent le plus souvent, parce qu’ils suivent l’analogie des idées que la nature leur suggère. Le caractère des constructions primitives, du premier type, c’est-à-dire de l’architecture en bois, est tellement marqué dans le dorique, qu’on ne saurait le regarder comme le résultat d’un emprunt, mais bien plutôt comme l’imitation des premiers essais de l’art de bâtir. La colonne grecque se lie trop bien avec-l’architrave, la frise et la corniche, les triglyphes et les mutules, pour ne pas voir que tout est sorti d’un seul jet de la tête d’un artiste de génie; c’est la copie d’un assemblage de parties liées les unes aux autres, et parfaitement logiques. Il faut donc regarder le dorique, quelque analogie qu’il présente avec l’ordre égyptien, comme le principe même de l’art grec, et le type le plus original qu’il ait produit. Au reste, si l’on persiste à croire que la forme des colonnes de Béni-Hassen a été importée en Grèce, à une époque reculée, par des colonies égyptiennes, l’art grec s’est développé de façon à prouver qu’il pouvait se passer de cette assistance étrangère. Les hypogées de Béni-Hassen présentent encore d’autres documents fort remarquables pour l’histoire de l’art sous les pharaons. On voit dans plusieurs tombeaux situés au sud de ceux que nous venons de décrire, et qui datent évidemment du même siècle, le prototype de l’ordre égyptien qui a été le plus en usage à toutes les époques. Ces colonnes consistent en quatre tiges de lotus, dont les boutons forment un chapiteau naturel, séparé du fût par des viroles ou plutôt des liens qui, après avoir fait plusieurs tours, laissent pendre entre les tiges leurs deux extrémités. Voy. fig. 14 et 15. Ces colonnes, qui ont une diminution très-sensible, reposent sur des bases extrêmement larges et peu élevées. Le plafond est taillé en forme de toit plat, ou, s’il se peut dire, en fronton creusé ; particularité qu’on remarque dans divers hypogées du voisinage. Cet ordre de colonnes annonce un certain progrès sur les piliers et les colonnes cannelées; et cependant, quoique leur forme soit des plus heureuses, elles sont trop grêles pour l’énorme poids qu elles doivent porter. Les proportions varient un peu dans les autres hypogées, où ce beau type de l’art égyptien sous les rois de la douzième dynastie, déploie déjà tout ce qu’il a de naturel, de simplicité et d’élégance. Comme presque tous les hypogées, ceux de cette localité contiennent des puits dans lesquels les momies étaient déposées la situation de ces caveaux funéraires est presque toujours indiquée par une tablette hiéroglyphique placée sur la muraille la plus voisine. Ils sont tous ornés d’inscriptions et de tableaux peints sur stuc. Le détail de ces peintures n’entre point dans le plan de ce livre, et nous regrettons que les bornes de cet article ne nous permettent pas de nous étendre sur la nature des ornements, qui présentent une variété de méandres, de fleurons disposés en carreaux, de rosaces diverses componées en damier, d’enroulements et d'entrelacs peints de couleurs variées ils rappellent les ornements de fantaisie nommés grecs ou bien étrusques, et dont l’invention paraît encore appartenir aux artistes égyptiens. Plusieurs hypogées de Psinaula et de Thèbes contiennent aussi de curieux documents sur l’histoire de l’art, et notamment sur l’invention de la voûte ; mais nous devons nous borner ici à l’étude des tombeaux hypogéens qui forment l’objet de cette notice. Il nous reste donc à parler des syringes de Thèbes, particulièrement destinées à l’inhumation des rois, des reines, ou des fonctionnaires qui ont gouverné le pays. Les anciens pharaons des dynasties thébaines avaient choisi pour lieu de sépulture une vallée située à l’ouest de leur capitale et de la nécropole qui la domine. Cette vallée étroite, aride, encaissée de montagnes et de hauts rochers coupés à pic, se ramifie en diverses directions, et présente partout l’aspect le plus triste, le plus sauvage et le plus désolé. Au pied ou sur les pentes de ces montagnes, auxquelles l’art n’a rien enlevé de leur rugosité primitive, on aperçoit des ouvertures carrées, percées dans tous les sens, et encombrées pour la plupart de roches et de détritus amoncelés par le temps. Ces simples ouvertures servent de façade et d’entrée aux hypogées des rois. Voy. fig. 8 ; elle représente l’entrée du tombeau de Bamsès VI, que Champollion habita pendant son séjour dans la vallée de Bibân-el-Molouk. C’est une scène magique, que cette subite transition d’une solitude âpre, d’un désert affreux, à ces longues suites de brillantes et fraîches peintures, à tout le luxe de ces longues et incompréhensibles galeries. On est — TOMBEAUX HYPOGÉENS A THÈBES ET A BÉNI-HASSEN. — étonné de la simplicité et du peu de développement de ces entrées, comparées à la magnificence intérieure de ces hypogées ; et cet étonnement ne cesse qu’en se rappelant que ces portes étaient bouchées par de grosses pierres, pour les confondre avec la rusticité empreinte par la nature sur les flancs de la montagne. Les entrées même des galeries étaient aussi soigneusement masquées que les conduits des pyramides; et l’on sait, par les découvertes de Belzoni, de quels mystères les Égyptiens enveloppaient cette demeure des morts *. Ces entrées sont percées dans toutes les directions, mais toujours de manière à ce que l’axe longitudinal de l’hypogée aboutisse au point culminant de la montagne, qui s’élevait ainsi en cône au-dessus du tombeau. La pensée qui avait présidé à la construction des pyramides se retrouvait là tout entière, et plusieurs montagnes qui s’élèvent comme de gigantesques tumulus semblent avoir donné l’idée des constructions pyramidales. Lorsque Strabon voyageait en Égypte, on comptait une quarantaine de ces tombes royales ; Diodore, je crois, n’en compte que dix sept, qui subsistaient encore sous Ptolémée-Lagus ; aujourd’hui, malgré des découvertes récentes, on n'en connaît que vingt-cinq, les unes achevées, les autres ébauchées ou entièrement nues ces dernières, ouvertes depuis des siècles, paraissent avoir été revêtues de stuc, qui est tombé sous l’édacité du temps. Les hypogées de Bibân-el-Molouk, où les pharaons ont déployé une magnificence vraiment royale, en faisant concourir les trois grands arts à l’embellissement de leur dernière demeure, sont creusés à des niveaux différents et sans aucune symétrie relative, mais sur un plan à peu près uniforme. Une porte assez étroite sert d’entrée à une longue galerie ou couloir qui se dirige vers le centre de la montagne, suivant un angle plus ou moins incliné à l’horizon comme dans le tombeau de Bamsès-Meiamoun, fig. 1 **; celui de Bamsès V, ig. 5; Ramsès VI, fig. 6; et celui de Ménephtah-Siphtah, fig. 7, ou par de longs paliers séparés par des escaliers comme dans le tombeau d’Amounôph-Memnon, fig. 2 ; et celui de Ménçphtab I er , fig. 3 et 4. Ces couloirs sont divisés tantôt par des chambranles , tantôt par de petites pièces carrées ou rectangulaires, ou enfin par des escaliers et de nouveaux passages qui précèdent une grande salle oblongue, à plafond cintré, soutenue par des piliers élevés sur un stylobate qui règne dans tout le pourtour. C’est dans cette vaste pièce, nommée dans les inscriptions la salle dorée , et ordinairement creusée à la plus grande profondeur, que reposait dans un énorme sarcophage de granit la momie royale, ceinte d’une triple enveloppe de bandelettes, de cartonnage et de bois. Les momies trouvées dans les deux petits réduits, derrière la grande salle du tombeau de Bamsès VI, prouvent que ces hypogées renfermaient souvent les cercueils de plusieurs individus, et que la majesté royale daignait partager sa splendide sépulture avec des serviteurs ou des familiers, qui se disputaient sans doute ce dernier honneur. Le tombeau de Ramsès-Meiamoun se distingue de tous les autres par son entrée, ornée de deux pilastres à tète de vache, symbole d’Hathor, déesse rectrice de l’Amenti ou enfer égyptien. Il est aussi remarquable par dix petites salles percées latéralement dans le corridor d’entrée. Chacune d’elles conserve encore de fraîches peintures représentant des meubles, des armes, et des scènes de la vie privée des Égyptiens. Dans la première on a peint l’intérieur d’une cuisine, et tous les apprêts du repas d’un pharaon. Dans la salle opposée sont représentées diverses barques richement ornées. Une autre pièce offre l’image des armes offensives et défensives des Égyptiens. Le mobilier royal occupe toute une salle. Dans la suivante on voit des scènes de jardinage et d’agriculture ; plus loin sont deux chapelles consacrées aux principales divinités, et une troisième en particulier au dieu Nil et aux douze mois de l’année égyptienne, personnifiés par douze divinités portant les productions des diverses saisons. Enfin la dernière salle, réservée au ménestrel du roi, contient la représentation des deux célèbres harpistes reproduits dans tous les ouvrages sur l’Égypte. Quelques-uns de ces tombeaux sont d’une étendue immense, et leur longueur varie depuis 16 jusqu’à 120 mètres. Les rois les faisaient creuser de leur vivant, et en poursuivaient les travaux jusqu’au moment fatal où la mort les forçait à venir habiter cette funèbre demeure, dont ils prenaient possession dans l’état * D’après cela, que penser du texte de Strabon, qui rapporte que jadis des obélisques couverts d’inscriptions étaient placés près de ces tombeaux ? On n’en trouve pas la moindre trace , pas le moindre débris ; et l’on ne saurait allier cette ostentation avec la simplicité des façades de ces hypogées, et le soin que les Égyptiens mettaient à en dérober l’emplacement aux vivants, dès que le culte de famille avait cessé. ** Champollion a retrouvé sur un papyrus du Musée de Turin un plan de ce tombeau. Chaque couloir, chaque chambre porte une inscription hiératique, suivie de chiffres qui indiquent les dimensions de l’hypogée royal. La grande salle présente le dessin, à vol d’oiseau, du sarcophage peint en granit rose. — Voy. Lepsius, Auswahl der IVichtigsten Urkunden des Ægyp- tischen Alterthums. 1 vol. in-fol. ; Leipzig, 1842, pl. XXII. — STYLE ÉGYPTIEN. — où elle se trouvait après les soixante-dix jours consacrés à l’embaumement. Aussi, c’est aux plus longs règnes qu’appartiennent les tombes les plus complètes, comme celles de Ménephtah I er fig. 3 et 4, de Ramsès- Meiamoun fig. 1, et de Ménephtah-Siphtah, souverain en sous-ordre qui semble avoir régné au nom de sa femme, la reine Taosiri fig. 7. Ces hypogées sont creusés dans une pierre calcaire d’une pâte fine et blanche, qui se travaille et se polit facilement. Cette pierre est parsemée çà et là de silex et de coquilles fossiles, que les sculpteurs ont enlevés, et remplacés par des morceaux de calcaire adroitement encastrés sur les parements du mur. Il paraît qu’on n’avait égard qu’à la capacité du rocher, à son homogénéité, pour creuser un tombeau, puisque leurs axes respectifs ne conservent aucun parallélisme, et paraissent tous se diriger de l’endroit choisi au point culminant de la montagne. Ces syringes étaient toujours percés en ligne droite ; et l’irrégularité qu’on remarque dans quelques tombeaux, tels que ceux d’Amounôph-Memnon fig. 2, de Ménephtah I er fig. 3, et de Ramsès-Meiamoun fig. 1, est due au voisinage d’autres sépultures qui ont forcé de faire un coude pour les éviter. On voit dans la fig. 1 que l’hypogée de Meiamoun, arrivé au tiers de sa longueur, pénétra dans un tombeau voisin, et que cette rencontre inattendue obligea l’architecte à rejeter son excavation sur la droite, afin de trouver un espace libre pour continuer l’hypogée au gré du pharaon auquel il était destiné. C’est à une cause semblable qu’il faut attribuer la double déviation du tombeau d’Amounôph III. L’architecture des hypogées royaux est extrêmement simple point de moulures, de corniches, ni d’architraves; des murailles sans profil, des pilastres carrés et des plafonds plats ou taillés en berceau, voilà tout. La statuaire en était aussi bannie. En revanche, la sculpture en bas-relief et la peinture ont étalé tout leur savoir et toutes leurs ressources *. Dans ceux qui sont coloriés seulement, la peinture repose sur un frêle enduit de plâtre qui, n’étant point exposé aux vicissitudes des saisons et à la lumière solaire, a conservé toute la fraîcheur de la palette du peintre. La richesse des décorations va croissant jusqu’à la salle dorée, où reposait la momie royale. Tous les sarcophages ont été violés. Les barbares qui ont pillé ces tombeaux en ont brisé, dispersé les cadavres que la piété et l’orgueil prétendaient y faire reposer en paix pendant trois mille ans. Ces sarcophages, ordinairement en granit, sont travaillés avec un art et une patience admirables. Dans le tombeau de Ménephtah I er , découvert en 1817 par Belzoni, le sarcophage était en albâtre oriental, couvert de fines sculptures; quoique aussi colossal que les autres, les parois en sont si minces, qu’elles deviennent transparentes quand on place une lumière à l’intérieur. Le sarcophage de basalte vert qui orne le Musée du Louvre est un des plus beaux que l’on connaisse ; et si les officiers du Luxor n’avaient point vendu à l'Angleterre le superbe sarcophage de la reine Onkhnas, nous aurions les deux plus précieux monolithes de ce genre. C’est dans ces tombeaux que le génie mystérieux des Égyptiens se montre dans toute sa plénitude ; c'est là que sont le plus fortement empreintes les traces des croyances sous le joug desquelles ce peuple étonnant a vécu. Lorsque, à la faible lueur d’une torche, on parcourt ces longues enfilades de pièces toutes couvertes de bas-reliefs et de peintures symboliques; lorsqu’on examine ces salles magnifiques et spacieuses exécutées avec tant de difficultés, de fatigue et de patience, on ne peut se défendre d’un étonnement religieux, d’une sorte de stupéfaction, en songeant que tout ce faste ruineux était condamné à d’éternelles ténèbres ; ces immenses légendes, à n’ètre jamais lues. Tout cela serait incompréhensible, si le système religièux et psychologique des Égyptiens nous était entièrement inconnu. C’est bien le même génie qui a ordonné les pyramides et fait creuser ces vastes syringes ; c’est le même système dans les galeries et les corridors, la même distribution irrégulière ascendante ou descendante, enfin le même mystère empreint partout. Dans les hypogées de Bibàn-el-Molouk, il n’y a pas une seule paroi sans ornements, sans peintures ou légendes, quand le pharaon a eu le loisir de terminer son tombeau. Dans les pyramides, les couloirs étaient nus ; et toute la décoration paraît avoir été sur le revêtement, qui a disparu. L’un était un livre fermé, que l’avide curiosité des modernes est venue exposer au jour ; l’autre, un livre toujours ouvert, dont le temps ou la barbarie a détruit les symboles et les caractères. * L’on peut juger à Paris de la beauté et du fini précieux de ces sculptures peintes, par un bas-relief exposé dans les nouvelles salles du Musée égyptien du Louvre. Ce superbe spécimen a été enlevé par Champollion sur un des pilastres du tombeau de Séti ou Ménephtah 1", chef de la dix-neuvième dynastie. .a»,- 111 » as;?;» * » ' ''Vs* - -SVÆÏStÇ la '' -3 siiiLii/;!^iiiiiiiSii^;; . sTT^-S i>'*ÎSP- Die Ruinen von Tschil-Minar Abh. der Berliner Akad.; 1812-13. 13“ Mûrier J., Second journey through Persia, etc. ; London, 1814, in-4“. 14° Maurice Th., Observations on the ruins of Babylon and Perse- polis; London, 1816-1818,2 vol. in-4“. 15“ Rich. Narrative of a journey to the site of Babylone in 1811; with Narrative of a the journey to Persepolis. London, 1839, 1 vol. in-8°, pl. 16° Hoeck, Veteris Mediæ et Persiæ Monumenta; Gœttingue, 1817, in-4“. 17“ Ouseley Williams, Travels in varions countries of the East, more particularly Persia; London, 1819-21-23, 3 vol. in-4“. 18“ Ker-Porter Robert, Travels in Georgia, Persia, Armenia, An- cient Babylonia, etc. ; London, 1821-22, 2 vol. in-4°, pl. 19“ Heeren, Ideen über die Politik der Allen Wet; Gœttingue, 1820-24, in-8°. U en existe une traduction française en 7 v, in-8°. 20” Alexander J. E.,. Travels from India to England, compte- hending a visit to the Burman empire and a journey through Persia, Asia Minor, etc.; London, 1827, in-4“. 21" Herder, Persepolis, eine Muthmassung; Stuttgart, 1827, in-24. — Persepolilanische briefe- 22° Buckingham J. S., Travels in Assyria, Media and Persia, with researches in Ispahan and Persepolis; London, 1830, 2 vol. in-8". 23" Petit-Radel. Recherches sur les monuments cyclopéens, etc. Paris, 1841, in-8", pl. 24° Texier Ch., Description de l’Arménie, la Perse et la Mésopotamie; Paris, 1842, in-fol., pl. En coursde publication. 25" De Bode, Travels in Lauristan and Arabistan ; London, 1846. 26" Coste et Flandin, Voyage en Perse Architecture, Sculpture, Inscriptions, Vues pittoresques, etc.; Paris, in-fol., pl. En cours de publication. 27“ Vaux. Nineveh and Persepolis an historical Sketch of Assyria and Persia, with an Account of the recent researches in those countries. London, 1850, in-12. ? ib* r, t ï ,- MW** i ÿÉt u ïteia iVï. f'*\ ’’ ,,-?v •’ ! ,vt a-.'a-isiv if % É'î . Wi ! CUi. l-j~. T -~r i r 4 M-, p"ï$ P, wp îpr S1*u. s Lii-i .ull . zi—a &*&*& ’wm ÊmmÊ. IÜH iIKIf seUw» / Sfilîl ls-ïnïCjVi teÿ ff. - ir l •/”{ " 5i_n__f kh rw . *> y^w’V. iagB *S5Sg il >TOni- ^-^rnnin”- T 05 idÉS^ir mis TOMBEAU A NAKSCH1-ROUSTAM. A quatre milles de Tschilminar, et à douze lieues environ de Schiraz, est un rocher de marbre blanchâtre, taillé à pic, et qui s’élève à une hauteur de près de 900 pieds *. C’est sur la face de ce rocher que se trouvent les sculptures et les excavations appelées aujourd’hui Takhti-Roustam, ou le Trône de Roustam, Kabrestani Guiauran, ou le Cimetière des Guèbres, et plus communément Nakschi-Rouslam, oui Image de Roustam; les habitants du pays ont adopté ce dernier nom, parce qu’ils croient reconnaître dans les sculptures du rocher la représentation des combats singuliers et des hauts faits d'armes de Roustam, le plus grand héros des temps fabuleux de la Perse. Les monuments de Nakschi-Roustam appartiennent à deux époques bien distinctes ; les uns sont antérieurs à l’expédition d’Alexandre, les autres ne datent que du temps des rois Sassanides. Les premiers se composent de quatre tombeaux taillés dans le roc, à une hauteur d’environ GO pieds. Us sont tous ornés, à l’extérieur, de sculptures en relief, exécutées dans le rocher môme. Un de ces tombeaux, dont la façade est couverte de caractères cunéiformes, a, suivant une conjecture de Ker Porter, servi de sépulture à Darius, fils d’Hystaspe**. Nous savons, il est vrai, par les Persiques de Ctésias, que le tombeau de Darius était creusé dans le roc et qu’on ne pouvait y arriver qu’en se faisant hisser avec des cordes *** ; mais ce trait de ressemblance ne suffit, pas pour constater l’identité du monument, et le voyageur anglais a négligé de transcrire les inscriptions, qui auraient donné le mot de cette énigme intéressante ; car on connaît parfaitement aujourd’hui la valeur des caractères cunéiformes qui composent les noms des principaux monarques perses ****. Mais pourquoi ces tombeaux étaient-ils creusés dans le roc et placés à une si grande hauteur? Pourquoi étaient-ils nécessairement destinés à des rois? Il faut, pour répondre à ces questions, entrer dans quelques détails sur les usages des sectateurs de Zoroastre touchant les morts. Autrefois les Mages faisaient dévorer les cadavres par des bêtes féroces. Aujourd'hui les Guèbres, descendants des Mages, ont conservé cette coutume, avec de légères modifications. En Perse, et surtout dans l’Inde où ils habitent les villes de Bombay, Surate, Nauçari et plusieurs autres encore, ils portent les corps à un édifice toujours situé loin des habitations et qu’ils appellent Dakhmeh. Le dakhmeh est une espèce de tour ronde dont la grandeur varie suivant le nombre de cadavres qu’on doit y exposer. Ceux qu’Anquetil vit à Surate avaient 15 toises de diamètre. Sur la plate-forme ou terrasse qui se trouve vers le sommet de l’édifice sont disposées des cases de différentes grandeurs pour les hommes, les femmes et les enfants. Le sol de cette terrasse est en pente, et au milieu on pratique un trou, assez semblable à un puits, et qui sert à l’écoulement des eaux. C’est sur la terrasse que les Guèbres exposent leurs morts à peine couverts d’un morceau de vieux linge qui est à l’instant mis en pièces par les corbeaux, les vautours et autres oiseaux de proie qui se tiennent toujours en grand nombre aux environs des dakhmehs. Rientôt les chairs sont entièrement dévorées, et il ne reste plus que des ossements qu’on jette dans le puits à deux époques différentes de l’année, lorsqu’on nettoie la terrasse du dakhmeh. Les rois de Perse, à l’époque où ils professaient le maglsme, faisaient exception à la règle commune; leurs corps n’étaient point livrés aux bêtes féroces ni aux oiseaux carnassiers ; mais il n’était permis ni de les enterrer, ni de les brûler, de peur de souiller la Terre ou le Feu que Zoroastre recommande de conserver purs. Telles sont sans doute les raisons pour lesquelles les tombeaux des anciens rois étaient toujours taillés dans le roc ou * Par pied, nous entendons toujours le pied anglais qui fait onze pouces quatre lignes et demie du pied de roi. ** Ce prince monta sur le trône l’an 522 avant Jésus-Christ. *** Voici ce qu’on lit dans l’extrait de Ctésias qui nous a été conservé par Photius Darius se fit faire un tombeau sur le “ mont à deux cimes. Lorsqu’on l’eut achevé, il lui prit envie de le voir, mais il en fut dissuadé par les Chaldéens ainsi que par son père et sa mère. Quant à ceux-ci, ils voulurent contenter leur curiosité; il leur en coûta la vie. Les prêtres qui les guindaient “ au haut de la montagne ayant aperçu des serpents, furent si effrayés qu’ils lâchèrent les cordes. Le prince et la princesse se " tuèrent en tombant. Ce malheur causa beaucoup de chagrin à Darius. Il fit couper la tête aux quarante personnes chargées de " guinder au haut de la montagne son père et sa mère. » Voyez Larcher, Histoire d’Hérodote, traduite du grec, tome VI, pages 225 et 226. **** Les découvertes successives de plusieurs savants nous ont procuré un alphabet cunéiforme de trente-trois groupes qui expriment vingt-neuf valeurs. Douze de ces valeurs appartiennent à M. Grotefend ; trois à M. Saint-Martin ; deux très-importantes à M. Rask; douze à M. Eugène Burnouf. Pendant que M. Burnouf publiait à Paris, en 1836, son Mémoire sur deux inscriptions cunéiformes trouvées près d’Hamadan, M. Lassen imprimait à Bonn un ouvrage dans lequel il consignait des résultats qui, à ce qu’on nous assure, diffèrent peu de ceux qu a obtenus le savant français. N’ayant pas sous les yeux le livre de M. Lassen, il nous est impossible d’indiquer plus exactement les découvertes de cet habile professeur. — STYLE MÉDO-PERSE. — hàtis de pierre comme la tour carrée à dix étages, dans laquelle fut déposé le corps de Cyrus à Pasargade. Si l’entrée de ces tombeaux, toujours fort étroite et très-solidement fermée, était à une grande hauteur au-dessus du sol, c’était pour mettre les corps à l’abri des profanations ; mais la cupidité a surmonté tous les obstacles, et déjà du temps d’Alexandre, le mausolée de Cyrus avait été ouvert et pillé. Les quatre tombeaux ne diffèrent en rien l’un de l’autre, du moins à l’extérieur. Celui qui fut visité par Ker Porter forme sur le rocher une retraite d’environ 14 pieds. Cette retraite, plus large au milieu, présente l’aspect d’une croix grecque. La hauteur totale du monument est d’environ 100 pieds, et forme trois étages. Le premier, entièrement lisse, était destiné, sans aucun doute, à recevoir une inscription. Le second, où se trouve l’entrée du tombeau, est orné de quatre colonnes voyez façade et plan fig. 1, distantes d’environ 7 pieds l’une de l'autre. Ces colonnes ont à leur base des plinthes qui avancent de 1 pied 6 pouces au delà du niveau de l’entrée du tombeau. Les fûts sont couronnés par des chapiteaux représentant deux tètes de taureau, armées chacune d’une corne. L’espace qui se trouve entre ces deux tètes de taureau est rempli par un autre chapiteau composé de trois pierres carrées, placées l’une sur l’autre, la plus petite portant immédiatement sur le dos des taureaux. Ce chapiteau soutient une architrave qui n’a aucun ornement, excepté une rangée de modillons sur le bord supérieur. L’entrée du tombeau est placée entre les deux colonnes du centre. Au-dessous d’une architrave recourbée en avant et ornée de petites cannelures, est un portail simulé, parfaitement en rapport, pour les proportions, avec le reste du monument, et partagé en quatre compartiments, dont le dernier se trouve dans un état de dégradation dû , suivant toute apparence, à des moyens violents que l’on employa pour violer les tombeaux ; car la véritable entrée se trouve placée tout au bas de ce portail simulé, et forme un carré de 4 pieds 6 pouces de haut. La largeur de ce second étage est de 53 pieds. L’étage supérieur, qui se trouve au-dessus du tombeau, renferme toutes les sculptures du monument. On y voit d’abord deux rangées de quatorze figures, assez semblables à des cariatides, et placées l’une au-dessus de l’autre. Ces figures ont les mains élevées au-dessus de la tête et soutiennent deux belles corniches à frise; elles portent toutes le môme vêtement, qui est une courte tunique, assujettie par un ceinturon, d’où pend, chez quelques-unes, un poignard qui porte sur la cuisse droite. Tous ces personnages ont la tête nue, et leur chevelure épaisse ressemble assez à une perruque. Aux deux côtés du monument est un pilastre d’une forme très- extraordinaire. La base ressemble à une urne, au-dessus de laquelle se trouve une jambe et une patte de lion armée de griffes énormes ; la troisième partie du pilastre est en forme de colonne avec des cannelures horizontales jusqu’au milieu de sa hauteur. Enfin, la quatrième partie représente une tète de taureau portant une corne au milieu du front et sans aucun ornement. Le dos de ces taureaux tient à la partie la plus élevée de la corniche. Plus haut que ces sculptures on voit un personnage sur un piédestal quia trois degrés. Ce personnage est enveloppé d’une robe large qui retombe jusque sur ses pieds; de sa main gauche il tient un arc d’une grosseur extraordinaire et difficile à bander, symbole de la force et du courage; son bras droit est à moitié étendu, et la main droite se trouve entièrement ouverte. 11 porte des bracelets ; sa tête est nue ; ses cheveux épais sont arrangés avec soin et sa barbe retombe sur sa poitrine c’est l’image du roi mort. Devant cette figure s'élève un autre piédestal, qui a également trois degrés, et sur lequel on remarque un autel où brûle le feu sacré. Au-dessus, et à la droite du même autel, se trouve un globe, que l’on prend généralement pour l’emblème du soleil. Entre l’autel et le personnage que nous avons décrit, mais sur un plan plus élevé, est une figure qui flotte dans l’air. Cette figure porte une robe semblable à celle du premier personnage. Ses cheveux et sa barbe sont arrangés de la même manière , mais sa tète est couverte d’une couronne ronde et cannelée. Au heu d’un arc, elle tient à la main gauche un anneau grand et massif; sa main droite est élevée et ouverte. Autour de son corps est une guirlande qui porte sur des espèces d’ailes, d’où paraissent sortir deux bouts de cordon pendants. Cette figure représente ce que le Zendavesta appelle un férouher. Suivant la religion de Zoroastre, tous les êtres raisonnables, hommes ou génies, produits par Ormouzd, premier principe secondaire du bien, sont intimement liés pendant leur vie à une substance immatérielle désignée sous le nom de férouher, et dont les animaux sont privés. Le férouher est distingué de l’intelligence et des autres facultés de l’àme. Anquetil le regardait comme le principe des sensations. Les férouhers existaient longtemps avant la création des hommes. Ils s’unissent au corps au moment de la naissance et ne le quittent qu’a la mort. Ils combattent les mauvais génies, créatures d’Alirimane, principe du mal. Après la mort, chacun des principes matériels du corps de l’homme va se réunir à l’élément dont il est sorti ; l’air se réunit à l’air, la terre à la terre, l’eau à l’eau et le feu au feu mais fàme, l’intelligence et le jugement se réunissent alors au férouher et ne forment avec lui qu’un seul et même tout, qui est puni ou récompensé suivant les actions qu il a faites pendant qu’il était uni au corps. — TOMBEAU A NAKSCHI-ROUSTAM. — On ne saurait révoquer en doute que la figure dont il s’agit est un férouher ; mais représente-1-elle le férouher du roi ou celui d’Ormouzd lui-même? c’est ce que Heeren n’a pas osé décider. La grande ressemblance qui existe entre les deux figures le fait pencher pour la première opinion ; mais la tiare et l’anneau, symboles de la souveraineté, ne pouvant plus appartenir au férouher du roi mort, ce savant pense que le férouher représenté pourrait bien ètré celui d’Ormouzd. Les deux bouts de cordon qui pendent représentent le costi, ceinture que portent tous les sectateurs de Zoroastre *. Le monument que nous venons de décrire est placé dans un renfoncement taillé dans le roc. Les quatre surfaces extérieures, celles des côtés et celles qui se trouvent sur le front du monument, sont ornées chacune de trois figures placées l’une au-dessus de l’autre; celles de ces figures qui se voient à la gauche de l’autel et du spectateur, et qui ont le visage tourné vers le dos du personnage placé sur le piédestal, sont armées de lances, vêtues de robes semblables à celle de ce même personnage, et portent sur leur chevelure des bonnets qui ont la forme de la couronne qu’on remarque sur la tète du férouher, excepté toutefois qu’ils n’ont pas de cannelures. A droite de l’autel et du spectateur se trouvent des figures vêtues comme collés que nous venons de décrire ; ces personnages sont tournés du côté de l’autel et paraissent être des pleureurs ; ils tiennent la main gauche élevée à la hauteur du visage, et relèvent le pan de leur robe comme pour essuyer leurs larmes. Trois autres figures sont placées sur le côté, mais une seule des trois se trouve dans une attitude qui indique un pleureur. Iver Porter, s’étant fait hisser avec une corde, pénétra dans l’intérieur du tombeau. Il vit une pièce voûtée et entièrement noircie par la fumée des lampes ou du feu; cette pièce était obscure et privée d’air. A son extrémité se trouvaient trois ouvertures ou niches en forme de voûte **, lesquelles occupaient toute la longueur de la pièce. Chacune de ces ouvertures était fermée par une pierre qui avait été brisée à l’angle. Ker Porter approcha une lumière de l’endroit où ces couvercles avaient été brisés, et il acquit la certitude que les excavations , destinées à recevoir des corps, étaient entièrement vides. La profondeur de la cavité qui forme toute la tombe a 3 4 pieds de largeur ; sa hauteur est de 9. Chaque ouverture, disposée pour recevoir un corps, a aussi 9 pieds depuis le sommet de l’arc jusqu’au niveau du sol. La dimension de la niche est de 8 pieds 3 pouces de profondeur, sur 5 pieds de large et 4 pieds 4 pouces de hauteur. Le reste des 9 pieds est compris dans la bande qui porte les arcs. L’espace libre de cette pièce, depuis les ouvertures jusqu’à la porte, est d’environ 5 pieds. L’entrée du tombeau était fermée autrefois par un ou plusieurs blocs de marbre ; on voit encore les trous où étaient placés les pivots destinés à les soutenir. Nous allons donner maintenant une description sommaire des monuments de l’époque des Sassanides, afin que le lecteur puisse se former une idée exacte de l'ensemble des excavations et des sculptures de Nakschi- Roustam. Les monuments de l’époque des Sassanides se composent uniquement de bas-reliefs et sont placés à une hauteur beaucoup moins considérable que les tombeaux; quelques-uns même se trouvent à moitié cachés par la terre et le sable amoncelés avec le temps au pied du roener. Ces monuments forment six énormes tableaux en relief et taillés dans le roc. Le premier représente deux personnages dont l’un offre à l’autre un anneau auquel sont attachées des bandelettes, et que les savants s’accordent à reconnaître pour le diadème royal, emblème du pouvoir souverain. Ker Porter voit dans cette scène Bahramgour *** admettant la reine, sa femme, à partager avec lui l’autorité souveraine ; cette explication paraît fort juste, et, quoi qu’en ait dit Hocck, il est certain que l’un des deux personnages est une femme ; le dessin de Ker Porter ne laisse aucun doute à cet égard. Le second et le quatrième bas-reliefs représentent deux guerriers à cheval et combattant avec la lance ; Ker Porter reconnaît encore dans ces deux tableaux Bahramgour luttant contre un roi du Turquestan, sur lequel il parvient à remporter la victoire. Aucune raison plausible ne vient à l’appui de cette conjecture qui est au moins fort douteuse. Le troisième bas-relief nous montre un roi perse à cheval tenant la main gauche sur la garde de son épée, tandis qu’il saisit de la droite les deux mains jointes d’un personnage à pied qui se tient debout devant lui; un autre personnage fléchit le genou devant le roi. M. Morier a reconnu dans ce tableau une représentation du triomphe de Sapor sur l’empereur Yalérien **** ; l’explication du spirituel auteur de Iladdji-Jlaba est * Les Guèbres portent le costi par-dessus leur chemise et ne le quittent ni jour ni nuit. Cette ceinture, faite pour 1 ordinaire de laine ou de poil de chameau, est composée de soixante et douze fils et doit faire deux fois au moins le tour du corps. A quinze ans, les jeunes gens sont tenus de prendre le costi; le jour où ils le ceignent pour la première fois est célébré par de grands festins. ** Voyez sur la planche, fig. 2 . *** Bahramgour succéda à son pere Yezdeguerd, surnommé Alathim , c’est-à-dire, le Méchant, l’an 421 de Jésus-Christ. G*** L’an 200 de Jésus-Christ. — STYLE MÉDO-PERSE. — mise aujourd’hui hors de doute. Le cinquième bas-relief se compose de deux personnages principaux, dont l’un offre à l’autre l’anneau orné de bandelettes, dont nous ayons parlé plus haut ; cette scène représente peut-être Ardeschir , fils de Babec *, enlevant la couronne à Ardavan, dernier roi des Parthes. Le sixième et dernier tableau, placé au nord-ouest de ceux que nous venons de décrire, montre un roi placé dans une espèce de chaire ou de tribune, et prononçant un discours. Différents personnages sont groupés autour du roi. * Ardeschir est aussi appelé Artaxare et Artaxerxès. Il succéda aux rois parthes l’an 226 de Jésus-Christ. BIBLIOGRAPHIE. 1° Voyages de Pietro délia Valle dans la Turquie, l’Égypte, la Palestine,» 1 a Perse, les Indes orientales et autres lieux traduction de l’italien en français, par Carneaux; Rouen, Machuell, 1745, 8 vol. in-12. 2 " Voyages du chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient ; nouvelle édition avec notes de Langlès. Paris, 1811, 10 vol. in-8° avec atlas in-folio. Lapremière édition, contenant le voyage de Paris àlspahan, a paru à Londres en 1686. 3° Amænilalum exoticarum politico-physico-medicarum fasciculi V, quibus continentur variæ relationes, observationes et descriptiones rerum Persicarum et ulterioris Asiæ, multa attentione in pere- grinis nationibus per universum Orientem collecte ab auctore En- gelberto Kœmpfero. Lemgoviæ, Meyerus, 1712, in-4°, fig. 4° Voyage au Levant, c’est-à-dire, dans les principaux endroits de l’Asie Mineure, dans les lies de Chio, Rhodes et Chypre, etc., et dans l’Égypte, la Syrie et te Terre Sainte, par Corneille le Rruyn. Paris, Bauche, 1725,5 vol. in-4°, fig. 5° Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, par Niebuhr; trad. de l’allemand. Amsterdam, Baalde, 1776, 2 vol. in-4°, fig. 6° Mémoires sur diverses antiquités de la Perse et sur les médailles des rois de la dynastie des Sassanides, par A. J. Silvestre de Sacy. Paris, 1793, in-4°,fig. 7° Ajourney through Persia, Armenia and Asia Minor io Constantinople, in the years 1808 and 1809, by James Sforier; London, Longman, 1812, in-4°, fig. et cartes. 8° Voyage en Perse, en Arménie, en Asie Mineure et à Constantinople, fait en 1808 et 1809, par Jacques Morier; traduit de l’anglais par E*** Eyriès. Paris, Nepveu, 1813, 3 vol. in-8°, fig. 9° Hoeck veteris Mediæ et Persiæ monumenta; Gottingæ, 1818, in-4“, fig- 10“ Travelsin varionscountriesof theEast ; moreparticularly Persia, by Sir William Ouseley; London, 1819, 1821, 1823, 3 vol. in-4°, fig. et cartes. 11° Alexander James Edw.. Travels from India to England; com- prehending a visit to the Burman empire, and a journey through Persia, Asia Minor, European Turkey, etc., in the years 1825 and 1826. London, Parbury, 1827, in-4“, fig. etcart. 12° Travels in Georgia, Persia, Armenia, ancient Babylonia, etc., during the years 1817, 1818, 1819 and 1820, by sir Robert Kir Porter. London, 1821 et 1822, 2 vol. in-4°, fig. et cartes. mrnm ; S ai .iiiiSi!' sii-j Bill ’l W' 1 '* JtKaipy' v iiüiiiffeé fpWfWW^^^M ta mu kfft 1 ! i i i i-n - i >!..i ,$!. 'fl» ;J mmmm .illt-' ,li , .'. l %. .imiliiWiiiî Vi' irmi ü i [ s’ [ .^ 7 ,. • '»•**{ • •'*? '%rj*£&\ 1 s Và s 1 TEMPLE DE NEPTUNE, A PÆSTUM, La ville de Pæstum ou Pœstus, située au fond du golfe de Lucanie, aujourd’hui de Salerne, était grecque d’origine selon Strabon * et Scylax **, et se nommait d’abord Posidonia, dénomination tirée du nom grec de Neptune Iloi85jv. Velléius Paterculus *** la nomme Neptunia Colonia, parce que les Romains y envoyèrent une colonie. Virgile, dans les Géorgiques ****, célèbre son territoire autrefois fécond en belles roses; elles y croissaient deux fois dans l’année. Pæstum reprit son nom de Posidonie dans les premiers siècles chrétiens, lorsqu’elle devint épiscopale. Au moyen âge, cette ville s’éteignit peu à peu, probablement à cause de l’importance que prit la ville de Salerne. Aujourd’hui c’est un lieu désert au milieu duquel s’élèvent trois grands édifices grecs, assez bien conservés, les traces d’un amphithéâtre, des restes de l’enceinte fortifiée et d’autres constructions antiques peu étendues. Les ruines de la ville de Pæstum restèrent longtemps dans un oubli presque complet; c’est seulement au milieu du siècle dernier qu’on commença càles visiter et à les dessiner; ce fut le célèbre architecte J. G. Soufflot, membre de l’Académie royale d’architecture de Paris, qui en fit les premiers dessins complets et mesurés ; ils forment les planches de l’ouvrage de De la Gardette sur la ville de Pæstum. La beauté des proportions de ces monuments a fait penser qu’ils devaient remonter à l’époque de l’histoire de la Grande Grèce, qui offrit aux riches colonies arrivées d’Orient pour peupler ses rivages, le plus grand calme politique, repos nécessaire à la culture des arts, et qui dura pendant près de deux siècles. Cette période, que l’on considère comme l age d’or de l’Italie méridionale, se rapporte à l’époque des rois de Rome et des premiers temps de la république. Cette ère de prospérité avait été précédée de la venue de Pythagore, dont les doctrines, formant d’innombrables disciples, avaient contribué au bonheur de ces peuples. Le temple qui est reproduit sur les planches qui accompagnent cette notice est celui qu’on pense avoir été dédié à Neptune, dieu tutélaire de la cité, à laquelle on avait donné son nom aussi est-il le plus important des trois édifices que le temps et les hommes ont épargnés. Le plan du temple, tracé sur la planche de détails, fig. l r % a, comme la plupart de ceux des Grecs, la forme d’un parallélogramme allongé ; six colonnes s’élèvent sur les petits côtés du plan où sont les façades antérieure et postérieure de l’édifice, ce qui le classe au nombre des hexastyles de Vitruve; il est, de plus, amphiprostyle, parce que les deux façades sont égales *****. Les faces latérales présentent chacune quatorze colonnes de front, en comptant celles des angles ; il en résulte qu’autour du monument les quatre galeries se composent ensemble de trente-six colonnes. Ces galeries ne sont pas d’égale largeur ; celle qui est située derrière les colonnes de la façade principale a 5 m 50 ; du côté opposé vers le poslicum , on ne trouve que 4™ 80 de largeur ; sur l’étendue des murs latéraux de la cella, trois mètres seulement forment cette dimension des galeries. L’étendue générale de l’édifice est de 60™ 70, sur 25 m 60, compris l’emmarchement, ce qui fait une superficie de 1553™ 90. Le temple proprement dit, ou cella, est divisé en trois parties distinctes le pronaos, vestibule dirigé vers la façade principale du monument et séparé de la galerie publique par deux colonnes; le naos ou vaisseau central, formant le sanctuaire de la divinité ; enfin, le poslicum, vestibule postérieur, orné comme le pronaos de deux colonnes placées vers la galerie publique. Le pronaos est limité latéralement par le prolongement des murs du naos, aux extrémités desquels des pilastres ou antes se retournent vers les deux colonnes qui forment la séparation avec la galerie antérieure du temple. Au fond, une large porte conduit au naos; deux petits escaliers, établis entre deux murs peu épais, étaient destinés, sans doute, à monter aux galeries supérieures de la nef, laquelle, ainsi qu’on peut le voir par le plan et par les coupes, était divisée, au rez-de-chaussée et au premier étage, par deux lignes de colonnes, formant autour de la statue de la divinité, placée dans l’axe du monument, une circulation haute et basse qui permettait de la voir de près sous tous les aspects. Le posticum, disposé absolument comme le pronaos, offre seulement cette différence qu’il a moins de profondeur ; son sol s’élève de même sur les galeries publiques de la hauteur d’une marche; celui du naos est beaucoup plus haut. Voir les coupes. La façade du temple de Neptune présente six colonnes de front, puisque l’édifice est hexastyle ; un soubasse- * Strabon, p. 251. — ** Voyage de Scylax autour du monde. —*** Velléius Paterculus, liv. I, c. 14. — **** Virg., Géorg., 1. IV. — ***** vitruve, 1. III, c. 1 . — STYLE GREC. ment les supporte; il se compose de trois marches superposées, dont l’ensemble offre une élévation de 1” 54 qui, divisée en trois, donne 0™ 51, 3, pour chaque marche, proportion beaucoup trop forte pour monter facilement, mais que les Grecs adoptaient habituellement soit pour ne pas faire porter leurs édifices sur des pierres trop minces, et par cette raison trop fragiles, soit encore, et plus probablement, pour mettre plus d’harmonie dans l’ensemble de l’architecture. Ces fortes marches étaient divisées en deux parties sur l’axe du monument pour en faciliter l’accès. Les colonnes reposent sur la marche supérieure ; elles sont sans bases et d’un ordre dorique grec, dont les proportions vigoureuses, particulières aux monuments de Posidonia, sont si peu ordinaires, qu’on lui a donné le nom d 'ordre Pæstum. Le diamètre inférieur des colonnes est de 2 m 7 la hauteur totale a 8 m 70 ; le fût offre une diminution considérable, et se termine par de larges chapiteaux, dont l’abaque, ou tailloir uni et carré, repose sur une forte moulure en forme de coupe, séparée du fût cannelé de la colonne par trois annelets et une échine arrondie voir les profils et la planche de détails, fig. 2 et 9. Les entre-colonnements principaux ont 2 m 61; ceux qui occupent les quatre angles du temple sont plus étroits de 0 m 31, différence qui tient à la disposition des triglyphes placés dans les angles de la frise, et qui, par cette raison, changent la division des axes de colonnes. Cette particularité se retrouve dans tous les monuments grecs de l’ordre dorique, et devait contribuer à donner plus de stabilité en rapprochant le point d’appui situé à l’angle, puis en diminuant les architraves qu’il soutient. Au-dessus de ces colonnes vigoureuses s’étend un entablement en harmonie parfaite avec elles ; il a 3™ 60 de hauteur, ce qui équivaut à trois fois et demi le rayon inférieur de la colonne, proportion tout à fait inusitée dans l’architecture. Cet entablement se compose de l’architrave, contenant dans sa hauteur l’appui et les gouttes des triglyphes ; les points verticaux sont distants de 4 m 50 l’un de l’autre ; les morceaux d’angles ont 5 m de longueur. La frise est divisée par des triglyphes ; les métopes n’offrent point de sculpture peut-être des ornements peints faisaient-ils le complément de la décoration. Un énorme larmier, surmonté d’un listel, forme à lui seul la corniche ; son plafond, taillé en pente, contient des mutules au-dessus des triglyphes et des métopes. Le fronton qui domine cet édifice est de proportions peu élevées, comme les faisaient habituellement les Grecs ; il est composé de grandes assises horizontales, n’offrant aucune trace de sculpture; les moulures qui l’encadrent sont les mêmes que celles qui forment la corniche de la façade, toutefois le larmier est moins fort ; il est probable qu’une grande cimaise en terre cuite coloriée, analogue à celle qui a été trouvée au temple de Méta- ponte, formait le couronnement de ce fronton, retenait les eaux pluviales du grand comble dans la direction quelles devaient suivre pour arriver aux gouttières en tètes de lion situées sur les chéneaux. Voir la façade géomêtrale. Après avoir franchi la façade, on arrive sous la galerie publique, dans sa partie la plus large ; puis on monte au pronaos par une marche sur laquelle reposent deux colonnes placées entre les antes formées par les extrémités des murs latéraux de lacella. Les colonnes sont semblables à celles de la façade, et les proportions sont à peu près les mêmes * ; les antes ou pilastres qui y correspondent sont carrées, non diminuées par le haut ; des chapiteaux fort simples, dessinés à la fig. 3 de la planche de détails, auprès du chapiteau de la colonne et à leur hauteur relative, les surmontent ; c’est sur ces supports, de nature différente, que repose le couronnement extérieur du pronaos, et il s’étend sur toute la longueur des murs de la cella et sur le posticum ; son profil et son élévation, gravés à la fig. 2 et à la fig. 3, font voir que ses proportions sont basses, que l’architrave domine de beaucoup la frise , que les triglyphes sont très-rapprochés les uns des autres, ce qui donne aux métopes une forme allongée. Un large cavet, accompagné d’un filet simple d’abord, puis doublé au-dessus, couronne l’entablement. Lorsqu’on a pénétré dans le pronaos, dont les murs latéraux sont presque entièrement détruits, on avance jusqu a la porte d’entrée de la nef principale du temple voir la coupe longitudinale, planche de détails, fig. 2, et la vue perspective là, une surélévation considérable du sol doit faire admettre qu’un escalier stable ou postiche était établi pour faciliter l’entrée ; il n’en existe plus rien, et ce n’est pas sans effort qu’on arrive au sol du naos. On se trouve alors dans une espèce de prothyron ou avant-nef, décoré originairement de quatre pilastres, dont un est encore debout le profil de son chapiteau est à la fig. 5 ; deux petites portes s’ouvraient entre ces pilastres et conduisaient aux escaliers destinés à desservir l’étage supérieur. On pénètre enfin dans le temple, divisé en trois nefs parallèles, par deux rangées de sept colonnes chacune ; la nef centrale a 4™ 20 de largeur; les bas côtés en ont deux; le diamètre inférieur de l’ordre du bas est de l m 80; la * Voyez planche de détails, fig. 2. — TEMPLE DE NEPTUNE A PÆSTUM. — colonne diminue dans le même rapport que celle des portiques ; les proportions sont à peu près les mêmes, mais les dimensions beaucoup moindres. Le chapiteau, dont le dessin géométral est tracé à la fig. 4, planche de détails n° 2, est moins évasé que les précédents ; il présente à sa hase des annelets au nombre de trois, et dont le profil est à la fig. 10. Une seule ligne d’architrave couronne cet ordre; on la voit dessinée à la même fig. 4. C'est sur cette assise que repose le second ordre dorique, ainsi que le premier, mais de beaucoup plus petit et plus court dans ses proportions voir les deux coupes et la vue perspective . Les chapiteaux de cet ordre présentent absolument le même caractère que ceux qui sont placés au-dessous ; ils n’offrent de différence que dans les annelets, qui ne sont ici qu’au nombre de deux, comme on peut le voir à la fig. G et au profil, fig. 11. A la partie inférieure du second ordre régnaient des planchers qui permettaient de circuler dans les deux galeries du premier étage, soit pour assister à certaines cérémonies intérieures, soit pour tout autre .usage. Ces planchers paraissent avoir été construits avec de longues dalles de pierre, portant d’une part dans le mur de la cella et de l’autre sur l’architrave de l’ordre inférieur voir les figures 7 et 8 de la seconde planche de détails. Ces planchers étaient-ils en pierre dans toute leur étendue ; formaient-ils seulement avec cette matière une liaison solide vis-à-vis des colonnes du second ordre, pour porter dans les intervalles des panneaux en bois? C’est ce qu’il est assez difficile de déterminer. Quoi qu’il en soit, les escaliers placés en avant de ces galeries expliquent positivement qu’elles étaient accessibles et disposées de manière à rendre quelques services. Une balustrade d’appui devait être établie entre les colonnes, pour éviter les chutes dans la nef principale ; on ne remarque pas de trous de scellement dans les fûts des colonnes, ce qui doit faire admettre que les barres d’appui régnaient sans interruption derrière, à l’intérieur des galeries, ainsi que les barreaux ou croisillons qui les reliaient au plancher pour former une balustrade de sûreté. Ces détails intéressants de l’intérieur du temple ont été perdus, parce qu’ils devaient présenter de la fragilité et que des siècles d’abandon, la destruction de la couverture, et sans doute l’exploitation du monument, comme offrant des pierres tdates taillées aux habitants du voisinage, causèrent promptement leur ruine et n’en laissèrent aucun souvenir. Une architrave, couronnée, comme celle du bas, de quelques moulures, surmonte le second ordre et devait porter le plafond, car sa partie supérieure est précisément au niveau d’un nombre considérable de trous de solives qu’on remarque dans toute l’étendue du temple, sur les parties intérieures des corniches du grand ordre extérieur; toutefois les auteurs qui ont écrit sur ce monument, et particulièrement Delagardette, le considèrent comme ayant été hypœthre, sous le ciel, c’est-à-dire découvert dans sa partie centrale. Comme rien ne le démontre, nous avons peine à admettre cette hypothèse, quoique Yitruve, à la fin du chapitre 1 er du livre III 8 , dise que ces temples ont cela de particulier, qu’à l’intérieur on y établit deux ordres de colonnes superposées, formant un péristyle. Ce n’est pas au bord de la mer et dans une contrée où une saison de pluies abondantes est bien réglée par la nature, que les Grecs, si sages pour tout ce qui tenait à la construction de leurs édifices, auraient, à notre avis, laissé la partie la plus importante d’un grand temple exposée aux intempéries du ciel. On ne peut pas se refuser à croire que les anciens avaient des monuments dont le sommet était ouvert, puisque les auteurs en parlent, et que le Panthéon de Rome en est lui-même lapreuve, bien que Yitruve dise qu’il n’y en avait pas à Rome ; mais ces ouvertures ne pouvaient être que restreintes, et de plus, des dispositions étaient prises sur le sol de ces monuments pour faire écouler les eaux pluviales qui auraient pu, en séjournant, causer de grands désordres dans la construction ; le pavé du Panthéon offrait originairement ces dispositions indispensables, qui furent supprimées plus tard; les temples grecs, et en général ceux que d’autres peuples ont construits dans la forme de celui qui nous occupe ici, n'ayant pas offert encore sur leur pavé les traces de moyens d’écoulement des eaux, nous admettons qu’ils étaient fort rares et dédiés seulement à certaines divinités. Vitruve, liv. I, chap. 2, dit qu’on ne fera point de toits aux temples de Jupiter foudroyant, ni à ceux du Ciel, du Soleil ou de la Lune, parce que ces divinités se font connaître en plein jour et par toute 1 étendue de l’univers. Pour celui-ci, comme pour beaucoup d’autres, on doit penser qu’une couverture en charpente venait appuyer ses solives de comble sur les murs de la cella, puis sur les architraves du petit ordre intérieur, pour y former un plafond qui s’étendait aussi sur la nef principale ; que ces solives formaient toutes, ou en très-grand nombre, les entraits des fermes, système qui fut généralement adopté au moyen âge et peut-être par tradition. Les combles établis suivant ce système offraient une solidité beaucoup plus grande que les nôtres ; ils étaient parfaitement admissibles dans l’antiquité, puisque le bois était fort commun et qu’on n épargnait rien dans la construction des temples ; enfin, leur solidité extrême permettait de couvrir les édifices avec des tuiles épaisses, comme l’étaient celles des Grecs, ou même au besoin avec des dalles de pierre ou de marbre, comme quelques fragments, trouvés en diverses localités, l’ont démontré. Les édifices chrétiens qui, depuis un grand nombre — STYLE GREC. — de siècles, sont couverts de lourdes feuilles de plomb, démontrent qu’on peut confier toute espèce de matière pesante aux combles, dont les fermes sont aussi multipliées que les solives ou les chevrons. Du reste, la régularité parfaite qui règne dans les trous pratiqués à l’intérieur du temple de Neptune , au sommet des faces latérales, ne permet pas d’admettre que des entraits plus forts nécessairement que d’autres, s’ils avaient été distribués à de grandes distances, comme nous le faisons aujourd’hui, aient été appuyés sur les murs extérieurs; en outre, les pentes des frontons et des corniches du grand ordre voir la coupe transversale, fig. 3, planche de détails coïncident trop parfaitement, et les trous de solives sont trop peu profonds pour admettre que tout autre système de couverture que celui que nous proposons ait jamais été appliqué ici ; cette multiplicité de solives n’excluait pas de la nef une riche décoration de plafond ; au contraire, on sait que les Grecs enrichissaient une partie de leurs édifices par un grand nombre de caissons de petites dimensions et ornés de peintures. Assez d’exemples existent encore dans le marbre ou la pierre, pour admettre ce système de décoration dans les plafonds en bois. La statue du dieu devait être placée dans la nef principale, au fond ou peut-être au milieu, comme on en a quelques exemples; il ne reste rien du piédestal qui la portait, encore moins de la figure; celle que la façade fait voir ici est donc entièrement supposée. Derrière cette représentation de ladivinité, était Yopislhodôme, partie postérieure du temple qu’on nommait aussi posticum, vestibule moins important que le pronaos, mais disposé absolument de même. Dans la plupart des temples, l’opisthodôme était le lieu où l’on renfermait les vases sacrés et "Ustensiles des sacrifices, c’était le trésor à Athènes, on gardait dans celui du Parthénon les deniers de la République; sa position au sommet de YAcropolis ou citadelle, défendue de tous côtés par des rochers escarpés et des murailles, en faisait un lieu sûr, protégé encore par la présence de Minerve. Depuis le milieu du siècle dernier, époque à laquelle les monuments de Pæstum furent dessinés et connus, leur caractère particulier a fait émettre des opinions diverses à leur égard ; quelques auteurs ont cru y voir des monuments élevés par les Étrusques, qui, selon Vitruve, donnaient à leur architecture des formes pesantes, Barycœ, Barycephalai ; nous ne pensons pas qu’on puisse les attribuer à d’autres qu’à des Grecs. Lorsque ces derniers envoyèrent leurs colonies en Italie, la population, devenue trop considérable, motivait ces émigrations, et déjà leurs arts étaient parvenus à un certain degré de perfection ; déjà ils avaient fait usage de l’architecture dorique, et l’art des Étrusques n’était qu’un dérivé de celui des Grecs, sauf les changements survenus après la séparation des deux peuples. Pour qui a vu les monuments de la Grèce et de la Sicile, il ne peut y avoir un moment de doute à l’égard de l’origine tout hellénique des monuments de Pæstum ; tous ces monuments présentent trop d’analogie dans leur ensemble comme dans leurs moindres détails, pour ne pas appartenir à un même peuple. Il est possible cependant que cette ville, qui de toutes celles de la Grande Grèce où l’on retrouve des monuments, était la plus septentrionale et conséquemment la plus voisine des Étrusques, et qui, par son port sur la mer Tyrrhénienne, devait avoir de fréquente^ relations avec ce peuple navigateur se soit laissé entraîner à une certaine influence étrangère lorsqu’elle fit construire ses temples — BIBLIOGRAPHIE. — 1 ° Paoli. Pœst., quod Posidoniam etiam dixere, rudera, etc.; Roma, 1784, in-f° pl. 2° ne la Gardette. Les ruines de Pæstum, etc.; Paris, 1793, in-f° pl. 3° D’Agincourt. Histoire de l’art. Paris, 6 vol. in-f° pl. 4° Canina. Architettura Antica Partie Romaine ; 3 vol in-f“ pl. '**•' X -'>*****. ÿ^ 1 O ï-l -iiS» ^îr^ygF** * * ’ y r» J '•V &*'&! w S; -m&p - üâCÊâsrsr i P g 5 g a, $ & £ ^ aj j mitfT -y ÏKË E7S ;- , i i^ilWnll .H i •-»!* - Em Éfw Bai* L\iîv. Msw à^SESife ï5?s^^r »s>- ïr^^vï^; à Ÿsfis&a dédiées sans doute ©soïç 2uvvcaoi'/ S,j // /./ Sici heu Anàenj et Moder. ÎEIPLBOF Jî Tl J IPI TE Fi OlYMPUS AT S E IL, TL H U S Sicily. Tomplo de Jupiter Oh’mpieo on Selinonto. faci/ht/ ici 11 a. Par Jules Ja/llteiJ’durl. mm TEMPLE DE SÉGESTE Non loin du mont Barbara, où sont les misérables restes de l'antique cité de Ségeste, sur un mamelon isolé qui se rattache à cette montagne, entourée presque de tous côtés de ravins profonds comme des abîmes, s’élève le péristyle d’un temple dorique , surmonté de son entablement et de ses deux frontons. Ce monument, si imposant par lui-même, s’agrandit -.•noore, aux yeux du voyageur qui s’en approche, de cette situation élevée qu’il domine et de cet immense désert qui l’environne. On ne rencontre, en y arrivant, aucune trace d’habitation humaine, à plusieurs milles à la ronde. La colline où il pose ne se couvre d’aucune végétation, si l’on excepte quelques faibles arbrisseaux qui croissent sur le sol même du temple. Cette ruine auguste se montre donc dans toute sa majesté, sans aucun voile qui la cache, sans aucun objet qui la dépare, avec une montagne pour piédestal et avec le ciel pour cadre ; et rien ne trouble ici l’artiste ou l’antiquaire qui viennent étudier, dans un des beaux monuments de l’antiquité grecque, les grands principes de l’art ou les grands souvenirs de l’histoire. Tout homme qui s’est rendu aux ruines de Ségeste, sait quelle fut la destinée de cette ville célèbre. Son origine se perdait dans l’ombre sacrée des traditions mythologiques, qui lui donnaient pour fondateur Énée, ou l’un des chefs troyens émigrés à sa suite. Sa puissance , qui s’accrut insensiblement au milieu des peuplades indigènes par le seul ascendant de la civilisation grecque, la rendit bientôt rivale de Sélinonte, qui était sa voisine et qui devint son ennemie. De cette lutte entre deux républiques qui 11 e pouvaient s’étendre qu’aux dépens l’une de l’autre, sans que l’une d’elles voulût rien céder à l’autre, naquirent les malheurs de la Sicile entière. Après une bataille perdue contre Sélinonte, qui les laissait exposés à tous les ressentiments du vainqueur, les Ségestains appelèrent à leur secours les Athéniens, avides de prendre part aux discordes de la Sicile, pour s’en approprier les dépouilles. On sait quelle fut l’issue de cette expédition imprudente ; Athènes y perdit, avec sa flotte et son armée, sa réputation et sa puissance. Mais ce coup ne fut pas moins terrible pour Ségeste, qui voyait le nombre de ses ennemis accru et leur haine redoublée , sans qu’il lui restât plus aucun allié. Dans cette situation désespérée, les Ségestains eurent recours, pour sauver leur existence, à l’un de ces moyens qui perdent toujours ceux qui les emploient, et qu’aucun danger ne justifie, parce qu’ils sont eux-mêmes un extrême danger ils appelèrent les Carthaginois en Sicile, comme ils y avaient déjà appelé les Athéniens. Mais, cette fois, ce n’étaient plus des Grecs, adversaires toujours généreux, même quand ils étaient ennemis déclarés ; c’étaient des barbares qui, toujours vaincus sur le sol de la Sicile, avaient à venger d’un seul coup de nombreuses défaites, et qui se montrèrent impitoyables. Le premier résultat de cette intervention funeste de la barbarie africaine dans les luttes intestines de la Sicile, fut la ruine de Sélinonte. Ségeste, qui avait provoqué ce grand désastre, en fut à son tour la victime. Traitée d’abord par les Carthaginois en ville conquise, et privée de sa liberté ; puis, à chaque effort qu’elle osa tenter pour s’affranchir d’un joug odieux, ressaisie par les barbares ou repoussée par les Grecs, Ségeste ne fit que déchoir de plus en plus, jusqu’à l’époque où la faveur des Romains , qu’elle s’était conciliée par la fable de son origine troyenne , lui procura une existence parée de quelque ombre de liberté et de quelque souvenir de gloire, au sein de laquelle elle s’éteignit obscurément, sans que nous sachions comment elle a fini, de même que nous ignorons de quelle manière elle avait commencé. Le seul témoignage imposant de l’existence de Ségeste, c’est donc cet unique temple qui en reste monument problématique, comme cette ville elle-même ; car il s’élève debout de toute sa hauteur, sur l’emplacement d’une cité qui a disparu tout entière ; on se demande en le voyant si bien conservé, comment il a pu échapper aux ravages de tant de guerres, aux désastres de tant de siècles ; et ce qui étonne plus que de le trouver presque intact, c’est de découvrir qu’il n’avait point été achevé. Examinons donc avec quelque détail un monument si intéressant à tant de titres. G est un temple hexastyle périptère *, c’est-à-dire, avec six colonnes de front, et un péristyle de colonnes dans tout son pourtour, de cette forme qui fut essentiellement propre au génie de l’architecture grecque; car c est celle que l’on retrouve dans le plus grand nombre de ses édifices, sans que, dans un plan qui paraît si simple et qui se répète si souvent, toujours avec les mêmes éléments, on ne retrouve en même temps des particularités toujours différentes et un effet toujours nouveau. Un parallélogramme long de 237,3 palmes , et large e 102,8, forme le plan de ce temple, dont les deux petits côtés, suivant un usage qui tenait à des intentions religieuses, regardent l’orient et l’occident ; d’où il suit que le temple, dirigé comme il 1 était, montrait sa façade à ceux qui venaient de la ville. * Vovez la figure 1 de notre planche de détails. — STYLE GREC. - L’édifice pose sur une base élevée ou stylobate, divisé en quatre gradins, dont l’inférieur est d’une hauteur moindre, et dont le supérieur, resté incomplet de trois côtés, forme, sous chaque colonne qui s’y appuie, une espèce de dé qui, dans l’état actuel, offre l’apparence d’un piédestal. Trente-six colonnes, disposées de manière que six s’élèvent à chaque façade, et quatorze, y compris celles des angles, sur chacune des deux ailes, composent le péristyle. Le diamètre des colonnes est de palmes, 7, 3, 9; leur hauteur, y compris le chapiteau, répond à un peu moins de cinq diamètres. Les entre-colonnements, qui surpassent de quelque chose le diamètre des colonnes, sont larges de palmes, 9, 7 ; mais ils deviennent plus étroits vers les angles; ce qui était, dans les habitudes de l’art grec, une pratique motivée à la fois par la nécessité de donner plus de solidité à la construction, et par le besoin d’arriver, au moyen d’une largeur inégale des métopes, à une juste distribution des triglyphes de la frise, qui devaient toujours répondre à l’axe des colonnes et au milieu des entre-colonnements. On remarquera la forme du chapiteau, qui, dans la dimension et dans la courbe du quart-de-rond , offre quelque chose de plus ferme et de plus sévère, sur le monument original, tel que notre planche le représente, qu’il n’en a dans le dessin de M. llittorff. Les trois filets qui remplissent ici tout l’espace du gorgerin, sont séparés du l'ùt de la colonne par deux membres lisses qui forment comme autant de degrés en retraite au-dessus de la colonne, et qui devaient certainement recevoir, dans l’achèvement de cette colonne, une forme différente, mais qui ne sauraient, à notre avis, autoriser l’espèce de restauration que M. Hittorff a cru pouvoir proposer de cette partie du monument de Ségeste. Voyez la fig. 3 de notre planche de détails. L’entablement, composé d’une architrave, ornée, dans la partie supérieure, d’une rangée de gouttes sous chaque triglyphe et d’un listel dans toute sa largeur, est surmonté de la frise, formée, comme à l’ordinaire, de triglyphes alternant avec des métopes lisses. Le tout est couronné d’une corniche, ornée de modifions, avec des moulures d’une simplicité grave, qui projettent sur toute cette ordonnance un caractère mâle et ferme. Un fronton très-surbaissé ajoute encore à l’effet imposant de cette masse, dont tous les membres expriment une idée de force et offrent une image de puissance en sorte que, pour toute personne qui possède l’intelligence de l’art, et qui se trouve en présence de ce beau temple dorique, il y a là toute une révélation de ce que peut accomplir le génie, pour assurer aux monuments d’une religion la durée qui devait manquera cette religion elle-même, et pour réaliser, en quelque sorte, l’éternité dans le temple, à défaut de la divinité. Une particularité très-remarquable du temple de Ségeste, bien qu’elle ne soit pas tout à fait sans exemple dans les monuments de la belle architecture grecque, c’est que les colonnes, au lieu d’être cannelées, comme c'est le propre de l’ordre dorique, offrent une espèce d’enveloppe ou de revêtement * qui excède de deux onces ** leur diamètre. Cette particularité est rendue plus sensible encore par la circonstance, qu’aux deux extrémités du fût il existe un listel exécuté avec beaucoup de soin, qui donne d’une manière très-précise le diamètre vrai des colonnes, et qui prouve que cette enveloppe, laissée d’ailleurs à un état grossier et offrant l’apparence d’une gaine, n’est autre chose que l’excédant de matière qui devait être abattu lors de l’exécution des cannelures. Or, il résulte de cette observation que le temple de Ségeste n’avait point été terminé ; et l'on peut encore eu inférer, comme notion générale, que le travail des cannelures se faisait sur les colonnes en place, sans doute afin que ce travail, réglé dans ses moindres détails d’après l’ordonnance entière de l’édifice, répondit mieux à toutes les conditions de l’effet qu’il devait produire. Nous insistons sur cette observation, parce qu’il s’est trouvé, et qu’il peut se trouver encore des écrivains qui voient, dans l’enveloppe en pierre des colonnes du temple de Ségeste, une analogie avec les colonnes égyptiennes, et un trait d’une haute antiquité ***; deux illusions que la moindre connaissance de l’art grec aurait pu suffire à prévenir. Tl existe d’ailleurs au temple de Ségeste d’autres indices de l’état inachevé dans lequel le surprit le malheur des temps ; ce sont ces petits bossages, réservés pour la commodité de la construction, qui se voient encore en si grand nombre dans beaucoup de parties de l’édifice, particulièrement aux gradins du soubassement et sur le tympan des frontons. Il est bien évident que ces bossages, d’une forme irrégulière et d’un travail négligé, n’ont jamais pu être destinés à servir d’ornements, comme l’avait cru l’architecte anglais Wilkins, qui les a employés a cet effet dans sa restauration du temple de Ségeste ****. Conséquemment, il est certain qu’ils auraient disparu dans l’achèvement du temple , si les circonstances eussent permis qu’on y mît la dernière main. Cet état d’imperfection , maintenant bien démontré, dans lequel est resté le temple de Ségeste, sert à rendre * Voyez sur notre planche de détails la figure 2 . ** Mesure sicilienne, comme le palme cité plus haut. *** Voyez le texte joint aux planches qui représentent le temple de Ségeste, dans le Voyage pittoresque de la Sicile, t. h **** The Antiquilies of Magna Crœcia, n° v, pi. 3. — TEMPLE DE SÉGESTE. — compte d'une autre particularité, qui, mal interprétée, pourrait donner lieu aussi à une erreur grave; c’est celle des dés ou socles * sur lesquels posent les colonnes du péristyle, et qui semblent faire ici l’office d’une base au-dessous de ces colonnes. Si l’on admettait cette supposition, en partant de l’idée que le temple de Ségeste, tel qu’il apparaît aujourd’hui, est réellement complet, du moins dans cette partie de son ordonnance, il en résulterait que l’architecture dorique des Grecs aurait admis, dans certains cas, des colonnes avec une base en forme de simple dé ou de socle, comme on le voit ici. Mais il suffit d’un peu de réflexion pour se convaincre de la fausseté de cette supposition. Le gradin supérieur sur lequel devait poser immédiatement le fût des colonnes, n’ayant point été terminé, si ce n’est d’un seul côté, de celui du nord, les pierres qui se trouvent sous les colonnes, sont restées isolées des trois autres côtés ; c’est ce qui leur a donné l’apparence de dés ou de socles ; mais c’est ce qui est loin de suffire pour constituer une base ; et cette circonstance , due uniquement à l’état imparfait de la construction, ne préjuge absolument rien contre l’usage constant de l’architecture dorique, de n’admettre jamais de bases pour les colonnes. C’est ce qu’avait depuis longtemps observé M. Quatremèrc de Quincy **, avec cette intelligence profonde qu’il possède de l’architecture antique , et c’est l’opinion à laquelle s’est rallié en dernier lieu M. le duc de Scrradifalco ***. Le temple de Ségeste, s’il eût été terminé , eût donc ressemblé à tout ce que nous connaissons de temples doriques, dans cette partie de son ordonnance, comme sous le rapport des cannelures. Les colonnes du péristyle eussent posé immédiatement sur le gradin supérieur du soubassement ; et la circonstance d’une base , qui est étrangère à l’ordre dorique grec, n’eût point altéré , comme cela résulte de l’état actuel, le caractère simple , grave et mâle de cette ordonnance. 11 est inutile d’ajouter qu’un temple, laissé par le malheur des circonstances dans l’état où nous le voyons aujourd’hui, n’avait pas reçu sa toiture ; et c’est ce qui résulte aussi de ce qu’on n’y découvre aucune trace des cavités qui auraient dû être pratiquées pour recevoir les poutres et les solives du toit. Il en est de même de la cella, dont le mur, qui devait former de quatre côtés l’enceinte du temple proprement dit, n’a laissé nulle part de vestiges sur le sol ; car les pierres éparses en quelques endroits, qu’on avait cru pouvoir regarder comme des arrachements du mur de cette cella, sont bien certainement, par la place même qu’elles occupent sur leplan ¥ * ¥ *, etd’aprèsle listel dont elles sont ornées, des matériaux étrangers à cette partie de l’édifice. Encore privé de sa couverture et de sa cella, réduit à son péristyle, avec ses colonnes encore engagées dans leur gaine de pierre , tel était donc le temple de Ségeste, quand s’éleva , par le fait des Ségestains eux-mêmes , la guerre qui devait couvrir de ruines le sol de la Sicile entière ; et, par une singulière fatalité , tel il est resté à travers tant de siècles , sans avoir rien perdu des éléments de sa construction incomplète, comme s’il eût été destiné à servir, à la place où fut Ségeste , d’éternel monument à la fois de sa grandeur et de sa faute. Et il semble qu’en effet le temps , qui a tout détruit autour de lui, ne l’ait respecté que pour rendre sensible à tous les yeux cette grande leçon qui sort pour ainsi dire de chacune de ses pierres, qu’un peuple ne doit jamais abuser de sa fortune. On s’est souvent demandé, en considérant ce temple, si imposant encore dans son imperfection même, à quelle divinité il était dédié. M. Quatremèrc de Quincy rapporte l’opinion qui l’attribuait à Cirés , sans paraître y ajouter beaucoup de créance. M. de Serradifalco combat celle qui voudrait y voir un temple de Diane , par des raisons qui nous semblent loin d’être toutes de la même valeur. L’existence du culte de Diane à Ségeste est établie d’une manière péremptoire par le témoignage de Cicéron ** ¥¥ * ; et le fait d’une statue de cette divinité implique celui d’un temple où Diane était adorée et son simulacre érigé. Mais ce devait être dans la ville même qu était situé ce temple de Diane ; et le nôtre , qui se trouve en dehors de la ville, et même à une assez grande distance de son enceinte extérieure, ne peut avoir eu cette destination. On pourrait, avec plus de raison peut- être , l’attribuer à Venus, qui devait être , comme la mère d’Énée , le fondateur présumé de Ségeste, honorée dans cette ville d’un culte particulier ; mais ce n’est encore là qu’une conjecture dépourvue de toute espèce de preuves. Quel est donc le dieu qui devait être et qui n’a pu devenir l’hôte de ce temple inachevé? C’est encore là un des mystères qui s’attachent à son existence, et qui ajoutent, à l’intérêt d’art et d’histoire qu’il inspire , celui d’un problème à résoudre. * v °yez le plan, ligure 1 re . '*? ^dictionnaire d’Architecture , 2 e édition, au mot Ségeste, t. II, f *1 Antichità di Segesta, p. 113. “ Voyez à ce sujet les observations de M. le duc de Serradifalco, Antichità di Segesta, p. 114, avec la planche à l’appui, tav - lv > le'fera A, qui rectifient ce qu’il y avait d’inexact à cet égard dans le travail de MM. Hittorff et Zanth, Architecture de la 5!-c f^' r ' hvraison, planche ni. Qj c ^ ron j n j' err , v g 5 — STYLE GREC. — Nous ajouterons un dernier mot pour rectifier, au sujet de l’antique Ségeste, une légère inexactitude commise par M. le duc de Serradifalco, l’antiquaire habile et l’écrivain savant à qui nous devons l’ouvrage le plus complet sur les monuments de la Sicile. Cet écrivain semble croire que ce nom de Ségeste fut employé surtout à l’époque romaine, au lieu de celui d ’Êgeste, qui avait été le nom grec de la ville. Ce serait là une erreur qui serait réfutée par la suite entière des monnaies frappées à l’époque la plus florissante de cette cité grecque, et portant toutes l’épigraphe des Sègestains, tandis que la légende des Êgestains n’apparaît que sur des médailles en bronze d’une fabrique romaine. Mais ce fait numismatique est si connu et certainement si familier à l’illustre auteur des Antiquités de la Sicile , que nous devons plutôt admettre ici une faute de rédaction de sa part, si ce n'est pas une faute d’intelligence de la nôtre. BIBLIOGB AFHIE. On pourra consulter avec fruit, pour avoir une connaissance plus détaillée du temple de Ségeste, les ouvrages suivants f 1 0 Quatremèrede Quincy , Dietionnaired’Architecture, V édition, t. U, au mot Ségesfe. 2" Wilkins, The Antiquitiesof Magna Grœcia, Cambridge 1807,1 vol. in-folio, fig. c. V. 3° HittorffetZanth, Architecture antique de la Sicile, l re livraison, dont il n’a paru encore que les planches relatives au temple èt au théâtre de Ségeste. 4° Le premier volume des Antichità délia Sicilia, de M. le duc de Serradifalco Palerme, 1834, in-folio, fig., consacré tout entier aux monuments de Ségeste, et qui nous a servi de base pour notre travail. Nous indiquerons aussi le Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, de Saint-Non, tome IV, pl. 65, 66, 67, 68, pages 161-168, où l’on ne lira pas sans intérêt les détails qui concernent l’état actuel du temple de Ségeste, et quelques observations qui doivent appartenir à M. Denon ; bien que ces détails et ces observations n’aient plus aujourd’hui pour nous le degré d’exactitude et d’importance qu’on a droit d’exiger dans des travaux de ce genre. wm mm ,1 j t»rm ! %i Temple de Seoeslo. / Jïaïiaj- IJLJUUÜ •] O MIS! ^iclierel del. Lemaitre y' W////.W*/, ÏU-éisf/c, Gnmdnss und Bétails. MffilPÏÆ M SÉMSW. Détails . Toiuplo ! _ _ 4\ a'’ ^ i *VM£ mmm mm =WL »- wù&h& fjb% -^* rZf-J ..^1 -mKaK ÉHISÊ •*»*3s “ of iumçn. c££?&g ÜS-8S agg ârê. ÜKES? KSâttd "Htotaiis Fia. 2. 10 Mètr es .* w_i toVèlnv. HwïWWît^ ErJiœlle /?PLW t h Fig. 3. iTwtaL de! Burÿ gculps in rEMPILE BIË THÉSÉE A ATHKHES, Details Fi l. Détails PI.. 1. THMFTL1K 0F THIESIÉUS AT ATIHUE lï S . Tcmplo M//rsi?i?J "UBU et Modernes Particolarità Pl .l Par Jules /srt'Lhtilvyul TEMPLE DE MINERVE OU PARTHÉNON A ATHÈNES. La grande époque de l’art chez les Grecs fut la période qui s’étend de la 80- à la 11 I e olympiade, de l’an 460 à l’an 336 avant Jésus-Christ, et qui comprend le siècle de Périclèsct d’Alexandre; c’est à elle qu’appartiennent les plus admirables chefs-d’œuvre qui soient parvenus jusqu'à nous. Déjà depuis longtemps les événements politiques avaient préparé cet élan sublime. La guerre des Perses, en agitant toute la Grèce, avait donné aux esprits un mouvement, une activité qui furent une des principales causes de cet immense développement. Athènes avait été le principal théâtre de cette lutte; aussi ces causes y exercèrent-elles une plus grande influence. Le succès, en enflammant la nation, en la pénétrant de sa grandeur, eu lui inspirant un noble orgueil, exalta encore ses facultés intellectuelles, et de là cet étonnant essor qui se fit surtout sentir dans l’Aftique, et dont Hérodote * fixe le commencement à la 4 e année de la 67° olympiade. Athènes eut le bonheur de produire Cimon et Périclès à lepoque où sa gloire, sa puissance, ses revenus étaient montés au plus haut degré. Un abus de pouvoir et de confiance, qu’aux yeux de l’artiste et de l’archéologue seulement peuvent justifier les chefs-d’œuvre qui en furent le produit, facilita encore l’exécution de tant de monuments qui vinrent, comme par enchantement, faire de l’Athènes antique la plus merveilleuse ville du monde, et l’école éternelle des architectes et des sculpteurs de tous les pays et de tous les temps. Les peuples affranchis de la domination des Perses avaient formé une ligue pour soutenir la guerre contre le grand roi; les chefs attiques furent chargés de fixer le contingent de chacun des peuples; et, sur la proposition d’Aristide, ce contingent, ,p, et Plutus, dieu des richesses, représenté avec des ailes , et, par une exception particulière à ce dieu, jouissant de la vue *. Il n’est plus permis aujourd'hui de douter de l’emploi que firent les Grecs de la peinture dans la décoration de leur architecture ; les travaux des Hittorff, des Baoul-Bochette, des Letronne, des Brônsted ; les recherches récentes sur les temples doriques de la Grèce et de la Sicile ne laissent plus aucune incertitude ; elles ont confirmé d’une manière positive l’assertion de Yitruve ** au sujet de la cire bleue, cera cœrulea, qu’il indique comme étant la couleur d’usage pour les triglyphes ; les métopes paraissent avoir été généralement rouges. Nous savons, par des témoignages antiques, que tous les sculpteurs célèbres avaient sous leurs ordres un peintre habile chargé de peindre leurs œuvres ; plusieurs noms de ces artistes sont parvenus jusqu’à nous. Il n y avait pas dans toute la Grèce , dit M. Brônsted, un seul temple construit avec soin qui ne fût plus ou moins coloré, c’est-à-dire, peint de manière à contribuer à l’effet et au riche aspect du monument par la couleur harmonieuse des parties symétriques, et surtout des parties supérieures de la construction. L’application était de trois espèces 1° la couleur était employée comme couche et sans aucun effet d’illusion pour soutenir l’architecture proprement dite, c’est-à-dire, pour relever la teinte insignifiante et monotone de la pierre ; 2° la couleur servait pour produire de l’illusion dans certaines parties de la construction, c’est-à-dire, pour 1 effet des ombres et des jours, des reliefs et des enfoncements sur un plan uni, en un mot, pour faire de véri- Aristoph. Schol.; Plut. Etymolorjus ; Thucydide, L. II ; Philostrate, Eîxov .,42 ; Démosthène, Schol. orat. 3, in Timocrat. ** L. IV ch. 2, § 2. — LE PARTHÉNON A ATHÈNES. — tables tableaux, et, par conséquent, pour remplacer la sculpture; 3° enfin, on employait la couleur comme achèvement des parties proprement plastiques. Dans ce cas, l’application des couleurs, entièrement subordonnée aux lois de la sculpture polychrome, n’appartenait à l’architecture qu’autant que ces ouvrages y tenaient comme décoration essentielle. » Nous joignons à cette notice un superbe exemple de l’architecture polychrôme du Parthénon c’est une vue perspective de l’entablement et des chapiteaux, restaurés avec le plus grand soin par M. Travers, d’après les traces qu’il a retrouvées silr le monument même. Passons maintenant à l’examen des admirables travaux dont Phidias avait enrichi le Parthénon. Cinq grands ouvrages de sculpture avaient fait de ce monument la merveille des merveilles ; c’étaient les deux frontons , les métopes, la frise de la cella, et la statue de Minerve. Selon Pausanias, le fronton , dsToç, de la façade, représentait la naissance de Minerve, et le fronton postérieur la dispute de Minerve et de Neptune. Or, ceux qui avaient vu le fronton occidental intact, sinon dans ses détails, au moins dans toutes ses masses, avant l’explosion de 1687, sans s’arrêter à l’examen approfondi des sculptures, s’étaient accordés à y reconnaitre la naissance de Minerve , ou plutôt sa présentation par Jupiter aux dieux de l’Olympe. Ollier de Nointel, ambassadeur de France en 1674, partagea la même opinion , et les esquisses qu’il fit faire des figures déjà mutilées de ce fronton, servirent encore à accréditer une erreur qu’elles eussent dû détruire *. Stuart, le premier, reconnut l’erreur, et avança que le fronton occidental était le fronton postérieur et représentait la dispute de Neptune et de Minerve , tandis que c’était le fronton oriental qui offrait la naissance de cette déesse. M. Quatremère de Quincy adopta cette opinion, et en a fait le texte d’une savante dissertation en réponse à l’avis contraire émis par M. Barbié du Bocage, dans son atlas d’Ana- charsis. M. Bronsted s’est rangé du côté de M. Quatremère. Le fronton oriental se composait environ de vingt- quatre figures, détachées et entières , et plus ou moins colossales, dont quatre chevaux. De ces groupes, dont il restait encore, lorsque Carrey exécuta ses dessins, environ douze figures entières, il n’existe plus que douze ou treize fragments au musée britannique. Le fronton occidental, qui représentait la dispute de Minerve et de Neptune , était formé, selon toute apparence , du même nombre de figures et de chevaux. Carrey avait dessiné sur place vingt-deux figures ; il ne reste plus que cinq fragments conservés au musée britannique. Deux figures placées dans un angle, et dans lesquelles il était facile de reconnaître Adrien et Sabine sa femme , avaient paru à Spon, à Wheler, à Leroy, une preuve suffisante pour avancer que les frontons avaient été refaits sous cet empereur. Cette assertion est démentie par le style des sculptures mêmes, et il est bien plus probable que , par une flatterie dont on a plus d’un exemple, ces têtes avaient été substituées à d’autres du temps des Romains ; si d’ailleurs nous nous en rapportons à Plutarque, à l’époque où vivait cet historien, les monuments élevés par Périclès n’avaient pas encore besoin de restauration. La seconde suite de sculptures du Parthénon était composée des métopes qui décoraient la frise extérieure. Ces métopes ont une hauteur de l m ,335 sur une largeur de l m ,270; celles qui sont voisines des angles sont un peu plus étroites. Cet excès de la hauteur sur la largeur fait voir que l’architecte avait en vue de les faire paraître carrées, malgré la saillie de la bande de l’architrave. Les figures avaient plus de relief que celles de la frise intérieure du portique, parce qu'elles étaient destinées à être vues de plus loin. Les métopes étaient au nombre de quatre-vingt-douze ; un assez grand nombre avaient échappé aux ravages du temps et des hommes , quand, par malheur, lord Elgin, qui était ambassadeur à Constantinople , obtint, en 1801, du gouvernement turc, un firman qui l’autorisa à élever un échafaudage autour de l’ancien temple des idoles , pour mouler en plâtre les ornements et les figures, et, de plus, à enlever les pierres où se trouvaient des inscriptions ainsi que les statues conservées. On assure qu’il en coûta 74,000 liv. sterl. 1,850,000 fr. à lord Elgin pour s’approprier les belles parties du monument qu’il fut possible de transporter à Londres. Du reste , cette spéculation barbare ne fut guère profitable à son auteur, car, en 1816, la collection entière ne lui fut achetée, pour le musée britannique, que 35,000 liv. sterl. 875,000 fr. ; et un des plus illustres compatriotes de lord Elgin, lord Byron, voyant son nom gravé sur le Parthénon, écrivit au-dessous Quodnon fecerunt Gothi, Scotus fecit. Il est vrai que lord Elgin s’est acquis ainsi une célébrité que lui eût enviée Érostrate. Ce n’est pas ainsi qu'en avait agi l’ambassadeur de France, M. Choiseul-Gouffier, qui avait fait mouler C Ces dessins à la mine de plomb et à la sanguine, par J. Carrey, ne rendent nullement le caractère des sculptures grecques ; mais ils sont précieux cependant, parce que seuls ils nous ont conservé celles des compositions du Parthénon qui aujourd’hui sont détruites. Ce recueil existe au cabinet des estampes de la Bibliothèque royale n° 616, où il est connu à tort sous le nom de dessins de Nointel. Il porte le titre plus extraordinaire encore de Sculptures du temple de Minerve à Athènes, bâti par Adrien. — STYLE GREC. — divers plâtres qui sont au musée du Louvre, et ne rapporta qu’une seule métope détachée depuis longtemps et dont l’acquisition lui fut facilitée par notre consul à Athènes, M. Fauvel. C’est cette métope qui, en 1818, après la mort de M. de Choiseul, fut acquise par le musée pour la somme de 25,000 fr. Aujourd’hui, quatorze métopes sont encore en place ; quelques fragments ont été retrouvés dans les dé- blayements exécutés au Parthénon, sous la direction de M. Pittakis ; seize métopes ont été enlevées, dont quinze sont à Londres et une à Paris ; les autres ont été détruites par le temps ou par l’explosion de 1687 , et il n’en reste d’autres traces que les dessins de Carrey. Les métopes de Londres et de Paris, provenant toutes du côté méridional qui était le mieux conservé, représentent des épisodes du combat des Centaures et desLapithes; mais d’autres sujets se trouvent dans celles qui sont restées ou qui ont disparu. Les métopes du Parthénon ont été publiées maintes fois, et entre autres par Stuart, Legrand et Bronsted. Celles que nous donnons, lig. 7, 8 et 9 , sont toutes trois au musée britannique. Le morceau de sculpture le plus considérable est ce qui reste encore de la frise qui était placée sous le soffite ou plafond du périptère, à 13™ environ du sol. Cette frise a l m 425 de hauteur sur une longueur qui était de 1 59"’81. M. Bronsted évalue à trois cent vingt le nombre des figures qu’elle devait contenir , et dont les groupes variés représentaient la procession de la grande fête quinquennale des Panathénées. Ces sculptures ont très- peu de relief, ce qui était admirablement calculé pour permettre de les voir d’en bas , et sans se reculer, ainsi que l’exigeait leur position sous un portique assez étroit. Stuart et Bevett dessinèrent une partie considérable de ce qui existait encore de leur temps 1751-1753. Un fragment contenant sept figures fut acquis par M. de Choiseul, et se voit au musée du Louvre. Lord Elgin, à son tour, détacha une grande suite d’environ 77 m de long , et la transporta à Londres. Dans cette frise , les harnais des chevaux étaient en métal, et on reconnaît encore facilement les trous qui reçurent les crampons qui servaient à les attacher. Cette frise a été publiée plusieurs fois, en tout ou en partie, par les mêmes auteurs que j’ai déjà cités pour les métopes ; nous en donnons trois fragments sous les n os 10, 11 et 12. On croit que le premier représente les Dioscures présentés à Jupiter. Enfin, nous devons encore mentionner le chef-d’œuvre de Phidias, la fameuse statue de Minerve, placée dans le sanctuaire, et que malheureusement nous ne connaissons que par la description que nous en ont laissée les auteurs grecs et latins. Cette statue qui, au dire de Pline, avait 26 coudées 11 m , 70 de haut, peut-être en y comprenant le piédestal, était d’or et d’ivoire, et les ornements, faits de la première de ces matières, montaient au poids de 44 talents d’or 3,000,000 fr.. Cette statue fut placée dans le temple la première année de la 87 e olympiade 430 av. J. C. . Après que l’or eut été pillé par le tyran Lacliarès, qui enleva le manteau d’or et le remplaça par un manteau d’étoffe, disant qu’il tiendrait plus chaud à la déesse, elle paraît avoir été définitivement détruite par les Goths conduits par Alaric. Tel était ce temple qui a passé, à juste titre, pour le chef-d’œuvre de l’architecture chez les anciens comme chez les modernes. 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'ij ".4; -'to SMS -, -viV’* •SNjîftV Sg 15^?-' THÉÂTRE, A IASSUS Les monuments antiques de l’Asie Mineure, surtout ceux qui existent dans la partie occidentale et près des côtes de la mer Égée, présentent dans leurs dispositions et dans leur style architectural la plus grande analogie avec ceux de la Grèce européenne ; cette similitude n’a rien d’étonnant, si l’on considère que ces deux contrées étaient habitées par un même peuple, ayant partout des mœurs semblables, des besoins du même genre. Les théâtres, plus encore peut-être que les autres édifices, justifient ce que nous avançons; nos lecteurs pourront s’en convaincre par la description succincte que nous allons leur donner de celui qui existe encore au milieu des ruines d’Iassus. D’abord colonie d’Argiens, puis ensuite de ftlilésiens, Iassus, qui se nomme à présent Ayas ou Assin-Kalesi, était située dans un îlot séparé de la côte de Carie par un bras de mer si étroit et si peu profond, qu’aujour- d’hui il se trouve comblé par des attérissements et converti en marécage cette ville, qui n’eut jamais une bien grande importance, est maintenant presque inhabitée; elle était assise sur les flancs d’une montagne en forme de cône, au sommet de laquelle était l’acropole, qui occupait ainsi le point central et culminant ; c’est à cent et quelques mètres seulement des murs de cette forteresse, et sur le versant oriental de la montagne, que se trouve le théâtre, qui est l’édifice le plus ancien et le mieux conservé de la ville antique. Une inscription en grands caractères, gravée sur un bandeau lisse régnant sur l’un des murs de rampe de la partie demi-circulaire, et à la hauteur du quatrième gradin, nous apprend qu’il fut construit aux frais d’un certain Zopatros, fils d’Épictète, qui fut chorége, agonothète et stéplianophore, et qui dédia à Bacchus et au peuple cet édifice avec ses gradins et sa scène ; une autre inscription très-longue, et disposée en cinq tableaux, se trouve sur un pilastre dans le voisinage de l’orchestre ; mais la petitesse de ses lettres et leur état fruste ne permettent pas de la bien lire. Le théâtre d’Iassus affecte la forme commune à tous ceux des anciens, c’est-à-dire qu’il offre un plan demi-circulaire d’un côté et rectangulaire de l’autre , et, comme dans ceux qui appartiennent à l’antiquité grecque, les murs ou rampes sur lesquels s’appuie la précinction sont obliques par rapport à l’axe général de manière à ce que le demi-cercle qui les circonscrit extérieurement outre-passe son diamètre. Une porte unique donne entrée à un escalier qui conduit au sommet de l’édifice, c’est-à-dire sur une espèce de galerie découverte ou Diazoma de près de 4 m ,00 de large, qui, semblable à une ceinture, couronne et circonscrit la masse des gradins; ceux-ci, qui, pour la plupart, sont encore en place, sont au nombre de vingt, et disposés en un seul étage. Quatre escaliers desservent cette précinction, et, comme dans tous les autres théâtres antiques, ils rayonnent vers le centre et sont composés de marches taillées aux dépens des sièges, de manière à occuper deux à deux la hauteur de chacun. Ces gradins, qui ont en largeur environ le double de leur hauteur, sont en marbre blanc, comme le reste de l’édifice; leur face antérieure est profilée de moulures galbées de telle sorte que les spectateurs puissent, comme au théâtre de Taormine en Sicile, y placer leurs pieds et les tenir un peu en arrière, ce qui offrait plus d’un genre de commodité chacun était donc décoré d’une grande moulure en talon reposant sur un petit cavet avec filet; ces deux dernières se poursuivant sur la face des marches, les faisaient participer de deux en deux à cette recherche décorative, dont il reste peu d’exemples. Une autre particularité plus remarquable, c’est que le point où chaque assise de gradins s’appuyait sur les escaliers, était orné d’une griffe de lion qui complétait ainsi la décoration de la précinction. Un appui en marbre tout uni, mais couronné de moulures, séparait les spectateurs de l’orchestre, qui se trouvait à environ 0'",70 plus bas que le sol inférieur de la précinction. Les murs de la scène et de ses dépendances existent encore en grande partie, mais dans un état de ruine tel, qu’ils s’élèvent peu au-dessus du sol; construits en petits matériaux liés avec du mortier, ils paraissent de beaucoup moins anciens que le reste de l’édifice; on remarque, dans celte partie du monument, les trois portes et les dispositions principales qu’exigeait la mise en scène des œuvres dramatiques de l’antiquité grecque. Le théâtre d’Iassus, comme on le voit par ce que nous venons d’en dire, est peu compliqué dans ses distributions; en effet, on n’y trouve aucun des portiques et des vestibules qui étaient ordinairement annexés aux édifices de ce genre, et derrière la scène il n’existe que les constructions strictement nécessaires. L’exiguité de ce théâtre sera encore plus frappante pour nos lecteurs, si nous leur donnons la mesure de ses dimensions principales ainsi la partie circulaire a en totalité 18 m ,00 seulement de rayon, et l’orchestre 5 m ,25; la hauteur de l’étage de gradins est de 4 m ,00; les constructions de la scène occupent un espace de 11“,70 de long sur 4 m ,40 de large. Tout l’édifice est bâti en marbre; les murs sont en blocs de grande dimension posés à sec sans aucun- — STYLE GREC. mortier, et taillés extérieurement en bossages à arêtes arrondies; néanmoins cet appareil, qui est d’un beau caractère et qui respire la solidité, ne se fait pas remarquer par la symétrie de ses assises, qui sont toutes de hauteurs différentes, ni par celle de ses blocs, dont la longueur varie de 0 m ,80 à 3 m ,25 ; l’intérieur des murs est rempli par une maçonnerie en blocage. La petite porte qui donne entrée au théâtre comme on peut le voir par la figure que nous en donnons est carrée, de 1 m ,70 de large sur 2 m ,45 de haut; au-dessus du linteau qui forme sa partie supérieure, on a ménagé, pour donner du jour dans l’escalier, une baie dont les pierres posées en encorbellement sont taillées de manière à lui donner la forme d’un triangle à peu près équilatéral, espèce d’arcade rudimentaire dont on trouve des exemples dans des constructions grecques qui remontent quelquefois à une assez haute antiquité. Ce monument, dans lequel rien ne semble indiquer l’existence d’un velarium, paraît peu postérieur aux premiers théâtres construits d’une manière stable et en matériaux durables; capable de contenir tout au plus deux mille six cents spectateurs assis, il ne pouvait guère suffire qu’aux besoins peu complexes de son époque et à ceux d’une ville coloniale. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Canina. Archilettura antica. Partie grecque, 2 vol. in-8° et pl. I 2° cli. Texier. Description \' . S* 1 **? .'' ; ^ -SfcS&v S&SS . K ^ HORLOGE ET TOUR DES VENTS, A ATHÈNES. On manque de documents positifs sur la date de la construction de cet édifice; et, n’était la mention qui s'en trouve chez quelques auteurs de l’antiquité, on ignorerait encore le nom de l’artiste qui semble en avoir été l’auteur. Toutefois, à en juger, soit par le style de l’architecture, soit par le cafactère de la sculpture, on peut, sans trop s’écarter de la vérité, rapporter cette érection aune époque voisine des derniers temps de l’art grec. Suivant les témoignages de Varron et de Yitruve, ce monument aurait été construit par un nommé An- dronic Cyrrhestes, dont on ne connaît pas exactement la profession spéciale; car, le texte des ouvrages de ces deux auteurs ne dit point s’il était plutôt architecte que mathématicien ou astronome, et c’est là une lacune regrettable. Mais, quoiqu’il en soit, ces noms sont désormais attachés à ce monument. Reste à savoir maintenant quel devait être cet édifice, et à connaître aussi l’usage pour lequel il fut érigé. Selon toute probabilité, c’était un monument d’utilité publique, qui avait, à ce qu’il paraît, une destination multiple ; il répondait, par sa nature, à différents besoins de la vie grecque à Athènes. Cette opinion résulte surtout de ses dispositions particulières, ainsi que de son emplacement, qui se trouvait situé non loin de 1 Agora, ce centre du mouvement et des affaires de la ville. Tout porte donc à penser, d’après l’examen sérieux qu’en ont fait successivement plusieurs antiquaires, qu’il fut, dès son origine, destiné à un double usage et qu’il avait une double intention; enfin, qu’il était, à la fois, et une horloge publique servant à indiquer les heures, et un monument propre à faire connaître la direction des vents. Or, on comprend toute l’importance que devait avoir, pour les Athéniens, une construction de cette nature; car, à part son incontestable utilité sous le rapport de la connaissance du temps, il offrait encore ce précieux avantage de leur signaler, à chaque instant, la présence des vents plus ou moins favorables à la navigation. C’était donc, parmi le nombre assez restreint des monuments d’utilité publique érigés dans la ville d’Athènes, un des plus indispensables aux besoins de la vie civile. Indépendamment de ces deux mérites particuliers et divers, l’œuvre d’Andronic Cyrrhestes présente aussi cet autre intérêt, qu’elle retrace, sous le rapport monumental, une des plus anciennes pages de la gno- monique des Grecs, et qu’elle nous initie, par sa conservation, aux procédés de leurs connaissances sur la mesure du temps. Les auteurs anciens rapportent qu’il y avait, à cette époque, deux systèmes ou moyens chronométriques, basés sur deux principes complètement différents. L’un de ces systèmes, qui était établi sur l’intervention solaire, portait le nom de Gnomon; il consistait en un style ou pointe fixe dont l’astre lumineux projetait l’ombre indicatrice sur un plan quelconque, divisé préalablement d’une manière mathématique et selon sa position. L’autre système avait été inventé pour fonctionner, soit le jour ou la nuit, en l’absence du soleil; il reposait sur l’écoulement calculé de l’eau, d’une capacité dans une autre, et constituait, suivant les dispositions particulières, autant de genres à’hydraules et de clepsydres, destinées au même usage. Ces deux modes composaient donc, alors, tout un système de chronométrie diurne et nocturne, et leur emploi simultané offrait cet avantage, qu’en cas d’absence du soleil on n’avait aucune privation à craindre. Tels étaient les deux principaux systèmes à l’aide desquels les anciens arrivaient à une connaissance, plus ou moins exacte , de la mesure du temps. Toutefois, il faut ajouter qu’on employait encore, indépendamment de ceux-ci, qui s’appliquaient plus spécialement aux monuments publics, d’autres moyens particulièrement réservés pour les usages privés ou domestiques, moyens qui, par leur nature, comme formes ou dispositions, revêtaient des proportions plus modestes et conséquemment plus usuelles. Ainsi étaient les petites horloges de jour et de nuit dont on se servait dans l’intérieur des habitations. Quant au second emploi de l’édifice d’Andronic, sa destination météorologique, celui-là soulève de nouvelles questions. Mais, il nous paraît inopportun d’entrer ici dans des considérations anémologiques, ainsi que de traiter aussi du plus ou du moins de lumières des anciens sur le nombre des vents, leurs noms, leurs effets, etc. Nous nous bornons donc à faire sentir l’utilité que devait avoir , pour un peuple navigateur , un monument spécial et susceptible de leur indiquer à chaque instant les diverses variations des vents ; cette seconde destination n’était pas moins importante que la première. Ces emplois divers reconnus et son utilité pratique signalée, on doit avouer qu’Andronic Cyrrhestes sut assez bien allier, dans cette œuvre, certaines conditions essentielles avec les formes que le génie de l’art grec donnait généralement à tout ce qu’il créait. Or, envisagée ou considérée à ce point de vue, cette construction paraît, quant à sa nature, offrir, sous le rapport du plan et du dessin, des dispositions assez convenables. Comme tous les monuments de l’antiquité, celui-ci fonctionna probablement tout autant de temps qu il put — STYLE GREC. — servir ; et, peut-être même, l’employa-t-on j usqu’à l’époque de l’invention des horloges à rouages et a mécanisme, puis, il est à croire qu’on l’abandonna, et que, dès lors, commencèrent pour lui et l’oubli et les vicissitudes. Or, dès ce moment, méprisé ou méconnu, il subit, sans doute, pendant de longs siècles, soit l’action du temps ou les mutilations des hommes ; mais, durant cette longue période, le terrain, en s’accumulant autour de lui, finit, peu à peu, par en enfouir la partie inférieure, et il ne fallut rien moins que la solidité de sa construction pour avoir pu le préserver d’une ruine complète. A l’époque où La Guilletière, Spon, Pococke, Le Roy et Stuart se rendirent à Athènes pour en étudier les antiquités, ils le trouvèrent enseveli sous un terrain qui s’était élevé jusqu’à la hauteur de quatre à cinq mètres. Les portiques étaient obstrués , et les portes cachées par l’amas de terres et de décombres qui, dans cet endroit et dans les environs, a si considérablement exhaussé la surface du sol ; il avait même perdu plusieurs parties importantes de sa construction, et les moulures étaient tellement dégradées jusqu’à une certaine hauteur, que ce ne fut que très-difficilement qu’on parvint à en déterminer la forme primitive *. Il ne restait donc plus que le corps de l’édifice ; le temps avait mutilé le reste. Stuart etRevett rapportent que le côté extérieur de l’édifice qui parut mériter surtout leur attention, fut celui qui regarde le nord-ouest; car on y apercevait encore quelques faibles traces de la seconde porte du monument. Puis, continuant leur exploration, ils découvrirent non-seulement le chambranle de la porte, mais encore deux colonnes cannelées presque entières, qui, restées debout sur les marches devant la porte, se trouvaient ainsi dans leur situation primitive. Cette fouille, ajoutent-ils, leur procura en même temps de nombreux fragments de l’entablement et du fronton que ces colonnes avaient supportés; et, par là, ils se trouvèrent en possession de tous les matériaux nécessaires pour rendre à l’édifice sa forme première. Quant à l’intérieur, les mêmes antiquaires disent que tout l'espace compris entre le pavé et le haut de la corniche inférieure était rempli de terres et de décombres, parmi lesquels se trouvaient des ossements humains, d’où ils infèrent que ce monument fut peut-être approprié, à une certaine date, par les chrétiens, en une espèce de monument funéraire, soit un lieu de sépulture, ou un ossuaire. Dès cette époque, la construction était déjà enclavée dans un îlot de maisons qui, en s’élevant autour d’elle, ne permettait plus de la voir sur tous les côtés; en effet, Stuart et Revett, ayant voulu en étudier les sculptures, furent obligés, pour les examiner complètement, de solliciter la permission d’abattre un mur qui venait s’y adosser. Mais, depuis lors, la science, en appelant sur cet édifice l’attention de l’Europe savante , lui a fait une destinée meilleure , et l’on n’a plus à craindre pour lui désormais les mutilations d’aucun genre. Les abords en ont été dégagés ; et le monument, ainsi isolé de toutes parts, peut, fort aisément de nos jours , être examiné et étudié par le voyageur ou l'antiquaire. Le plan de cet édifice décrit une figure particulière qui tient spécialement au but pour lequel il fut érigé. Cette figure est celle d’un octogone , dont trois de ses faces sont occupées par des constructions disposées en saillie deux portiques ou issues, et une capacité circulaire qui avait son utilité pratique. Le tout avait été construit en marbre blanc et avec des blocs tels, que quelques assises en présentent plusieurs de dimensions assez considérables. Considérée à l’extérieur, la forme de cette construction, entièrement dans le goût grec, procédait, en général, de la ligne droite, soit horizontale ou verticale. C’était, comme nous l’avons dit, une espèce de tour, accompagnée d’appendices et décorée de sculptures ou d’accessoires en rapport avec sa destination. La partie inférieure, dont les parois sont lisses, offrait originairement deux portiques; et ceux-ci n’avaient, probablement, d’autre destination, dans un tel monument d’utilité publique, que de servir, afin d’éviter les encombrements, l’un à l'entrée et l’autre à la sortie des visiteurs qui se rendaient à la clepsydre pour y connaître l’heure. Lorsqu’on examine attentivement les différentes parties qui composent ces portiques, plusieurs particularités frappent surtout l’observateur ce sont l’absence de bases aux colonnes, l’étrangeté de la disposition des cannelures et la forme du chapiteau, qui établissent ici un ordre tout particulier. En ce qui concerne le chapiteau, Stuart dit que, quoiqu’il le trouvât parmi les ruines du monument, il est peut-être possible qu’il n’y ait jamais appartenu ; et que, s’il l’a compris dans sa restauration, c’est à cause de l’analogie qu’il présente avec une autre partie de la même construction. * Spon et AVheler, qui voyageaient en Grèce vers l'an 1676, rapportent qu’ils ont vu, à Rome, dans la bibliothèque Barberini, un ancien desfin de ce monument, et qu’ils le trouvèrent dans un manuscrit du milieu du XV e siècle. Ce manuscrit, ainsi que la collection des dessins qu’il renferme, paraissent d’autant plus importants qu’ils ont été exécutés avant la conquête ottomane, et qu on peut y voir un certain nombre de monuments grecs qui n’existent plus aujourd’hui. — HORLOGE ET TOUR DES VENTS, À ATHÈNES. — Ce fut à la région supérieure qu’Andronic disposa les différentes choses qui constituent à la fois et le but et l’utilité de cet édifice. Des cadrans solaires, dont les divisions avaient été gravées en creux dans le marbre, furent établis sur chaque face, suivant leur position, afin qu’ils pussent, à l’aide de l’ombre projetée par les styles, indiquer non-seulement les diverses heures du jour, mais encore les différentes hauteurs du soleil pendant l’année, et, très- vraisemblablement aussi, les solstices et les équinoxes. Les styles seuls ont disparu. Au-dessus de ces cadrans, et en manière de frise, on sculpta, sur les huit faces de l’octogone , les figures des vents que reconnaissait alors la science des Grecs. Chacune de ces figures fut mise à l’opposite du côté où ils soufflent, et leur représentation fit allusion , par la physionomie et les attributs , aux effets produits par chacun d’eux. Ainsi, on donna à Cæcias KAIKIA2, vent froid du nord-est, qui amène la neige et la grêle, la forme d’un vieillard, couvert d’amples vêtements et portant à la main une espèce de vase rempli de petits grêlons ; à Zéphyre ZEYP02, au contraire, vent doux de l’ouest, la figure d'un jeune homme, à peine vêtu et retenant, dans une draperie, les plus belles fleurs de l’été. Au reste, il ne peut y avoir , à cet égard, aucune incertitude ; car, indépendamment des attributs spéciaux qui leur ont été donnés pour les caractériser, on a encore gravé, à côté de chacun d’eux, leur nom particulier. Jusqu’ici la destination de l’édifice ne semble laisser aucun doute ; et les cadrans solaires et les figures des vents l’indiquent assez. Mais , pour que la seconde destination pût être utile , il était indispensable que le monument fût pourvu d’un indicateur, et cet indicateur manquait depuis bien longtemps. Or, on fut assez heureux pour en trouver la notion dans un des chapitres du texte de Vitruve *, notion qui vint heureusement compléter les renseignements déjà si précieux que nous ont fournis les ruines de l’édifice Sur la tour, dit cet auteur, Andronic posa un triton d’airain qui tenait dans sa main une baguette la machine était ajustée de sorte que le triton, en tournant, se tenait toujours opposé au vent qui soufflait, et l’indiquait avec sa ba- guette. » S’appuyant alors avec certitude sur ce texte positif, Stuart en a essayé une restauration, que nous offrons à nos lecteurs, afin de donner une idée de l’effet que cette partie devait produire dans son état primitif. La construction du toit paraît encore digne de remarque, et sa forme est assez élégante. Elle présente, en élévation, la figure d’un cône prismatique, se divisant en vingt-quatre côtés ou plans, qui comprennent autant de dalles aboutissant, au sommet, à une pierre circulaire, où venait s’encastrer le fragment fig. 4 dont l’ornementation offre une si grande analogie avec les chapiteaux qu’on attribue aux portiques. Des têtes de lion, perforées à l'intérieur, ont été disposées sur la corniche, afin de servir de gouttière, en cas de pluie, pour l'écoulement des eaux. On vient de montrer que le monument de Cyrrhestes servit, à son origine, et d’indicateur des vents et d horloge solaire; nous allons maintenant lui voir remplir une autre destination, destination suscitée par la prévoyance et les besoins lorsque le soleil ne paraissait pas. Il est évident que si l’on eût été restreint, pour connaître les divisions du jour ou les heures, aux seuls cadrans solaires, c’est-à-dire à l’action de ses rayons, on se serait trouvé souvent, soit durant la nuit, ou même en cas de pluie, dans un certain embarras ; ce qui aurait produit, surtout pendant la journée, bien des perturbations dans les affaires ou dans maintes opérations. Or, pour prévenir cet inconvénient, on imagina des horloges à eau ou clepsydres, qui fonctionnaient continuellement et le jour et la nuit. Mais, laissons encore , sur cette nouvelle destination, parler Stuart, qui fit là des recherches et des observations fort importantes. Il remarqua dans l’intérieur, sur l’ancien pavé, des cavités et des canaux qui lui parurent tracés avec une grande régularité; il observa encore que le trou circulaire qui est au centre correspondait avec un passage souterrain dont il ne sut d’abord déterminer l’emploi ; mais, après une étude plus approfondie , il pensa que ce pouvaient bien être les restes d’une horloge à eau, d une de ces clepsydres dont le but était de donner l'heure en tout temps, soit de jour ou de nuit. Le canal principal suivait une ligne droite, de la face sud de l’octogone au centre du pavé, où se trouve un trou rond qui communique à un passage souterrain. Or, le lecteur doit se rappeler cette partie de l’édifice dont nous avons déjà parlé, partie qui est construite en saillie sur la même face sud, et dont le plan forme à peu près les trois quarts du cercle. Elle pourrait fort bien avoir été le castellum, ou réservoir, qui fournissait continuellement la quantité d’eau nécessaire pour alimenter la clepsydre 2. Le trou pratiqué au milieu du pavé, et qui * I, chap. 6. ’* Durant la domination romaine, elle paraît avoir élé alimentée par un petit aqueduc dont on voit encore trois arcades en ruine. — STYLE GREC. — communiquait à un canal souterrain, aurait alors servi naturellement à l’e'coulement de l’eau qui avait fait mouvoir la machine. Au reste, dit en terminant le célèbre explorateur des monuments d’Athènes, quel qu’ail été l’usage des canaux qui sillonnent ce pavé, il est certain que ce sont les restes * d’une construction autrefois plus considérable. La régularité avec laquelle ils ont été creusés indique assez positivement qu’une grande exactitude dans l’exécution était regardée comme nécessaire pour produire l’effet, quel qu’il fût, auquel ils étaient destinés. Après ce que nous venons de dire de ce monument, et qui est entièrement basé sur l’examen des ruines, après la notion de sa destination probable, il nous semble à peu près évident qu’un édifice, décoré avec tant de soins, et placé près du marché public , dans un des endroits les plus fréquentés d’Athènes, dut en effet servir aux divers besoins que nous avons fait connaître, et par conséquent régler un certain nombre de choses qui se rapportaient à la vie civile. * 11 a voulu dire le plan. — BIBLIOGRAPHIE. — 1 " varro. De re Rustica. T Vitruvii Libri decem de Architecturd, etc. 3° Spon et Wheler. Voyage de Dalmatie, de Grèce et du Levant; Lyon, 1G77, 3 vol. in-12, pl. 4° Pococke. A description of the East and some other countries ; London, 1743, 3 vol. in-fol., pl. 5° Le Roy. Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce, etc. ; Paris, 1758-1770, in-fol, pl. 6° Stuart et Rewett. The Antiquities of Athens, etc.; London, 1702- 1790-1794, 3 vol. in-fol., pl. 7° Legrand. 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Ces murailles constituent une vaste enceinte sinueuse enfermant les pentes sud-ouest du mont Ithome et une partie de la vallée qui se trouve à ses pieds ; toutes ruinées qu’elles sont parle temps et par la végétation des lauriers et des lentisques, elles offrent un aspect imposant par leur belle construction et par leur immense circuit ; partout où elles ne sont plus debout, elles sont visiblement indiquées par de gros blocs de pierre qui percent le sol, ou par une ondulation sensible du terrain, de sorte qu’il est facile d’en saisir le plan tout entier. Plusieurs des portes qui donnaient entrée à la ville existent encore, mais plus ou moins bien conservées, et en 1729, au dire de l’abbé Fourmont, trente-huit de ces tours étaient encoredebout. L’acropole, défendue par une double enceinte, était établie sur le premier sommet de l’Ithome, qui, depuis longtemps déjà, couvert de temples consacrés aux grandes divinités, servait de refuge et de point stratégique en temps de guerre. Ces antiques remparts étaient composés d’un mur très-épais, de 3 m 44 de haut, et couronné de créneaux ; plus élevées que lui d’environ 5 m 00, les tours qui le flanquaient étaient généralement de forme carrée, quelques- unes cependant étaient rondes, mais à l’extérieur seulement; la plupart n’avaient qu’un étage dont le sol régnait avec la plate-forme du rempart, sur laquelle on accédait par des portes ménagées dans leurs flancs ; au-dessus de cet étage était une plate-forme en charpente dont on voit encore les scellements, et qui permettait de garnir de combattants le sommet des tours et de dominer les courtines . Par suite de la forte inclinaison de ce plancher, les créneaux des faces latérales étaient échelonnés en gradins. Des escaliers en rampe droite adossés au mur d’enceinte desservaient le rempart et les tours ; au moyen de portes pratiquées dans les flancs de ces dernières, la communication la plus facile avait été ménagée sur tout le circuit de l’enceinte, qu’on pouvait ainsi parcourir d’un bout à l’autre. Presque toutes les portes et poternes présentaient une ouverture unique, couronnée de pierres en encorbellement, taillées de manière à donner à la partie supérieure de la baie une forme triangulaire, premier sentiment de l’arcade qui, chez les Grecs, resta toujours à cet état rudimentaire. De toutes les entrées de la ville de Messène, la plus importante, et la plus apparente encore aujourd’hui, est celle dite de Mégalopolis, dont nous donnons une vue restaurée. Composée de deux portes ouvertes l’une devant l’autre et séparées par une cour circulaire de 19 m 70 de diamètre, elle était flanquée en dehors de deux tours, reliées entre elles par une courtine crénelée et de mêmes dimensions que celles que l’on voit échelonnées sur le reste de l’enceinte. A l’entrée de la cour circulaire se trouvait, à droite et à gauche, une petite niche carrée qui devait contenir une statue d’Hermès ; sur la corniche de l’une d’elles, une inscription relate une restauration faite par un certain Quintus Plotius Euphemion ; il ne peut y être question que de la statue, monument meuble qui avait pu être brisé par quelque événement politique, car les prénoms du restaurateur indiquent l’époque de la domination romaine, et les niches, comme tout le reste de la construction, ont conservé intact leur style primitif. La porte intérieure, de forme parfaitement carrée, aussi large que haute, est couronnée par un linteau droit, énorme pierre de 5 m 73 de long sur 1 ra 16 de large et sur 1 m 12 de haut, portée sur deux montants de même largeur qui formaient les tableaux de la baie ; sur celle des faces de cette porte qui regardait l’intérieur de la ville, on voit encore, à une faible hauteur au-dessus du sol, quatre consoles saillantes qui devaient supporter les pièces de bois au moyen desquelles on complétait la fermeture du passage. Sous cette porte passait une voie pavée de pierres oblongues, qui était l’une des principales artères de la ville, et qui au dehors conduisait à Mégalopolis. Le mur peu élevé entourant la cour circulaire établissait une communication entre les tours qui défendaient la porte extérieure, et permettait, dans le cas où l’ennemi aurait forcé cette première entrée, de le prendre en flanc, et même à revers, lorsqu’il aurait approché de la seconde. Les remparts de Messène sont entièrement construits en grandes pierres posées à sec, à joints très-fins et parfaitement dressés ; leur parement, qui affecte fréquemment la forme trapézoïdale des anciens appareils grecs, est ravalé en bossages rustiqués, qui lui donnent un aspect des plus imposants ; l’intérieur de la cour seul est à parement lisse. Des tenons saillants que l’on remarque en certains endroits sur la face extérieure des pierres, ont porté quelques auteurs à penser que la construction de ces remparts n’avait pas été terminée, ou tout au moins que leur ravalement était resté inachevé ; à notre avis, cet indice n’en serait pas une preuve suffisante , car il n’est pas reconnu, que nous sachions , que les tailleurs de pierre du IV e siècle avant — STYLE GREC. notre ère aient eu, comme ceux d’aujourd’hui, l’habitude de réserver sur leurs parements de ces tenons ou témoins. Pausanias dit avec raison que les murailles de Messène étaient les plus belles qu’il eût vues; on peut juger d’ailleurs, par leur étendue et par les qualités défensives que nous y avons signalées, quelle importance Épaminondas attachait à la conservation de cette ville ; leur intérêt pour nous est extrême en ce qu elles nous donnent une idée complète du système de fortification en usage au temps du grand général thébain , et nous font voir l’état d’avancement où était déjà arrivé, chez les Grecs, l’art des Yauban et des Coehorn. Nous ne saurions trop faire ressortir les heureuses dispositions de l’entrée principale, puisque le même système de défense est encore employé de nos jours, comme on peut le voir par les exemples que présentent les forts nouvellement construits autour de Paris. On peut être surpris que des murailles élevées à la fin du IV e siècle avant notre ère conservent encore tant de caractères d’archaïsme dans la forme de leurs baies et dans leur appareil; si nous ne connaissions la date positive et incontestable de leur construction, nous serions tentés de leur assigner une plus haute antiquité. — BIBLIOGRAPHIE. — i° Blouct A.. Expédition scientifique de Morée. 3 vol. gr. in-fol. Paris, 1831-1839. 2° Canina. Architettura antica, partie grecque. 2 vol. in-8°, et pl. Koma, 1834-1837. 3° Q. de Qnincy. Dict. d’Architecture. 3 vol. in-4°, Paris 1788 à 1826. .M- . ir'rlifc. - 1 ilj— lüüSi-J_ J__ .•mL. Jiisi î . J j. j f . L. - i !&* 1 S mm w- n jsdiirj *>*! ir ’ a; ,l’iua Sll’ ; iR.^iulPfi iiMIMIlIffilàS HIHSIÏS "mmssm. msoÊt mmmm ijiiir’inin ISHMIBaiSÉII! ifflwsri »»!» •CJlIlIffiM isaiiii 3Silï 'K' 1 J- KiWi!»^ intuinsunittiHuiiflii b.'.* ! Éh J ii'' 1 ' ^ ii ilr ' ^fJI -mi J i J m 1 if ^ I f -i*UL Bit I'" . jl»%Uj II? Km ijïl'illllü sppittï air"”; I! i ..?! »*A m HcheUes des trois autres liaures V .— h— îo Métrés •30 Jfrtrci Am ou dru del Buiy scu]p t d'après Blbuet H-IDIRTH HT M'î/Hii ÏH IlHSIjHrO td'- ssszsj/^ véé'TZ' zst??Z' Grece Gnechenland. ^ GATE AH© WALL S ©F MES SERA ^rw et> Greece Puer ta v Muro? de Mesena. Orecm., J-ar Juif.*'" isau/ SEsi Mi &&***% tœ&zh/m V^yrV VTK>Æ. i'Bgi'gsp gæi ¥S-d “SSpw i > ~i rià» •VA*/"*. 3SliS TOMBEAU, A TELMISSUS L’ancienne Asie Mineure, cette seconde Grèce si florissante dans l’antiquité, pays si riche en grands souvenirs, n’est plus peuplée aujourd’hui que d’habitants ignorants et abrutis par l’esclavage, qui foulent avec indifférence ses ruines, seuls témoins encore existants de son antique splendeur. Parmi les monuments qu’érigèrent les Lyciens, les tombeaux ne sont pas les moins intéressants ; fréquemment excavés dans le sein des montagnes et des rochers, à la manière des peuples asiatiques, ils constituent souvent des nécropoles considérables. Auprès de Telmissus, l’une des plus anciennes villes de la Lycie, dont les ruines gisent au bord de la mer, au bas de la moderne Makri, existent encore un assez grand nombre de ces tombeaux, parmi lesquels il s’en trouve trois principaux, qui, véritables monuments d’architecture, se font remarquer tout d’abord; l’analogie la plus grande existant entre eux, il suffira, pour les faire connaître à nos lecteurs, de leur donner la description de celui qui, sous tous les rapports, nous paraît le plus important. L’histoire ne nous apprend rien quant à lage de ce monument, mais ses chapiteaux ioniques et le profil de quelques-unes de ses moulures ne permettent pas de le croire d’une bien haute antiquité ; une certaine analogie qui existe entre les bases de ses colonnes et celles du temple de Junon à Samos, peut encore fournir quelques indices à cet égard. L’inscription dédicatoire, AMYNTOT EPMAIIIOÏ, ne nous en apprend pas davantage; il en est de même de plusieurs autres inscriptions eu menus caractères, qui, pour la plupart, paraissent appartenir au Bas-Empire. Cette sépulture, respectée par les siècles, n’a pas dû l’être par les hommes, qui en auront enlevé et les corps et les objets déposés à côté d’eux ; à aucune époque, sans doute, les visiteurs n’ont manqué, surtout si l’on en juge par le nombre de ceux des temps contemporains; car les tombeaux sont couverts de plusieurs centaines de noms de voyageurs français, anglais ou autres. Ce monument, situé dans les montagnes à l’orient de la ville antique, est entièrement évidé dans la masse calcaire, dont la disposition en falaises à pic se prêtait singulièrement à un travail de ce genre ; il se compose de deux parties bien distinctes un porche avancé et une chambre sépulcrale. Il est tout entier ménagé au fond d’une excavation principale de près de 4 m ,50 de profondeur, qui, épousant à peu près le contour de son architecture, l’isole du reste de la masse et le préserve des intempéries. Quatre marches taillées dans le roc donnent accès à ce portique, composé de deux antes très-larges et de deux colonnes isolées ; sa largeur est de 8™, 10, et sa profondeur, à partir du mur extérieur des colonnes, est de 2",40. La chambre sépulcrale, qu’une mince paroi de 0 m ,26 d’épaisseur sépare de ce porebe, est de forme carrée ou plutôt cubique, ayant 2 m ,60 de largeur, 2 m ,75 de profondeur, et 2 ra , 15 de hauteur; tout autour, ou, pour mieux dire, sur trois de ses côtés, règne une banquette de 1 "“,03 de large sur 0 m ,89 de haut, sur laquelle on déposait vraisemblablement les corps et les vases ou objets qui les accompagnaient. La partie la plus intéressante pour nous, et la seule où l’architecture joue un rôle, c’est la partie avancée, d’ordre ionique, avec entablement surmonté d’un fronton; la hauteur totale de cette façade, prise du sol du porche, est de 8 m ,60. Les antes sont décorées de pilastres de l m ,15 de large, avec bases et chapiteaux dont les profils sont d’une grande simplicité ; la partie supérieure du fût de ces pilastres est décorée de trois petits disques ou patères disposés sur une même ligne horizontale ; c est au-dessous de ces disques, et sur l’ante de gauche, que se trouve l’inscription dédicatoire que nous avons rapportée plus haut. Les colonnes, isolées, ont 6 m ,00 de hauteur totale. Leurs bases, dont la forme générale est celle d’un cône tronqué, sont composées de deux tores avec filets, séparés par une scotie très-peu arquée, et reposant sur une petite plinthe; le fût, de 4 m ,63 de haut, est lisse et n’est pas renflé, mais simplement diminué; de O m ,73 de diamètre à la base, il n’a plus que 0 m ,55 au-dessous du chapiteau ce dernier, dont la hauteur totale, compris le tailloir, est de 0 m ,66, est orné de grandes volutes à faces droites et parallèles, à spire simple, mais profondément refouillée en forme de gorge ; plus bas, trois tores d’inégales dimensions complètent son ornementation. L’entablement offre, dans ses proportions et même dans sa composition, une licence sur les motifs de laquelle nous reviendrons bientôt. En effet, au premier coup d’œil, on s’aperçoit que la corniche est de beaucoup le membre le plus important ; elle parait à elle seule constituer tout l’entablement, car la frise est totalement supprimée, et l’architrave elle- même , composée de deux tables en saillie l’une sur l’autre, semble plutôt faire partie des moulures de la corniche que constituer un membre à part. Cette dernière, composée de moulures hautes et d’un galbe peu saillant, est décorée de modifions de forme cubique; la partie supérieure de son larmier, qui est comme double, appartient aux lignes rampantes du fronton, avec la doucine et le filet qui couronnent tout l’entablement. Le fronton, établi suivant l’inclinaison ordinaire de ceux d’architecture grecque, est surmonté d’an- téfixes de forme singulière, qui, de même que lui, sont dépourvues de sculpture ; au reste nous ferons remar- — STYLE GREC. — quer en passant que cette absence d’ornements sculptés existe sur les modillons comme sur toutes les moulures ; peut-être la peinture venait-elle y suppléer néanmoins il n’en reste plus aucune trace. Au fond du porche on voit une grande porte feinte parfaitement représentée, avec ses panneaux et ses ferrures. Elle est ornée d’un chambranle uni, et surmontée d’une corniche composée d’une suite de tores galbés en forme de coupe ; cette dernière s’appuie latéralement sur deux consoles lisses, profdées en talon; les panneaux, au nombre de quatre, sont en forme de carré long, tous égaux , et déterminés par une simple table renfoncée, bordée de têtes de clous ; c’est celui du bas et à droite qui seul constitue l’ouverture par laquelle on peut s’introduire dans la chambre sépulcrale; une dalle qui glissait dans des rainures faites exprès servait à clore cette entrée. Le mérite du monument dont nous venons d’esquisser la description peut être envisagé de deux manières -. d’abord comme exécution matérielle, et ensuite sous le rapport de l’art. Au premier point de vue, il a incontestablement droit à nos éloges, puisqu’il est plutôt de la sculpture encore que de l’architecture. Originaires des peuples asiatiques, les Lyciens conservèrent l’usage de ces tombeaux creusés dans le flanc des montagnes; à quelques-unes de ces excavations auxquelles se prêtait la disposition naturelle des rochers du pays, ils appliquèrent une architecture grecque, qui, plus ou moins soumise à l’influence d’un art indigène, était empreinte d’un goût moins pur, si l’on prend pour terme de comparaison celle de la Grèce européenne remarquons cependant qu’on apporta presque toujours dans les tombeaux une certaine licence architecturale, que la nécessité d’empreindre ces monuments d’un caractère qui leur fût propre, et qui peignit leur destination, lit tourner à son profit, en créant une véritable architecture funéraire. L’aspect général de notre tombeau, abstraction faite du charme qu’il peut emprunter à sa situation élevée, est simple et grandiose; il est sévère sans être lourd. Il nous paraît évident qu’on a cherché à lui donner cette apparence en simplifiant son entablement et en laissant lisses tous les détails de son architecture; sa simplicité a pu aussi, indépendamment de son caractère sépulcral, être inspirée par le travail même d’une architecture monolithe. Une certaine logique existe dans sa composition ; les antes, qui sont les soutiens principaux de l’entablement, ont une force apparente proportionnée à la charge qu’elles paraissent supporter. Limitation en pierre des ouvrages de charpente et de menuiserie paraît avoir été en grande faveur chez les Lyciens, comme le prouvent les nombreux sarcophages qui environnent Telmissus; aussi le soin le plus grand a-t-il été apporté dans l’exécution de la porte feinte, et principalement en ce qui concerne les tètes de clous. Eu résumé, le grand tombeau de Telmissus peut être mis au nombre des œuvres de mérite que nous aient laissé les anciens ; dans les conditions où il se trouve, il doit avant tout satisfaire à l’apparence or, il n’est personne qui, en voyant ce monument, n’y reconnaisse de suite un tombeau. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° R. Chaudler. Travels in Asia Minor. In-4°, Oxford, 1775. 2° Pococke. 3° Choiseul-Gouflier. Voyage pittoresque de la Grèce. Vol. in-fol. Paris, 1788 à 1824. 4* Q. de Quincy. Dictionnaire d’architecture. 3 vol. in-4°. Paris, 1788 k 1825, art. Telmissus. 5° Canina. Architetlura antica Partie grecque, 2 vol. in-8% et pi. Roma, 6° Ch. xexier. Description de l’Asie Mineure. 3 vol. in-fol. et pl. Paris, 1833-37. il 11 ! te ?>* -J Wm. GOG F / //r m iiü^te jetw-'ÉCiriM tes B!;aia ram- 0 0© Plan, et Coupe, & Mètre.' 8 Métrés v $>-•*- -Amoudru del d’apres M Ch Tnifr B’iry i;f > ujp t Klein Asien * - 'demc* r TMÜ&IiLML A lP^lLmSS¥^o Asie Mineure TOMI& AT TEMHTSSUJS. Asia Mmor Sepujcro cil Telmuso. '.4fia Menorj VS , -l*v r? Asia Minore. iv%£j4 î'fe? mm gj Wl • ’ î- Vil W'ÊSË -wm H ^ “f w£S r^si S WW Po\ - o WÏM îMMl Wfï% 3feâ PPi iis! S jwg-affij f-> ggSjffctî ! i Âgggg mm ;jç,-^ T r. ' **".* ' '$&£ »'» '• •SI;'..-’ .J ' ' ^•.i.^' ' V -' •' ^ ilF^'T t y u i •i^SSSsiàüiÜiâi^i* ^sd^a ’mgm 4k- " ...sazti égggg^ O VA1AD5 Bury sculp 1 J A Léveil del d'apres M Alt. Lenoir À SASTT3E1L ^ Iralie . *»r TOMBS AT CASTEIL. D’ASS. îlalj. Castel de Ai Italj a. '•/ .4, Par Juie,/y , /YYr Fy/y/y , Y’Y’/rt Italy. Italia Scpulcros ’M ^ . V -j> 4' • , . \.' t * * - - V 9'; IS1A ViSiSB! Omu ; 0 ??!gZ &Mù I^S ^6ï,ÿY Si j»u 1 o r» s so Iht jnics los en l'iifla V. * •r ’ty*. V Hs V- k 'y,. P\*> i>. x '.g> ,>,\ VS»’' aifa 1 é s TEMPLE DE L’HOIVNEUR ET DE LA VERTU Un temple consacré à l’honneur et à la vertu était situé, selon Tite-Live *, vers la porte Capena, ad portant Capenam , aujourd hui porte Saint-Sébastien. Ce monument fut restauré par Vespasien; Pline nomme ** les deux artistes que l’empereur chargea de peindre l’intérieur. Nous reproduisons avec cette notice les dessins du petit temple, que 1 opinion la plus générale considère comme celui qu’a désigné Tite-Live. Quelques antiquaires ont pensé qu’il avait été consacré à Bacchus, parce qu’un bel autel en marbre blanc, placé depuis longtemps sous le porche, est orné d un serpent et d’une inscription qui fait connaître qu’un certain Apro- nius, prêtre du dieu, en fit la consécration ; mais cet autel est un meuble qui a pu être apporté là, et paraît d’un autre siècle que le monument. Enfin, d’autres auteurs ont, sans raison valable, pensé que ce temple était consacré aux Muses. En sortant de Rome par la porte Saint-Sébastien, et suivant la voie Appia jusqu'au cirque de Maxence, longtemps attribué à Caracalla, on trouve, vers le sud-est, une colline nommée la Caffarella, qui domine la fontaine dite de la nymphe Égérie, et présente à son sommet le petit temple de l’Honneur et de la Vertu, converti en église sous le vocable de saint Urbain , pape. La date ancienne de cette consécration a sauvé ce temple antique, précieux à beaucoup d’égards. Le plan est fort simple, comme celui de tous les édifices de ce genre un portique de quatre colonnes précède la cella, dont les proportions sont à peu près celles d’un carré; une crypte creusée par les chrétiens a son entrée à perf de distance du fond du temple; un escalier à double révolution conduit, au-dessous du pavé antique, dans un réduit qui contient un autel. Autour de la cella règne une enceinte, très-rapprochée des murs du temple, construite avec des matériaux analogues, et contemporaine probablement c’était le péribole, renfermant ce que Vitruve nomme ambulatio , promenoir, autour de la cella. Ce mur d’enceinte présente sur sa face méridionale une partie plus épaisse, dans laquelle est pratiquée une baie de fenêtre, puis des arrachements qui font penser que le tout se reliait à des constructions plus étendues. Le pronaos est établi sur un perron de sept marches, portant quatre belles colonnes corinthiennes, cannelées, en marbre cipolin ; l’architrave de marbre blanc se couronne de quelques moulures en terre cuite, au-dessus desquelles une large frise, construite en briques, comme tout le reste de l’édifice, s’élève dans un rapport inaccoutumé jusqu’au couronnement supérieur du temple. On ne peut expliquer cette disposition étrange de la façade, que par le désir qu’a eu l’architecte de donner à l’ensemble des proportions plus élevées que celles qu’il aurait présentées s’il eût étudié l’entablement dans les formes ordinaires ; et il y a été conduit par la disposition des voûtes du pronaos et de la cella. Quoi qu’il en soit, cette frise est très-disgracieuse, et ne s’harmonise pas avec les colonnes, qu’elle écrase. Il est probable que des enduits, qui n’existent plus aujourd’hui, contenaient une ornementation dont l’arrangement dissimulait cette discordance. La corniche surmonte l’édifice dans son pourtour et supporte les deux frontons de faee, qu’elle encadre; toutes les moulures, fabriquées en terre cuite, ainsi que les modillons, présentent la confusion assez ordinaire à ce genre de profils de nombreuses lignes de denticules s’y mêlent à des oves, sans effet bien indiqué. Un oculus occupe le centre du tympan , et des tuiles ou antéfixes décorent les angles. Les entre-colonnements du portique sont aujourd’hui bouchés par des murs de remplissage; une porte moderne donne entrée au pronaos, qui est surmonté d’une voûte élevée; l’ancienne porte du temple, conservée dans le mur antérieur de la cella, est encadrée d’un chambranle que couronnent une corniche et un large linteau saillant, porté par deux consoles. Au-dessus de cet ensemble de la porte est un grand cadre entouré d’une grecque ou méandre en terre cuite. Une peinture, ou peut-être une mosaïque, décorait sans doute cette partie du pronaos. Deux baies de fenêtre et un oculus, percés dans la partie supérieure de ce mur, permettent à lair et à la lumière de pénétrer du vestibule dans la cella, et réciproquement. L’autel en marbre blanc dédié à Bacchus, et déjà mentionné plus haut, est placé à droite en entrant ; il sert de support à un bénitier, ce qui explique sa présence ici trouvé sans doute dans le voisinage, on le jugea, par ses dimensions, convenable pour porter la cuve de l’eau bénite. L intérieur de la nef, dont le plan est à peu près carré, comme nous l’avons déjà dit, se divise, quant à ce qui regarde la décoration de ses murailles, en plusieurs parties distinctes. Un soubassement uni est surmonté d un entablement construit d’une manière ingénieuse, par une suite de plates-bandes en briques appuyées, de distance en distance, sur des sommiers en pierre, incrustés profondément dans la muraille, et taillés de manière à assurer la durée de tout ce couronnement. 1 Tite-Live, liv. IX. —** Pline, liv. XXXV, cap. x. V STYLE GRÉCO-ROMAIN. La seconde zone de décoration est établie au-dessus de celle-ci ; elle est divisée en cinq compartiments sur les faces latérales de la cella, et en trois, sur celles du fond et du devant. Ces divisions sont établies , d’abord par des pilastres corinthiens supportant un entablement dont les parties principales sont construites, comme le couronnement de la zone inférieure, avec des plates-bandes en briques, soutenues par des sommiers en pierre distribués régulièrement au-dessus des pilastres, puis au milieu de l’intervalle qui les sépare. Les entre-pilastres forment autant de cadres renfoncés, couronnés de linteaux saillants et encadrés de moulures. C’est dans ces parties, évidemment disposées pour recevoir de la peinture, que furent sans doute exécutés les tableaux que Yespasien confia au talent des deux artistes que nomme Pline ; on y voit encore des traces d’enduit probablement. préparé à cet effet. M. Eaoul-Bochette, dans son ouvrage sur la peinture des anciens, a cité ce monument, et la distribution qu’il présente pour recevoir des sujets historiques. C’est aussi aux mêmes places que des artistes du moyen âge furent appelés à représenter les principales actions de la vie du pape saint Urbain I er , et les détails de son martyre, qui eut lieu à Eome, au milieu du III e siècle. Le tableau du centre, au fond de la nef, représente un Christ de dimension colossale ; il est assis, et tient toute la hauteur du panneau ; saint Pierre et saint Paul, figurés dans des proportions beaucoup moindres, sont à ses côtés ; deux anges s’élèvent dans la région supérieure du tableau. Tous les sujets relatifs à l’histoire d’Urbain I er décorent les autres entre-pilastres, qui ont été divisés en deux parties, pour multiplier la surface et diminuer les dimensions des personnages. Dans la partie inférieure de la nef, les artistes du moyen âge ont peint les apôtres dans de grandes proportions ; ces figures, qui, s’enlevant sur un fond vert sombre, donnent une grande gravité au soubassement , sont malheureusement en partie détruites. Des frises, dans le style du XII e siècle, sont peintes au- dessous des deux rangs de corniches, et accompagnent les sujets. Un autel en bois et un prie-dieu forment le mobilier de ce temple. Un acrotère surmente la seconde division de ce décor intérieur, et supporte la voûte en berceau qui couvre la cella. Cette voûte est la partie la plus riche du monument, et plus que partout ailleurs on y retrouve le bon goût qui présidait, dans l’antiquité, à la décoration des édifices. Toute la surface courbe est divisée en caissons octogones, dont les moulures d’encadrement sont finement profilées avec du stuc ; les restes d’un petit bas-relief également en stuc , qui se voient encore dans l’intérieur d’un de ces caissons, indiquent que la voûte entière était ainsi décorée de sujets variés et en grand nombre. Entre les caissons octogones on en voit de plus petits en forme de losanges. Aux deux retombées de la voûte, et sur l’emplacement qu’occuperait une partie du rang inférieur des caissons, tant sur une face latérale que sur l’autre, l’architecte a fait sculpter de longs bas-reliefs encadrés par des moulures. Là se développent, sur une grande étendue, des trophées d’armes composés de cuirasses, de boucliers, de casques, d’enseignes et d’épées; le tout est exécuté avec beaucoup d’art, et indique conséquemment une belle époque de la sculpture. L’observateur qui, à l’aspect peu ordinaire de la façade extérieure, a pu croire un instant que ce monument appartient à une période de décadence, est ramené vers une autre appréciation de l’édifice, lorsqu’il voit ces sculptures de la voûte. Nous devons dire cependant que l’appareil de construction qui constitue le mur d’enceinte dont ce temple est environné est absolument le même que celui du cirque de Maxence, construit dans le voisinage doit-on inférer de là que ce temple est d’une époque postérieure à celle qui est généralement adoptée, ou que l’enceinte a été ajoutée pour relier l’édifice antique à un ensemble plus vaste, et dont peut-être le cirque lui-même faisait partie ? Cette question est difficile à résoudre, et nous n’osons nous prononcer à cet égard. — BIBLIOGRAPHIE. — 1" Piranesi. Raccolta de’ tempii antiehi. Rome, 1780, 1” partie. 1 4° Nibby. Rome et ses environs. 3° Oagincourt. Histoire de l’art par les monuments. Pl. XX. I ô° Raoul-Rochette. 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C’est en effet à Nîmes qu’en 122 il apprit la mort de cette princesse, comme l’attestent Xiphilin et Spartien. M. de Crazannes attribue la Maison Carrée au règne d’Auguste, et croit qu’elle fut dédiée à ses petits-fils Caïus et Lucius César. Cette conjecture repose principalement sur l’inscription du fronton, que M. Séguier a cru pouvoir rétablir ainsi d’après les traces des dous qui en soutenaient les lettres de bronze PRINCIPIBUS IVVENTVTIS. Mais on sait combien peu de foi on doit ajouter à ce procédé de restauration , quelque ingénieux qu’il soit, car les mêmes lettres n’étaient pas toujours fixées par des clous placés aux mêmes endroits. La première opinion nous paraît justifiée par le style du monument aussi noble, mais plus riche que celui du Panthéon; et en effet elle est la plus généralement adoptée. Ce temple, dont la longueur est de 36 mètres sur une largeur de i8, est du nombre de ceux que Vitruve appelle pseudo-pèriptères. L’entrée est tournée au nord. On monte par dix degrés placés entre deux stylobates au portique antérieur que les Grecs nommaient itpôvaoc, et les Latins profanum **. Ce portique est composé de trois colonnes en profondeur, la quatrième étant engagée dans l’angle de la cella. Le temple est liexastyle, c’est-à-dire qu’il présente six colonnes de front, soutenant un fronton de la proportion la plus pure, mais où, par une bizarrerie inexplicable, les modillons de la corniche ne sont pas en nombre égal dans les deux rampants ; il y a un modillon de plus dans la partie gauche. Cette irrégularité, qui d’ailleurs est peu choquante, ne se reproduit pas à la face postérieure du monument. Ces modillons, ornés de feuilles de chêne, présentent une autre singularité qui ne se retrouve que dans l’arc d’Orange; ils sont placés au rebours de leur position habituelle, et la partie qui devrait être appliquée à la muraille se trouve au contraire en dehors. Les colonnes sont d’ordre corinthien, et de la plus belle proportion ; elles portent chacune vingt-quatre cannelures; leur diamètre est de 0 ra ,66, et la largeur des entre-colonnements est de deux diamètres. Les chapiteaux, taillés en feuilles d’olivier, sont des chefs-d’œuvre d’exécution et de délicatesse. Les bases sont composées de plusieurs moulures un peu inusitées, et on pourrait presque les regarder comme composites ; du reste elles sont travaillées avec une telle perfection, qu’elles semblent sortir de la main du tourneur. Outre les trois colonnes du portique, chaque face latérale en présente huit autres engagées à moitié dans le mur de la cella. Les moulures des bases de ces colonnes se prolongent en retraite sur la muraille, et ceignent le temple de la manière la plus heureuse. La frise, dont la cymaise est ornée de têtes de lion, est de la plus rare magnificence ; des rinceaux d’un fini précieux la parcourent dans toute sa longueur. Sur la face postérieure , cette belle frise, n’étant point interrompue par une inscription, s’accorde élégamment avec le fronton. Sous le portique se trouve la porte, haute de 7 m , 14, large de 3 m ,24, et dont l’architrave très-saillante est supportée par deux belles consoles. Aux côtés de cette architrave sont deux pierres en saillie dont il est bien difficile de se rendre compte ; elles paraissent avoir porté une tablette ; mais quelle pouvait être la destination de cette tablette? Ces pierres, assez semblables à celles qui soutenaient les poutres du velarium dans les amphithéâtres, étant percées chacune à leur extrémité d’un trou carré, large de 0 m ,28 en tous sens, Palladio suppose qu elles peuvent avoir servi à soutenir une seconde porte qui s’ôtait et se remettait à volonté. On pourrait croire aussi qu’elles avaient pour destination l’établissement de quelque dais ou autre ornement dans certaines * Duchesne. Antiquitéz de la France. 1647 . ** Profanum est quod, antefanum conjunctum fano. Varro, De lingua latina, L, vi, 54. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. -* cérémonies. Laquelle de ces conjectures est véritable? L’une d’elles même est-elle véritable? C'est ce que rien ne permet d'affirmer, car aucun fait ne vient donner le mot de cette énigme sans exemple. La plate-forme de l’édifice était élevée de 3 m ,57 au-dessus du sol. Le nombre des degrés du perron était alors de quinze. Cette plate-forme repose sur un soubassement qui est sous le temple un massif plein, mais qui est vide et voûté sous le portique. Dans le massif on a reconnu un puits de 2 mètres de diamètre et de 9 de profondeur, contenant encore 2 m ,66 d’eau. La salle voûtée sous le portique est formée de blocage, et les murs sont parementés de gros carreaux de pierres de taille. Ce souterrain était éclairé par de petites ouvertures carrées, taillées en abat-jour ; il avait son entrée du côté de l’orient. Quant au temple lui-même, il paraît n’avoir jamais été voûté ; il dut être couvert en charpente, et éclairé par des fenêtres percées dans le toit. Les petites fenêtres carrées, que l’on voyait encore il y a quelques années en plusieurs endroits des murs, avaient été percées dans des temps plus modernes ; elles ont été fermées lors des restaurations de 1823. On a employé dans la construction de la Maison Carrée différentes sortes de pierres. Celles des gros murs, soigneusement équarries, formant parpaing, et épaisses d’environ 0 m ,70, ont été tirées de la carrière de Sernhac, village éloigné de 16 kil. de Nîmes, du côté du Gardon. Les pierres des bases des colonnes sont les mêmes que celles employées dans la construction des Arènes. Deux carrières différentes les ont fournies l’une située à Roquemalière, à 1 kil. de la ville, l’autre à près de 8 kil., sur le chemin de la Calmette, et portant le nom de Barrutel. Enfin, les colonnes et les pierres de l’entablement proviennent d’une quatrième carrière, celle de Lens, à 12 kil. de Nîmes, près du village de Fons-outre-Gardon. Des fouilles, exécutées de 1821 à 1832, ont fait connaître que la Maison Carrée était située au milieu d’une place entourée de portiques ; les bases de plusieurs colonnes ont été retrouvées à leur place, ainsi qu’une partie du pavé antique. Au-dessous du niveau de ce pavé on a découvert un reste de mosaïque, qui doit par conséquent remonter à une époque antérieure, et que l’on ne s’est pas donné la peine de détruire ni d’enlever lors de la construction de la Maison Carrée. Quelques antiquaires ont cru que ces portiques étaient ceux d’un forum; il est certain que bien plutôt l’édifice que nous voyons aujourd’hui était un sanctuaire, s’élevant au centre d’un pèribole ou enceinte sacrée, comme nous en avons plusieurs exemples intacts à Pompeï, dans les temples d’Isis, de Yénus, de Bacchus, etc. Il est probable que le pèribole de Nîmes fut détruit en 345 par les chrétiens, lorsqu’ils transformèrent le temple en église. Longtemps abandonnée aux injures du temps et des hommes, la Maison Carrée a été en 1824 transformée en un musée, où l’on a réuni une belle collection de tableaux, parmi lesquels le célèbre Cromwell de PaulDela- roche, et une foule de fragments de sculpture ou d’architecture antique trouvés à Nîmes. Cette heureuse pensée est due à M. de Yilliers du Terrage, alors préfet du département du Gard. Un fait digne de remarque est que presque tous les monuments du musée de Nîmes sont en pierre, ainsi que les édifices qui subsistent encore, et les fragments d’architecture que l’on a retrouvés, tandis que dans les musées de Yienne et d’Arles presque tout est marbre. Doit-on en conclure, contrairement au rapport des historiens, qu’Arles et Vienne étaient des villes plus riches et plus importantes que Nîmes? — BIBLIOGRAPHIE. — l° Duchesne. Antiquité?, de la France. 1647. 2° Montfaucon. Antiquité expliquée, I, Il ; 1729, in-fol. 3” Maffei. Antiquitates Galliœ. Ep. XXV. Vérone, 1734, in-4". 4° Mézeray. Abrégé chronologique de l’histoire de France. 1740. 5° Clerisseau. Antiquités de Nîmes. Paris, 1778, in-fol. 6° Miilin. Voyage dans les départements du midi de la France. 1807- 1811, in-8°. 7° Alex, de Laborde. Monuments de France. 2 vol. in-fol., 1816-1838. 8° Grangend et Durand. Monuments de Nîmes. 1819, in-fol. 9° DeCaumont. Cours d’antiquités monumentales. 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Kzsz/zïC c// zsz '7u/s S H © 3 i y-fîiw i i s anrjgtf^niti y T i i T frn p ft i r p ï $ u m i f* II i WÏ i T» S m Fia. S Echelle? du, ruut. Échelle, des. ttq S cl, 6 3 ï Métrés '3 Mètres Bury cuip J A. Leveil. del Ï 2 MÏ 1 Ï IDE TESTA, A TUT DLL I Details TSIMnPILE ©F TESTA AT TÏÏV 0 ILI Details Tcfuplo d.. De Aquæductibus. 3" Gronovius Jac.. Commentaire sur le II' livre de Pomponius Mêla. 4° Cliandler ltieli.. Voyages dans l'Asie Mineure et en Grèce. 5° Quatremère de Quincy. Dictionnaire d’Arcliitccture.. 6° Piranesi. Antichila cl’Albano e di Castel-Gandol/o, infol., pl. T Vasi. Delta magnificence di Roma antica e moderna ; Roma 1747-61, in-lol. oblong, pl. 8° Stieglitz. Archéologie der Baukunst. 9° ISibby. Guide de Rome et de ses environs. 10° Canina. 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Bury Bculp' - 'i>iir^['iM , ;ipnjd5j[H'.i' t Bkmp mm £cAdU d* la Coupé. C Jfct ËcAé&a vzzzzzzy zzz . Details . ZZZZZ'. STTHIPÎEîæiffi Jk Détails. IYMPIHÆUM AT AJLBAN 3 I 3. a KMWi’.i TwrwvmmimmwTO { I * T? IBBlIÜOiai] piBBBD 0 O» l^p □□□□□□□□□ a a 8 1 IBM i O B1 Q aQ £cAalla pour la riaa. h >H • A Bertv dsl Burv seulp* •FAlLAIIS ^©©^IS’-J'im'îf,, A sm™ Dalmalio DiOtUT^iUl’S PALACW» AT f. '" j y s Itsafe g$*s£*r i&' f t T 3 I “ — a iÇfc i »... .»—•—». I .... •mm&MémfÀ ' . ,••. ~ ••'.> ytisraœSS H IfgSSB *>~dî3£ttt ptât-, ¥* üanMü FORUM DE POMPÉI Dans toutes les villes de l’antiquité, un emplacement plus ou moins vaste, situé ordinairement sur le point le plus central, était destiné à réunir tous les citoyens lorsqu’il s’agissait de traiter les affaires publiques ; cet emplacement, nommé uyopâ chez les Grecs, et forum, chez les Bomains, servait en même temps aux cérémonies populaires, aux jeux, aux courses, et aussi de marché ; il était entouré de vastes portiques et des édifices religieux et civils les plus importants; dans son enceinte, des monuments, des statues, des peintures et des inscriptions retraçaient les actions des citoyens illustres ou les faits glorieux pour la cité, afin que le peuple, habitué à se rendre dans ce lieu pour y traiter les affaires, eût constamment sous les yeux des monuments qui fussent pour lui des motifs d’émulation et d’amour pour la patrie. Plus tard, lorsque les jeux se tinrent dans des amphithéâtres, le forum ne fut plus affecté qu’aux affaires civiles; les marchés furent établis dans des fora secondaires, nommés boarium, piscarium, olitorium , etc., suivant leur destination. La ville gréco-romaine de Pompéi, si riche en monuments et en établissements de tous genres, possédait un forum qui est, sans contredit, le plus complet que nous connaissions, sinon le plus intéressant. Situé dans la partie septentrionale de la ville, non loin de la mer, ce forum a dû exister longtemps avant l’établissement de l’empire romain. A plusieurs reprises il a été agrandi et restauré; car, indépendamment des différences de style que l’on remarque dans sa construction, le défaut d’alignement de la plupart des édifices qui l’environnent prouve assez qu’ils existaient déjà lors de ces agrandissements ; plusieurs voies coupées et interceptées viennent encore appuyer cette assertion. C’est au règne d'Auguste que nous croyons devoir rapporter la plus considérable et la plus récente de ces extensions; d’après des indices certains, on a aussi reconnu qu’au moment même de l’éruption on y faisait des réparations importantes. Le forum de Pompéi occupe un vaste espace rectangulaire de forme allongée, s’étendant de l’est à l’ouest, sur une longueur d’environ 153 mètres; sa largeur, compris les portiques, est de 45 mètres. Ces portiques, qui étaient surmontés d’un premier étage, régnent sur trois de ses côtés seulement; le quatrième, celui de l’orient, où sont les entrées principales, est fermé par un temple et des arcs de triomphe les autres monuments sont rangés avec plus ou moins de symétrie tout autour de son enceinte extérieure. Ces arcs de triomphe, au nombre de deux, car nous ne pouvons mettre au même rang la porte A, qui n’est qu’une simple arcade ouverte dans la muraille, se trouvent, l’un à droite N, sur l’alignement extérieur du forum, l’autre à gauche O en arrière du premier, et appuyé au péristyle du temple. Ils sont construits en briques et percés d’une seule arcade; tous deux étaient revêtus en marbre et surmontés d’inscriptions; celui du midi était décoré de niches et de colonnes adossées; celui du nord, de simples pilastres cannelés. La surface découverte du forum, pavée en dalles régulières, verse ses eaux dans des caniveaux couverts régnant tout autour devant les portiques, et pratiqués sous le premier seuil ou degré, dans lequel ils ont été évidés. Un grand nombre de piédestaux, plus ou moins bien conservés, existent dans cette enceinte ; ils sont encore en grande partie revêtus de marbre et couverts d’inscriptions ; seize de ces monuments, d’égales dimensions R, ont dû porter des statues ; d’autres, plus grands S, devaient être surmontés de sujets équestres ; quant à celui en forme de petit arc triomphal P qui se trouve au fond et sur l’axe général, sa profondeur est assez considérable pour qu’on puisse supposer qu’il était couronné d’un quadrige. Le forum, ainsi que les riches et nombreux édifices qui l’accompagnent, a beaucoup souffert de l’éruption qui les a engloutis ; bien peu de murs ont conservé leur hauteur primitive ; de tant de colonnes, quelques-unes seulement sont restées debout, le plus grand nombre ne sont indiquées que parleurs tambours inférieurs, par leurs bases, ou même par de simples traces. Celles du premier ordre des portiques sont doriques , sans bases, cannelées au tiers de leur hauteur, et surmontées d’un entablement à triglyphes dans les parties les plus anciennes, et à frise lisse dans celles dues aux artistes romains. L’ordre supérieur est composé de colonnes ioniques, largement espacées pour gêner le moins possible la vue des spectateurs placés au premier étage, auquel on arrivait par quatre petits escaliers très-roides, situés aux angles de la place. Il est à remarquer que ces escaliers prennent leur emmarchement au dehors, sans avoir de communication directe avec le rez-de- chaussée. Ce premier étage était-il exclusivement réservé aux femmes? Cela ne serait pas sans exemple, surtout si l’on considère que Pompéi était une ville grecque bien plus que romaine. Les édifices disposés autour du forum, au nombre de douze, sont, les uns religieux, les autres civils. Parmi les premiers, nous placerons d’abord le temple hexastyle M, occupant le côté oriental de cette vaste place; on le considère généralement comme dédié à Jupiter; quelques auteurs, et nous sommes de leur avis, croient y — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — voir en même temps un œrarium ou trésor public. Au reste, un monument d’une analogie frappante, flanqué aussi d'arcs de triomphe, se trouve sur la face nord-ouest du forum d’Auguste à Rome. Un petit temple périptèrc, situé au milieu d’une enceinte sacrée ou péribole, marqué B sur le plan, était destiné au culte de Vénus. Les détails en sont charmants, les peintures intéressantes, et présentent tous les caractères d’une œuvre due à l’école grecque d’Italie. Tels sont les édifices religieux les autres ont un caractère purement civil. En C se présente d’abord un emplacement couvert, espèce de hangar destiné à l’emmagasinement des grains; tout auprès, dans une niche carrée D, on voit encore les mesures officielles destinées à servir de contrôle au mesurage des denrées d’approvisionnement. Elles sont pratiquées dans une longue table de tuf, et se vidaient à l’aide de trappes en bronze placées en dessous ; une inscription, gravée sur le devant de cette table, fait connaître le nom des magistrats qui furent chargés d’établir ces mesures-étalons. Entre ces greniers et les mesures, un passage conduit à quelques caveaux E, qu’on suppose avoir servi de prison. Au nord du forum, et à l’ouest du temple de Vénus, s’étend la basilique F, vaste édifice dù à l’école grecque, isolé par des voies, et tenant au forum par un porche ; l’intérieur, richement décoré, est divisé par deux lignes de colonnes corinthiennes cannelées. Sur la face occidentale sont trois salles G, dans lesquelles il est impossible de ne pas reconnaître autant de tribunaux. Au midi de la place se trouvent plusieurs édifices sur la destination desquels on n’est pas d’accord. D’abord se présente une salle carrée H d’une grande simplicité, dans laquelle on a cru reconnaître une école ; à la suite vient une construction I, dont on ignore complètement la destination, et qu’on appelle l 'édifice d'Eu- machia, du nom de sa fondatrice, dont la statue en marbre blanc se voit dans une niche carrée, au fond de sa seconde enceinte. Nous serions disposé à y voir la curia de la ville municipe de Pompéi, à laquelle quelques auteurs destinent la grande salle K, qui en est séparée par un petit monument religieux T. La construction L, considérée d’abord comme un panthéon, passe pour être un hospitium, à cause de la disposition de son plan, analogue à celui du monument de Pouzzoles, dit Temple de Sérapis. Sur le devant de cet hospitium, et sur la voie située à droite, se trouvent de nombreuses boutiques destinées aux changeurs, aux banquiers, et principalement aux marchands de parfumerie et d’objets de toilette ; on sait que c’était l’usage des gens à la mode de venir au forum pour se faire admirer et y donner le ton. Les divers styles employés dans les portiques de cette vaste construction sont extrêmement intéressants à étudier en ce qu’ils nous font voir la transition du gréco-italique au romain pur ; les parties les plus anciennes, d’ordre dorique, sont traitées avec un goût digne des plus beaux monuments de la Grèce; leurs formes plus sveltes, plus élégantes, ajoutent à leur charme et à leur mérite; les profils se font surtout remarquer par la délicatesse extrêmedes moulures. Les parties romaines sont composées de lignes plussimples, et conséquemment moins gracieuses; l’absence des triglyphes dans la frise leur donne aussi plus d’austérité. Le style transitoire, participant de l’un et de l’autre, est peut-être préférable, parce qu’il semble réunir les avantages de chacun. L’ordre supérieur des portiques appartient à cette époque de transition dont nous venons de parler ; il se recommande aussi par le bon goût de ses détails ; son chapiteau, ionique, est d’une composition digne d’être imitée. Les arcs de triomphe, par leur décoration simple et maigre, portent le caractère des premiers monuments de ce genre. Les édifices adjacents au forum rentrent aussi dans ces trois styles les uns, tels que le temple de Vénus et la basilique, sont grecs; d’autres, comme le temple de Jupiter, sont de style transitoire; les tribunaux et les édifices situés au midi sont d’une époque plus ou moins avancée, mais romaine cependant. En somme, le forum de Pompéi offre l’exemple d’une belle place publique, bien disposée d’après les usages antiques; les édifices qui l’entourent sont tous d’une utilité et d’une richesse qui répondent à l’importance de leur situation, et présentent de très-beaux spécimens d’architecture gréco-romaine. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Mazois. Ruines de Pompéi. 2 v. iu-fol. en 4 part., Paris, 1824 à 1838. 2° Real Museo Borbonico. In-4°, Naples, 1824 et suiv. 3° C. Bonnucci. Pompéi descritta. 1827. 4° De Jorio. Plan de Pompéi et remarques sur ses édifices. 5° W. Gell. Pompeiana. 2 vol. gr. in-8°, Londres, 1832. 6° H. Roux. Vues des ruines de Pompéi d’après Gell et Gandy. Gr. in- 4° et atlas, Paris, 1S27. 7° Canina. Architettura antica, partie romaine. 2 vol. in-8 0 et pl. Roma, 1834 à 184.. 8° Tardieu et Coussin. Traduction de Vitruve. In-4°, Paris, 1837. i/ l;/î - 3 J g- rj-ÊT 1. j-pspj ïÊËfm fmmm ' ,.Jn* .J-. W&ÿ JÆtMê^Ètmà . v •. Ï W &t2Wi m ’nun ^ \ maté r\ ~- Tlü% Burv sculp de Menndol dfl iFm©aî ion, ipaïîFna. Italie. Italia. italien 4/7 i /It^UzaJ Foro de Pompei /i fjr JuLùf f'xulhd . ruictur et Moderms ••A 2 Les parties comprises entre. tes lignes ponctuées où teintées plus noires sontpoucüée-s. Basilique- de/ .Fana. Lf ûn Vsui V.. s^t GRAND THÉÂTRE DE POMPEI Le grand théâtre ou théâtre tragique de Pompéi, reconnu en 1764, mais déblayé entièrement trente ans plus tard seulement, est un des premiers édifices qui se présentent aux voyageurs en entrant dans les ruines de Pompéi par le forum appelé vulgairement Quartier des soldats, lequel était adossé aux constructions de la scène, ainsi qu'on peut le reconnaître dans la vue d’ensemble qui accompagne cette notice. Au côté occidental de ce théâtre se trouve un autre forum qui lui servait de portique, et au milieu duquel s’élevait un temple, seul édifice purement grec qui existe dans la partie découverte de la ville. Le grand théâtre de Pompéi, suivant l’usage généralement adopté par les Grecs et les Romains, était adossé à une élévation qui, en économisant les frais de substruction, a permis de placer l’entrée principale à la hauteur de la seconde prœcinction , point d’où est prise notre vue. Deux autres entrées par des corridors voûtés se trouvaient aux côtés de la scène, et venant aboutir dans l’orchestre en CC, donnaient accès aux gradins inférieurs, au nombre de cinq, réservés aux personnages privilégiés. Chacun de ces corridors ou rom itoires avait un embranchement également voûté, qui, passant sous les gradins, conduisait par six degrés à la hauteur de la première prœcinction. Enfin , un escalier placé à la droite des gradins, au point M, permettait d’arriver directement à la troisième prœcinction, où étaient reléguées la populace et les femmes. Cette dernière partie du théâtre a été restaurée depuis sa découverte; on a rétabli jusqu’à l’une des poutres qui soutenaient le velarium, et plusieurs des corbeaux et modillons qui les portaient. Cet édifice, par sa position dans le site le plus élevé de la ville, était demeuré en partie accessible après la catastrophe de 79 ; aussi, sans doute dès le temps des Romains, a-t-il été dépouillé de la plupart de ses gradins et de ses marbres. La scène, beaucoup plus basse, et par conséquent entièrement recouverte par les cendres et les lapilli, a été mieux préservée des injures du temps et des hommes, et nous est parvenue plus intacte. Notre plan est partagé transversalement en deux parties ; la moitié supérieure indique seulement l’emplacement occupé sur le sol par les constructions ; l’autre partie présente l’édifice avec ses distributions et ses gradins. On remarquera d’abord la disposition tout exceptionnelle de la partie du monument réservée au public, de Vamphithéâtre comme nous l’appelons à tort, du xoîXov ou de la cavea, comme eussent dit les Grecs et les Romains. Au lieu d’être un hémicycle parfaft , ainsi que le veut Yitruve, et que nous le présentent tous les théâtres antiques connus, celui-ci est en forme de fer à cheval ; son diamètre est de 68 m , et il pouvait contenir cinq mille spectateurs. Les gradins de marbre de Paros étaient au nombre de vingt-neuf, partagés en trois étages par deux prœcinctions, divisés eux-mêmes par cinq escaliers, itinera ou scalœ, dont chaque gradin formait deux degrés, en cinq cunei ou coins LLL, et en deux parties qui ne peuvent mériter ce nom, étant de forme rectangulaire. Ces deux parties, qui se trouvent aux côtés de la scène et sur les reins des voûtes des deux vomitoires, complétaient les ailes du fer à cheval, et se terminaient dans leur partie inférieure par deux tribunes réservées ou podium , dans l’une desquelles on a trouvé les débris d’une chaise curule. Le premier ordre, ou ima cavea , était, ainsi que je l’ai dit, composé de cinq gradins ; le deuxième en avait 'ùngt, et le troisième quatre seulement. Au quatrième gradin de l 'ima cavea sont trois piédestaux, qui portaient des statues de magistrats municipaux. Un peu plus haut, sur le marbre même d’un gradin, ou lit 1 inscription suivante Marco Holconio Marci filio Rufo, duumviro juri dicundo quinquiens iterum duumviro quinquennali, tri- huno militum a populo , Flamini Augusti, Patrono coloniœ , décréta decurionum A Marcus Holconius Rufus, fils de Marcus, cinq fois duumvir chargé de la justice, et de nouveau duumvir quinquennal, tribun des soldats nommé par le peuple, flamine d’Auguste , patron de la colonie, par décret des décurions. Des traces encore visibles sur la pierre qui porte cette inscription font penser que les Pompéiens y avaient érigé un bisellium, ou une statue en l’honneur de cet Holconius, auquel la ville devait plusieurs de ses principaux monuments, ainsi que l’atteste une autre inscription également placée dans le théâtre, portant que les deux Marcus Holconius, Rufus et Celer, ont érigé à leurs frais une crypte, un tribunal et un théâtre pour l ornement de la colonie. La crypte ou réservoir, ainsi que le tribunal, appelé vulgairement aujourd’hui 1 École, existent, en effet, à côté du théâtre. Dans la partie supérieure de l’édifice, en dehors de l'hémicycle, on peut voir sur notre plan une espèce de tour carrée au dehors et ronde en dedans c’était un réservoir qui fournissait l’eau à l’arrosement du théâtre. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — Au centre de l’orchestre, c’est-à-dire, de la partie A , comprise entre les gradins inférieurs et l’avant-scène, s’élevait un piédestal B, que quelques auteurs ont cru avoir été destiné à porter une statue, qui évidemment aurait coupé le point de vue de la manière la plus désagréable pour les spectateurs. Nous devons plutôt y reconnaître la thymèle, petit autel sur lequel on sacrifiait à Bacchus au commencement du spectacle. Cet autel, il est vrai, n’existe point ordinairement dans les théâtres romains ; mais gardons-nous d’oublier que Pompéi était une colonie grecque, une ville de la Grande Grèce, qui dut conserver plus d’un souvenir, plus d’un usage de la mère patrie. Le mur d’avant-scène, ou proscenium , s’étend entre CC et DD; il portait le plancher en bois DD, ou pulpilum , formant l’avant-scène sur laquelle se tenaient les acteurs, et qui serait chez nous la partie comprise entre le rideau et la rampe. Le plancher, étant détruit, permet de voir aujourd’hui à découvert le dessous du pulpilum , ou Vhyposcenium , lieu où se plaçaient les instruments propres à imiter le tonnerre, dans lequel rentrait le rideau d’avant-scène, et sur lequel enfin étaient ménagées les trappes pour les apparitions. Le mur d’avanl-scène présente une niche semi-circulaire, et six carrées, que l’on peut supposer avec quelque vraisemblance avoir été destinées à contenir les musiciens , quand ils n’étaient pas placés aux côtés de l’avant scène, sur le pulpilum même. Enfin, au fond s’élève ce que les anciens appelaient proprement la scène, mais qui correspond à notre toile de fond, dont elle ne diffère qu’en ce qu’elle était une construction solide, richement décorée de colonnes, de marbres et de statues, mais restant constamment la même pour toutes les pièces que l’on représentait, sauf quelques décorations mobiles qu’on y ajouta plus tard, et qu’on appelait sccna versilis ou trigones mobiles, et qui tenaient lieu de nos coulisses. La scène de Pompéi, large de 24 m , avait été dépouillée de tous ses marbres, et tout porte à croire que l'édifice, endommagé par le tremblement de terre de 64, était en pleine réparation à l’époque de la catastrophe de 79. La scène présente les trois portes ordinaires EEE; celle du milieu, s’ouvrant au fond d’un hémicycle, était Yaula regia, la porte royale elle était censée conduire au palais du principal personnage chez lequel le drame se passait, et c’est par là, en effet, qu’entrait ce personnage appelé protagonisla. Les deux autres portes, plus petites et rectangulaires, portaient le nom d hospitales, parce qu’elles servaient aux hôtes ou étrangers. Cette construction de la scène faisait retour sur les côtés pour circonscrire l’espace réservé à l’action, et sur ces ailes, appelées versuroe, étaient ouvertes deux autres portes, dont l’une était supposée conduire au port, et l’autre à la campagne. Ces portes, qui étaient presque invisibles aux spectateurs qui n’étaient point assis aux extrémités de l’hémicycle, étaient plus grandes que les autres, et servaient à l'introduction des chars et autres objets de grande dimension qui étaient employés dans les représentations théâtrales. Derrière la scène est le poslscenium II, lieu divisé en petites loges où se préparaient les acteurs. Enfin , derrière le poslscenium s’étend une cour qui pouvait répondre à notre foyer des acteurs, et dans laquelle ou descendait par un plan incliné F. Dans la partie de l’édifice qui communique au forum triangulaire, on a trouvé quelques fragments de statues de marbre, une grande quantité de bois carbonisé, des morceaux de draperie appartenant à des statues de bronze, une énorme quantité de tuiles et des inscriptions presque toutes frustes. — BIBLIOGRAPHIE. — 1“ Hamilton et deMurr. Descrizione delle nuove scoperte in Pompeja. 1770, in-4". 2- Ev. Hamilton. Account of the discoveries at Pompey. Lond. 1777, in-4°. 3° W. Gell et Gandy. Pompejana, or observations on the topography, édifices andornaments of Pompeï. 1817-1830, in-8». 4» —Vues des ruines de Pompéi; traduit et complété. Paris, 1827, in-4“. 5° Mazois. Les ruines de Pompéi. 4 v. in-f", terminés par Gau et Barré. 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Le lieu qui fut choisi pour établir cet immense édifice était un terrain bas, situé entre les monts Palatin, Cœlius et Esquilin, à l’Orient de la Telia et du quartier des Carènes. Il fut achevé en peu d’années, et tout le luxe de l’architecture et de la statuaire contribua à sa décoration. Titus, qui le termina^, lui donna le nom d’amphithéâtre Flavien , pour rappeler aux Romains qu’ils le devaient à l’empereur Yespasien , son père, issu de l’ancienne famille Flavia. Ce monument, célèbre dans l’histoire de Rome par les fêtes qu’y donnèrent les empereurs, et dans le Ras-Empire par les sanglantes exécutions des chrétiens, est encore de nos jours un des plus beaux ornements de la ville papale ; les restes imposants nommés ruines du Colisée, en italien Colosseo , doivent cette dénomination soit aux dimensions de l’édifice, soit au colosse de Néron, qui s’élevait dans le voisinage. Le plan du monument présente la forme qui fut généralement adoptée pour les amphithéâtres il est elliptique ; le grand axe AR a 200 mètres de longueur, le petit CD, 167 ; quatre-vingts arcades, distribuées régulièrement sur la circonférence, conduisent à deux galeries parallèles, situées à rez-de-chaussée, vers la partie externe du monument ; arrivé dans la seconde, le public se dirigeait, par vingt-quatre corridors, dans deux autres galeries concentriques, comme les premières, situées au milieu des constructions, et destinées à conduire aux places les plus distinguées de l’amphithéâtre celles du podium, réservées aux sénateurs, aux vestales, aux ambassadeurs , etc., et celles des chevaliers, situées derrière. Ces deux précinctions , ou divisions de gradins, que l’inscription des frères arvali désigne par le mot mœniano , étaient desservies, la première par douze escaliers pratiqués dans l’épaisseur du gros mur inférieur le plus rapproché du podium; la seconde, par seize autres contenus entre des murs se dirigeant de la troisième galerie vers le centre de l’édifice, et par le corridor F, situé au niveau du premier étage. Le peuple montait directement et de fond à la troisième précinction, par les nombreux escaliers qui débouchaient dans les galeries voisines de la circonférence; enfin les affranchis, les serviteurs et les courtisanes étaient, suivant un décret d’Auguste, relégués aux degrés supérieurs, à la summa cavea. Ils y parvenaient par des escaliers secondaires, appuyés sur les voûtes de la galerie du second étage. Voir la coupe générale de l’édifice et le plan à la lettre G. Dans les axes du monument, le plan était disposé de manière à établir des arrivées plus vastes que partout ailleurs, pour donner un accès facile aux tribunes d honneur ; celle de l’empereur, située au point E sur le petit diamètre, était annoncée sur la façade par deux colonnes en saillie portant un fronton. Deux autres tribunes, placées sur le grand axe, contenaient des chars de victoire , le munerarius Suétone, éditeur qui donnait les jeux, et les magistrats qui y présidaient. Toutes ces constructions, dont nous venons de décrire le plan, formaient un massif de 60 mètres d’épaisseur, enveloppant dans son circuit l’arène, destinée aux jeux et aux combats ; sa forme était ovale, ovi speciem coneludens Cassiodore. Enveloppé par le mur inférieur ou podium, cet espace tirait son nom du sable arena que des esclaves éthiopiens y répandaient avant le spectacle. Sous l’arène étaient de nombreuses constructions voûtées voir le plan, fig. 1, destinées à réunir les gladiateurs avant le combat, à renfermer les animaux et les malheureux condamnés au supplice des bêtes. Les voûtes servaient aussi au jeu des machines théâtrales nommées pegmata par Martial. Selon Stace et Trebellius Pollion, on donnait aussi le nom de cavea à l’ensemble de ces voûtes souterraines. La décoration extérieure se composait de quatre étages, couronnés chacun d’un entablement complet faisant le tour del’édifice; les trois premiers ordres offraient des colonnes engagées, doriques, ioniques et corinthiennes, entre lesquelles s’ouvraient deux cent quarante arcades, dont quatre-vingts pour chaque étage. La partie supérieure du monument formant attique était percée de quarante baies carrées disposées symétriquement ; des pilastres corinthiens portant des piédestaux, comme les ordres du premier et du second étage, décoraient cette muraille élevée. Entre les pilastres de l’attique régnait, aux deux tiers de la hauteur de l’ordre, une suite de deux cents quarante consoles, destinées à porter un pareil nombre dé poteaux en bronze, qui, traversant la corniche supérieure, s’élevaient au-dessus des constructions pour mai ntenir les câbles d’un immense velarium tendu sur la totalité du monument, dans le but de mettre les spectateurs à l’abri du soleil pendant la durée des spectacles. Afin que le bon ordre pût s’établir dès l’arrivée du public dans un aussi vaste édifice, les arcades du rez-de-chaussée * L’an de Rome 834, et de l’ère vulgaire 84. Cuspiniani, Comm. in Aurel. Cassiod. consul. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — étaient numérotées au-dessus des archivoltes, en chiffres d’une assez grande dimension, pour qu’on pût les voir facilement de loin. Ces numéros extérieurs devaient avoir une certaine corrélation avec un numérotage intérieur. La médaille de Yespasien, déjà mentionnée au commencement de cette notice, fait voir que des quadriges et des statues décoraient le vide de toutes les ouvertures du premier et du second étage. Ces sculptures étaient posées sur des piédestaux établis en saillie devant l’appui ou garde-fou qui, dans le vide des arcades, protégeait des chutes au dehors ceux qui, circulant dans les galeries supérieures, s’approchaient de la façade. Les arcades inférieures, donnant entrée à l’édifice, étaient closes, dans l’intervalle de deux représentations, par des barrières en bois, qui, le jour, empêchaient les curieux d’errer dans le monument, et la nuit, les gens sans asile de s’y réfugier. On voit encore les traces de ces clôtures, ou plutôt des moyens employés pour les maintenir en place d’une manière solide ce sont des trous carrés, pratiqués deux à deux sur chaque face des piliers qui correspond à l’épaisseur du mur extérieur; établis tous à la même hauteur, ces trous sont séparés par un intervalle qui indique l’épaisseur qu’avait la barrière de bois ; des traverses placées dans les trous, l’une devant, l’autre derrière la barrière, et assujetties par un boulon mobile avec serrure, fixaient solidement la clôture, qu’on pouvait enlever à volonté très-rapidement. Les voûtes rampantes pratiquées sous les grands escaliers devaient servir à renfermer ces barrières pendant les représentations. Une planche de détails, jointe à cette notice, fait connaître, sur des dimensions suffisamment grandes, le style des quatre ordres d’architecture qui décoraient le monument à l’extérieur. La figure l re donne en géo- métral les parties principales de l’ordre dorique ; labase, qui est d’une forme particulière, repose sur trois marches ; le chapiteau et l’entablement, simples et graves dans leurs profils, s’harmonient d’une manière convenable avec la destination de l’édifice ; la frise est nue et dépourvue de triglyphes. A la figure 2 est la coupe du couronnement complet. L’imposte et l’archivolte des arcades inférieures sont tracées à la figure 3. L’ordre ionique dont est décoré le premier étage fig. 4 et 5 est étudié avec la même simplicité que celui qui le supporte; les denticules et autres détails délicats ont été supprimés ; la frise est sans ornement; le chapiteau lui-même a été très-adroitement simplifié par la suppression des filets qui encadrent ordinairement les volutes; la base est de forme attique, et repose sur un piédestal. La figure 6 est le détail de l’imposte et de l’archivolte qui décorent les arcs de cet étage. Le troisième ordre fig. 7 et 8 est un corinthien, qui n’a de ce style que les proportions générales; la base est la plus simple de toutes celles qui décorent le monument, les feuilles du chapiteau , les tigettes, les fleurons, n’ont été que massés, et sont dépourvus des fines découpures qui en font ordinairement toute la richesse. Des modillons cubiques et sans sculpture couronnent convenablement ces trois étages sévères, en se mêlant aux moulures de l’entablement. La figure 9 reproduit l’imposte et l’archivolte de ce troisième ordre. Le quatrième détail fig. 10 est l’ordre de pilastres qui décore l’attique il est corinthien; le chapiteau massé et sans sculpture a cela de particulier que, pour éviter la maigreur à une aussi grande élévation , l’architecte a fait reproduire en pan coupé le second rang de feuilles et les volutes, au lieu de les profilera angle droit, comme le fût du pilastre et les feuilles inférieures du chapiteau. La frise comporte une série deconsolessurinontéesd’unprofild’architrave, pour éviter une trop grande saillie; lespoteauxen bronze qui portaientle velarium, traversant tout ce couronnement,l’interrompaientàdes distances égales pour venir reposer surles consoles figurées en coupe et en élévation sur la planche des ordres, figure 12. L’intérieur de l’amphithéâtre avait l’aspect d’un vaste entonnoir, en raison de la pente générale établie pour qu’on pût voir de toutes les places. On nommait cavea l’ensemble de cette disposition en creux. La summa cavea était la partie supérieure qu'occupaient les esclaves. Chaque banc destiné à faire asseoir le public formait un gradus , gradin ; il était divisé dans toute son étendue par des lignes gravées, également espacées et limitant les places ou subsellîa *. Les lettres initiales, et quelquefois les noms entiers des personnages ou des corporations propriétaires de ces places , y étaient gravés profondément ; le fragment de gradin fig. 9 placé auprès du plan, indique un nom VERO. Les places sans noms ou marques quelconques étaient libres, et pour le public sans qualités ou fonctions. Les gradins étaient réunis en plusieurs rangs, afin de placer, sans les confondre, les diverses classes de la société; chacune de ces divisions se nommait mamianum **, circuit, pré- cinction ; elles étaient séparées les unes des autres par des murs plus ou moins élevés, ou des gradins trop hauts pour être franchis; ces séparations formant en quelque sorte des ceintures qui se distinguaient des gradins par leur élévation, avaient reçu le nom de baltei. Dans l’amphithéâtre Flavien, le mur qui séparait la troisième précinction de la quatrième, était fort élevé ; les portes et les niches qu’on y avait pratiquées étaient * Vitruve, Lib. III, p. 65.—** Inscription des arvali.. — AMPHITHEATRE FLAVIEN A ROME. — décorées de colonnes, de frontons et de statues. Des détails de ces petits ordres sont reproduits sur une de nos planches, aux figures 4, 5 et 6, auprès du plan. Chaque précinction était coupée dans tout son circuit par des escaliers étroits, dont ordinairement deux marches étaient taillées dans la hauteur d’un gradin, comme on le voit au bas de la figure 3, placée sur la coupe générale de l’édifice. Ces escaliers s’établissaient dans la hauteur de la précinction , devant les portes d’entrée pratiquées dans les murs de séparation ou baltei; ils n’occupaient que la moitié inférieure de la réunion de gradins, lorsqu’on arrivait aux places par des issues que Macrobe nomme vomüaria , vomitoires, et qui étaient pratiquées aux dépens des gradins eux-mêmes, comme on en voit un exemple très-orné et provenant du Colisée, qui a été reproduit à la figure 3, au-dessous de la coupe générale. Les portions du circuit comprises entre deux escaliers étaient nommées cunei *, et avaient en effet la forme d’un coin. Ces cunei étaient numérotés par un chiffre , afin qu’on pût se diriger vers la portion du circuit où l’on devait prendre place ; il est probable aussi que chaque rang de gradins avait un numéro voir le fragment de gradin n° 8 , auprès du plan. Les bancs étaient taillés de manière à se soutenir mutuellement et à ne pouvoir glisser les uns sur les autres, comme on le voit aux figures 8 et 9, auprès du plan. Dans les amphithéâtres dont on a retrouvé un grand nombre de gradins, on remarque de grandes différences dans leurs hauteurs, ce qui fait présumer qu’ils étaient ainsi disposés pour les spectateurs qui apportaient des coussins ¥ *et des tabourets de pieds; on le permettait aux femmes et aux sénateurs. Tous ces bancs avaient une largeur uniforme et plus que suffisante pour s’asseoir, afin qu’en circulant on ne pût gêner les personnes assises ; devant chaque mur de précinction ou de ceinture était une large voie, parce que c’était là qu’arrivait la foule par les issues, avant de se distribuer à toutes les places. La summa cavea était décorée d’une loge ou galerie à colonnes, faisant le tour intérieur de l’édifice ; le chapiteau composite et la base fig. 3, auprès du plan proviennent de sa décoration. Sous cette loge était une suite de gradins en bois, comme on l’apprend par l’inscription des arvali, qui fut trouvée dans la campagne de Rome, et qui indique les places qu’occupaient ces prêtres, in lignés tabulis, summo mœniano. Les câbles du velarium , partant des poteaux en bronze placés au sommet de la façade, passaient par-dessus cette galerie et se dirigeaient vers le centre du monument. Selon Victor, le Colisée contenait 87,000 spectateurs assis. Quelques auteurs ajoutent à ce nombre 20,000 personnes, qui, arrivant trop tard pour trouver place sur les gradins, pouvaient se tenir debout auprès des murs de précinction, dans les corridors de dégagement et sur toute l’étendue des petits escaliers qui séparaient les cunei. Le chiffre s’élèverait ainsi à 107,000. Pour maintenir l’ordre dans un nombre aussi considérable de spectateurs, pour empêcher en outre que les divisions de l’édifice réservées aux divers ordres de l’État par les lois Roscia et Julia , fussent envahies par la foule, les magistrats plaçaient des gardes qu’on nommait locarii , et qui veillaient à ce que chacun se plaçât selon son rang et sans tumulte ; ils devaient se tenir debout auprès des vomitoires et des portes d’entrée, et formaient, ainsi que les 20,000 spectateurs non assis, ce qu’Apulée nomme les excuneati, c’est-à-dire ceux qui étaient en dehors des cunei. Le rang inférieur de celte foule immense avait devant lui un appui, porté par le mur du podium, dont l’élévation, selon Carli ¥¥ *, était de 5 mètres. Quelques accidents ayant eu lieu dans les rangs inférieurs par l’agilité d’animaux féroces qui avaient franchi le podium, des grilles furent placées au-dessus pour en augmenter l’élévation, sans nuire à la vue de l’arène ; on y ajouta des rouleaux en bois, tournant sur des axes de fer, pour empêcher les animaux de monter. Derrière le mur du podium était un corridor, élargi de distance en distance par des niches profondes. Les auteurs qui ont écrit sur le Colisée ont pensé qu’on y enfermait les animaux ¥¥¥¥ . Ce corridor est trop étroit, trop obscur, pour admettre qu’il avait cette destination ; il ne semble avoir été ménagé que pour le service , les animaux étant amenés dans des cages de fer au moment des spectacles, ou renfermés dans des constructions établies sous l’arène, comme nous l’avons indiqué dans le plan , et comme on peut le voir dans la coupe générale de l’édifice. Avant de commencer les fêtes de l’amphithéâtre, on entrait dans l’arène, et, avec une certaine pompe religieuse, on faisait des sacrifices à Jupiter, auquel étaient consacrés les jeux. Lipse ¥¥¥¥¥ pense que l’autel était placé au centre du monument, et qu’il y était établi d’une manière stable; Maffei croit, au contraire, qu’il pouvait être enlevé, afin qu’il ne pût nuire aux spectacles. Les dimensions de ces autels étaient trop minimes ’ Inscription des arvali.— ** Pulvinar , pulvinus. Ovide, de Arte amandi , LI, v. 159. — *** Aut. ital ., T. II, p. 1 8i —**** Carii, Aut. ital., T. II, p. 205.—*’*** De Amphit., cap. XIII. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — pour gêner dans un aussi grand espace. Il est donc probable que le petit autel figuré au n° 7 auprès du plan était consacré à Jupiter et dressé dans l’arène. La médaille de Vespasien, reproduite à la figure 2, auprès d j plan de l’amphithéâtre, fait voir au sommet de l’édifice et dans toute sa circonférence des tiges verticales surmontées d’un cercle ; de plus, dans la partie qui représente l’intérieur du monument, le graveur a figuré des courbes renversées comme des draperies. Ces diverses indications sont celles du velarium , qui couvrait l’édifice pendant les représentations théâtrales, pour mettre les spectateurs à l’abri du soleil. Les Romains devaient son introduction dans les théâtres à Quintus Catulus, qui l’avait imité de Capoue, l’an de Rome 684. Des poteaux en bronze, de 10 mètres de longueur environ, traversaient la corniche supérieure du monument par des trous pratiqués entre les modillons de cette corniche ; leur extrémité inférieure allait se fixer dans des entailles faites ad hoc dans les consoles isolées qui régnaient sur une même ligne aux deux tiers de l’ordre de pilastres dont l’attique était décoré. Voir l’élévation restaurée et la coupe placée auprès. Les cercles qui sont figurés sur la médaille au sommet des poteaux, rappellent probablement les boucliers cités par un auteur ancien, comme décorant le sommet de l’amphithéâtre Flavien ; ils avaient peut-être pour but de masquer les poulies qui servaient au tirage des câbles du velarium. Les poteaux , bien qu’établis en métal, auraient été trop faibles pour soutenir le poids du vélum, s’ils n’avaient été contre-butés à l’intérieur de l’édifice, sur l’épaisseur du mur de l’attique, par des contre-fiches ,; des pièces horizontales et des poteaux intérieurs placés sur la terrasse de couverture de la loge ou galerie supérieure voir la coupe placée auprès de la façade restaurée complétaient le système. Les poteaux, ainsi disposés avec solidité, pouvaient soutenir le poids immense des,câbles, qui, partant de la circonférence, allaient porter au- dessus de l’arène la partie fixe du velarium. Les courbes renversées en forme de draperie qui se remarquent sur la médaille de Yespasien, indiquent d’une manière certaine que des rideaux mobiles et d’une largeur peu considérable pouvaient être tendus sur les câbles au moyen d’anneaux, de cordes et de poulies, et couvrir ainsi tout le circuit formé par les gradins, en se développant depuis la circonférence du monument jusqu’à celle du voile fixe tendu au-dessus de l’arène. Voir au-dessous de la coupe générale le détail du velarium . Ces rideaux, lorsqu’ils étaient repliés auprès des poteaux, devaient former une espèce de draperie autour du monument ; c’est ce que le graveur a figuré sur la médaille. L’ensemble du velarium devant fléchir vers le centre par le poids considérable des toiles et des câbles, il était maintenu dans cette position légèrement courbe par des cordages qui, partant de la circonférence de la partie fixe et centrale, allaient s’attacher au mur du podium. Ce système général de construction du velarium,, beaucoup plus simple que ceux qui ont été proposés par Carli, Stancovich et autres auteurs qui ont traité des amphithéâtres, a déjà été produit dans la description de l’amphithéâtre de Nîmes, à laquelle nous renvoyons pour plus de détails. Le Colisée est trop ruiné depuis longtemps pour qu’on ait pu étudier d’une manière certaine la manière dont les eaux pluviales étaient dirigées pour éviter leur séjour sur les gradins, dans les corridors situés au pied des murs de précinction, sur le sol de l’arène et dans toutes les parties de cet immense édifice , où elles auraient causé de grands ravages si elles n’avaient été sagement détournées dans des aqueducs. Trop de soin et de luxe avaient présidé à sa construction, pour qu’on ne puisse avoir la certitude que l’architecte avait fait une étude toute particulière de ces détails essentiels à la conservation du monument. L’amphithéâtre de Nîmes, si complet dans tous ses détails , peut suppléer pour ce qui manque au Colisée ; on peut juger par lui que, si, dans les colonies, l’intelligence de l’architecte savait tout prévoir, celui qui fut chargé par les empereurs Vespasien et Titus d’enrichir la capitale du plus beau et du plus vaste monument quelle ait jamais vu s'élever dans ses murs, sut se rendre digne de sa mission, en mettant tous ses soins à en assurer la conservation, en harmonisant les détails avec la conception générale. — BIBLIOGRAPHIE. — 1" Sue/onii Tranquilli C. opus de vilis XIl Cœsantm, etc, — in Vespasian cap. A'. 2° Cassiodori Aurel. opera var., L. IV. 3° SerlioSeb., Architettura, L. III; Venezia, 1551, in-4°. 4° Cuspiniani Comment, in Aur. ; Basileœ, 1553. 5° Lipsii Justi, de amphithealris, Antuerpiœ, 1621 , in-P, pl. fi» Montfaucon, l'Antiquité expliquée, t. 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Comme on y déployait toute la magnificence architecturale et décorative qu’il était possible de donner aux édifices, les thermes peuvent en quelque sorte refléter l’état de la civilisation du peuple romain à l’époque où chacun d’eux fut construit; aussi les voyons-nous, selon le plus ou moins d’harmonie de leur plan, dans le goût plus ou moins pur de leur décoration, suivre une marche corrélative à celle de la civilisation et de la décadence. Les thermes d’Antonin Caracalla furent construits par cet empereur, et achevés en 217, la quatrième année de son règne, sauf les portiques de l’enceinte, qui y furent ajoutés par Héliogabale et Alexandre Sévère. Situés entre les murs de Rome et la voie Triomphale, ils occupent une immense superficie de 124,140 mètres carrés. Depuis l’époque où ils furent abandonnés jusqu’à nos jours, ils eurent à subir des dévastations incessantes ; et, comme ceux des riches édifices antiques que le christianisme n’a pas protégés en se les appropriant, ils eurent moins à souffrir des ravages du temps que de la main des hommes , qui, les convertissant en carrières, les dépouillèrent de tous les matériaux précieux qui entraient dans leur construction, enlevant non-seulement les statues et les cuves, mais encore les revêtements et même les colonnes privant ainsi les voûtes de leurs soutiens, ils en occasionnèrent la chute. Aujourd’hui cet édifice, construit de manière à braver les siècles, ne présente plus qu’une masse de murs en blocage et en briques, dont de nombreux arcs en décharge et quelques restes d’enduits et de stucs rompent seuls la monotonie. Tous les décombres des parties supérieures recouvrirent le sol d’une couche épaisse de 4 à 5 mètres environ , et conservèrent intactes jusqu’à nous les riches mosaïques qui constituaient le pavement de ses salles; elles ne revirent le jour qu’en 1824 et 1825, lors des fouilles exécutées par le comte Yélo d’abord, et continuées par l’Académie de France. Ces fouilles firent aussi connaître quelques parties basses des revêtements qui avaient échappé à la rapacité des dévastateurs, et amenèrent la découverte, au milieu des décombres, d’une foule de détails d’architecture et de fragments de sculpture, tels que bases et chapiteaux, barrières en marbre, grands fragments de colonnes, d’entablements, etc. Déjà, à plusieurs époques, on avait exhumé de ces ruines de nombreuses sculptures qui attestaient la splendeur de l’édifice. Les thermes de Caracalla, comme la plupart de leurs analogues, se composaient d’une enceinte et d’un bà timeut principal. L’enceinte présente d’abord, du côté de la face principale et sur une partie des deux latérales, deux étages composés chacun de cinquante-six petites salles a, destinées à servir de bains particuliers ; on pense généralement qu’elles étaient réservées aux femmes ; elles étaient précédées d’une antichambre et d’un portique; plusieurs escaliers b, réservés de distance en distance, donnaient accès au premier étage et au sol principal des thermes. Des académies c, des salles de conférences d, étaient établies dans les endroits les plus éloignés du bruit ; des palestres e, des portiques y étaient rattachés ; un vaste xyste g, des gymnases et des promenades plantées d’arbres h, isolaient le bâtiment principal. Le côté nord-est de l’enceinte était en majeure partie occupé par un immense réservoir f à deux étages, subdivisés chacun en trente-deux compartiments, et alimenté par les eaux de l’aqueduc Antonin. A la première inspection du plan du bâtiment principal, on voit qu’il présente dans sa distribution trois masses distinctes, séparées par deux péristyles découverts A ; dans celle du milieu, de beaucoup la plus considérable, se trouvent les trois salles les plus importantes sous le rapport de l’étendue, de la destination et de la magnificence. Huit portes, suivies chacune d’un vestibule, donnent accès dans l’intérieur de l’édifice, quatre sur la face principale, et deux sur chacune des faces latérales. A côté de ceux marqués B se trouvaient plusieurs petites pièces la plus grande, celle du milieu, marquée C sur notre plan, était l'apodyterium, lieu où l’on quittait ses vêtements, que des esclaves gardaient dans ceux marqués D ; la pièce E ou elœolhesium renfermait les parfums , celle F nommée conislcrium servait de dépôt à la fine poussière dont se couvraient les lutteurs. Ces vestibules, au fond desquels était une salle G réservée pour la conversation, étaient ménagés à droite et à gauche du frigidarium H, grand espace découvert, presque entièrement occupé par une immense piscine, autour de laquelle on voit des niches destinées à servir de lieu de repos pour les nageurs ; elle était décorée de huit colonnes adossées de grande dimension, formées de granit ; et quatre autres en albâtre oriental fermaient ses extrémités sur les vestibules ; une large ouverture donnait entrée dans la grande salle centrale I, établie au milieu de l’édifice et sur ses deux axes. Cette dernière, dont nous donnons une vue dans son état actuel, servait de xyste couvert ; le bain tiède s’y prenait dans de vastes cuves établies dans quatre grandes niches fermées; huit énormes colonnes adossées en granit, et d’ordre composite, soutenaient trois immenses — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — voûtes d’arête; son intérieur était de la dernière magnificence, les stucs et les marbres les plus précieux y étaient répandus à profusion sur les voûtes, sur les murs et sur le sol. À chacune des extrémités de cette salle, et séparées par quatre colonnes, il s’en trouvait deux autres J K , où se tenaient les spectateurs des exercices. Un autre tepidarium L servait de préparation au bain chaud, qui se prenait dans le caldarium M, vaste salle circulaire de près de 35 mètres de diamètre, percée de huit grandes ouvertures fermées par deux colonnes qui formaient des espèces de niches, dans chacune desquelles était une cuve de matière précieuse; Spartien l’appelle cella solearis, parce que sa saillie en dehors de l’alignement général lui procurait l’avantage d’être échauffée par les rayons du soleil ; de son temps elle était à juste titre renommée, et considérée comme un chef- d’œuvre sa voûte surtout, qui devait avoir la forme d’une coupole, était le sujet principal qui provoquait l’admiration. Après avoir pris le bain chaud, on revenait par gradation au bain froid, en passant dans des tepidaria N établis à droite et à gauche, puis dans une cella frigidaria O ; un autre petit tepidarium. P servait de préparation aux chaleurs brûlantes du sudatorium Q. Les deux vestibules R qui séparaient des bibliothèques S conduisaient, ainsi que les entrées latérales, dans les péristyles, autour desquels se trouvaient un exèdre T pour les conférences philosophiques, une salle découverte U pour les exercices du corps, un frigidarium V découvert aussi, et des ephebea W, lieux destinés à l'éducation des jeunes gens. Certains espaces marqués X étaient réservés pour des cours de service ; dans celles qui étaient les plus éloignées de la salle circulaire et auprès des sudatoria , se trouvaient un réservoir et le propnigeum de vastes hypocaustes qui, circulant sous le sol, échauffaient les sudatoria, les tepidaria et le caldarium; le pavement de ces salles était, en conséquence, supporté et isolé par de nombreux piliers en briques. Les thermes de Caracalia, comme tous les édifices d’une immense étendue, sont construits avec tous petits matériaux; les murs, très-épais, sont en emplecton revêtu de briques dont la forme triangulaire assurait la parfaite liaison du parement avec le corps du mur ; et, pour lui donner encore plus de solidité, on avait établi avec de grandes briques carrées un certain nombre d’assises prenant toute l’épaisseur de la construction. Des enduits épais avaient été étendus sur toute la surface apparente des murs. Les voûtes, construites en blocage de pierre ponce, afin d obtenir le plus de légèreté possible, étaient doublées intérieurement d’un ou deux rangs de grandes briques posées à plat ; le dessus, formant terrasse, était recouvert d’une couche de ciment extrêmement dur de 0 m ,30 d’épaisseur, dans lequel étaient incrustées des mosaïques. La décoration de ces constructions était d’une grande richesse ; à l’extérieur, sur la façade d’entrée et sur les faces latérales, elle consistait en enduits de stucs peints ; sur celle regardant le xyste, ces peintures étaient remplacées par de riches mosaïques en pâte de verre, dont il reste encore des vestiges. Les salles de l’enceinte étaient pavées en marbre blanc, et celles du bâtiment principal en marbres de diverses couleurs ou en mosaïques ces dernières se trouvaient en général dans les pièces sous lesquelles passait l’hypocauste. Les murs étaient revêtus de compartiments en marbre jusqu’à la naissance des voûtes, dont la surface entière était décorée de stucs. Les matières les plus précieuses et les plus variées concouraient à cette décoration intérieure parmi les principales nous citerons les marbres blanc, vert africain, gris africain, jaune antique, porta-santa, paonazetto; les porphyres rouge et vert, l’albâtre oriental, etc. Les colonnes, toutes monolithes, étaient en granit rouge ou gris, en porphyre, en marbre jaune antique, ou en albâtre oriental. La parfaite régularité, l’harmonie et l’excellence de la distribution du plan des thermes de Caracalia, en font un édifice qui se recommande à l’étude des architectes modernes, qui y trouveront plus d’un modèle à suivre. Appartenant encore aux beaux temps de l’art romain, ce monument fut érigé à une époque où cependant il tendait déjà vers la décadence; sa construction en petits matériaux, la profusion de la décoration répandue sur presque toutes les moulures, la richesse et la variété extrême des marbres, la complication des pavements, les façades extérieures enrichies de stucs et de mosaïques, et non pas de membres d’architecture, en sont autant d’indices certains; l'ordre composite des chapiteaux, quoique issu d’une idée heureuse et ingénieuse, sans être précisément une œuvre de décadence, fut une des causes qui la préparèrent et l’introduisirent dans cette partie delà sculpture d’ornement, en donnant l’essor à une licence qui n’eut bientôt plus de bornes. En somme, ces thermes méritent d’être étudiés non-seulement sous le point de vue archéologique, mais encore sous celui de l’architecture, à qui ils offrent plus d’un modèle d’un goût pur et éclairé. — BIBLIOGRAPHIE. — 1* Montfaucon. L’Antiquité expliquée. 5 vol. pet. in-fol., Paris, 1719. 2° Caméron. Description des bains des Romains, iu-fol., Londres, 1772. 3° Palladio. Les Thermes des Romains. In-fol., Vicence, 1785. i° Q. de Quincy. Dict. d’Arcliitecture, art. Bains et Thermes. 5° A. Blouet. Restauration des thermes d’Anlouin Caracalia à Rome. In-fol., Paris, 1828. 6° Canina. Architettura antica, partie romaine. Roma, 1834 à 184.. WÊMS. J II II il i +++++.++ . .. 0 T* +++++++ 1 wmm L QaS^^^aS [m 4 5BSi2d2J Ka& Burv sculp* a apres Blouet Ammidru del tmiê mw'tËâ iD^Enrsmrf CAMAC&ïLiL&. a ,& aioao! ; \ . ,J ' ; ËT'ZS^ ! i 4 a^ i i .t^i h- îri^W! 11 ’ÉMtgû mî?È$k MjtP Sü* ^Ç6r*v ^ RitV frWiâ&"Kft '^•rvi^ rA 'j mm r ïiiiiTiai'iijgj jSSKSSM^rJ 1^ Vvi/.vt i 1 &*=***&! Ifo-fftlAJP-J J- A.. Levejl. âel. Burv et Ribault ac , ^ AIBKC 101E ,/&. 'ty/////unjp/wunsju^ l ^$ / 7 m > Details SJÏIFTmiE SET^M A ÎFiUtfïïÆ . Details ARClffl DIP SE1PTIM1IÜS SEVIE3RUJ S, ifê©MIfi ^rco de Seplimo ^Severo en Roma.. tDrtalUs Partit aine nie , ^ A nacns. u Modernes Par' JiUes Gaiikataïut MURS DE POMPEI ET DE FALERIE De tous les monuments d’une ville, les plus anciens, et quelquefois les mieux conservés, sont ordinairement ses murailles premières constructions monumentales, dont le besoin se soit fait sentir, la solidité qu’on leur donnait, le soin qu’on prenait de les tenir en bon état par des réparations continuelles, leur ont fait, pour la plupart, traverser un grand nombre de siècles. Parmi celles de l’Italie, les murailles de Pompéi et de Falérie, dont nous allons parler, ne sont ni les moins bien conservées, ni les moins intéressantes. Pompéi, cette ville dont l’ensevelissement subit nous fait voir aujourd’hui les mœurs antiques, prises en quelque sorte en flagrant délit, présente, par ce fait même, une enceinte des plus complètes et des mieux conservées; les fouilles exécutées sous l’influence française pendant les années 1812 et 1813, l’ont entièrement dégagée des cendres qui la recouvraient. Comme on le verra plus loin, sa construction première remonte au temps des Osques, ou au moins à celui des premiers colons grecs qui ne tardèrent pas à les rebâtir dans un style presque aussi archaïque, en conservant toutefois, en majeure partie, la base des murs primitifs peut-être même ne firent-ils que continuer l’œuvre commencée par les Osques. A l’époque de la guerre sociale, on augmenta ces fortifications ; mais cette ville, forcée de se soumettre aux volontés de Sylla, fut démantelée par ses ordres, et reçut une colonie romaine. Plus tard, lorsque éclata la guerre civile occasionnée par la rivalité de César et de Pompée, son enceinte délabrée fut remise en état de défense et munie de tours; elle ne dut être abandonnée définitivement que sous Auguste, lorsque la pacification complète du monde d’alors l’eut rendue inutile. Cette enceinte, aujourd’hui plus ou moins ruinée et même démolie presque totalement du côté du port, où les Romains avaient élevé de grandes et belles maisons sur son emplacement, formait autour de Pompéi une ceinture de forme ovale ne présentant pas d’angles bien prononcés, conformément aux principes indiqués par Vitruve. Elle se compose d’un terre-plein terrassé compris entre deux murs; celui donnant sur la campagne, de 8 m ,12 de haut, est légèrement élevé en talus sur une base de quatre ou cinq assises établies par retraites successives. Le mur intérieur surpassait le premier d’une hauteur d’environ 2m,60 dans les parties de l’enceinte regardant le nord et l’ouest, faisant ainsi agger au-dessus du rempart; il était renforcé du côté de la ville par de nombreux contre-forts; l’épaisseur de ce rempart, compris les deux revêtements, était de 4™,55. Six portes, placées en retraite du rempart pour en rendre l’approche plus difficile, donnent encore entrée à la ville de Pompéi les unes présentent une simple arcade, d’autres sont accompagnées de petites portes à l’usage des piétons ; elles sont tout aussi délabrées que le rempart cependant toutes, ou à peu près, conservent encore leurs voûtes; leur décoration, à en juger par ce qui en reste, devait être extrêmement simple, et consister presque uniquement en un appareil feint, tracé dans l’enduit qui les recouvrait. Sur la partie de l’enceinte qui existe aujourd’hui, c’est-à-dire, sur les trois quarts environ de son développement primitif, on voit douze tours de forme carrée de 8 m ,00 de large sur 9 m ,75 de profondeur, offrant une saillie de 2 m ,25 en avant du mur. Elles renfermaient trois étages superposés dans le premier, établi au niveau de la campagne, s’ouvrait une poterne; l’étage intermédiaire était percé de meurtrières pour la défense le troisième enfin, de plain-pied avec le rempart, donnait accès sur les courtines, et était recouvert d’une voûte terminée par une plate-forme d’où l’on dominait l’escalier qui desservait ces divers étages ; cet escalier, large et en rampe douce, était établi dans la partie postérieure de la tour. Tous les murs des tours et des courtines étaient couronnés de créneaux ; derrière ceux de l 'agger, qui semblent au premier abord n’être qu'une fortification fictive destinée à rendre l’aspect général plus formidable, était établi un plancher volant, posé sur les contre-forts intérieurs. Les merlons des créneaux de la courtine la plus basse se retournent intérieurement, comme on peut le voir à la figure que nous en donnons, de manière à préserver le flanc gauche du combattant. Les murs de Pompéi sont bâtis en blocs de grand appareil, posés à cru sans aucun mortier; ceux de la base, formant retraites, sont en travertin ; les assises établies au-dessus, ainsi que tout le mur intérieur, sont en peperino; les moellons des réparations exécutées pour fermer les brèches, et ceux des tours, sont en tuf. La base du mur extérieur, construction d’une haute antiquité qu’on retrouve dans la majeure partie de cette enceinte, est composée de pierres fréquemment taillées en crossettes ; c’est-à-dire que leurs lits inférieurs ou supérieurs, et quelquefois tous les deux ensemble, établis sur deux plans différents, mais parallèles, venaient s’encastrer dans des entailles de forme inverse, faites dans les pierres contre lesquelles elles venaient s’appliquer. Cette disposition ne se retrouve guère que dans les plus anciens appareils grecs, dans ceux qui succédèrent immédiatement au dernier mode de construction pélasgique toutes ces raisons nous font considérer cette partie inférieure du rempart comme datant des premiers temps de Pompéi et appartenant aux Osques. Nous en trouvons encore une preuve plus convaincante dans les marques et les signes que présentent un grand — style gréco-romain. — nombre de pierres. L’usage de ces marques, gravées par les ouvriers pour distinguer l’ouvrage de chacun, précaution si usitée au moyen âge, remonte, comme on le voit, à la plus haute antiquité; ellës se rencontrent en beaucoup d’endroits, et particulièrement dans les environs de la porte dite aujourd’hui du Sarno, où se trouve même une inscription entière; elles sont généralement formées de lettres osques, ou appartenant au plus ancien alphabet grec. Quant à l’appareil de la partie la plus considérable de ce mur extérieur, celle légèrement établie en talus, son analogie frappante avec celui des murs de Rome, bâtis par Servius Tullius, nous le fait rapporter à la même époque ; purement grec, il porte encore certains caractères d’archaïsme qui justifient, selon nous, la date que nous lui assignons 576 à 532 av. J. C.. Composé de même de blocs de dimensions diverses, et posés aussi à sec, à joints bien fins, et taillés avec une précision remarquable, il offre dans la plupart de ses joints montants une obliquité caractéristique qui donne au parement de chaque pierre la forme d’un trapèze, et non pas celle d’un parallélogramme. Quant à l’appareil de l'agger élevé, selon nous, au temps de Sylla, il offre la même disposition que ceux des constructions romaines de la fin de la république tenant encore quelque peu de celui des Grecs, qui avait été son point de départ, il est taillé en paral- lélipipèdes réguliers d’assez grandes dimensions et posés aussi à sec, comme ce fut toujours l’habitude des constructeurs de l’antiquité pour des matériaux de ce genre. Les réparations des brèches et la construction des tours, leurs contemporaines, sont faites en petits matériaux pour les premières, on a fait usage d’un opus incertum noyé dans un bain de mortier ; pour les tours, on a employé un petit appareil taillé plus ou moins régulièrement, cimenté en mortier, et auquel se trouvent mêlées quelques briques; tout, dans ces dernières constructions, indique une grande précipitation. Nous n’entrerons ici dans aucune dissertation au sujet de ces divers modes de construction, qui appuient suffisamment ce que nous avons dit dans nos préliminaires historiques; ce serait sortir du cadre dans lequel nous devons nous renfermer. Cette enceinte, qui, avec l’artillerie, les moyens et l’expérience que nous possédons aujourd’hui, suffirait à peine pour mettre une ville à l’abri d’un coup de main, devait, au temps de la république romaine, être suffisamment forte pour résister à un siège en règle. Une autre enceinte antique, celle de Falérie, quoique un peu moins ancienne que la plus grande partie de celle de Pompéi, puisqu’elle paraît dater du temps des premiers consuls romains, offre aussi un grand intérêt. Cette muraille, élevée d’un seul jet sans réparations postérieures importantes, est arrivée jusqu’à nous aussi solide qu’au temps des Étrusques, ses fondateurs ; elle n’a souffert d’autres dégradations que celles que les hommes y ont faites en en extrayant des pierres pour des constructions privées. Elle est construite en grands blocs posés à sec, et taillés en parallélipipèdes rectangles ; un grand nombre d’entre eux, comme ceux que les Grecs nommaient Siâ-covot, étaient posés en boutisses, et prenaient toute l’épaisseur du mur. Une porte d'un style remarquable, ouverte dans la face orientale de la ville, présente une ouverture à plein cintre, ornée d’une archivolte d’un profil simple, composé d’un talon surmonté d’un cavet, et reposant sur une imposte formée d’une grande moulure en talon; cette imposte ne se poursuit pas au delà de la retombée de l’archivolte, et est profilée à ses deux extrémités. La porte est appareillée en voussoirs extradossés, taillés régulièrement et avec une grande précision; l’archivolte est formée de pierres séparées, indépendantes de la construction du mur, et épousant la forme cintrée de l’extrados de l’arc; ses moulures sont coupées au-dessus de la clef de l’arcade par une tète saillante sculptée en ronde-bosse, semblable, comme disposition et comme caractère, à celles que l'on voit sur d’autres portes étrusques à Tarquinies et à Yolterra. A droite et à gauche de la porte de Falérie, se trouve une tour carrée destinée à en défendre l’approche. Dans l’épaisseur du tableau de cette porte, on voit une feuillure carrée, qui a dû recevoir une fermeture en façon de herse. Dans la partie méridionale de l’enceinte de Falérie, se trouve une autre porte qui n’est qu’une simple ouverture à plein ciutre pratiquée dans la muraille. Le bel aspect et la solidité apparente de ces murs, solidité prouvée d’ailleurs par leur état actuel, sont des conditions dans lesquelles il serait à désirer qu’on se fût toujours renfermé ; la porte surtout est remarquable par la pureté de son style, qui prouve en même temps et le talent des artistes étrusques, et la liaison intime de leurs arts avec ceux des Grecs primitifs, avec lesquels ils marchèrent de pair pendant longtemps. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Q. de Quincy. Dict. d’Architecture- 3 vol. in-4°, Paris, 1788 à 1825. 2° Mazois. Ruines de Pompéi. 2 v. en 4 part., gr. in-fol., Paris , 1824 à 1838. 3° W. Gell. Pompeiana. 2 vol. gr. in-8°, Loudres, 1832. 4° Canina. Ârchilettura antica , partie grecque. 2 vol. in-8° et p!., Roma, 1834-37. 5° Canina. Architettura antica, partie romaine. 2 vol. in-8° et pl., 1837 à 184.. k. $ -î •f* $S— >& Afil ÿii>!44’ JELIBM WW iüâlSiaBâaaüi jo Mètres. 1111 111111 Echelle- du, Plan,. J M l - Echelle, de- lElévation . L D Après Edmond Prestat Eury scalps. nsi-n-'/f/tm Jfia'/rl/t. Italien . f . Modernes. IPŒIRTE lËT HOJlPiS ItfŒÏTCEIIiyTlE IDIÊ ï'AILÏÏIfaiË Italie ©ATS Aîî 3 WAILILÏÏ €>W IP AI* IË Ht I £ Ilaly. Puerta v unira 11 a de reeinto de Faleria ./'/talï* ! vs'-ïTt? f' e/r fer?7 a i Ce monument précieux, et d’un très-beau style quant à la sculpture, fait connaître les traits de Caius Çestius, et son costume est probablement celui des - épulons; il se compose d’une ample toge qu’il soutient de la main gauche ; dessous est une tunique plus longue que celle qu’on portait ordinairement; elle descend jusqu’à terre, et les manches couvriraient une grande partie des bras, si elles n’étaient retroussées à la hauteur du coude. Lorsque l’empereur Aurélien éloigna les murailles de Rome pour comprendre dans l’enceinte le mons Tes- taceus, aujourd’hui Testaccio , les portes Trigemina, Minucia , Navalis et Lavernalis devinrent inutiles, et on construisit celle d’Ostie, porta Ostiensis, nommée depuis porte Saint-Paul; elle fut établie auprès de la pyramide de Caius Cestius, et le mur d’enceinte s’appuya sur ce monument. — BIBLIOGRAPHIE. — 1” Bartoli. Sepolcri antigui. Rome, 1699, in-P, pl. 2° Montfaucon. L’antiquité expliqué, t. V. Funérailles des Grecs et des Romains, Paris, 1719. a 0 vasi. Itinéraire de Rome. 178c, Rome, i»-l2. 4° Nibby. Itinéraire de Rome d’après l’état actuel des monuments. Rome, 1824. 5” Canina. Architettura antica partie romaine, 3 vol. in-f", pl. l. .. . Cf f-f 8 §§ ^îÎÆBa^sWB lpf „,• ïflgÉÏÆ* f^Vj if 1 ' ï>'ï> îWjV /ïf'v'Æÿ çg^sfii U ’ 1 \ ;lSp?, Ù'^VV' em >v 'mMï'ï&yïj JA H mm ÿ¥-S^t 3 &ÜÊ& jÿJS emms mmmm r B V I I I I 1 ! 1 ! mimm J W w /'/// >’ rZ'prf^ WtSSS 2 feé 'te' SÉpiat ?tÉP WMà f'44%\ assss^ Hlg Fiq-i. J- A. Leveil del. /’'///. ô H-f- Pchellr pour le P/an . I i l t f T I I I I I jr . j i J t J jo JBftreo I^che/le- po^ir la lou^r- J 7 */;/. ù\ Burÿ rulp. 'tf v*' cœj&ï/- -/t&Pr&üc Details. T© 3 a 3 B 3 S^.Uï . x^ fPs&rrz.. BU SAïus^casTrrirBi, Détails. A TMB OF CAttUS-CE&TÏÏUS, AT BOMEo TiBISlio 4rrrrr- éCa/st', flparùtaincnle. ’ninnen/.r Anr/vu- erjfoe/rr. Sépulcre ! ' rM*-V iSitOtu; il-f*' ^ - j &• ïj ï u- mmmm ëf Js 4 l-S* IP ?£ - ? fc üvi .1 i > 'i- limÿf&i aëpa \\'ü " j- »W w&ym 'içSjjsçefigjfa hifiS x /tâsE^. wHaNÊ^s mm irnmm • 'Unv. \*mt ' f%Êsm ' n». -j;. '-. ' ' tms-m il TOMBEAU DE CÉCILIA MÉTELLA, PRES DE ROME. La via Appia, la plus magnifique de toutes celles que construisirent les Romains, fut commencée par Appius Claudius, censeur; Jules César la répara ; Auguste, Vespasien, Domitien et Nerva l’étendirent, desséchèrent les marais Pontins; Trajan la continua jusqu’à Bénévent et Brindes. Cette route célèbre offrait sur ses deux revers les tombeaux des familles romaines et des personnages les plus illustres; on en suit encore les ruines jusqu’à Albano. C’est au milieu de ces restes de la magnificence de Rome que s’élève le tombeau de Cécilia Métella, le plus beau et le mieux conservé de tous ces monuments funèbres. Comme on l’apprend par une inscription en marbre placée dans la partie supérieure du mausolée, Métella était fille de Q. Cécilius Métellus, surnommé Creticus à l’occasion de ses victoires dans l’île de Crète, qu’il soumit à la puissance romaine; elle avait épousé Crassus le triumvir. Les constructions se composent d’abord d’un soubassement carré , établi pour obvier aux inégalités du terrain et faire une base solide à la partie principale du monument, qui est de forme circulaire. Le diamètre est de 28 mètres G4 centimètres, l’épaisseur des murs est de 10 mètres; une chambre occupe le centre elle est ronde, et ses parois se rapprochant à mesure qu’elles s’élèvent, donnent à penser que la pièce, lorsqu’elle était complète, avait la forme d’un cône, dont le sommet s’élevait au-dessus du monument, à l’instar des tombeaux étrusques, des nouraghes de la Sardaigne, et du monument funèbre qui se voit encore à Albano, et qu’on nomme vulgairement le tombeau des Uoraces. Sous le pontificat de Paul III, on trouva dans cette chambre circulaire la belle urne sépulcrale de Cécilia Métella , dessinée à la fig. 3 ; elle est en marbre et de forme ovale. Une base richement ornée porte la tombe, qui est cannelée; deux têtes de chevaux décorent la face principale. Un couvercle enrichi de méandres, de consoles et de rinceaux couvre ce cercueil voir la coupe lig. 4, qui fut transporté, à l’époque de sa découverte , dans la cour du palais Farnèse, où il est encore aujourd’hui. A l’extérieur, le monument présente une masse imposante, construite en morceaux de travertin d’une grosseur prodigieuse; toute la partie circulaire est divisée en assises réglées, dont les joints sont profondément tracés. Au-dessus, à la hauteur de 12 mètres, règne une belle frise en marbre, dont un détail est gravé sur la planche 2 , fig. l re . Cette frise comporte une suite de tètes de bœufs desséchées ou bucrânes, reliées deux à deux par d’amples guirlandes de fleurs et de fruits attachées par des bandelettes; de belles rosaces très-saillantes se développent au-dessus des guirlandes cette frise a fait donner au tombeau le nom vulgaire de Capo-di-Bove , tête de bœuf. Sur la partie du monument qui est dirigée vers la via Appia, et au-dessus de l’inscription de Cécilia Métella, la frise s’élargit aux dépens de la dernière assise horizontale, pour laisser place à des trophées militaires, qui se composent chacun d’un casque placé au-dessus d’un paludamentum ou chlamyde militaire, et de deux grands boucliers richement décorés. L’un de ces boucliers a la forme d’un losange tronqué par les extrémités ; l’autre est ovale. Au pied des trophées sont assis des prisonniers de guerre presque nus et enchaînés. Ces insignes militaires furent sans doute placés ici pour rappeler les exploits du père et de l’époux de Cécilia Métella. Entre ces marques de triomphe était sculptée une femme assise, de grande dimension, et qui est aujourd’hui presque entièrement détruite. Une corniche, d’un dessin sévère, surmonte la frise du tombeau dans toute sa circonférence [pi. 2, fig. l re ; elle porte une assise qui forme acrotère, et devait servir d’appui au sommet de la construction, lorsque, selon toutes les apparences, le monument était surmonté d’une plantation de cyprès, comme il y en avait, daprès le récit de Strabon, sur le mausolée d’Auguste. En effet, la grande épaisseur des murailles du tombeau de Cécilia Métella doit faire admettre qu’elles portaient des plantations , au centre desquelles s élevait le cône qui couvrait la chambre sépulcrale. A la fin de la république, lorsque ce monument fut construit, le marbre commençait à peine à s introduire dans les constructions, établies jusque-là uniquement en pierre ou en briques. Ici toute la frise, le bas-relief qui contient les trophées, l’inscription et l’urne de Cécilia Métella sont en marbre blanc, et font prévoir le luxe qui devait bientôt s’introduire à Rome , non-seulement dans les monuments publics, mais aussi dans les constructions commémoratives que les particuliers élevaient à leur gloire ou à leur vanité. Ce tombeau est donc — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — un de ceux, fort rares aujourd’hui, qui indiquent cette transition de la simplicité républicaine à la magnificence sans bornes de la période impériale. Au commencement du quatorzième siècle, le pape Boniface VIII, de la famille Gaëtani, à l’ocoasion des guerres civiles qui désolaient alors la péninsule italique, fit construire , en travers de la voie Appia, une forteresse ou petit château militaire qui le rendait maître des communications par cette route, puisqu’il fallait traverser le château pour entrer à Rome de ce côté une chapelle dans le style ogival s’éleva dans l’enceinte du fort; elle existe encore, ainsi que des habitations sur les portes desquelles on voit les armes de la famille Gaëtani. Les murs crénelés du château formaient un circuit assez étendu que Ton peut suivre, et ils venaient se relier au tombeau de Cécilia Métella. La solide construction de cette sépulture la fit convertir en tour principale ou donjon du château fort ; c’est alors que furent ajoutés le mur de briques qui en augmente la hauteur, ainsi que les créneaux nombreux qui font le tour du couronnement moderne ; l’aspect militaire qui se lie au caractère funéraire du monument antique ne contribue pas peu à la physionomie pittoresque que prend l’édifice, de quelque côté qu’on l’examine. De plus, il fut élevé sur une colline que traverse la route, de sorte que la vue s’étend sur Rome et sur la campagne environnante, dans une des parties où elle offre l'aspect le plus varié par les mouvements du terrain et par les nombreuses constructions antiques ou modernes qui y sont répandues. — BIBLIOGRAPHIE. — 1 “ Barloli. Sepolcri antiqui. Rome, 1699, in-P, pl. 2° Montfaucon. L’antiquité expliquée, t. V. Funérailles des Grecs et des Romains. Paris, 1719. 3” Vasi. Itinéraire instructif de Rome, 1786. 2 vol. in-I2. 4° Nibby. itinéraire de Rome d’apres l’état actuel des monuments Rome, 1824. 5° Canina. Architetlura antica partie romaine, 3 vol. in P, pl. KsbSI'j r- $£0fbi'é wrnm wjMmm yjg^.r-H^, î^ïfeÉ êM&j WM MmW '£îD ; î'ïiS£î innni iiiipi Éspâifl '“SÈF i*. H B -51a Tîi I mmSmSImÊk tVAwïKPiSfsLjîi 'mjsp&n jH_J,c Mfipia!'?! 7 - £ j -K ••.*£, $ i h^km mm mmi &&B sa^sM a*,- **•. S ^ fi w .. . ., &v a 3 % , 't^ , n PPPMMP15 Ig & ^wvgfr* > v 0 ^^, v " c* » • **•**» ^ 'a*' C ' ^. ^.5*^ ^ yj£& r'* ï?i •æm&M 5 ’*"V?.'Ç T,* s *»j>*'ïvî SKS 4 ?f» ,, iiïX 8 *$$%$& *™** 4 &*tù&i&///U 2 - Partitamcnte r. 7 , /'as- s/rt/r i f"///// ss/js///// TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE FORMANT LE PREMIER VOLUME DES MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. TEMPS ANCIENS. MONUMENTS PRIMITIFS VULGAIREMENT NOMMÉS CELTIQUES, GERMAINS, SCANDINAVES, ETC. FRANCE, ANGLETERRE, ETC. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES, FUNÉRAIRES, etc.— Notice par M. E. Breton , memb. de la Soc. des Antiq. de France. Dessins de M. Ernest Bketon. Première planche. — Figure 1. Menhir de Grabusson. 2. Menhir transformé en croix, à Carnac. 3. Menhir de la montagne de Justice, à Carnac. 4. Demi-dolmen, àKerdaniel. 5. Trilithe, à Saint-Nazaire. 6. Dolmen de Trie. Deuxième planche. — Figure 7. Dolmen de Dollon. 8. Dolmen à Loc-Manaker. 9. Dolmen de Kerland. Troisième planche. —Figure 10. Grotte aux Fées, près Saumur. 11. Plan de ce monument. 12. Vue perspective de l’intérieur. Quatrième planche—Figure 13. Grotte aux Fées, près de Tours. 14. Plan géométral. 15. Grotte près d’Essé. 16. Plan. 17. Monument dit les Pierres-Plates , à Loc-Mariaker. 18. Plan du monument état ancien. 19. Plan du monument état actuel. Cinquième planche .— Figure 20. Double dolmen, à Anglesey. 21. Demi-allée couverte. 22. Pierre dite Autel, à Cléder. 23. Pierre-Fiche, de Duneau. 24. Pierre branlante, à Perros-Guyrech. 25. Pierre branlante, en Angleterre. Sixième planche. — Figure 26 . Tumulus de Silbnry. e 27. Tombelles de Tirlemont. 28. Tumulus de Bartlow. 29. Tumulus de Pornic. 30. Plan de ce tumulus. 31. Plan du tumulus de Fontenay-le-Mar- mion. 32. Plan du tumulus de Bougon. 1 f TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES, FUNÉRAIRES, etc. Dessins de M. Ernest Breton. 33. Plan d’un tumulus, à Jersey. 34. Plan d’un tumulus, à Wellow. 35. Plan du tumulus, à New-Grange. 36. Coupe du tumulus de New-Grange. Septième planche. —Figure 37. Coupe d’un tumulus, aux Iles Orcades. 38. Coupe du galgal de Gavrennez. 39. Plan du galgal de Gavrennez. 40. Détail du galgal de Gavrennez. 41. Détail du galgal de Gavrennez. 43. Carneillou. 43. Tombeau, à Hérouval. 44. Cromlech, à Stennis. 45. Plan du cromlech de Stennis. 46. Plan du cromlech de Fiddess-Hill. 47. Sanctuaire, à Landaoudec en Crozon. Huitième planche. — Figure 48. Stone-Henge côté sud-est. 49. Stone-Henge côté nord-ouest. 50. Plan état actuel. 51. Plan restauré. Neuvième planche _Figure 52. Monument restauré d’Abury. 53. Plan général, restauré. . 54. Plan du monument en 1722. 55. Plan dans l’état actuel. Dixième planche. —Figure 56. Vue générale de Carnac. 57. Carnac pierres de Kervarieau. MONUMENTS PHÉNICIENS ET PÉLASGIQUES. GRECE, ETC. Dessins de M. Léon Galciierel. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temples dans l’île de Gozzo. — Notice par M. A. Lenoib, archit. du gouvern., etc. Première planche. — Figure 2. Coupe longitudinale du grand temple. 3. Coupe transversale du grand temple. 4. Autre coupe transversale du même temple. 5. Coupe longitudinale du petit temple. 6. Construction extérieure du monument. Deuxième planche. —Figure 1. Plan général des deux temples. 1 bis. Médaille de l'tle de Chypre. 2. Autre médaille de Chypre. 3. Cône symbolique. 4. Pierre gravée. 5- 6-7. Détails de sculpture, indiquant l’état de l’art. 8. Fragment trouvé dans le grand temple. 9. Plan du monument de Gozzo, parHouel. 10. Plan d’un autre monument à Malte. 11. Plan d’un monument à Malte. 12-13. Fragment du grand temple. 14. Détail. CONSTRUCTIONS CIVILES Trésorerie d’Atrée, à Mycènes. — Notice de M. Ernest Breton. Première planche. — Vue perspective de l’extérieur. Figure 1. Restauration de la figure 2. 2. Fragment de base. 3. Autre fragment. 4-5-6 et 7. Détails de sculpture. 8. Clous de bronze. Deuxième planche. — Intérieur. Troisième planche. — Figure 1. Plan général du monument. 2. Coupe longitudinale. 3. Coupe transversale. 4-5. Détails de la construction. 6- 7. Jambage de la porte. Monument près Missolonghi. —Notice par M. Jules Gailhabaud. Planche unique. Dessins de MM. Dodwell et Ravoisié. Dessin de M. Dodwell. - Vue générale du monument. Aspect des issues. CONSTRUCTIONS MILITAIRES Acropole de Tirynthe. — Notice par M. Ernest Bbeton, Planche unique. Dessin de MM. Dodwell et ISlouet. Vue générale de la plaine où est située l’Acr oj>ole. Plan de l’Acropole. Exemples de la construction des murs. 3 DÈS MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. CONSTRUCTIONS MILITAIRES Acropole de Mycènes. —Notice par M. Ernest Breton. Dessin de MM. Dodwell et Bloiiet. Planche unique. — Vue générale de l’Acropole. Plan des ruines. Divers spécimens de construction pélasgique. Porte des Lions, à Mycènes. —Notice par M. Ernest Breton. Dessin de M. A. Planche unique. — Vue générale de la porte et des murs. Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. Bas-reliei situé au-dessus de la porte. 4. Pierre gravée. 5-6. Médailles sassanides. MONUMENTS INDIENS OU TROGLODYTIQUES. INDE. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Le Kêlâça, à Ellora. — Notice par M. Langlois, membre de l’Institut. Dessins . de M. Jules Bouchet. Première planche. Vue perspective du Kélàça. Deuxième planche. Plan général dn monument. Temple de Yisouacarmâ, à Ellora. —Notice par M. Langlois, de l’Institut. Dessins de MM. R. Elliot et Langlès. Première planche. —Vue perspective de l’intérieur du monument. Deuxième planche.— Figure 1. Plan du Dlier-Wara. 2. Plan du temple d’Indra. 3. Plan du temple de Visouacarmâ. MONUMENTS ÉGYPTIENS. ÉGYPTE, ÉTHIOPIE. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temple de Phré, à Abou-Sembil. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Première planche. —Vue extérieure du monument. Dessins Deuxième planche —Vue intérieure, de Troisième planche. —Plan du temple. M E. Prisse —Coupe longitudinale. —Niclie du sanctuaire. Temple d’Athor, à Abou-Sembil. — Notice par M. Jomard, membre de l’Institut. Dessins de M. Hector Horeau. Première planche _Vue perspective du monument. Deuxième planche. —Figure l. Plan. 2. Coupe longitudinale. 3. Niclie du sanctuaire. Temple à Girché. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins Première planche. —Vue de l’intérieur du monument, de Deuxièmeplanche.— Plan. M. E. Prisse. Coupe longitudinale. Temple de Khons , à Thèbes. — Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Première planche. —Vue prise dans l’intérieur. Dessins Deuxièmeplanche —Plan. de Coupe longitudinale. M. E. Prisse. Troisième planche _Figure 1. Colonne du premier portique. 2-3. Colonne du deuxième portique. Temple d’Aroëris, à Edfou. —Notice par M. Hector Horeau, architecte. Dessins de M. Hector Horeau. Première planche.— Vue générale du monument. Deuxièmeplanche —Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. Corniche du pronaos. 4 Plan du mammisi. 5. Elévation du mammisi. 6 Détail du mammisi. 7. Chapiteaux et corniche du portique. Troisième planche _Elévation de la façade du pronaos. Élévation des pylOues. 4 TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Sphinx, Lions et Béliers. — Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins le M. F.. Puisse. Planche unique. — Figure 1. Amounôph III Amenopheium , à Thèbes. 2. Bélier de l’avenue du temple de Klions, à Thèbes. 3. Hiéracosphinx du grand temple d’Abou- Sembil. 4. Androspbinx bas-relief. 5. La reine Batianti hypogée de Tbèbes. 6. Criospbinx du grand palais de Karnac. 7. Amounôph III hypogée, à Thèbes. CONSTRUCTIONS CIVILES Palais de Menephthah, à Thèbes. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins de M. E. Prisse. Planche unique. — Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. Elévation de la façade. 4. Chapiteau. Maisons égyptiennes. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins le M. E. Prisse. Planche unique. — Figure 1. Maison avec auvents hypogée de Tbèbes. 2. Mais, avec terrasse couv. Thèbes. 3. Maison avec créneaux hypogée deThèbes. 4. Maison avec une tour hypogée de Thèbes. 5. Plan de maison à Tell-Amarna l’ancienne Psinaula. 6 .Id. 7 . ld. 8 .Kl. CONSTRUCTIONS FUNÉRAIRES Pyram. deGizeh, deDaschour, d’Abonçii, etc.—Notice par Prisse d’Avennes. Dessins de MM. Caiixaud , Ho wa itn Wvse, etc. Première planche. — Vue générale des pyramides, dans la plainede Gizeh. Plan de la plaine de Gizeh et position des pyramides Deuxième planche.— Figure I. Plan de la grande pyramide. 2. Coupe de la grande pyramide. 3. Coupe de la chambre royale. 4. Coupe de la galerie ascendante. 5. Pyramide d’Abouçir. 6. Pyramide tronquée, à Daschour. 7. Plan de la pyramide précédente. 8. Petite pyramide à degrés, à Gizeh. 9. Plan de cette pyramide. 10. Plan d’une pyramide à Assour. 11. Coupe de celte pyramide. 12. Elévation antérieure de la pyramide. 13. Élévation latérale de cette pyramide. Tombeaux hypogéens, à Thèbes et à Béni-Hassen. — Notice par M. E. Prisse. Dessins de M. A. Leveu, Planche unique. — Figure 1. Plan du tombeau de Ramsès-Meiamoun 2. Plan du tombeau d’Amounôpb-Memnon. 3. Pla' du tombeau de Menephthah I". 4. Coupe du tombeau de Menephthah I". 5. Plan du tombeau de Ramsès V. 6. Plan du tombeau de Ramsès VI. 7. Plan du tombeau de Menephthah-Siphtah 8. Vue de l’entrée du tombeau de Ramsès v t. 9. Entrée du tombeau d’Aménemhé, à Béni- Hassen. 10. Plan de ce tombeau. 11. Coupe longitudinale. 12 . coupe transversale. 13. Pilier octogonal-colonne cannelée. 14. Autre tombeau à Béni-Hassen. 15. Colonne de ce tombeau. MONUMENTS MÉDO-PERSES. PERSE. CONSTRUCTIONS CIVILES Palais, à Persépolis. —Notice par M. Jules Gailhabaud. Dessins de MM. Ker Porter et Ch. Texier. Première planche. — Vue perspective de ruines. Plan général de tons les édifices Figure symbolique de l’homme-taureau. Figure de taureau. Deuxième planche —Chapiteaux et bases des divers ordres de colonnes. CONSTRUCTIONS FUNÉRAIRES Tombeau, à Nakschi-Roustam.—Not. par M. L. Dubeux, conserv. à la Biblioth. nat. Dessins de M. Ker Porter. Planche unique. — Vue perspective d’un tombeau. Figure l. Niches dans l'intérieur. 2. Plan du tombeau. DES MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. 5 '40 MONUMENTS GRECS. ASIE MINEURE, GRÈCE, GRANDE-GRECE, SICILE. THÉORIE DE L’ART GREC Ordres divers d’Architecture. — Dorique, ionique, corinthien, etc. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temple de Neptune, à l’estum. — Notice par M. A. , architecte. Première planche. — Vue perspective ie l'intérieur. Deuxième planche. — Elévation de la façade restaurée. Troisième planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. Coupe longitudinale. — 3. Coupe transversale. Dessins Quatrième planche — Figure l. Ordre de la galerie ou péristyle. l e — 2 Ordre du pronaos. — 3. Profil des antes. M. E — 4 premier ordre de l’intérieur. — 5. Pilastre de l’intérieur. — 6. Deuxième ordre de l’intérieur — 7. Coupe de la galerie supérieure. — 8. Plan de la disposition de cette galerie. — 9-10-11. Profds des chapiteaux. Temple, dit de Jupiter Olympien, à Sélinunte. —Notice par M. E. Breton. Dessins de M. L. Cou KTÉi'Éc. Planche unique. — Vue générale des ruines. Figure I. Plan du temple. — 2. Chapiteau de l’ordre extérieur. — 3. Entablement. — 4. Larmier. — 5. Partie supérieure de l’ante. — 6. Plan de l’ante. — 7. Bec-de-chouette dans l’intér. du portique. — 8-9. Colonnes extérieures et intérieures. — 10. Chapiteau de l’ordre intérieur. — 11-12. Fragments supposés de l’entablement Temple à Ségeste. — Notice par M. Raoul-Rochette, membre de l’Institut. Dessins de M. Léon Galciieree. Première planche. — Vue générale de l’édifice. Deuxième planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. Élévation de l’ordre. — 3 4. Chapiteau restauré. Temple de Thésée , à Athènes. — Notice par M. Ernest Bbeton. Première planche. Dpssins Deuxième planche. de M. E- Pu ESTAT. — Vue perspective du temple. Figure 1. Plan du monument. — 2. Elévation de la façade. — 3. Partie supérieure de l’édifice. — 4. Profil du chapiteau. — 5-6. Détail de peinture monumentale. Temple de Minerve, dit le Parthénon , à Athènes. — Notice par M. E. Bbeton. Dessins de M. Albert Lenoii;. Première planche. —Vue pittoresque du monument. Deuxième planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. Élévation de l’ordre. — 3-4-S-6. Chapiteaux et leurs profils. — 7-8-9. Métopes. — 10-11-12. Fragments de la frise. Temples de Minerve Poliade, etc., à Athènes. — Notice par M. J. Gailhabaud. Dessins de MM. Stvaut et Bexvett. Première planche. — Élévation géométrale des temples. Deuxième planche. — Figure I. Plan général. — 2. Chapiteau et base. — 3. Autre chapiteau. — 4. Aille et plafond du Pandroséium. — 5. Fenêtre et profil de son chambranle. CONSTRUCTIONS CIVILES Théâtre à Iassus. — Notice par M. Théodore Vacquer , architecte. Dessins de M. C- Texier. Planche unique. — Plan du théâtre. Coupe de l’édifice. Détails des gradins. Élévation et coupe d’une porte. orv VfiK BE2SS! .^.aeà w EIW 9VÀ'-'tw ~3P3fc£.- æsü h»» KSW k’r- MW* ScWS W». .* *Wi,, a»? È*-.°k t Aiw U • a o* 1 nnr r*mF mwm **.**. v A 4’t NP?» ï^f ti w-* tb* ., T^É! •' Æ *• sr- -* . a,**- , .*> ••rtfp • £-• . **-*w
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